CHEVROLET
CORVETTE
GRAND SPORT

L’essai Sport-Auto.ch du 16 novembre 2017

Rédaction : Sébastien Moulin
Photographies : Sébastien Moulin

La Chevrolet Corvette est « la » voiture de sport américaine emblématique, qui a gagné son rang en suscitant l’enthousiasme des passionnés depuis plus d’un demi-siècle. Présentée en tant que concept-car au Salon de New York en 1953, la Corvette a été rapidement mise en production. Plus de 60 ans plus tard, le constructeur de Detroit débarque en Europe avec le modèle C7 (pour septième génération), avec la même recette originale mais sans cesse améliorée.

Comme tout bon Helvète passionné d’automobile, vous savez certainement que Louis Chevrolet, l’un des fondateurs de la marque homonyme en 1911, est né à La Chaux-de-Fonds. Malheureusement, comme je l’expliquais lors des 24h du Mans 2015, cet héritage est aujourd’hui complètement oublié. Les puristes continueront cependant à voir le drapeau suisse aux côtés du drapeau à damier dans le logo Corvette, le seul utilisé sur ce modèle de « Chevy ». Fort de ce riche passé historique, ce n’est pas sans émotion que je prends réception de cette icône de l’automobile sportive US. Pour cet essai, je dispose de la dernière-née de la famille, la Corvette Grand Sport Cabriolet. Dans la gamme Corvette, la Grand Sport se situe entre la Stingray et la Z06. Elle se démarque par des équipements « performance » justement repris de la Z06, tout en conservant le moteur de la Stingray.

0-100km/h (s) : 4.1

Vmax (km/h) : 290

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.47

propulsion
8 cyl. 6.2L atmo
466 ch / 630 Nm
1’621 kg

A peine glissé dans l’habitacle de la belle américaine que déjà je me dirige vers les autoroutes allemandes. Heureux hasard du calendrier, je me rends aujourd’hui au circuit d’Hockenheim pour assister aux finales de l’ADAC. Parti de Zurich, j’opte pour un itinéraire via Schaffhouse dans l’espoir de bénéficier d’un minimum de circulation sur les tronçons autoroutiers allemands non soumis à une limitation de vitesse. Dans les sempiternels embouteillages entre les bords de la Limmat et la frontière allemande, je prends le temps de découvrir ce bolide, dont la prise en main est plutôt aisée. J’apprécie l’ambiance intérieure avec cette omniprésence de décor carbone (CHF 1’100.-). Le confort est très correct à bord de cette super sportive et l’équipement particulièrement riche ; il ne manque rien ! La connectique est à la page et, déjà, le système audio Bose distille ma musique préférée sans aucune fausse note.

Une fois le réseau routier allemand atteint, surprise ! Dans ce pays où l’industrie de l’automobile sportive fait partie du patrimoine national, je constate un engouement extraordinaire pour ma sportive US, concurrente directe de la légendaire Porsche 911 : rapidement, je ne compte plus les pouces levés, signes de la main et grands sourires.

Il faut bien avouer que la bête est impressionnante. De son long capot avant sculpté jusqu’à sa poupe relevée, flanquée de la fameuse quadruple sortie d’échappement, tout respire la compétition. Le kit aérodynamique emprunté à la Z06, les jantes en alliage d’aluminium noir brillant (CHF 565.-) ainsi que les étriers de freins de couleur jaune (CHF 620.-) confirment son allure sportive. Comme déjà évoqué, la Corvette Grand Sport reprend le moteur de la Stingray, à savoir le V8 LT1 de 6,2 litres atmosphérique développant 466 ch pour un couple de 630 Nm. Sur notre voiture d’essai, cette puissance est transmise par l’intermédiaire d’une boîte automatique à 8 rapports (CHF 3’100.-) via un différentiel à glissement limité piloté électroniquement. Une boîte mécanique à 7 vitesses est proposée de série.

La Grand Sport hérite de série de la suspension magnétique pilotée, déjà vue sur la Chevrolet Camaro V8 et qui travaille de concert avec le système de stabilité électronique avec 5 modes de fonctionnement. Son poids de 1’621 kg lui permet d’abattre le 0 à 100 km/h en à peine plus de 4 secondes. J’aurais bien voulu vérifier la vitesse de pointe de 290 km/h annoncée par Chevrolet, mais malgré un trafic fluide, je n’y suis pas parvenu, plafonnant à un « modeste » 250 km/h. Mais qu’importe : je peux vous affirmer que la Corvette assure dans cet exercice à hautes vitesses. Les appendices aérodynamiques, les larges gommes Michelin Pilot Super Sport ZP à roulage à plat P285/30 ZR19 à l’avant, P335/25 ZR20 à l’arrière, ainsi que les suspensions magnétiques, remplissent à merveille leur rôle stabilisateur, même lorsque l’Autobahn serpente le long de la Forêt Noire.

