AUDI
RS E-TRON GT

L’essai Sport-Auto.ch du 16 février 2022

Rédaction : Sébastien Moulin
Photographies : Sébastien Moulin

Nous vous avons déjà présenté l’Audi RS e-tron GT en juin dernier à l’occasion d’une journée « Audi driving experience » sur le circuit de Lignières. A cette occasion, Laurent nous avait dit tout le bien qu’il pensait de cette voiture électrique hautes performances qu’il découvrait sur le tracé neuchâtelois du TCS. Après ce premier contact positif, j’avais vraiment hâte de retrouver cette puissante RS e-tron GT pour un essai complet dans un usage qui reflète mieux le quotidien.

Les avis sont unanimes ; l’Audi e-tron GT est une superbe GT qui réussit le pari de paraître ultra moderne, hi-tech, sportive et confortable tout en gardant ce côté conservateur qui rassure. Construite sur la même base technique que la Porsche Taycan, la RS e-tron GT reprend cependant les codes stylistiques d’Audi, ce qui en fait une voiture finalement assez différente de sa cousine, même si les proportions sont quasiment identiques.

La GT aux quatre anneaux est donc également très imposante avec 4,99 de longueur et 1.96 m en largeur. Cependant, elle culmine à seulement 140 cm de hauteur, ce qui lui offre un coefficient de pénétration exceptionnel, avec un CX de seulement 0,24. Son coffre de 405 litres est complété à l’avant par un petit coffre de 81 litres qui peut faire office de range câbles.

0-100km/h (s) : 3.3

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.76

4×4
électrique dual-motor
598 ch / 830 Nm
2’248 kg

La face avant est dominée par une “fausse” calandre hexagonale et des phares Matrix LED (CHF 2’400.-) à la signature optique originale. Les ouïes placées devant les roues n’ont rien de factice et contribuent à refroidir les larges disques de freins de 410 mm. Ses hanches musclées s’illuminent d’un bandeau lumineux intégral qui souligne la malle sur laquelle un large aileron escamotable se déploie à haute vitesse. Il faut s’y faire, l’imposant diffuseur arrière est exempt de toute sortie d’échappement.

Pas de surprise en montant à bord de la GT, on est en terrain connu. Le design intérieur est relativement sobre. Le choix et la qualité des matériaux sont excellents et, comme on peut s’y attendre à bord d’un modèle Audi haut de gamme, on ne peut rien reprocher ni à l’ajustement ni aux finitions. Certains auraient sans doute attendu une ambiance plus avant-gardiste pour la berline électrique phare de la marque. Bien que le Virtual Cockpit et l’écran tactile central soient à la pointe de la technologie, Audi n’offre pas cette sensation futuriste obtenue par les doubles écrans étendus de certains de ses concurrents électriques.

Les sièges « sport pro » (CHF 2’600.-) de cette GT offrent un excellent compromis entre sportivité et confort. Le maintien est parfait et ils sont, cerise sur le gâteau, dotés d’une fonction massage très agréable. Les touches du volant RS ne sont heureusement pas tactiles comme sur sa petite cousine Volkswagen ID.3. Derrière celui-ci, on retrouve des palettes, mais qui servent à actionner le freinage régénératif, sur trois niveaux, plutôt qu’à commander le passage des rapports.

Rien de révolutionnaire concernant la qualité du système d’infotainement. A l’écran central de 10,1 pouces s’ajoute le Virtual Cockpit qui, même s’il n’a pas évolué, reste la référence en la matière. Personnellement, j’aurais souhaité une meilleure intégration des menus liés à la conduite électrique. Mise à part l’autonomie en kilomètres, il faut vraiment chercher l’information. L’affichage du pourcentage de charge restante me paraît pourtant au moins aussi important que les kilomètres d’autonomie. 

Son groupe motopropulseur développe 598 chevaux et peut même grimper à 646 chevaux durant 2,5 secondes avec le Launch Control. Cette puissance, la plus élevée jamais mesurée sur une Audi de série, est obtenue grâce à ses deux moteurs électriques : l’un de 238 chevaux situés sur l’essieu avant, le second de 456 chevaux sur l’essieu arrière. Ces derniers sont jumelés à une transmission automatique à deux vitesses.

Les moteurs sont alimentés par une batterie lithium-ion de 93 kWh, suffisante pour une autonomie maximale de 488 km, selon la norme WLTP. Comme souvent sur les véhicules électriques, la réalité du quotidien est très en-dessous. Lors de notre essai hivernal, 90% de charge nous assurait une autonomie d’environ 350 km. La recharge s’effectue par l’une des deux trappes situées sur chacune des ailes avant de la voiture. Celle située du côté droit possède une prise combo permettant une recharge particulièrement rapide (jusqu’à 270 kW). Par tranche de 5 minutes, vous pouvez ainsi récupérer une centaine de kilomètres d’autonomie sur une borne ultra rapide.

