DALLARA
STRADALE

L’essai Sport-Auto.ch du 8 octobre 2020

Rédaction : Gaëtan Brunetti
Photographies : Gaëtan Brunetti, Bob de Graffenried

Quand on pense à Dallara, la première chose qui nous vient à l’esprit est le mot compétition. En effet, l’entreprise italienne est pionnière dans ce domaine puisque depuis sa création en 1972, celle-ci conçoit et fabrique entièrement les châssis de bon nombre de monoplaces à travers le monde. Giampaolo Dallara, son fondateur et directeur, est un ancien ingénieur de renom. Travaillant pour Ferrari ou encore Maserati à ses débuts, on le connait sans doute mieux pour avoir développé entièrement le côté technique de la légendaire Lamborghini Miura. Et à presque 80 ans, l’homme s’est lancé il y a 5 ans dans une ultime tâche qu’il n’avait pas encore réalisée, construire sa propre voiture.

Développée dès 2015, la Dallara Stradale est la première voiture homologuée pour la route du constructeur italien de Varano de’ Melegari. Le mot « route » (strada en italien) a ici son importance car au premier regard, cette barquette semble s’être échappée d’un circuit. L’auto est basse, large, profilée. De côté, la ligne qui s’y dégage est sensiblement la même que celle de la Miura. Comme toute voiture de course, on y retrouve de multiples entrées d’air, un vrai fond plat, un splitter avant et un diffuseur arrière béant. Le style est tout en finesse et l’arrière de l’habitacle se termine avec un superbe double bosselage façon speedster. Le carbone n’était plus un choix mais une évidence car la quasi entièreté de cette Dallara est réalisée avec ce matériau.

0-100km/h (s) : 3.25

Vmax (km/h) : 280

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 214

propulsion
4 cyl. 2.3L turbo
400 ch / 500 Nm
855 kg

C’est la version Stradale Roadster munie du pack track-day (ajoutant des suspensions performances raffermies et un aileron en carbone procurant jusqu’à 820 kg d’appui) qui nous a été confiée aujourd’hui par Carugati Automobiles SA. Cette voiture se décline en quatre types de carrosserie. Elle est livrée de base « nue », en version Barchetta (sans pare-brise, ni toit, ni pack track-day). La version Roadster se distingue avec un pare-brise en polycarbonate inspirée des mythiques Groupe C d’endurance. Ce pare-brise bombé avec ses montants à quasiment 90 degrés et son essuie-glace central procure ainsi un champ de vision élargi.

Une version Targa est disponible en venant y ajouter un « T-Frame », sorte de barre longitudinale de renfort. « T-Frame » qui servira de support pour venir y ajouter deux petites portes papillons pour fermer le tout et ainsi avoir un coupé. Ce qui est intéressant ici c’est qu’à l’aide de jeux de clés, ces quatre éléments de carrosserie sont réversibles et configurables à souhait. Avec un peu d’entrainement, il est possible de passer de la configuration Barchetta à la version Coupé en une heure.

Grimpons maintenant à l’intérieur du Roadster biplace. Et j’ai bien dis grimpons, puisque la Dallara Stradale n’a pas de portières afin d’économiser du poids. Il faut ainsi enjamber la carrosserie pour venir placer son pied sur l’emplacement « Step Here » situé au milieu du siège. Les garnitures de sièges sont collées directement au châssis et ce n’est pas l’assise ni le volant qui sont réglables mais uniquement le pédalier. L’intérieur se passe de fioritures et l’essentiel est présent sur le volant que l’on croirait tout droit sorti d’une formule 1 avec ses boutons rétroéclairés. 

Chaque commande est activée/désactivée via une simple pression. La console centrale se concentre également sur l’essentiel, à savoir l’ESP entièrement déconnectable ainsi qu’un switch permettant de passer du mode Normal au mode Sport. Surprise, la climatisation est tout de même présente malgré la chasse aux kilogrammes. L’habitacle est entièrement conçu en carbone. Cela vous inflige un coup quand on apprend que le châssis de cette Dallara Stradale est plus léger que vous, ne pesant que 80 kg ! A noter que les seuls rangements présents sont ceux qui se situent derrière les dossiers de sièges, permettant d’accueillir les casques.

