ROLLS-ROYCE
DAWN
BLACK BADGE

L’essai Sport-Auto.ch du 13 août 2020

Rédaction : Laurent Missbauer
Photographies : Sébastien Moulin

 

Depuis toujours, Rolls-Royce se place sur l’Olympe de l’automobile de luxe. Au point que certains clients sont plus régulièrement conduits que conducteurs eux-mêmes. C’est une Rolls-Royce Dawn « Black Badge » équipée d’un moteur V12 développant 600ch que nous avons eu le privilège d’essayer.

A en croire les responsables de Rolls-Royce, les versions « Black Badge », disponibles également sur les modèles Ghost (berline), Wraith (coupé) et Cullinan (SUV), s’adressent à ceux qui rejettent le conformisme et apprécient la sportivité. Ce qui est certain, c’est que la marque compte sur ces versions pour rajeunir sa clientèle.

Dans les versions « Black Badge », la célèbre calandre inspirée du Parthénon d’Athènes et la mascotte Spirit of Ecstasy, ne sont plus argentées mais noires. Il s’agit ici d’un noir chromé qui nécessite l’application de six couches de vernis avant un polissage minutieux pour l’obtention d’un rendu miroir du plus bel effet. Notons encore que la Dawn « Black Badge » est légèrement plus puissante que la version standard. Le V12 6.6 bi-turbo gagne 29 ch et 120 Nm pour un total de 600 ch et 900 Nm. La marque n’a en revanche pas communiqué sur une éventuelle augmentation des performances, le 0 à 100 km/h étant toujours annoncé à 4,9 secondes.

0-100km/h (s) : 4.9

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.26

Propulsion
12 cyl. 6.6L bi-turbo
600 ch / 900 Nm
2’560 kg

Outre la couleur noire, deux autres éléments d’inspiration sportive distinguent notre modèle d’essai. Ce sont les jantes de 21 pouces avec des rebords en fibre de carbone et le couvre-tonneau qui condamne les deux places arrière. Si vous souhaitez utiliser ces deux places arrière, vous devez enlever manuellement ce couvre-tonneau et le déposer avant de partir. Il s’agit là d’une solution qui nous a rappelé le démontage des arches qui permettaient de transformer la Citroën C3 Pluriel en cabriolet. Si cette solution peut être acceptée pour une voiture d’origine roturière, il n’en va pas de même, à notre avis, pour une Rolls-Royce !

Mais plutôt que de nous attarder sur ce dispositif controversé qu’il faut démonter à deux, installons-nous au volant. On y accède après avoir ouvert une portière antagoniste, à savoir une porte qui s’ouvre vers l’arrière du véhicule et non vers l’avant comme cela est le cas pour la plupart des automobiles. On referme la portière manuellement ou électriquement après avoir appuyé sur un bouton qui se trouve au bas du montant latéral du pare-brise. C’est l’une des nombreuses particularités qui distinguent Rolls-Royce de tous les autres constructeurs de voitures de luxe.

C’est également électriquement que nous replions le toit malgré le fait que de gros nuages noirs pointent à l’horizon. A l’arrivée des premières gouttes, 22 secondes suffisent à le refermer. Cela même en roulant, à condition de ne pas dépasser 50 km/h. Si la pluie a quelque peu perturbé notre première séance photos, elle nous a permis de constater que la Dawn était particulièrement silencieuse. Cela n’est pas une nouveauté pour une Rolls-Royce. Il y a 50 ans, Serge Gainsbourg évoquait déjà « le poste de radio qui couvrait le silence du moteur » dans son album Melody Nelson.

Nous ne nous étonnons pas du silence du V12, dont l’absence de vibrations permet d’y faire tenir debout une pièce de cinq francs, mais bien du silence des projections d’eau dans les passages de roue alors que nous roulons pourtant à 120 km/h. Aucun bruit. Rien. Ni le mouvement des essuie-glaces, ni le toit, ni les pneus n’émettent un quelconque son. L’impression de se déplacer sur un tapis volant est ici à son comble. Un coup d’œil dans les passages de roue nous permet de découvrir une épaisse mousse d’isolation phonique !

