LES 40 ANS DE
L’AUDI QUATTRO

Le reportage Sport-Auto.ch du 27 octobre 2020

Rédaction : Laurent Missbauer
Photographies : Laurent Missbauer, D.R. Audi, archives

Quarante ans ! Quarante ans déjà que l’Audi Quattro, présentée en première mondiale au Salon de Genève de 1980, a radicalement changé non seulement l’image d’Audi mais également celle du championnat du monde des rallyes. Afin de fêter dignement cet anniversaire, les responsables de la firme aux quatre anneaux ont récemment réuni en Suisse centrale ses anciens pilotes d’usine Harald Demuth et Marco Werner ainsi qu’une vingtaine d’Audi Quattro construites de 1980 à 1986. Un événement exclusif durant lequel Sport-Auto.ch a pu essayer trois d’entre elles, dont la réplique d’une des voitures de course de Michèle Mouton.

La Quattro que nous avons eu le privilège de conduire depuis Schattdorf, dans le canton d’Uri, jusqu’à Lucerne, était la réplique de l’Audi Quattro avec laquelle la pilote française avait remporté le Rallye de San Remo de 1981, une « Victoire historique » et « Une première féminine » avait titré à l’époque le quotidien romand « Tribune Le Matin ». Gerd Neumann, le propriétaire de cette Quattro, a fait en sorte que sa voiture ressemble le plus possible à celle de Michèle Mouton. Le numéro 14 sur les portières, les plaques du rallye, les phares additionnels et les sponsors de l’époque sont ainsi identiques à ceux de l’époque.

L’intérieur est lui aussi fidèle à celui de la voiture de rallye de 1981 avec des sièges baquets, un arceau de sécurité, un tableau de bord spécifique et un petit volant de compétition signé par Walter Röhrl. Une attention particulière a également été accordée à la préparation du moteur. Celui-ci ne développe pas 200ch, comme celui de série, mais bien 280 ch, une puissance proche des 300 ch dont disposait Hannu Mikkola lors des débuts de la Quattro en championnat du monde au Rallye Monte-Carlo de 1981. Des débuts fracassants !

Au terme de la première étape, copieusement enneigée et convenant par conséquent parfaitement aux quatre roues motrices de son Audi, Hannu Mikkola comptait déjà 5’54’’ d’avance sur la Porsche 911 de Jean-Luc Thérier. Dans la deuxième épreuve chronométrée, qui était longue de 44 km et qui comportait l’ascension successive de trois cols, il réalisa le meilleur temps avec la bagatelle de 2’47’’ d’avance sur le premier de ses poursuivants !

« La démonstration de la Quattro a été impressionnante. Des machines qui tenaient encore le devant de la scène il y a douze mois, telle la Fiat 131 Abarth, sont apparues brutalement comme ridées ou victime d’une calvitie précoce. Même la Lancia Stratos a pris un sérieux coup de vieux face à l’Audi », écrivait alors l’envoyé spécial de la « Tribune Le Matin » qui avait titré son article « Mikkola avait l’arme absolue ». Une arme absolue que nous avons eu le plaisir de conduire sur les routes sinueuses autour du lac des Quatre-Cantons.

Malgré ses 40 ans, l’Audi Quattro procure en effet encore beaucoup de plaisir. Ses accélérations foudroyantes, la symphonie en cinq cylindres qui se déchaîne à partir de 3500 trs/minutes et les sifflements caractéristiques du turbo font qu’une telle voiture est toujours très appréciée et pas seulement dans les rallyes historiques. « Sa popularité est énorme et les spectateurs n’ont pas seulement en mémoire les exploits de Hannu Mikkola et de Michèle Mouton mais également le fait qu’elle a permis à Audi de changer complètement son image de marque », nous a raconté Gerd Neumann.

Une image de marque qui ne faisait pas rêver grand monde avec les très sages Audi 80 et Audi 100 des années 1970. Tout le contraire des Audi Quattro qui gagnaient pratiquement tout en compétition et dont les quatre roues motrices, montées par la suite sur les gammes 80, 100 et 200, ont permis au constructeur aux quatre anneaux de devenir l’une des marques les plus appréciées en Suisse. Ce ne sont pas les propriétaires zurichois et neuchâtelois des deux autres Audi Quattro de série que nous avons également pu conduire qui nous contrediront ! « La Suisse est le pays par excellence pour les Audi à quatre motrices. Aujourd’hui plus que jamais », a d’ailleurs confirmé Dieter Jermann, le directeur d’Audi en Suisse, en présentant les chiffres de vente de ces dix dernières années.

Si les voitures à quatre roues motrices représentaient 27,8% du marché helvétique en 2010, ce pourcentage avait grimpé à 51,4% en 2019. Quant au pourcentage d’Audi à quatre roues motrices vendues en Suisse, il est passé de 60,9% en 2010 à 73,1% en 2019. Et ce pourcentage ne devrait pas faiblir avec l’arrivée des nouveaux modèles électriques qui sont eux-aussi à quatre roues motrices, à commencer par l’Audi E-Tron S 100% électrique, également présente lors de ce 40ème anniversaire.

