FERRARI
ROMA

L’essai Sport-Auto.ch du 12 octobre 2021

Rédaction : Sébastien Moulin
Photographies : Sébastien Moulin, D.R. Ferrari

« Vous êtes attendu à 9h, via Abetone Inferiore 4 à Maranello. » Je dois relire trois fois cette phrase pour me convaincre que c’est bien ce qui est écrit. A cette adresse se trouve l’entrée historique de l’usine Ferrari, c’est ici que tout a commencé. « Il Commendatore » avait son bureau juste derrière le portail d’entrée. Dans ma jeunesse, c’était un passage, que dis-je, un pèlerinage obligé sur la route du Grand-Prix de St-Marin. Et si à l’époque les barrières restaient désespérément closes, aujourd’hui elles s’ouvrent dès mon arrivée… je suis attendu.

Devant le symbolique bâtiment ocre m’attend déjà celle pour qui j’ai fait ce voyage en Émilie-Romagne : la Ferrari Roma, aujourd’hui habillée d’une superbe robe « Rosso Portofino » ! Avec la Roma, Ferrari ambitionne de vouloir faire revivre l’esprit de la “Dolce Vita” des années 50 et 60. L’espace d’une journée, c’est avec bonheur que je vais me laisser prendre au jeu de l’insouciance…

0-100km/h (s) : 3.4

Vmax (km/h) : 320

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 2.53

propulsion
8 cyl. 3.9L bi-turbo
620 ch / 760 Nm
1’570 kg

J’avais vraiment hâte de découvrir la Roma de mes propres yeux car le commentaire le plus récurant que j’ai entendu à son sujet est qu’elle ressemble plus à une Aston Martin qu’à une Ferrari. Premier constat, il est évident que la DB11 et la Roma ont des proportions très similaires. De même, on peut décemment affirmer que la Roma ne ressemble pas aux récentes Ferrari modernes à moteur central. Pourtant, en ouvrant les livres d’histoire, il devient manifeste que la Roma est une interprétation ultra moderne des Ferrari Grand Tourisme des années 60 comme la Ferrari 250 GT Lusso ou la 275 GTB. Sa calandre perforée fondue dans le bouclier avant en nez de requin et sa poupe style « fastback » en sont le parfait exemple.

Des formes épurées, sans cavités ni rainures, tout à fait conformes à la tradition du grand tourisme Ferrari. Raffinée et élégante tout en conservant la vocation sportive propre à toutes les Ferrari. A noter que pour préserver ses lignes pures, les designers italiens ont dissimulé un aileron rétractable dans la lunette arrière. Totalement invisible, celui-ci se déploie sur trois niveaux à partir de 100 km/h.     

Finalement, seule la signature lumineuse est en rupture esthétique. A l’avant, une ligne de led horizontale coupe le bloc optique, tandis qu’à l’arrière, il faut faire preuve d’imagination pour retrouver les traditionnels feux ronds de Ferrari, sertis dans la carrosserie.

Je prends place dans la Roma, tandis qu’un ingénieur Ferrari me distille les explications d’usage. J’écoute d’une oreille tandis que je découvre le luxueux habitacle construit avec des matériaux nobles et tout le savoir-faire italien. Basé sur le concept du Dual Cockpit, il offre un espace séparé pour le conducteur et le passager. Ce dernier dispose même d’un écran tactile qui affiche une multitude d’informations, des performances aux données GPS. Le conducteur dispose d’un écran de 16 pouces derrière le volant et d’un écran central vertical de 8,4 pouces. Les affichages sont personnalisables à volonté, mais pas vraiment intuitifs ; un temps d’adaptation s’imposera avant d’en maîtriser toutes les fonctions.

Ferrari présente la Roma comme un coupé 2+, et non 2+2. En effet, les places arrière dont elle dispose sont symboliques. Parfait pour ranger quelques bagages, mais inaptes au transport de personnes adultes. Son coffre est en revanche bien réel, offrant une capacité de 272 litres, et même 345 litres en rabattant les sièges arrière. Idéal pour les longs week-ends en amoureux.

Avant de prendre la route, un mot encore sur la clé de la Roma, un petit rectangle de cuir et d’émail qui correspond au niveau de qualité de la voiture qu’elle déverrouille. Une fois ouverte, elle prend place dans la console centrale, où Ferrari a ingénieusement aménagé un espace parfaitement dimensionné pour l’accueillir. Fini les clés qui heurtent le porte-gobelet à chaque virage.

Il est maintenant grand temps de donner vie à la cavalerie. Pour ce faire, pied sur le frein, je cherche en vain le fameux bouton rouge « Start Engine ». Il a disparu au profit d’une banale commande tactile située au bas du nouveau volant. Quel dommage ! Le sélecteur de marche est un sympathique clin d’œil aux anciennes boîtes manuelles avec grilles en H. Chacun jugera de son esthétique, c’est clairement une question de goût.

