ALFA ROMEO
JUNIOR
IBRIDA

L’essai Sport-Auto.ch du 20 mars 2025

Texte: Laurent Missbauer
Photos: Laurent Missbauer, Bob de Graffenried et Alfa Romeo

Avec sa nouvelle Junior, Alfa Romeo élargit sa gamme vers le bas et comble ainsi une partie de la lacune laissée par l’arrêt de la production de la Mito en 2018 et de la Giulietta en 2020. Cela vaut avant tout pour la Junior Ibrida de 136 ch dont nous vous proposons aujourd’hui l’essai. Disponible à partir de 30’490 francs, elle s’avère en effet nettement plus accessible que les versions électriques dont les prix débutent respectivement à 36’990 et à 44’900 francs selon qu’elles développent 156 ou 280 ch. Permettra-t-elle à Alfa Romeo d’accroître ses parts de marché? Réponse dans les lignes qui suivent!

 

La Junior a fait passablement couler d’encre depuis sa présentation à Milan, le 10 avril 2024, sous le nom d’Alfa Romeo Milano. En effet, même si plusieurs versions à moteur thermique sont disponibles, il s’agit du premier modèle 100% électrique de la marque. Et, si l’on excepte les Alfa Romeo brésiliennes et sudafricaines destinées avant tout au marché local, il s’agit également de la première Alfa Romeo à ne pas être construite en Italie puisqu’elle est assemblée en Pologne. Ce dernier point avait particulièrement irrité le ministre italien du développement économique. Celui-ci avait en effet prétendu qu’«une voiture appelée Milano ne peut pas être produite en Pologne, c’est interdit par la loi», ce qui avait incité Alfa Romeo à l’appeler finalement Junior à partir du 15 avril.

 

0-100 km/h (s) : 8.9

Vmax (km/h) : 206

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 10.14

traction
3 cyl. 1.2 l turbo
136 ch / 230 Nm
1380 kg

Le nom de Junior, en référence à la GT Junior de 1966 qu’Alfa Romeo avait ressortie de son musée pour lancer en 2021 la série spéciale Stelvio GT Junior, figurait d’ailleurs dans la liste des derniers noms retenus pour ce nouveau modèle d’entrée de gamme avec celui de Brennero et de Sempione, deux cols qui auraient ainsi continué la tradition instaurée par la Stelvio en 2016 et poursuivie par la Tonale en 2022. Le nom Sempione, l’appellation italienne du col du Simplon qui relie Milan au canton du Valais, a toutefois été retenu pour qualifier une des couleurs avec laquelle on peut configurer la nouvelle Alfa Romeo Junior, à savoir le Bianco Sempione, en référence aux cimes blanches qui dominent le col.

La Junior de notre essai n’arborait cependant pas le «blanc Simplon» mais bien le Blu Navigli, les Navigli désignant les canaux qui irriguent la ville de Milan. Le Simplon et les Navigli ne sont pas les seules références que véhicule la nouvelle Junior. Ses lignes, de profil, au-dessus des passages de roue arrière, évoquent par exemple les courbures de l’Alfa Romeo 8C Competizione. Quant aux poignées des portes arrière, elles sont dissimulées à côté des vitres et réinterprètent ainsi une caractéristique stylistique adoptée par le passé sur les 147, 156 et Giulietta.

La poupe tronquée de la Junior évoque pour sa part la fameuse Coda Tronca. Celle-ci, introduite sur les anciennes Giulietta SZ et Giulia TZ, avait été remise au goût du jour aussi bien sur l’Alfasud, surtout l’Alfasud Ti de la première génération, que sur la Giulia SWB Zagato de 2022. Enfin, la calandre en V – le célèbre Scudetto – se décline sur la Junior en deux versions. La première calandre, qui s’appelle Leggenda et qui comporte l’inscription Alfa Romeo écrite avec la même calligraphie que les modèles d’avant-guerre, est réservée aux modèles d’entrée de gamme comme «notre» Junior d’essai. La seconde calandre, qui s’appelle Progresso et qui comporte, en grand format, le biscione, le célèbre serpent qui dévore un enfant, est en revanche destiné aux finitions Speciale et Veloce.

Les clins d’œil au passé sont également présents à l’intérieur, notamment au tableau de bord avec le double bossage appelé Cannochiale chez Alfa Romeo, ce qui veut dire jumelles de vue en français. Les deux bosses surmontent le tachygraphe et le compte-tours ainsi qu’un écran numérique de 10,25 pouces paramétrable à souhait. Il peut par exemple afficher la carte du système de navigation. Cette même carte peut être affichée sur un écran central tactile de 10,1 pouces qui est positionné au-dessus de la console médiane, un peu trop bas à notre goût, et qui est bien entendu compatible avec Apple Car Play et Android Auto.

