PEUGEOT
508 GT

L’essai Sport-Auto.ch du 11 février 2019

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Dévoilée en première mondiale lors du dernier Salon de Genève, la nouvelle Peugeot 508 n’a pas manqué d’attirer l’attention avec mérite. Elle figure même indiscutablement dans nos dix coups de cœur de l’événement ! Innovante et moderne, elle entend bien devenir la nouvelle berline française de référence. Nous avons pris le volant du fleuron actuel de la gamme, à savoir la version GT forte de 225 chevaux. Cela vous paraît-il trop peu ? Mais ne dit-on pas que les chevaux français sont les seuls à aller tous dans le même sens ? Voyons cela de plus près.

La marque au lion est partie d’une feuille blanche pour concevoir la nouvelle Peugeot 508. Sa plastique extérieure ne manque pas de caractère, avec une face avant aux reliefs prononcés arborant deux canines comme signature lumineuse. Au premier regard, l’effet est garanti et ne laisse pas insensible face à ce regard de félin ! Le plus troublant, c’est que l’impression qui s’en dégage dépend de l’angle sous lequel on la regarde. Tantôt élégante et classique, tantôt agressive et moderne !

0-100km/h (s) : 7.3

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 6.31

traction
4 cyl. 1.6L turbo
225 ch / 300 Nm
1’420 kg

A l’arrière, le principal trait de caractère réside dans son bandeau fumé abritant les feux à LED dont le balayage à la K2000 lors du déverrouillage amène un côté futuriste. Mais en comparaison avec l’avant, l’arrière est assez conventionnel et manque quelque peu d’expression.

Le détail qui apporte classe et légèreté lorsque l’on pénètre dans la Peugeot 508, c’est bien sûr les portes sans montants ! Si on les avait déjà vues sur la Maserati Levante S, il faut avouer qu’en général elles sont réservées aux coupés et autres GT.

A l’intérieur, on retrouve cette instrumentation placée au-dessus du volant qui restera éternellement conflictuelle pour certains. Pour moi et mes 195 cm, ce n’est pas un souci, je vois parfaitement les compteurs sans avoir le petit volant posé sur mes jambes. En revanche, ma tête est plaquée contre le ciel de toit. Le toit ouvrant panoramique (CHF 1’450.-) ne convient donc pas pour les conducteurs de plus de 190 cm, à moins de conduire avec le dossier très incliné.

Les finitions et les matériaux employés sont de très bonne facture, en adéquation avec le positionnement premium de la Peugeot 508 GT. L’agencement est innovant et audacieux avec ce bel écran central incliné surplombant des touches de commande horizontales rappelant un clavier de piano. Beau et facile d’emploi. Rien à dire non plus sur la lisibilité des compteurs numériques et les modes d’affichage proposés, même si la chorégraphie lors d’un passage à l’autre peut s’avérer lassante.

Dommage qu’à l’usage quelques défauts de jeunesse viennent ternir le tableau. Je citerai notamment des essuie-glaces automatiques incohérents et non réglables en sensibilité, une absence d’égalisation du volume des stations radio, un écran tactile qui n’est pas assez sensible ainsi qu’un accès sans clé tantôt lunatique obligeant à sortir la télécommande pour la déverrouiller. Autre détail irritant : pourquoi lors de l’appui sur le bouton Stop, la voiture coupe-t-elle aussi le contact et la radio ? L’extinction complète devrait avoir lieu lorsqu’on ouvre la porte pour quitter le véhicule !

La Peugeot 508 GT nous propose 5 modes de conduite : Eco, Confort, Normal, Sport et Manuel. Tout un programme ! Prenons la route et voyons comment cette berline à hayon fait corps avec des conditions particulièrement hivernales.

Les sièges sont moelleux et l’insonorisation excellente, mais rapidement, je constate que les changements de rapport se font à des régimes relativement élevés même en gardant le pied léger. A vitesse constante, le régime est maintenu aux alentours des 2’000 trs/min. Cela s’améliore en mode Eco, mais une montée légère se manifestera encore souvent par un rétrogradage intempestif. Même si en pratique, nous n’avons pas à nous soucier des changements de rapport, je trouve cela désagréable pour une berline de ce rang censée pouvoir évoluer sur le couple et en douceur.

