MASERATI
GRANTURISMO
TROFEO

L’essai Sport-Auto.ch du 20 juillet 2023

Rédaction : Nicolas Mari
Photographies : Bob de Graffenried, Nicolas Mari

“Granturismo. Les autres se contentent de voyager.” C’est avec ce slogan que Maserati a présenté le 3 octobre 2022 sa nouvelle gamme Granturismo, qui inclut à présent aussi bien une version électrique (Folgore) que des modèles thermiques. Mue par un moteur V6 3.0L bi-turbo baptisé « Nettuno », nous retrouvons ici la version Trofeo de 550 ch, déclinaison la plus puissante, la Modena affichant 490 ch. Les chiffres sont intéressants, mais est-ce que la nouvelle GT de la marque au Trident est restée fidèle à son ADN de voyageuse hors pair ? Cap sur les plus belles routes de Suisse pour le découvrir.

La gamme Granturismo chez Maserati, c’est une longue histoire. Après les anciennes générations et leurs mélodieux moteurs V8 atmosphériques, la marque a décidé d’améliorer et de moderniser son modèle, tout en gardant une continuité dans le design très apprécié et élégant de ce grand coupé 2+2. On retrouve la nouvelle identité visuelle des nouveaux modèles Maserati, incluant de nouveaux phares au dessin vertical. Les galbes de la carrosserie sont accentués, notamment au niveau du (long) capot avant qui désormais reçoit deux canalisateurs d’air sur les côtés. L’élégance générale de la carrosserie est très réussie et la peinture de notre modèle d’essai « Grigio Maratea Opaco » (CHF 4’308.-) met réellement en valeur le design soigné de la GT italienne.

0-100km/h (s) : 3.5

Vmax (km/h) : 320

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.25

4×4
6 cyl. 3.0L bi-turbo
550 ch / 650 Nm
1’790 kg

Notre version Trofeo se pare donc du nouveau moteur V6 bi-turbo « Nettuno » boosté à 550 ch et 650 Nm, le plus puissant jamais monté sur une Granturismo. Équipé d’un innovant système de préchambre de combustion au niveau des cylindres, permettant d’obtenir des réactions plus rapides et une combustion plus efficace, il est entièrement fruit du travail des ingénieurs Maserati. Dérivé de la compétition, il inclut la possibilité de désactiver 3 de ses 6 cylindres pour abaisser la consommation. De plus, la nouvelle Granturismo se pare désormais d’une transmission intégrale et nous verrons plus tard que c’est un réel atout au service des performances et de la polyvalence.

Prenons place à bord pour nous conduire de Zürich jusqu’aux plaisants cols alpins de Suisse centrale. Le soin apporté aux revêtements est clairement palpable : cuir perforé de haute qualité, alcantara soyeux et carbone 3D (de série) vous entourent. Notre modèle inclut les sublimes logos Maserati brodés sur les 4 appui-têtes (CHF 808.-), le pack Design avec pédales et seuils de portes en aluminium (CHF 1293.-), ainsi que du système audio Sonus Faber (CHF 3985.-) avec un son 3D à l’acoustique remarquable. La partie centrale du tableau de bord, qui inclut deux écrans tactiles de 12,3 et 8,8 pouces, reprend des airs de famille avec la nouvelle Abarth 500e que nous avons essayée récemment : on retrouve les mêmes touches « P – R – N – D/N » et le système d’info-divertissement avec une interface similaire.

Ce n’est cependant pas pour nous déplaire, les menus étant intuitifs et la lisibilité globalement excellente. Le combiné « Maserati Intelligent Assistant Multimedia System » inclut une liste de fonctionnalités, comme un assistant vocal compatible avec Android Auto ou Apple Carplay, des widgets personnalisables ou encore la navigation intégrée. L’horloge trônant au centre de l’habitacle, typique des Maserati, est désormais digitale et il est possible de transformer son apparence en affichage d’accéléromètre ou encore capteur de forces G.

En clair, on se sent vraiment à l’aise dans cet environnement gainé de surpiqûres rouges et les kilomètres s’avalent dans un confort digne d’une voiture de luxe. De plus, notre modèle était équipé d’un très efficace assistant de vitesse intelligent (compris dans le Pack Assistant 2, en option à CHF 3985.-) qui, combiné à l’affichage tête-haute, permet de voyager sereinement sur les autoroutes.

Mais voilà que les premiers virolets du col du Grimsel apparaissent. Nous passons du mode Confort au mode Sport, réveillant le moteur et rendant la pédale d’accélérateur plus sensible. La direction est bien calibrée et, malgré son empattement de 2’929 mm, la voiture donne une impression d’agilité surprenante au vu de son gabarit. Contrairement à la version Modena, la Trofeo dispose d’un différentiel à glissement limité (E-LSD), et on sent que le comportement de la voiture en profite ; la motricité est impressionnante. En observant les données de répartition du couple affichées sur l’écran central, on remarque qu’il est majoritairement distribué sur l’arrière. Il est cependant difficile de provoquer un sur-virage, même en sortie d’épingle, là où le Levante Trofeo s’était révélé plus joueur.

