FORD
FOCUS ST

L’essai Sport-Auto.ch du 16 novembre 2016

Rédaction : Michael Esteves

Photographies : Bob de Graffenried, Steve Baudois

En ce début d’automne, Ford a mis à notre disposition une Focus ST d’une couleur assez atypique dans le paysage automobile helvétique : un orange pétant, portant le nom de Tangerine Scream, soit le cri de la mandarine en français. Une teinte photogénique qui sied particulièrement bien à la Ford Focus ST !

Ce n’est certes pas la fameuse RS, mais avec son 2 litres turbo de 250 ch, elle devrait déjà être sympathique à essayer. Sauf que…

Comme VW l’avait fait avec sa Golf GT TDI, Ford a osé mettre un moteur gavé au diesel sous le capot de sa compact sportive badgée ST. Ça sera donc un 2 litres turbo TDCI de 185 ch, secondé par une boîte séquentielle Powershift à 6 rapports.

0-100km/h (s) : 7.7

Vmax (km/h) : 217

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 8.2

traction
4 cyl. 2.0L TDCI
185 ch / 400 Nm
1’525 kg

Impossible moteur éteint de différencier la version diesel de la « vraie » ST. Une gueule d’enfer : avec son becquet arrière (CHF 200.-), son imposant pare-chocs avant et ses bas de caisse, elle ne manque pas de caractère ! Sa très réussie double sortie d’échappement centrale ferait illusion. N’ayant pas lu attentivement le contrat d’essai reçu de Ford, c’est bien lors de la mise en route, doublée d’un rapide coup d’œil au compte-tour dont la zone rouge débute à 5’000 trs/min, que je m’aperçois de l’entourloupe !

Le point positif, c’est que le châssis est le même que sur la version essence, ce qui me remonte le moral. Les freins également, avec ici des disques de 335 mm de diamètre qui font partie du pack ST Performance 3 (CHF 1’400.-), comprenant aussi les superbes jantes en 8×19 ainsi que les seuils de portes illuminés à l’avant.

L’intérieur est bien fini. Les sièges Récaro offrent un maintien parfait. Ils seront peut-être même trop enveloppants pour les grands gabarits. Sur le tableau de bord se trouvent 3 manomètres, comme à l’époque de l’Escort Cosworth…  L’écran tactile de 8 pouces permet de commander la navigation, les sources audio, ainsi que la ventilation. Puisqu’il est possible d’y enregistrer une image de fond d’écran personnelle, on ne s’est pas privé de le faire. L’option qui vous fera aimer prendre la voiture par température hivernale, c’est le volant chauffant. Ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de l’essayer vont croire à un gadget, mais je peux vous assurer qu’on prend vite l’habitude de l’activer. Ce dernier fait partie du Winter Pack 2 avec le pare-brise et les sièges chauffants (CHF 590.-).

Vu qu’on est maintenant bien assis, l’arrière-train et les mains bien au chaud, allons faire deux mètres, pour voir si on arrive à prendre du plaisir avec un diesel autrement qu’en regardant la consommation moyenne… Première accélération : un bruit sourd, genre filtre à air conique sur la Twingo du jeune voisin, envahit l’habitacle. A peine le temps d’essayer de trouver d’où vient ce bruit que le rapport suivant est déjà engagé. La boîte séquentielle Ford Powershift à double-embrayage (CHF 1’700.-) est très rapide, en mode normal les rapports sont volontairement passés assez bas dans les tours. Il est possible de sélectionner le mode Sport afin de passer les vitesses à des régimes plus élevés. Les (trop) petites palettes placées derrière le volant permettent de prendre le contrôle sur la boîte, chose malheureusement impossible par le biais du shifter. Le mode Sport permet également d’amplifier le son du moteur à travers une enceinte située dans l’habitacle. Grâce à un subtil déphasage du son réel du moteur, on se croirait alors presque en présence d’un moteur essence.

Une fois fait abstraction de devoir passer les rapports aux régimes ou habituellement les moteurs commencent à chanter, je dois avouer que cette Focus ST m’a surpris en bien lors de la traversée des grands cols (Nufenen, Gothard, Furka). Avec son châssis ferme, légèrement inconfortable sur revêtement dégradé, sa direction très précise et communicative, et ses pneus en 235/35-19, seul son manque d’allonge est à déplorer. Comme on pouvait l’espérer en voyant les dimensions de ses disques, le freinage s’est montré efficace et endurant ; on note juste une légère augmentation de la course en fin de descente de col menée à bon rythme.

Naturellement sous-vireuse, la Focus ST offre un très bon compromis entre efficacité et mobilité du train arrière au levé de pied, après avoir déconnecté entièrement l’ESP. Elle m’obéît aux doigts et au pied dans les épingles de la Tremola, au point que j’en redemande encore ! A noter que la Focus ST est toujours munie d’un levier de frein à main traditionnel, et non pas d’un frein à main électrique, qui devrait être banni de toute voiture un tant soit peu sportive.

L’électronique permet également de garder un pied sur le frein tandis que l’autre maintient les gaz, chose impossible sur de nombreux autres véhicules actuels, le papillon des gaz étant automatiquement coupé lors des freinages.

Disponible à partir de CHF 36’400.- en boîte manuelle et CHF 38’100.- avec la présente boîte Powershift, le prix de notre modèle d’essai grimpe à CHF 45’190.- avec ses nombreuses options. A titre de comparaison, la version essence de 250 ch disponible uniquement en boîte manuelle s’affiche dès CHF 37’400.-. Alors, la question qui se pose est de savoir s’il est réellement possible de prendre du plaisir au volant d’une voiture à moteur diesel ? La réponse est complexe et très personnelle. Grâce à son châssis et sa direction communicative, l’expérience de conduite reste plaisante, mais le manque d’allonge – inutile de passer un rapport au-delà de 4’500 trs/min – me ferait choisir incontestablement la version essence.

Reste la question du look qu’il faudra assumer. Alors que certaines concurrentes jouent plutôt dans la discrétion, je ne peux que féliciter Ford pour ce tempérament affirmé, doublé ici d’une teinte unique ! En témoigne la curiosité des jeunes garçons croisés au col du Gothard… A moins que ça ne soit l’effet Ken Block ?!

L’avis de Sport-Auto.ch

Même avec toutes les qualités du monde, il est pour moi inconcevable d’imaginer une sportive dotée d’un moteur diesel. Mais si vous êtes tatoué ‘’I Love Diesel’’ sur l’épaule, que vous cherchez une plastique aguicheuse et que vos trajets sont constitués de routes sinueuses, grâce à son châssis affuté cette Focus ST fera très bien l’affaire. Elle permettra d’avaler de longs trajets avec une consommation très raisonnable (5 l/100km en conduite normale) sans pour autant avoir de peine à dépasser. Pour CHF 1’700.-, la boîte séquentielle Powershift est convaincante et orientera les adeptes du genre vers cette motorisation, puisque la version essence n’est disponible qu’en boîte manuelle.

michael[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Châssis
  • Look dans la teinte Tangerine Scream
  • Sièges Recaro
  • Consommation
Contre...
  • Places arrière restreintes
  • Passage vitesses uniquement via palettes
  • … Diesel

Merci à Ford Suisse pour le prêt de cette Ford Focus ST.

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