RENAULT
MEGANE IV R.S.
TROPHY

L’essai Sport-Auto.ch du 5 novembre 2019

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Il y a une année, nous vous proposions l’essai de la Renault Megane RS de quatrième génération. En attendant l’essai de la plus radicale Trophy R récemment présentée, nous avons pris le volant de la version Trophy dotée de 300 chevaux.

Lorsqu’elle a été présentée en 2017, la Renault Megane IV RS a essuyé les critiques quant à sa puissance et ses performances face aux concurrentes existantes. En ligne de mire, la Honda Civic Type R et la Seat Leon Cupra, mais pas seulement. La marque au losange, qui avait pourtant mené le bal si longtemps dans ce segment, s’avouait-elle vaincue ? Et si tous ces chiffres, au final, ne voulaient plus rien dire une fois derrière le volant ?

Dodge Challenger SRT Hellcat essai Sport-Auto

En bon stratège, Renault n’a pas attendu longtemps pour annoncer cette version Trophy. Au menu, une puissance augmentée de 20 ch. Le 4 cylindres 1.8L passe ainsi de 280 à 300 ch, ce qui permet au 0-100 km/h de gagner 2 petits dixièmes et d’égaler la Civic Type R sur cet exercice (5.7 vs 5.9 secondes pour la Megane RS). Côté transmission, la boîte manuelle à 6 rapports est toujours de série. Subtile évolution : la boîte automatique EDC à double embrayage (CHF 1’700.-) est désormais compatible avec le différentiel Torsen du Pack Cup. Les ingénieurs ont bien été obligés de trouver une solution afin de pouvoir proposer cette boîte avec la Trophy.

0-100km/h (s) : 5.7

Vmax (km/h) : 260

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 5.16

traction
4 cyl. 1.8L turbo
300 ch / 400 Nm
1’549 kg

Visuellement, la seule différence réside dans les jantes 19 pouces Jerez à liseré rouge exclusives à la Trophy, alors que la Megane RS se contente de jantes 18 pouces de série. Pour le reste, la Megane RS Trophy est identique à une Megane RS équipée du pack Cup ainsi que des disques de frein bi-matière, du pack Navigation et du RS Monitor. Alors qu’une Megane RS (dès CHF 38’900.-) ainsi équipée se monte à CHF 44’000.-, la Megane RS Trophy ne demande que CHF 42’400.-. Financièrement, la Trophy est donc une affaire puisqu’elle est à la fois moins chère et plus performante qu’une Megane RS identiquement configurée. A noter que la magnifique teinte Jaune Sirius (CHF 1’900.-) est disponible pour les deux modèles.

A l’intérieur, je découvre avec plaisir les superbes semi-baquets Recaro optionnels (CHF 3’100.-), ceux-ci n’étant pas présents dans la Megane RS essayée l’an dernier. Aussitôt installé, la différence est nette : sans être inconfortables pour autant, ils présentent une meilleure tenue que la sellerie sport RS (CHF 1’800.-). En outre, ils autorisent l’installation d’un harnais. Le reste de l’habitacle ne présente pas de nouveauté, mais se montre toujours plaisant au regard et à l’utilisation. Au niveau de l’ergonomie, seule la réception DAB, médiocre par moment, est à déplorer.

Sur la route, je ne m’attends pas à une différence considérable, la Megane RS essayée l’an dernier étant déjà pourvue du Pack Cup. Pour rappel, ce dernier consiste en un châssis raffermi et abaissé de 7mm, d’étriers de freins rouges et d’un différentiel à glissement limité mécanique Torsen. Petit bémol : alors que nous sommes au mois de septembre, Renault nous inflige déjà les pneus d’hiver pour cet essai.

Dès que la première occasion de passer en mode Sport se présente, j’ai la ferme impression que l’échappement est plus sonore que sur la Megane RS. Pourtant, Renault n’a pas annoncé d’amélioration à ce sujet, et il n’y a pas d’échappement sport en option. Même constat au niveau de la boîte de vitesse : alors que la commande était par moment accrocheuse, cela n’est pas le cas sur cette Trophy. Certes, on perçoit toujours les bruits de la pignonnerie lors des manœuvres, mais cela ajoute un petit côté mécanique que certains puristes apprécient. Et pour les autres, il y a l’excellente boîte EDC à double embrayage, déjà rencontrée sur la Clio RS Trophy et l’Alpine A110.