Quelques heures plus tard, même si je n’ai pas perdu mon enthousiasme, je suis tout de même content d’arriver à destination. Dans le parking étroit de l’hôtel, je trouve une nouvelle fonction au petit aileron noir juché sur la malle arrière. Après m’avoir offert un maximum d’appui sur l’autoroute, il me sert à bien repérer les angles du véhicule. Son museau pointu, abaissé, est également très vulnérable. Heureusement, je peux compter sur un ingénieux système de caméras à l’avant afin d’éviter tout incident.

A noter que lors de ce week-end de course sur le circuit d’Hockenheim, il s’est produit une belle coïncidence : j’ai assisté au sacre de Jules Gounon en GT Masters, au volant d’une superbe Corvette C7 GT, la version course de ma voiture d’essai !

Me revoilà maintenant sur sol helvétique. Les autoroutes allemandes, c’est amusant, mais ce n’est clairement pas représentatif d’un usage courant. Mon second road trip me conduira du Valais au Tessin via le Col du Nufenen. Un itinéraire idéal pour juger la « muscle-car » américaine sur des routes bien de chez nous. Pour cette virée, je serai accompagné et Madame ne sera ni limitée en bagages, ni privée de shopping. La Corvette est un véhicule d’escapade. En effet, avec 171 litres, le coffre est plutôt généreux pour la catégorie et je ne rencontre aucune difficulté à ranger les valises, mon matériel photo… et même les futurs achats de mon épouse ! Quant à la capote en toile, il est possible de l’actionner jusqu’à 50 km/h, ce qui est plutôt pratique.

C’est sur les longues courbes de la Vallée de Conches que les choses sérieuses commencent. Je coupe la musique pour écouter le moteur dans les vigoureuses relances. Je ne me lasse pas du chant harmonieux du V8 atmosphérique. Ça pousse si fort qu’il est impossible de rester plus de quelques secondes le pied au plancher sans friser la correctionnelle. Le potentiel aperçu sur autoroute est décuplé, avec une stabilité en courbe presque indécente. Il me paraît vain de chercher la limite d’adhérence sur route ouverte.

La montée vers le Nufenen est bien plus technique et sinueuse. Je l‘attendais au tournant, mon Américaine, mais elle a répondu présente ! Rien à dire sur le moteur, et encore moins sur le châssis, qui semble coller à la route tout en gommant ses imperfections. La Grand Sport se montre étonnamment agile, grâce à une direction très réactive. Certes, dans cette situation extrême, la boîte automatique à 8 rapports avec palettes au volant montre ses limites. Ce n’est pas une PDK, mais on a déjà vu pire. La rapidité des changements est correcte mais demande tout de même une certaine anticipation à l’approche du rupteur, et j’aurais apprécié un étagement légèrement plus court.

Nous sommes bien enveloppés dans les sièges sport, qui peuvent aussi bien être chauffés que ventilés (CHF 2’080.-). Les épingles s’enchaînent à un rythme soutenu avec un comportement très neutre. Si en « mettant la patate » en sortie d’épingle, on peut provoquer une dérive du train arrière, celle-ci est progressive et aisément maîtrisable. Sur route sèche, il faudrait vraiment rouler comme une brute pour prendre en défaut la tenue de route de la Corvette Grand Sport. Je n’aurais pas eu l’occasion de rouler sur route grasse ou détrempée, mais j’imagine que dompter l’animal dans des mauvaises conditions serait une autre chanson. Voilà une voiture idéale pour qui souhaite se rendre au circuit par la route, d’autant plus que les gros freins Brembo hérités de la Z06, pourtant très sollicités lors de la descente vers Airolo, semblent aussi impressionnants qu’infiniment endurants. Et si ça devait ne pas suffire aux adeptes de sorties sur circuit, des freins en carbone-céramique sont proposés en option (CHF 9’290.-).

L’avis de Sport-Auto.ch

La Corvette Grand Sport est une authentique voiture de sport. A son volant, on ne manque de rien. Mieux : on redécouvre le vrai plaisir de conduire. Certes, certains diront que ce n’est qu’une Z06 au rabais car elle n’en a pas les chevaux… mais à quoi bon mettre encore plus en danger son permis sur route ouverte ? La Grand Sport est au contraire une très bonne option pour celui qui désire bénéficier d’un meilleur freinage et d’un look plus affirmé, tout en conservant la noblesse du 6.2L atmosphérique, déjà bien assez puissant pour se faire plaisir (et même peur) sur route ouverte !

Ajoutons à cela un rapport prix-performance très intéressant : proposée dès CHF 112’070.- avec la boîte manuelle à 7 rapports, il vous faudra débourser CHF 123’065.- pour un modèle similaire à celui de cet essai, incluant le « Performance Data Recorder » (CHF 1’750.-), qui permet de filmer et d’enregistrer ses performances sur circuit. Un système que je n’ai malheureusement pas eu la chance de tester.

sebastien[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Plaisir de conduite
  • Belle sonorité
  • Tenue de route phénoménale
  • Prix imbattable dans la catégorie
Contre...
  • Boîte automatique perfectible

Merci à Cadillac & Chevrolet Europe pour le prêt de cette Chevrolet Corvette Grand Sport Cabriolet.

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