Quant aux sièges, notre modèle d’essai disposait de l’habitacle de base Icona avec des sièges en tissu avec un petit Biscione gaufré sur l’appuie-tête et un Biscione géant que l’on devine sur le dossier avec un effet de camouflage qui se joue de la coloration plus ou moins foncée du tissu. On retrouve en outre le Biscione un peu partout dans l’habitacle, notamment au milieu des buses d’aération latérales en forme de Quadrifoglio et sur l’emplacement du chargeur de smartphone par induction. Ce dernier fait partie du Pack Tech qui est facturé 3500 francs et qui comprend notamment, outre le chargeur sans fil, les phares à matrice LED, les capteurs de stationnement avant, arrière et latéraux, l’assistant d’angle mort ainsi que les rétroviseurs extérieurs chauffants et rabattables électriquement. Il s’agit de l’une des deux seules options de notre véhicule d’essai, la seconde option étant la couleur bleu Navigli facturée 1000 francs. Ces deux options portent le prix final de notre Junior à 34’990 francs, soit le prix de base de 30’490 francs avec les deux options facturées 3500 et 1000 francs.

On notera encore que la Junior dispose de plusieurs systèmes d’aide aux conducteurs et aux conductrices qui permettent, entre autres, la conduite autonome de niveau 2 (contrôle longitudinal et latéral du véhicule, centrage dans la voie et maintien de la distance de sécurité avec le véhicule qui précède) et qui facilitent les manœuvres. A ce dernier sujet, on mentionnera la caméra arrière à 180 degrés et les capteurs de stationnement à 360 degrés.

Mais nous avons assez parlé du véhicule et de son équipement, il est temps désormais de l’essayer. La première impression est que l’Alfa Romeo Junior est vraiment plaisante à conduire. Elle s’avère en effet à la fois agile et vive. Les 136 chevaux de son petit moteur à trois cylindres de 1199 cm3, suralimenté par un turbocompresseur à géométrie variable – assisté par un moteur électrique d’une puissance de 21 kW –, n’ont aucune difficulté à déplacer le poids relativement faible du véhicule (1380 kg). Quant à la direction, une fois activé le mode de conduite Dynamique, elle s’avère très précise. La boîte six vitesses à double embrayage n’est certes pas particulièrement rapide et le niveau sonore n’est pas le plus faible du marché – le moteur tourne à un peu plus de 2600 tr/min à 120 km/h – mais l’impression globale est largement positive. Même constat en ce qui concerne le freinage et la finition.

Outre le mode de conduite Dynamique, déjà cité, l’Alfa Romeo Junior dispose de deux autres modes de conduite qui peuvent être choisis sur son sélecteur DNA. Il s’agit du Natural qui propose, selon Alfa Romeo, «le mélange parfait de dynamisme et d’efficience pour le quotidien» et de l’Advanced Efficiency qui est optimisé afin de réduire la consommation et qui permet, si l’on a le pied léger, de ne rouler qu’en mode 100% électrique sur de petites distances, distances qui n’ont jamais dépassé la demi-douzaine de kilomètres lors de notre essai.

La consommation moyenne que nous avons mesurée sur nos 1298 km d’essai, effectués à plus de 80% dans le mode Advanced Efficiency, a été de 5,53 l/100 km, soit une valeur identique à celle annoncée par le constructeur selon les normes WLTP (5,5 l/100 km). Les différentes valeurs constatées lors des quatre pleins que nous avons effectués ont été de 4,57, 6,09, 5,40 et 5,71 l/100 km.

L’avis de Sport-Auto.ch

 

Le principal mérite de l’Alfa Romeo Junior est de proposer, à des tarifs davantage abordables que ceux de la Tonale, un véhicule particulièrement bien présenté. Les différents éléments stylistiques empruntés à plusieurs modèles emblématiques de la marque ne devraient pas laisser insensibles les Alfistes. Ces derniers pourront certes rétorquer que la Junior n’est pas une vraie Alfa Romeo car elle est dérivée de la Peugeot 2008, mais le même discours vaudrait alors également pour les Porsche Cayenne, Bentley Bentayga et autres Lamborghini Urus qui sont, elles, dérivées de la Volkswagen Touareg! En tout cas, la Junior a déjà permis à Alfa Romeo d’accroître ses parts de marché au cours des deux premiers mois de cette année. Les statistiques d’Auto-Suisse révèlent en effet que 118 Junior y ont été immatriculées, contre 25 Stelvio, huit Tonale et seulement deux Giulia. Et ces parts de marchés devraient encore progresser avec les versions Ibrida Q4 (145 ch), Elettrica (156 ch) et surtout Elettrica Veloce (280 ch), trois versions que nous nous réjouissons d’ores et déjà d’essayer prochainement.

Pour...
  • Allure générale avec de nombreuses références aux Alfa Romeo d’antan
  • Permet d’accéder à la marque Alfa Romeo à des tarifs davantage abordables que ceux de la Tonale
  • Agile, vive et plaisante à conduire
  • Performances et consommation honorables
Contre...
  • Absence de trappe à skis à travers la banquette arrière
  • Accès peu aisé aux places arrière pour les personnes de grande taille
  • Boîte peu réactive en conduite sportive
  • Niveau sonore sur autoroute

Merci à Alfa Romeo Suisse et au service de presse d’Astara Suisse pour le prêt de cette Alfa Romeo Junior Ibrida.

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