RENAULT
AUSTRAL E-TECH 200
ESPRIT ALPINE

L’essai Sport-Auto.ch du 27 juillet 2023

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried, Quentin de Graffenried

Comme pour donner un aperçu de ce que sera une partie du futur de la marque Alpine, Renault a récemment introduit une version « Esprit Alpine » dans le catalogue de l’Austral. Bien qu’il n’y ait pas d’évolution technique, nous avons décidé de prendre le volant de la version « E-Tech full hybrid 200 » pour juger de la pertinence de ce que beaucoup n’hésiteront pas à qualifier d’usurpation d’identité. En route !

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Extérieurement, le Renault Austral assume sans complexe ses formes de SUV. Ici, nul besoin de céder à la mode des hayons inclinés et des pneus extra larges pour dégager une impression de dynamisme, même si on aurait naturellement préféré avoir une vue directe sur l’échappement…

De profil, on distingue la petite batterie de 2 kWh dans le sous-bassement du véhicule. Notons qu’il ne s’agit pas d’une voiture hybride rechargeable, mais d’une hybride normale, aussi appelée « full hybrid » en référence au fait que sa batterie est rechargée uniquement par le moteur thermique (nous y reviendrons).

0-100km/h (s) : 8.4

Vmax (km/h) : 175

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 8.11

traction
3 cyl. 1.2L turbo
+ 1x mot. élec.
200 ch / 205 Nm
1’621 kg

La version Esprit Alpine reçoit des logos Alpine sur ses ailes avant ainsi que des jantes de 20 pouces Daytona, qui ne sont pas sans rappeler les jantes serac disponibles sur l’Alpine A110. Pour parfaire cette tenue, la peinture exclusive gris schiste mat (CHF 2’200.-) se situe entre le gris tonnerre mat et l’argent mercure mat de l’Alpine A110 Legende GT 2021 que nous avons pu croiser pendant cet essai.

L’intérieur jouit d’une présentation moderne et épurée, et les matériaux employés sont globalement valorisants. La version Esprit Alpine reçoit une sellerie en tissu et alcantara avec surpiqûres bleues et logo Alpine, un volant en cuir et alcantara, ainsi que des tapis de sol et seuils de portes siglés Alpine. Si usurpation d’identité il y a, force est d’admettre que cela fait son effet.

Malgré son gabarit assez compact (4,51 m), le Renault Austral fournit une agréable sensation d’espace. La garde au toit est satisfaisante et la position de conduite excellente, même pour les grands gabarits. La boîte à gants, s’ouvrant par le haut, est très pratique, tout comme le rangement de la console médiane dont le couvercle est coulissant. Sur ce dernier, il est possible de recharger par induction un téléphone de grande taille, sans avoir à manipuler quoique ce soit pour l’y installer.

Les sièges arrière sont coulissants sur une quinzaine de centimètres, faisant passer le volume du coffre de 430 à 555 litres. Il sera toutefois difficile d’envisager une virée aux sports d’hiver à quatre, la banquette ne se rabattant qu’en deux parties et n’offrant pas de trappe à skis, une tare pour ce SUV familial qui mise beaucoup sur ses atouts pratiques.  

La plupart des fonctions se gèrent via une dalle tactile verticale de bonne facture, mais Renault a eu la bonne idée de conserver des boutons physiques pour la climatisation ainsi que certaines fonctions clés, comme l’ESP ou l’assistant de maintien sur la voie, qui a l’avantage de ne pas se remettre automatiquement en fonction au démarrage. Le conducteur bénéficie de 4 modes de conduite configurables sélectionnables via le bouton MultiSense sur le volant.

Le groupe motopropulseur distribuant 200 ch sur les seules roues avant est composé d’un moteur 3 cylindres turbo 1.2L de 130 ch, d’un moteur électrique de 68 ch et d’un alterno-démarreur. Cet ensemble permet à l’auto d’atteindre 100 km/h en 8,4 secondes, et 175 km/h en vitesse de pointe, par le biais de deux boîtes de vitesses (2 rapports pour le moteur électrique et 5 rapports pour le moteur thermique).

Au volant, le travail du châssis 4Control à 4 roues directrices est vite perceptible en ville. On peut d’ailleurs modifier l’effet du dispositif, celui-ci étant réglable sur… 13 niveaux ! Grâce à cette option, le rayon de braquage de l’Austral passe de 11,4 à 10,1 mètres. En utilisation normale, l’auto s’avère assez douce, même si on ressent parfois quelques soubresauts lorsque les deux moteurs ne sont pas d’accord. La recharge quasi continue de la batterie lorsque le moteur essence est utilisé (cela même en décélération) permet de rouler entre 30 et 60% de la distance parcourue en mode EV (électrique), et cela même sur l’autoroute. 