De nombreux détails ont fait ainsi l’objet d’un soin particulier. L’emblème Rolls-Royce sur les jantes dispose par exemple d’un système automatique afin que les deux lettres RR apparaissent toujours à l’endroit. Quant au Spirit of Ecstasy, il peut disparaître sous le capot en appuyant sur une simple touche (voir notre vidéo ci-dessous).

Enfin, un parapluie est dissimulé à l’avant de chacune des deux portes et la nervure au centre du capot évoque le sillon d’un yacht de luxe. Yacht est d’ailleurs un terme qui revient souvent dans la description de la Dawn. Certains la qualifient même de yacht de la route. Un très beau yacht mais en aucun cas un « bateau », terme péjoratif associé à certaines voitures américaines d’antan.

Mené tambour battant sur le tracé de la course de côte de La Roche-La Berra ou au col du Jaun, cet imposant cabriolet de 5,28 m de long accuse certes un peu de roulis mais s’avère néanmoins terriblement efficace pour dépasser à la vitesse de l’éclair les touristes qui lambinent sur nos routes. Le moteur plus coupleux et la suspension dynamique des modèles « Black Badge » n’y sont pas étrangers.

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas nécessairement ! Si l’appréciation du côté massif de la carrosserie est une affaire de goût, on regrette qu’il soit impossible de régler la ventilation sur les trois positions habituelles que sont le pare-brise, la tête et les pieds. Seules les positions haut et bas y sont possibles. Il ne s’agit que d’un détail mais il a son importance dans une voiture censée être parfaite. L’absence de compte-tours – remplacé par un indicateur de la puissance disponible – est également perturbante pour celui qui aime un tant soit peu exploiter la mécanique.

Les aptitudes de grande routière de la Dawn sont en revanche parfaites, elles. Le V12 qui répond instantanément à la moindre sollicitation et l’excellente boîte de vitesses automatique ZF à huit rapports sont des modèles du genre. La boîte dispose par exemple du système Satellite Aided Transmission. Grâce aux informations du GPS, il gère à merveille les 8 vitesses afin de sélectionner à chaque fois le meilleur rapport en fonction de la topographie rencontrée. Est-ce ce dispositif qui nous a permis de ne consommer que 8,3 l/100km sur le trajet autoroutier Bulle-Nyon effectué à une moyenne de 109,4 km/h ? C’est fort possible !

En tout cas, cette faible consommation est remarquable pour une voiture de 600ch pesant 2’560 kg. Sur deux autres pointages de consommation, comprenant cette fois-ci des parcours en montagne, les valeurs enregistrées ont été de 18,7 et de 19,6 l/100km. Elles se situent entre celles annoncées par le constructeur pour la consommation moyenne (16,3 l/100km) et pour la consommation en ville (23,4 l/100km).

Gageons toutefois que ces chiffres ne constituent pas le premier souci de l’acheteur d’une Rolls-Royce Dawn affichée à 287’850 euros. Une somme qui peut rapidement prendre l’ascenseur comme le montre notre voiture d’essai qui coûte 396’175 euros, dont 35’356 pour le « Package Black Badge » et 8’442 pour le « Package Driver Assistance 3 » avec notamment le régulateur de vitesse adaptatif, l’affichage tête haute et le dispositif de vision nocturne avec reconnaissance des piétons. Le volant en cuir bicolore est quant à lui une option à 2’100 euros.

L’avis de Sport-Auto.ch

La Rolls-Royce Dawn « Black Badge » allie avec brio une technologie dernier cri au luxe intemporel qui a fait la réputation de la marque. Sa polyvalence lui permet aussi bien de se muer en tapis volant que d’affronter dans un silence de cathédrale des courbes négociées à vive allure. Cela toujours avec le confort et le luxe comme piliers immuables chers à la marque anglaise.

laurent[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Isolation phonique
  • Confort
  • Finitions et matériaux luxueux
  • Exclusivité
  • Consommation extra-urbaine
Contre...
  • Couvre-tonneau manuel
  • Réglages de la ventilation
  • Pas de compte-tours

Merci à Rolls-Royce Motors Cars Ltd. ainsi qu’à l’agence PR & Co pour le prêt de cette Rolls-Royce Dawn « Black Badge ». Merci également à Rolls-Royce Motor Cars Geneva et à Pegasus Automotive Group pour leur collaboration.

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