Voyons comment toute cette puissance s’exprime dans la pratique ! Ses airs de luxueux coupé quatre portes laisseraient à penser que la RS e-tron GT est un croiseur taillé pour les autoroutes, principalement allemandes. C’est vrai, mais pas uniquement. Elle est à l’aise partout et sur toutes les routes. Sa seule limite est son imposant gabarit. Le système quattro offre une motricité impressionnante et il faut vraiment la « balancer » et lâcher toute la puissance pour provoquer un léger sur-virage.

L’accélération est vraiment hallucinante, il faut l’avoir ressentie pour le croire. En 3,3 secondes, l’Audi franchit la barre des 100 km/h, ce qui est suffisant pour vous donner des étourdissements. Quant à la vitesse maximale elle est, comme la plupart des voitures allemandes, limitée électroniquement à 250 km/h.

La direction est précise, mais comme sur la plupart des Audi, elle est plutôt avare en retour d’informations. On peut également regretter que les modes de régénération actionnés à l’aide des palettes ne soient pas plus puissants, afin de permettre la conduite à une pédale. Cela dit, au volant de la RS e-tron GT, vous vous amusez probablement trop pour vous en soucier. En effet son châssis offre une tenue de route impressionnante tout en gardant un confort hors norme, même en mode Dynamic et malgré ses jantes de 21 pouces (CHF 3’250.-).

Difficile de passer sous silence les ambiances sonores. En plus du bruit à destination des piétons à faible vitesse, un second son artificiel se calque sur les variations du régime des moteurs avec plus ou moins de présence selon les modes de conduites. S’il faut avouer que c’est plaisant, il est cependant étonnant qu’il ne soit pas possible de le couper complètement, ne serait-ce que pour pouvoir apprécier la mélodie des V8 que l’on double !

Naturellement tout cela a un prix. Si l’Audi e-tron GT, qui dispose déjà de 476 ch et 630 Nm, est disponible dès CHF 111’550.-, le prix de la déclinaison RS de notre essai débute à CHF 151’650.-. Cela situe l’Audi RS e-tron GT entre la Porsche Taycan 4S (530 ch, dès CHF 129’100.-) et la Taycan Turbo (680 ch, dès CHF 225’300.-). Comme toujours chez Audi, la liste des options est longue comme un jour sans pain et sachez que pour obtenir un modèle similaire à notre voiture d’essai, l’ardoise grimpe à CHF 197’898.-.

Si votre bourse ne vous le permet pas, vous pourrez éventuellement vous rabattre sur la Tesla Model S Plaid d’une puissance de 1020 chevaux et d’une autonomie de 628 km. Son prix de départ est fixé à CHF 129’990.-, mais gageons qu’elle n’intéressera pas forcément le même type de consommateurs.   

L’avis de Sport-Auto.ch

Malgré ses gènes Porsche, l’Audi RS E-Tron GT ne vit pas dans l’ombre du Taycan. Elle s’est taillé une identité propre au sein du groupe, tout en restant une véritable Audi. Avec cette luxueuse grand tourisme, la marque aux anneaux met la barre aussi haut que sa redoutable cousine. L’objectif inavoué est de concurrencer la Tesla Modèle S Plaid tout en conservant les valeurs sur lesquelles elle a bâti son succès : technologie, confort et sportivité. Avec son impressionnant couple instantanément disponible et sa transmission intégrale quattro, elle offre une incroyable expérience de conduite qui devrait satisfaire la majorité des passionnés.

Naturellement, il lui manque le son naturel d’une voiture haute performance. Pour ceux qui vibrent encore au son de la mécanique traditionnelle, cela pourrait être un obstacle. Pour les autres, l’Audi RS E-Tron GT leur donnera une raison supplémentaire de se dire qu’on n’a pas fini d’aimer la « bagnole », même si c’est en silence.

sebastien[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Performances
  • Capacité de recharge ultra rapide
  • Confort et tenue de route
  • Lignes aérodynmiques
  • Trappes de recharge de chaque côté du véhicule
Contre...
  • Pas de véritable freinage régénératif
  • Direction un peu souple
  • Autonomie encore en-dessous de Tesla
  • Poids élevé

Merci à Audi Suisse pour le prêt de cette Audi RS e-tron GT.

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