Un orage rencontré sur le trajet nous l’a confirmé : la Trofeo motrice et freine très fort même sous des trombes d’eau. Le système de freinage (à disques aciers ventilés), quant à lui, n’a pas un mordant très agressif, mais démontre une endurance sans faille. Durant ce premier trajet, on se sent donc tout de suite à l’aise. L’agrément moteur/boite est sans reproches, les 8 rapports sont bien étagés et chaque sollicitation sur les grandes palettes en aluminium est un plaisir. Seul petit bémol : après ce premier jour, les consommations affichent des valeurs plutôt élevées, oscillant entre 12,2 l/100km et 15,9 l/100km suivant le type de routes et malgré une majorité de l’itinéraire parcourue dans le mode Confort qui désactive 3 cylindres à rythme modéré. 

Après quelques clichés sur les routes du Valais central, nous repartons en direction de la région des cols du Gothard et de la Furka pour essayer le mode de conduite plus radical de la voiture : Corsa. Les suspensions de la Granturismo s’abaissent et la dureté passe en mode Hard : la caisse se rigidifie encore davantage, mais il est possible de revenir au réglage de dureté intermédiaire (celui du mode Sport) par le biais d’un bouton, réglage plus adapté sur la plupart de nos cols. Bien que les mouvements de caisse soient très bien maitrisés, la Granturismo se joue des inégalités de la chaussée avec une déconcertante facilité.

Pas de prise de roulis, pas de sous-virage… la tenue de route est exemplaire. Malgré sa masse élevée (nous avons mesuré 1’905 kg avec le plein d’essence, Maserati annonçant 1’790 kg à vide), la Maserati Granturismo Trofeo virevolte entre les virages et s’arrache des épingles sans broncher. En clair, malgré les dimensions conséquentes, les ingénieurs de Maserati ont réussi à transformer la Trofeo en une réelle sportive qui donne du plaisir à son pilote… et ses passagers ! Car oui, nous l’avons testé, même pour une personne de gabarit moyen (1m80), les deux sièges arrière offrent un bon maintien latéral même en conduite dynamique.

Au niveau des sensations mécaniques, le V6 Nettuno recueille des avis mitigés. En utilisation normale, le son feutré du moteur est très (trop ?) commun pour une GT aussi puissance, même si la présence désormais obligatoire de filtres à particules y est pour quelque chose. Il se révèle cependant à mesure que l’on augmente le rythme : rétrogradez de deux rapports et… appréciez. Entre le sifflement agressif des turbos et la sonorité des 6 cylindres prenant des tours en résonnant sur les parois rocheuses, c’est un régal !

La nouvelle Granturismo est donc une voiture très bien née, et la marque propose désormais une innovante gamme thermique (non hybride) et électrique avec cette base, ce qui est peu commun. La Folgore de 761 ch, beaucoup plus puissante que la Trofeo, propose-t-elle un comportement dynamique similaire malgré son poids annoncé à 2’260 kg ? Nous serions heureux de le découvrir dans un prochain essai.

La Maserati Granturismo affronte une concurrence féroce dans le segment : Porsche 992 Turbo (560 ch, 1’640 kg, dès CHF 238’500.-), Mercedes SL63 AMG (585 ch, 1’970kg, dès CHF 240’000.-), Bentley Continental GT (550 ch, 2’300kg, dès CHF 240’000.-) ou encore la nouvelle Aston Martin DB12 (680 ch, 1’685kg, dès CHF 260’000.-).

La Granturismo Trofeo est disponible dès CHF 250’100.- (version Modena à partir de CHF 202’100.-), et quelques équipements optionnels vous feront augmenter la facture : comptez par exemple CHF 23’694.- si vous souhaitez votre Trofeo en peinture « Rosso GranTurismo » … quant à notre modèle d’essai, son prix culmine à CHF 279’486.-. Maserati affirme donc une réelle volonté de monter en gamme et se mesure sans complexe aux GT les plus luxueuses.

L’avis de Sport-Auto.ch

La Maserati Granturismo Trofeo a fait des pas de géant depuis 2008, et son comportement sportif sain en fait une excellente voyageuse adaptée à nos routes alpines suisses. Si les puristes peuvent regretter la transmission intégrale imposée, ce choix technique demeure au service des performances et de la polyvalence. Comme ils le font avec une Porsche 911, les propriétaires d’une Granturismo pourront donc rouler quotidiennement en hiver. En effet, la Maserati Granturismo Trofeo a un mode de conduite pour chaque situation, ce qui en fait une réelle réussite.

nicolas[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Comportement dynamique et agilité
  • Polyvalence et confort
  • Amortissement
  • Intérieur moderne et qualitatif
  • Design épuré malgré les grandes dimensions
Contre...
  • Prix conséquent
  • Consommation élevée pour un V6
  • Sonorité commune en utilisation normale
  • N’existe plus en propulsion

Merci à Maserati Suisse pour le prêt de la nouvelle Maserati Granturismo Trofeo, pour ce premier essai réalisé en Suisse.

Tous nos essais de A à Z :

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