« L’E-Tron bénéficie des enseignements des R18 E-Tron Quattro hybrides avec lesquelles Audi s’est imposé aux 24 Heures du Mans de 2012 à 2014 », a relevé le pilote allemand Marco Werner, triple vainqueur avec Audi de la grande classique mancelle en 2005, 2006 et 2007. A l’époque, la marque d’Ingolstadt courait encore avec des moteurs essence FSI à injection directe (2005) et des propulseurs diesel TDI (2006 et 2007).

En tout, Audi a remporté 13 victoires absolues aux 24 Heures du Mans, dont trois avec le Schwytzois Marcel Fässler qui s’est imposé en 2011, 2012 et 2014. Toujours au niveau helvétique, on rappellera que Harald Demuth avait signé l’une des plus belles remontées de l’histoire du championnat de Suisse des rallyes en faisant triompher son Audi Quattro au Rallye du Valais en 1984. Relégué en 15ème position au terme de la première étape à la suite d’ennuis d’injection qui lui avaient fait perdre plus de huit minutes, le pilote allemand s’était finalement imposé avec 52 secondes d’avance sur la Renault 5 Turbo d’Eric Ferreux.

A Andermatt, la veille de notre essai de trois différentes Audi Quattro, Harald Demuth nous a répété ce qu’il nous avait déjà dit l’an passé lors du Rallye International du Valais : « Il s’agit de l’un des deux exploits dont on me parle encore régulièrement aujourd’hui. » Son second exploit a été de gravir en 1986, pour les besoins d’un film publicitaire, les 60 mètres d’un tremplin de saut à ski au volant d’une Audi 100 Quattro de série !

« A sa sortie, le film a connu un formidable retentissement. Il a même été primé à Cannes », nous a expliqué le sympathique pilote allemand qui a remporté neuf rallyes du championnat d’Europe et qui a été sacré deux fois champion d’Allemagne, en 1982 et en 1984. « A l’époque où je courais encore, cela m’irritait quelque peu d’être presque davantage connu pour avoir tourné ce spot publicitaire plutôt que pour mes victoires en rallyes. Aujourd’hui, cela ne me dérange plus du tout », conclut-il dans un grand éclat de rire.

Ce film peut être visionné ici. Le making of, ou le tournage du tournage, est quant à lui visible ici.

Remerciements

Merci à Audi pour cette invitation à conduire trois différentes Audi Quattro dans le canton d’Uri et autour du lac des Quatre-Cantons.

Bon à savoir

Les Audi Quattro ont remporté deux titres de champion du monde des constructeurs en rallye en 1982 et en 1984, années où les titres de champions du monde des pilotes étaient respectivement revenus à Walter Röhrl (Opel Ascona 400) et à Stig Blomqvist (Audi Quattro A2 et Audi Sport Quattro). Un second titre de champion du monde des pilotes est revenu à un pilote Audi en 1983. Cette année-là, c’était en effet Hannu Mikkola (Audi Quattro A1 et Audi Quattro A2) qui s’était imposé alors que le titre chez les constructeurs était revenu à la Lancia Rally 037 pilotée, entre autres, par un certain Walter Röhrl…

La technologie quattro a également permis à Audi de rempoter trois victoires absolues consécutives à la course de côte de Pikes Peak en 1985 (Michèle Mouton, Audi Sport Quattro), en 1986 (Bobby Unser, Audi Sport Quattro S1) et en 1987 (Walter Röhrl, Audi Sport Quattro S1). On mentionnera encore deux titres pilotes en DTM en 1990 (Hans Stuck, Audi V8 Quattro) et en 1991 (Frank Biela, Audi V8 Quattro), années où les titres des constructeurs étaient respectivement revenus à BMW (M3) et à Mercedes (190E 2.5-16), ainsi que deux titres de champion du monde d’endurance avec l’Audi R18 E-Tron Quattro en 2012, avec notamment Marcel Fässler, et en 2013.

Jalons technologiques

Plus de 10 millions d’Audi à transmission quattro ont été produites depuis 1980, dont 804’224 en 2019. Si la transmission intégrale Audi concerne aussi des modèles populaires, tous les modèles Audi sportifs en sont équipés, à l’exception de l’Audi R8 RWD (propulsion). 

En fonction de l’architecture et de l’époque du modèle, la transmission quattro ne fait pas appel à la même technologie :

De 1980 à 1999 : quattro originelle de 1980 et quattro sport (1984) avec différentiel central à blocage manuel

1986 : différentiel Torsen

1999 :  modèles à moteur transversal et transmission quattro avec viscocoupleur (notamment TT et A3)

2005 : différentiel central avec répartition de base dynamique asymétrique

2007 : Audi R8 avec viscocoupleur

2008 : différentiel sport

2016 : quattro avec technologie ultra

2020 : Audi e-tron et Audi e-tron Sportback avec deux moteurs électriques indépendantsAudi e-tron S et Audi e-tron S Sportback avec trois transmissions électriques, dont deux moteurs électriques sur l’essieu arrière, avec système électrique Torque Vectoring

Voir la liste des Audi quattro essayées sous l’onglet “Articles Audi” ci-dessous.

Tous nos essais de A à Z :

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