Toutefois, la boîte manuelle reste un choix crédible pour une sportive de cette trempe, surtout lorsqu’elle est correctement précise et sans accroc comme c’est le cas ici.

Ce n’est pas du côté du couple (+ 10 Nm) ni des reprises qu’il faudra aller chercher la différence avec la Megane RS, mais bien en tirant les rapports, les 20 chevaux supplémentaires réduisant l’essoufflement à hauts régimes constaté sur la Megane RS. Les montées en régimes sont franches, l’agrément est excellent sur toute la plage de régimes.

Du côté comportement dynamique, c’est un sans-faute. Il ne faut pas rêver, avec les pneus d’hiver, une franche relance en sortie d’épingle va engendrer du patinage malgré la bonne volonté du différentiel Torsen. Mais, là où habituellement un sur-braquage est inutile (les pneus avant étant déjà saturés), il permet de corriger le tir ! L’explication tient de ce fameux système 4Control, consistant à tourner les roues arrière pour aider le véhicule à pivoter. L’action sur les roues arrière est proportionnelle à l’angle de braquage. Si le système s’avère salutaire en sortie de virage, son côté intrusif demande une certaine attention lors des enchaînements rapides, surtout en mode Race sans assistances électroniques. Dans ce mode, les roues arrière tournent dans le sens opposé des roues avant jusqu’à 100 km/h. Il en résulte un comportement très incisif, mais addictif une fois qu’on a compris comment placer l’auto. Et en entrant sur les freins, l’arrière n’hésite pas à enrouler. En forçant le trait, le décrochage semble imminent, mais n’intervient pas, la faute à un train avant manquant de mordant avec cette monte pneumatique. Heureusement, le frein à main mécanique – rare de nos jours – aura comblé les collègues les plus énervés de la rédaction !

Au chapitre de la polyvalence, la Megane RS Trophy reste une bonne compagne au quotidien. Niveau consommation, il faudra tabler sur un petit 9 l/100km en mélangeant tous types de route tout en gardant le pied droit léger. Grâce aux amortisseurs à butée de compression hydraulique (déjà rencontrés sur la Clio RS Trophy), Renault n’a toujours pas jugé nécessaire d’implanter un réglage de dureté. Et en pratique, ça marche ! Le châssis Cup reste prévenant du moment que l’on n’aborde pas les portions bosselées à trop vive allure. En comparaison, la Ford Focus RS est nettement moins confortable en mode normal. Et en fort appui, le roulis est très bien contenu, la voiture donnant l’impression de virer à plat. Le résultat est si convaincant en conduite dynamique – sans être cassant au quotidien – que c’est à se demander pourquoi l’Alpine A110 ne bénéficie pas d’un tarage similaire, elle qui est aussi équipée d’amortisseurs de ce type.

L’avis de Sport-Auto.ch

Avec cette version Trophy, Renault réajuste intelligemment le positionnement de sa Megane RS, en la rendant plus performante et moins chère qu’une Megane RS dotée du Pack Cup et des mêmes options. Pour les clients les plus sportifs, le choix de la Trophy ne fait donc aucun doute, même si on aurait pu espérer davantage d’évolutions techniques.

Et si au milieu de la concurrence actuelle, elle ne peut faire l’unanimité, la Française n’a plus à rougir ! C’est d’ailleurs la seule sportive de cette catégorie à être dotée des roues arrière directrices. Loin d’être sur-motorisée, elle séduit par son homogénéité et son côté joueur. Car au milieu des chiffres et des équipements pléthoriques, Renault n’a pas oublié l’essentiel : le plaisir de conduite !

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Plaisir de conduite
  • Sportivité
  • Sièges Recaro (option)
  • 4Control bluffant
  • Tarif en baisse
  • Frein à main mécanique
Contre...
  • Réception DAB
  • Peu d’évolutions

Merci à Renault Suisse pour le prêt de cette Renault Megane RS Trophy.

Tous nos essais de A à Z :

Print Friendly, PDF & Email