ALFA ROMEO
GIULIA

QUADRIFOGLIO

L’essai Sport-Auto.ch du 25 janvier 2017

Rédaction : Bob de Graffenried

Photographies : Bob de Graffenried

Vidéo : Bob de Graffenried

Après d’innombrables doutes et années d’attente, elle est là. Presque 25 ans après la 75, dernière berline propulsion de la marque au serpent, Alfa Romeo s’est enfin donné les moyens de concevoir une berline digne de ses origines, avec entre autres, le retour à la propulsion ! Alors oui, je vois déjà ceux qui vont rétorquer que les 8C et 4C sont aussi des propulsions… C’est vrai, mais leur domaine d’utilisation est incomparable avec la voiture qui nous intéresse aujourd’hui. Avec la Giulia Quadrifoglio, Alfa Romeo fait mieux que de revenir aux affaires : avec un chrono de 7 min 32 sec, elle domine la concurrence et devient la berline la plus rapide du monde sur la célèbre boucle nord du Nürburgring, lorsqu’elle est équipée de la boîte automatique ZF à 8 rapports.
Une belle démonstration de l’adage « Reculer pour mieux sauter » !

Mais au-delà des records, le constructeur italien a voulu pousser la sportivité jusqu’au bout en proposant sa Giulia Quadrifoglio d’abord en boîte manuelle à 6 rapports, un choix totalement à contre-courant de la tendance actuelle. C’est cette dernière dont nous vous proposons l’essai. Propulsion, moteur V6 2.9L bi-turbo de 510 ch développé par Ferrari, 0-100 km/h en moins de 4 secondes, et parfait équilibre des masses. Sur papier, l’idée semble à la fois inédite et très alléchante. Alors, pari gagné ?

0-100km/h (s) : 3.9

Vmax (km/h) : 307

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.24

propulsion
6 cyl. 2.9L biturbo
510 ch / 600 Nm
1’655 kg

Visuellement, l’alfa Romeo Giulia bénéficie d’un coup de crayon mêlant à la perfection sportivité et élégance à l’italienne. Sur la version Quadrifoglio, plusieurs appendices ont fait leur apparition et l’ensemble gagne en agressivité pour annoncer clairement la couleur : elle est bien LA berline sportive du moment ! Lame avant, bas de caisse et spoiler sont réalisés en carbone, tout comme le capot avant muni d’ouïes d’aérations destinées à refroidir la pièce d’orfèvrerie qui s’y cache, reliée au roues arrière via un arbre de transmission… en carbone ! Si le résultat sur l’avant et les flancs est superbe, je trouve le trait un peu forcé sur la partie inférieure du bouclier arrière, trop proéminent à mon goût…

A l’intérieur, les compteurs ronds et profonds sont toujours bien là, parachevés ici d’un petit trèfle à quatre en relief. La version Quadrifoglio reçoit ici en option des superbes sièges semi-baquets à coque en carbone (CHF 3’450.-). La console centrale reçoit également une finition en carbone, tout comme les inserts des portes. Le tableau de bord est entièrement recouvert de cuir et dans l’ensemble les matériaux sont très bien choisis, bien qu’il subsiste du plastic dur sur certaines parties inférieures.

L’impression d’ensemble est excellente car les concepteurs ont réussi à réaliser un habitacle moderne et épuré, sans en péjorer l’ergonomie et la facilité d’utilisation, points sur lesquels l’Alfa Romeo Giulia a été récompensée par le prix EuroCarBody. Le large écran central, légèrement orienté vers le conducteur, est parfaitement intégré et excelle par sa lisibilité. Ce dernier propose au besoin un affichage divisé particulièrement pratique.

Place à la conduite ! Premier constat : la position de conduite est parfaite : l’assise basse et le pédalier situé en profondeur ravissent mes 195 cm. Une brève pression sur le bouton Start placé sur le volant – comme sur les Ferrari – et le V6 à 90° s’ébroue dans un grondement rauque, le genre de bruit à vous faire détester de vos voisins ! Pourtant, aussitôt engagé sur la route, je vais découvrir une auto étonnamment silencieuse, trop même ! En effet, il faudra sélectionner le mode Dynamic pour que les clapets d’échappement s’ouvrent, mais seulement à partir de 3’500 trs/min. Une limite imposée par les normes d’homologation ? Non, car en mode Race, ceux-ci sont ouverts en permanence. Le problème, c’est que ce mode désactive totalement l’ESP, et que notre essai se déroule sur des routes constamment humides… Dommage de ne pas avoir implanté un bouton permettant d’ouvrir les clapets indépendamment du mode de conduite… Passons.