Alors, où est le problème ? Le moteur 4 cylindres 1.6L PureTech développant 225 chevaux et 300 Nm de couple est-il à la peine, alors que la 508 GT ne pèse que 1’420 kg ? Le mode de conduite Manuel va m’être salutaire pour répondre à cette question. Après quelques centaines de mètres, la réponse est claire : le moteur est souple et ne rechigne pas à être sollicité entre 1’500 et 2’000 trs/min, ce sans être à la traîne. Alors pourquoi la boîte s’obstine-t-elle à privilégier des plages de régimes plus élevées ? Le rendement serait-il à tel point meilleur que la consommation serait inférieure ?

Que nenni ! Sur mon trajet étalon comportant 19 km de routes nationales vallonnées entrecoupées de quelques villages, je n’ai consommé que 6.9 l/100km en changeant moi-même les rapports, alors qu’il aura fallu 7.3 l/100km en mode Eco en accélérant de la même manière. Il est donc difficile de comprendre le choix de Peugeot dans sa gestion de boîte. La seule raison justifiée éventuelle est qu’il s’agisse de fiabiliser les organes mécaniques sur le long terme, mais en pratique le résultat est une conduite automatique qui manque de douceur et qui ne produit pas la consommation la plus basse possible, ce malgré la présence du coasting (roues libres) en mode Eco.

Durant mes deux semaines d’essai, je ne rencontrerai aucun revêtement sec, il sera donc impossible d’évaluer pleinement le potentiel dynamique de l’auto. Mais le compromis sur l’amortissement semble excellent, car l’accent sur le confort ne nuit pas à l’agilité de la 508 qui se mène avec un certain plaisir dès que ça tourne. Le célèbre touché de route Peugeot semble bien de la partie !

Le passage en mode Sport est par contre assez décevant : les suspensions ne se montrent pas significativement plus dures et le timbre certes sympathique du 1.6L PureTech manque toujours de voix. Autre incohérence, il est impossible de garder la main sur les changements de rapport dans ce mode ! Pour se servir uniquement des palettes, il faut passer en mode Manuel mais dans celui-ci la direction n’est pas aussi ferme qu’en mode Sport… L’ESP n’est pas désactivable et l’anti-patinage se réactive automatiquement dès 50 km/h.

Le sigle GT, pour grand tourisme, annonce généralement une voiture mélangeant raffinement et sportivité. Selon moi les ambitions sportives sont ici trop timides pour mériter pleinement cette appellation. Un constat regrettable d’autant plus que le châssis est bon, que le moteur ne manque pas de caractère et que la boîte automatique à 8 rapports est bien étagée. Seulement voilà, tout aurait dû être un peu plus sportif, du maintien des sièges à la sonorité en passant par une électronique plus permissive et des changements de rapports plus rapides.

Au final, tous modes de conduite confondus, la consommation moyenne s’est arrêtée à 8.2 l/100km, ce qui reste très correct au vu des conditions hivernales et de l’absence du Start-Stop qui ne fonctionne pas quand la température extérieure est inférieure à 2 degrés.

L’avis de Sport-Auto.ch

Quelques défauts de jeunesse ainsi qu’une gestion de boîte automatique perfectible empêchent – pour l’instant – la Peugeot 508 GT d’inquiéter sérieusement les références allemandes. Toutefois, en considérant le produit dans sa globalité, il faut reconnaître que la Française ne manque pas d’atouts pour séduire une clientèle exigeante ou simplement en quête d’un produit innovant et distingué. Pour CHF 60’230.- (CHF 52’500.- sans options), notre modèle d’essai est richement équipé, mais oublie en partie son sigle GT au bord de la route. Quant à ceux qui préfèrent les breaks, ne vous inquiétez pas, la Peugeot 508 SW arrive déjà sur nos routes : rendez-vous au prochain Salon de Genève pour la découvrir !

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Charisme
  • Confort
  • Agencement intérieur
  • Matériaux / finitions
  • Touché de route

Contre...
  • Lacunes ergonomiques
  • Gestion boîte automatique
  • Garde au toit avec toit ouvrant
  • Pas suffisamment GT

Merci à PSA Suisse pour le prêt de cette Peugeot 508 GT.

Tous nos essais de A à Z :

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