Si Dallara a fait le choix de partir d’une feuille blanche pour le châssis, de tout fabriquer en interne puis d’assembler entièrement la voiture à la main dans leurs locaux, ils se sont tournés vers Ford pour la motorisation. La Stradale est propulsée par le fameux 4 cylindres en ligne 2,3L ecoboost que l’on retrouve dans la Ford Focus RS. Ici, le bloc moteur a quand même été revu par Bosch. La cartographie y a été modifiée, un volant moteur plus léger ainsi qu’une toute nouvelle culasse forgée sont montés.

Résultat, le moteur délivre 400 ch pour 500 Nm de couple. Ne pesant que 855 kg, cette super sportive jouit d’un rapport poids/puissance de seulement 2,14 kg/ch, stratosphérique pour une voiture de route. Tout ce beau monde peut être couplé soit à la boite manuelle à 6 rapports de la Ford Focus RS+, soit à une boîte de vitesse séquentielle à simple embrayage ZF à 6 rapports également. Le tout est monté transversalement à l’arrière centre de la barquette.

Après avoir fait une séance de sport pour monter dans le cockpit, il faut amorcer la procédure de démarrage en deux temps, d’abord pour initialiser le dashboard et mettre en route la pompe à essence, puis pour réveiller le moteur Ford. On reconnaît directement la tonalité mais l’acoustique y a clairement était revue à l’aide d’un échappement en inox sur mesure qui ne pèse que 19 kg. Les rapports s’enclenchent comme dans une voiture de course et malgré les mises en garde, les premiers freinages sont surprenants, manquant même de m’envoyer dans le pare-brise. Le mordant n’est pas du tout linéaire avec la course de la pédale (qui est longue au début), ce qui nécessite un certain temps d’adaptation.

La route de Saint-Cergue fut notre terrain de jeu pour découvrir la belle italienne. En mode Normal, la puissance délivrée est limitée à 350 ch. Je passe donc directement en mode Sport pour découvrir tout le potentiel de l’auto et ses 400 ch. Grâce au poids contenu, les montées en régimes sont fulgurantes et s’accompagnent d’un sifflement de turbo omniprésent, un régal auditif. La direction est ferme, précise, l’auto est rivée au sol et le grip latéral semble inépuisable à condition de bien inscrire l’auto sur les freins.  Sans direction assistée, le feeling avec le tarmac est parfait. Les passages en courbe se font de plus en plus rapides et la boîte ZF semble bien adaptée pour une utilisation piste. Proposant des descentes de rapports très rapides, elle vous gratifiera d’un sacré coup de pied aux fesses à chaque montée de rapport dû au fait qu’il s’agisse d’une boîte séquentielle à simple embrayage. L’expérience de conduite fut brève mais intense et mémorable.

La production de la Dallara Stradale a commencé en 2017 avec un objectif de production de 600 exemplaires pendant cinq ans. Seuls les Anglais étaient jusqu’à présent assez fous pour proposer de telles barquettes. Elle vient donc s’ajouter à la grande famille des KTM X-Bow, Ariel Atom ou encore BAC Mono.

L’avis de Sport-Auto.ch

La Dallara Stradale est une auto que l’on ne peut qu’apprécier en tant que passionnés de voitures sportives. C’est une voiture d’ingénieur conçue uniquement pour la performance tout en limitant les coûts d’entretien pour une utilisation régulière sur circuit. Les sensations et le plaisir qu’elle procure sont tout aussi incroyables que son allure de voiture de course. Elle est unique en son genre.

S’affichant à un tarif conséquent (comptez CHF 320’000.- pour la configuration de notre voiture d’essai), elle restera ancrée dans un marché de niche vu son spectre d’utilisation aussi très limité. Elle pourra néanmoins se mesurer sans complexe à certaines supercars, comme la nouvelle Maserati MC20 développée en partenariat avec… Dallara !

gaetan[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Voiture de course homologuée route
  • Performances dantesques
  • Sonorité envoutante
  • Coûts d’entretien raisonnables
  • Design unique
Contre...
  • Prix exclusif
  • Manque de rangements

Merci à Carugati Automobiles SA ainsi qu’à Master Class Motors pour le prêt de cette Dallara Stradale.

Articles Dallara :
Tous nos essais de A à Z :

Print Friendly, PDF & Email