En ville, sur route ou autoroute, la Giulia Quadrifoglio se montre maniable et silencieuse, au point d’en oublier qu’on est à bord d’une voiture revendiquant plus de 500 ch… Une véritable double personnalité. Seul le guidage de sa boîte manuelle, précis mais dur, invite au doute. La consommation n’a rien de repoussant compte tenu de la puissance : il faudra compter sur un peu moins de 11 l/100km sur un parcours mixte, et 8.5 l/100km sur autoroute, en restant calme avec le pied droit… L’amortissement est ferme sans être inconfortable, et l’on peut sans problème envisager des longs trajets. Sur ces deux points, la Giulia Quadrifoglio se montre plus adaptée à un usage quotidien qu’une Ford Focus RS par exemple, plus radicale et plus gourmande due à sa traction intégrale permanente. Petit bémol, le bloc de la Giulia Quadrifoglio manque de couple sous 2’000 trs/min, ce qui se ressent d’autant plus que l’étagement de la boîte est long : il faut bien parvenir à 307 km/h en 6ème ! C’est là un autre bémol en conduite sportive : pour profiter des accélérations démentielles et de la sonorité lyrique des 6 cylindres jusqu’au rupteur à 7’000 trs/min, le risque d’être hors la loi est élevé, avec un 2ème rapport qui finit à 120 km/h. De ce point de vue, la boîte automatique ZF à 8 rapports – déjà rencontrée sur la Maserati Levante S testée en automne dernier – mérite l’attention vu son étagement plus court. Mais quand on (re)goûte au maniement d’un levier de boîte manuelle comme celui-ci, précis, court et très bien placé, difficile pour n’importe quel puriste d’envisager une version à deux pédales !

Malheureusement, notre essai s’est déroulé durant l’une des pires semaines de l’hiver avec l’arrivée de la neige jusqu’en plaine… Les routes étant mouillées en permanence, impossible d’exploiter pleinement le châssis et il m’a fallu conserver une certaine lucidité en sortie de virages pour éviter de me retrouver à l’équerre… Même sur les portions rectilignes, il faut un certain courage pour mettre pied au fond sur les 3 premiers rapports, l’arrière perdant rapidement de l’adhérence vu les 600 Nm de couple délivrés dès 2’500 trs/min ! Dans ce contexte, j’ai majoritairement laissé de côté le mode Race (libérant la sonorité à tous les régimes et désactivant l’ESP) au profit du mode Dynamic, qui s’est avéré très plaisant car les corrections apportées par l’électronique sont peu intrusives et laissent tout de même une certaine marge de manœuvre lors des pertes d’adhérence. Par rapport au mode normal, la direction devient plus dure, les gaz plus sensibles et l’amortissement plus ferme, mais il est possible de revenir à l’amortissement normal via une touche dédiée.

Même sans rouler très vite, le châssis m’a donné une très bonne impression de par son équilibre des masses optimal, le différentiel à vectorisation de couple mécanique placé sur l’essieu arrière contre-balançant l’ensemble moteur-boîte. L’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio est une sportive accomplie et pensée comme telle, contrairement à certaines versions antérieures – je pense notamment aux 147 et 156 3.2 GTA – dans lesquelles on avait simplement implanté l’un des meilleurs V6 jamais produits sans se soucier suffisamment du reste de la voiture !

Notre voiture d’essai était aussi équipée des freins carbone-céramique (CHF 7’500.-), dont nous n’avons logiquement pas pu mesurer la réelle efficacité vu les conditions hivernales.

Prenant l’arrivée de la neige comme un mal pour un bien, nous eu la chance de pouvoir nous rendre sur la piste de glace du TCS Training & Events au Centre de conduite hivernale du Grand-St-Bernard. Avec ses pneus arrière de 285mm de large, faire évoluer la Giulia Quadrifoglio dans une dizaine de centimètres de neige fraîche n’était pas gagné d’avance. Et pourtant, grâce à son juste équilibre des masses, elle s’en est sortie avec les honneurs et nous a procuré un plaisir intense ! Pour enchaîner les glissades, nous avons exclusivement utilisé le mode Race sur la piste. En revanche, sur route ouverte enneigée, le mode All Weather s’est montré particulièrement efficace pour rouler de manière sécurisée, évitant que les roues arrière ne creusent leur propre tombe ou encore que la voiture ne se retrouve à l’envers sur une portion verglacée.

Voici quelques images que nous avons pu tourner sur place :

L’avis de Sport-Auto.ch

Après une 4C très réussie mais dédiée à un usage 100% plaisir, la Giulia Quadrifoglio est la confirmation du retour de la marque italienne au premier plan dans le segment des berlines sportives. Elle ravira sans doute les puristes à la recherche de LA berline super-performante !

Disponible à partir de CHF 87’000.- (CHF 89’500.- avec la boîte automatique ZF à 8 rapports), elle n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais au vu de ses prestations et en comparaison avec la concurrence, son prix n’est pas exorbitant.

Au-delà de la sportivité et des émotions qu’elle dégage – tant à son volant qu’à l’extérieur – l’Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio reste une auto polyvalente, spacieuse et utilisable au quotidien. Alors, pourquoi ne pas craquer ?

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Look extérieur/intérieur
  • Performances de très haut niveau
  • Equilibre des masses
  • Ergonomie des commandes
  • Position de conduite
  • Boîte manuelle
Contre...
  • Sonorité pleine seulement en mode Race
  • Couple sous 2’000trs/min
  • 4 places seulement (edit : 5 places dès 03.2018)
  • Banquette arrière fixe (edit : rabattable dès 03.2018)

Merci à TCS Training & Events pour leur accueil au Centre de conduite hivernale du Grand-St-Bernard, ainsi qu’à FCA (Fiat Chrysler Automobiles Switzerland SA) pour le prêt de cette Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio.

Tous nos essais de A à Z :

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