On se sent tout de suite à l’aise derrière le nouveau volant. La visibilité est bonne et les dimensions du long capot avant sont définies par des bords d’ailes relevés. La prise en main se fait en douceur et déjà la Roma quitte l’usine Ferrari dans une discrétion presque déconcertante. 

J’opte pour un itinéraire plein sud qui doit me conduire via de petites routes sinueuses dans les collines avoisinantes. Étonnamment agile en ville, la Roma est également plus confortable sur les grands axes qu’on ne pourrait s’y attendre. La direction offre un bon compromis et la pédale de frein est facile à doser, grâce à une course relativement longue. La Roma est si facile à vivre que j’aurais aimé que la sonorité de l’échappement soit beaucoup plus présente et virile afin de me rappeler que je suis bien au volant d’une super GT de plus de 600 chevaux. 

Dès que les routes Émilienne-Romagnole se font plus sinueuses, je tente d’énerver ma monture, en évitant toutefois qu’elle ne se cabre. Pour ce faire je joue avec le petit « Manettino » situé sur le volant. Grâce à ses 5 positions – Wet, Comfort, Sport, Race, ESC-Off – la maniabilité et l’adhérence de la Ferrari Roma deviennent plus ou moins accessibles. Au quotidien, sur route sèche, je peux imaginer que le mode « Sport » sera privilégié. La fonction Race, disponible pour la première fois sur la gamme GT de Ferrari, élève le seuil d’intervention de tous les systèmes électroniques permettant à la voiture de dériver légèrement, ce qui rend la Roma extrêmement amusante à conduire. Les systèmes de contrôle restent cependant actifs et au-delà d’un certain angle de dérive, ils interviennent. La Roma est joueuse, mais pas traître. A noter que dans les modes Sport et Race il est possible d’activer une fonction « route bosselée » pour activer la gestion des amortisseurs en mode confort. 

Même dans ces conditions, la sonorité du moteur, vue de l’intérieur, n’est pas aussi enivrante que sur d’autres Ferrari. Normes obligent, si la Roma n’a pas de silencieux, elle dispose d’un nouveau filtre à particules qui réduit les émissions mais limite également le bruit.

Mais pas de quoi bouder notre plaisir, la Roma libère les 620 chevaux de son V8 de 3,9 litres bi-turbo à la demande. Tout comme celui de la GTC 4 Lusso T essayée il y a bientôt 3 ans, ce moteur fait partie de la famille du fameux V8 F154 primé à plusieurs reprises pour ses performances et sa technologie. Fait plutôt étonnant, la puissance maximale de 620 ch est disponible sur un plateau allant de 5’750 à 7’500 trs/min. Les 760 Nm de couple sont quant à eux disponibles de 3’000 à 5’750 trs/min.

Le plaisir ressenti est également dû à l’excellente boîte de vitesses à double embrayage à huit rapports. Les vitesses passent en un clin d’œil, laissant échapper un délicieux bruit sec. La Ferrari Roma parvient à couvrir le 0-100 km/h en 3,4 secondes. Je ne m’en lasse pas, mais les heures défilent aussi vite que ma délicieuse Italienne et je dois déjà me résoudre à reprendre la direction de Maranello. 

Au niveau tarifaire, le prix de base de la Ferrari Roma est affiché à CHF 231’000.-, soit le même prix que la Porsche 911 Turbo coupé (580 ch, dès CHF 231’800.-). De son côté, Aston Martin propose sa DB11 V8 (510 ch) à partir de CHF 211’820.-, alors qu’il faudra compter au minimum CHF 252’000.- pour la DB11 V12 AMR de 639 ch. Nouveauté non négligeable chez Ferrari : le prix de vente inclus l’entretien – pièces et main d’œuvre ! – durant les sept premières années de vie de la voiture.

L’avis de Sport-Auto.ch

Moins radicale que les autres modèles de la marque, la Ferrari Roma s’adresse aux amateurs de GT élégantes et non tapageuses. C’est d’ailleurs la première fois de l’histoire qu’un modèle Ferrari a été présenté sans les fameux écussons jaunes sur les ailes avant. Que les puristes se rassurent, ils restent toujours disponibles en option.

La Roma possède tous les ingrédients d’une GT moderne. Avec elle, Ferrari vise clairement une nouvelle clientèle, et pourquoi pas « voler » quelques clients à Porsche et Aston Martin ; les dirigeants de Maranello estiment en effet qu’elle sera la première Ferrari de 70% de ses clients. En plus de rester fidèle à son ADN, la Ferrari Roma réussit le pari d’être civilisée et confortable au quotidien. Ses lignes sont parfaites, épurées et subtiles, mais si on la cravache, la belle part au galop ! La Roma est la Ferrari pour toutes les occasions.

sebastien[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Lignes superbes
  • Gestion de la boîte de vitesses
  • Performances
  • Polyvalence
  • Entretien inclus pendant 7 ans
Contre...
  • Ergonomie peu intuitive
  • Places arrière symboliques
  • Sonorité manquant d’enthousiasme pour la catégorie

Merci à Ferrari S.p.A. pour l’invitation à essayer cette Ferrari Roma à Maranello.

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