J.-P. IMPARATO
« LA PROCHAINE ALFA ROMEO PROPULSION
DE SÉRIE ARRIVERA EN… »

 

02.08.2023

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Thibaud Chevalier, Adrien Cortesi, Bob de Graffenried

C’est lors du Mans Classic 2023 que nous avons eu l’opportunité de nous entretenir avec Jean-Philippe Imparato, le directeur général de la marque au serpent. Durant cette table ronde de trente minutes, il s’est livré de manière passionnée et décomplexée sur l’avenir d’Alfa Romeo. Extraits.

C’est juste après la parade des clubs, à laquelle nous avons pu participer au volant d’une Giulia Quadrifoglio MY2024, que Jean-Philippe Imparato nous accueille chaleureusement dans l’un des espaces VIP réservés à la marque.

A notre question de savoir en quelle année sortira le prochain modèle propulsion de la marque, il répond immédiatement « 2023, mais il pourrait s’agir d’un modèle très spécial ! ». On suppose dès lors qu’il pourrait bien s’agir du modèle que la marque va dévoiler le 30 août prochain. Plus tôt dans la journée, Alejandro Mesonero, directeur du design d’Alfa Romeo, nous a également confié qu’une future « One-off car » (à savoir véhicule unique) verrait le jour, à l’instar de la Giulia SWB Zagato présente à cet événement. Jean-Philippe Imparato nous précise que ce modèle « très spécial » sera à la fois « thermique et électrique », sans nous en dire plus sur la technologique hybride employée.

Nous poursuivons en lui demandant en quelle année sortira le prochain modèle propulsion de grande série, ainsi que quelle technologie ce modèle emploiera. Jean-Philippe Imparato : « Le prochain modèle propulsion de série sortira en 2025 et sera 100% électrique. Comme c’est le cas aujourd’hui avec la Giulia Quadrifoglio, nous aurons toujours un modèle propulsion dans la gamme Alfa Romeo. »

« On a décidé d’accélérer tout ce qui pouvait l’être. En 2025, Alfa Romeo présentera son premier modèle 100% électrique sur une toute nouvelle plate-forme dotée d’une intelligence novatrice offrant deux modes d’utilisation au conducteur : I love to drive & I love to be driven ».

Voyant certains regards s’assombrir autour de la table, celui qui est directeur de la marque depuis 2021 embraie sur la transition vers la mobilité électrique : « On est maintenant au clair jusqu’en 2030 au niveau des plans produits d’Alfa Romeo. Si la marque veut assurer son avenir, nous n’avons pas d’autre choix que de passer à l’électrique. On peut discuter pendant des heures des moteurs incroyables qui nous ont fait vibrer dans le passé, mais pendant ce temps on peut aussi mourir… alors qu’est-ce que l’on veut au final ? »

Jean-Philippe Imparato poursuit : « A partir de 2027, tous les nouveaux modèles Alfa Romeo seront 100% électriques. Ainsi, en 5 ans, la marque sera passée de zéro modèle à propulsion électrique (le Tonale Q4 PHEV 280 étant sorti en cours d’année 2022) à zéro émissions. Nous sommes parmi les derniers à nous lancer dans la transition, mais nous allons être parmi les plus rapides. Naturellement, cela ne concerne que les nouveaux modèles ; les modèles déjà présents dans le catalogue auront jusqu’en 2035 pour terminer leur carrière. »

Vint ensuite, autour de la table, la question délicate de la sonorité des futurs modèles électriques, comme cet aspect a toujours fait partie de l’ADN de la marque. « Qu’est-ce que vous voulez entendre dans un véhicule électrique ? » nous demande-t-il à son tour. « Pour l’instant, nous n’avons pris aucune décision à ce sujet, car c’est la question à court terme la plus difficile à laquelle nous devons répondre. Je pense qu’il faut un feedback, que ce soit par des sons ou des vibrations. Il faut que le conducteur ressente quelque chose de cohérent avec l’ADN Alfa Romeo, sans pour autant que ce soit « fake » car cela serait contradictoire avec la philosophie de la marque qui a toujours misé d’abord sur la fonctionnalité et les émotions, et non sur le bling-bling ».

Après s’être exprimé sur les contraintes de la réglementation européenne de 2035 en précisant notamment que « La marque sera au rendez-vous pour respecter les normes européennes avec en plus un niveau d’exigences et de performances très élevé », nous lui demandons ce qu’il pense d’EuroNCap, arguant que les normes de sécurité toujours plus strictes influent sur le poids et le coût des véhicules.

A ce sujet, ce dernier se montre catégorique : « Nous ne jouons pas avec ça, car nous n’avons pas le choix. Il y a au sommet tout un écosystème de gens influents dans l’industrie des technologies embarquées qui pousse à une « over-specification » des véhicules (c’est-à-dire un suréquipement). Cela, en effet, augmente énormément le coût final du produit. Par exemple, si on prend une compacte du segment B à 15’000 euros, vous ajoutez entre 8 et 10’000 euros pour l’électrification, et environ 15’000 euros pour avoir le must en matière de conduite autonome et ainsi avoir les 5 étoiles au crash-test (d’après les futures procédures). Au final, le prix passera donc de 15 à 40’000 euros, sans que le produit n’ait changé de taille, de segment, ni n’offre de fonctionnalités supplémentaires quant à son usage propre. C’est la raison pour laquelle nous ne viserons pas forcément les 5 étoiles (conduite autonome), car 3 ou 4 étoiles suffisent à garantir la protection des occupants tout en limitant la hausse des coûts ».

L’homme, sans aucun doute passionné par son métier et par l’automobile, nous évoque également son amour pour la compétition avec notamment sa participation aux 24 heures du Nürburgring, ainsi que son désir de participer un jour aux 24 heures du Mans. C’est tout le meilleur que l’on puisse lui souhaiter, en parallèle à la préservation de l’ADN de la marque italienne dans ce qui semble être à présent une certitude : Alfa Romeo sera électrique !

Remerciements

Merci à Alfa Romeo Suisse pour cette invitation à découvrir de l’intérieur le Mans Classic, ainsi qu’à M. Jean-Philippe Imparato pour son accueil et sa disponibilité.

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