La première montée sinueuse effectuée en mode Sport laisse rapidement entrevoir les limites d’agrément ; la transmission est lente, et il est impossible de choisir le rapport ni même de savoir lequel est sélectionné. Quant à la sonorité, elle ne permet pas de savoir à quel régime la mécanique se situe, et il n’y a pas de compte-tours… L’Austral se conduit finalement plutôt comme une voiture électrique ; à pleine charge, le couple fourni par le moteur électrique parvient presque à lisser totalement les changements de rapports. Un dépassement se profil ? Mettez pied au fond sans vous poser de question, et l’Austral s’occupe du reste avec tonicité, une fois que l’on a assimilé l’inertie de sa mécanique.

De manière surprenante, le SUV sauce Alpine se révèle être bien plus plaisant dans les descentes. Premièrement, les 4 roues directrices (4Control) procurent stabilité dans les rapides et agilité dans les virages serrés, apportant un plus amusant en matière de comportement dynamique. Il faut dire que le constructeur français n’en est pas à son coup d’essai avec ce système que nous avions déjà rencontré sur la Megane GT et la Megane R.S. Trophy.

Ensuite, même s’il n’est pas aussi précis que sur une vraie sportive, le toucher de frein s’avère plus réussi que sur la plupart des hybrides, surtout lorsque le freinage régénératif automatique est désactivé. Ce dernier est réglable facilement sur 4 niveaux via les palettes du volant, qui permettent de passer d’un mode roues libres à un freinage régénératif très prononcé.

Tout cela est complété par un petit volant qui tient bien en main relié à une direction dont l’effort est réglable sur 3 niveaux, ainsi qu’une certaine sensation de légèreté (1’621 kg), jusqu’à ce que les Michelin Primacy 4 de 235 mm rendent les armes. Cette version Esprit Alpine aurait-elle dû recevoir des Michelin Pilot Sport 4S plus larges pour l’occasion ? Sans doute que Renault a renoncé à toute amélioration technique afin de maintenir cette version à un tarif acceptable. Ce choix de ne pas faire évoluer l’Austral vers ce qu’il ne peut pas être permet aussi de faire taire ses détracteurs : Esprit Alpine est juste une évocation stylistique, et non une tentative de sportification du modèle.

Grâce à sa consommation modérée – comptez 6 l/100km sur un parcours mixte et 7 l/100km sur l’autoroute – et à son réservoir de 55 litres, l’Austral E-Tech full hybrid 200 offre une excellente autonomie, permettant de dépasser allègrement les 700 km. Bien qu’elle demeure complexe et qu’elle ne soit pas adaptée à une conduite sportive, cette motorisation hybride l’emporte haut la main côté consommation face aux penchants thermiques capables de reprises similaires.

Côté équipements, cet Austral prouve que le constructeur au losange poursuit sa montée en gamme, et cela sans que le prix ne prenne l’ascenseur de manière indécente. Pour exactement CHF 50’000.-, notre version d’essai « iconic Esprit Alpine » est munie notamment de l’affichage tête-haute, de sièges et volant chauffants, d’un système audio Harman Kardon, d’une caméra 360, d’un toit panoramique, de phares LEDs matriciels et d’un siège conducteur massant. Plus accessible, la version « techno » embarquant la même motorisation est disponible à partir de CHF 41’100.-.

L’avis de Sport-Auto.ch

Avec cet Austral hybride de 200 ch, Renault propose une recette convaincante mêlant une excellente autonomie, un intérieur modulable, un châssis à quatre roues directrices plaisant, le tout pour un prix qui reste compétitif. Bien qu’il soit suffisamment performant, l’Austral n’est pas un véhicule sportif pour autant, la faute à sa double motorisation peu enthousiasmante et à l’impossibilité d’intervenir sur les changements de rapports.

Quant à cette version Esprit Alpine qui suscite le débat auprès des amateurs, il s’agit uniquement d’une évocation stylistique, l’ensemble de la mécanique et des trains roulants étant identiques. Personnellement, j’ai trouvé le clin d’œil plutôt sympathique.

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • 4Control plaisant
  • Autonomie
  • Maintien sur la voie qui ne se réactive pas au démarrage
  • Sièges arrière coulissants
  • Frein régénératif sur 4 niveaux
  • Rayon de braquage avec 4Control
Contre...
  • Groupe motopropulseur non sportif
  • Impossible de choisir le rapport
  • Banquette AR en 2 parties sans trappe à skis
  • Maintien des sièges
  • Une seule mémoire de siège conducteur

Merci à Renault Suisse pour le prêt de cette Renault Austral E-Tech hybrid 200 Esprit Alpine.

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