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RENAULT 5
E-TECH ELECTRIC

 

Le reportage Sport-Auto.ch du 6 novembre 2024

Rédaction: Laurent Missbauer
Photographies: Laurent Missbauer, Laurent Bonnery et Renault

Grande vedette en début d’année du Salon de Genève, où elle avait été dévoilée en première mondiale, la nouvelle Renault 5 E-Tech Electric arrive en Suisse en ce début du mois de novembre. Sport-Auto.ch a cependant déjà pu l’essayer au mois d’octobre dans la région de Nice, ainsi que sur le tracé du Grand Prix de Monaco de F1. Procure-t-elle autant de plaisir à son volant que l’avait promis à Genève Luca de Meo, le grand patron de Renault? Réponse dans les lignes qui suivent.

Les voilà prêtes à être enfin conduites les nouvelles Renault 5 E-Tech qui nous attendent devant l’aéroport de Nice. Pour ces premiers essais de presse, seules deux couleurs sont proposées: le jaune et le vert. Nous optons pour une R5 jaune, la couleur emblématique non seulement des premières Renault de F1 à moteur turbo, mais également de la première Renault 5 Turbo à s’être imposée dans une manche du championnat de Suisse des rallyes. C’était le 24 octobre 1982, au Rallye de Court, et Jean-Claude Béring, pour ses débuts au volant de la Renault 5 Turbo de l’importateur suisse, avait réussi un coup de maître en gagnant avec respectivement 31 et 44 secondes d’avance sur la Porsche 911 d’Eric Chapuis et l’Opel Ascona 400 de Jean-Pierre Balmer.

 

Juste avant de nous installer au volant de «notre» Renault 5 E-Tech Electric, nous posons notre sac sur la banquette arrière. Au dos du siège du conducteur, nous découvrons une languette en tissu qui est dissimulée dans la pochette ad hoc. Cette languette accueille le dessin de la silhouette de profil de quatre Renault 5, toutes d’une couleur différente: en vert celui de la version d’origine de 1972, en rouge celui de la Renault 5 Turbo à moteur central de 1980, en bleu celui de la Supercinq de 1984 et, enfin, en jaune celui de la Renault 5 E-Tech Electric de 2024.

Le dessin de ces silhouettes rappelle que la nouvelle Renault 5 E-Tech se distingue avant tout par un design que Luca de Meo a qualifié de «hautement émotionnel». Une émotion qui s’appuie sur les «repères évocateurs» des trois modèles précédemment cités: l’allure générale de la Renault 5 originelle, l’avant de la Supercinq avec ses feux supplémentaires positionnés dans le bouclier, là où se trouvaient les antibrouillards sur la Supercinq GT Turbo, ainsi que les ailes élargies de la Renault 5 Turbo, véritable voiture de course à moteur central qui ne devrait pas laisser insensibles les lecteurs de Sport-Auto.ch.

La Renault 5 Turbo n’a en tout cas pas laissé insensible Gilles Vidal, le directeur du design de Renault. «C’est en effet elle qui m’a notamment inspiré les passages de roue qui élargissent la silhouette de la nouvelle Renault 5 E-Tech», nous a avoué Gilles Vidal, diplômé de l’Art Center College of Design de Vevey, une école spécialisée dans le design automobile qui, bien que très réputée, a dû fermer ses portes en 1996.

«Ces passages de roue élargis apportent non seulement une assise visuelle, mais renforcent le caractère unique et immédiatement reconnaissable de la nouvelle Renault 5 E-Tech, à l’image de celui de la Renault 5 Turbo», nous a encore précisé Gilles Vidal qui pose ci-dessous à côté du prototype de 2021, lequel ne diffère pas beaucoup du modèle de série présenté à Genève au mois de mars.

Sous le capot de la nouvelle R5, on ne trouve cependant pas un moteur thermique mais bien un moteur électrique. S’il est plus compact que celui de la Mégane E-Tech Electric dont il est dérivé, il demeure fidèle à la technologie de prédilection utilisée par Renault, à savoir un synchrone à rotor bobiné. Ce moteur, qui bénéficie en matière de durabilité de l’expérience de ses prédécesseurs, est proposé en trois niveaux de puissance: 95, 120 et 150 ch. Seule la version de 150 ch était disponible lors de ces premiers essais de presse sur la Côte d’Azur. Une puissance finalement assez proche de la Renault 5 Turbo originelle dont le moteur développait 160 ch.

La Renault 5 E-Tech Electric affiche certes quelque 500 kg de plus que son ancêtre à moteur turbo mais ce surpoids ne nous a pas gêné le moins du monde pour rejoindre la Principauté de Monaco en suivant pratiquement le même itinéraire de la célèbre course-poursuite entre Tony Curtis et Roger Moore dans la scène d’ouverture de la série télévisée «Amicalement vôtre».

Danny Wilde (Tony Curtis) et Lord Brett Sinclair (Roger Moore) débutent en effet eux aussi leur périple à l’aéroport de Nice, avec leur Dino 246 GT et Aston Martin DBS respectives, et le terminent devant l’Hôtel de Paris à Monaco. Notre itinéraire est cependant ponctué de différents arrêts, notamment à Nice, à Eze, à Cap d’Ail et sur le port de Monaco. A chaque fois, c’est le même scénario: des passants s’arrêtent et engagent spontanément la conversation. Ils posent de nombreuses questions et demandent la permission de pouvoir regarder l’intérieur, soulever le capot pour voir le moteur électrique ou ouvrir le coffre…

Une dame élégante, à peine sortie de sa Mercedes A45 AMG à Cap-d’Ail, nous confie, enthousiaste, ceci: «Votre nouvelle Renault 5 est encore plus belle en réalité que sur les photos!» Quant aux «car spotters» de Monaco, ces passionnés qui photographient avant tout les Aston Martin, Bugatti, Ferrari et autres McLaren avant de partager leurs découvertes sur les réseaux sociaux, ils mitraillent «notre» Renault 5 E-Tech avec beaucoup d’assiduité!

De toute évidence, Gilles Duval, dont le cahier des charges, pour la nouvelle Renault 5 E-Tech, était notamment de lui conférer des lignes «qui fassent tourner la tête», a atteint son objectif! Selon Luca de Meo, «la nouvelle Renault 5 séduit celles et ceux qui retrouvent les traits iconiques du modèle originel qu’ils ont connu, mais aussi les plus jeunes, conquis par sa modernité et ses éléments de personnalisation».

A l’intérieur, la modernité s’exprime notamment par un grand écran horizontal et, dans la version Iconic, par un bandeau décoratif horizontal noir brillant qui est situé devant le passager, au-dessus de la zone «matelassée» directement inspirée de la R5 originelle, et qui porte la signature «Renault 5». Celle-ci, rétroéclairée, change de couleur en fonction du mode de conduite choisi, par exemple rouge pour le mode sport et jaune pour le mode comfort. Le mode «éco» a quant à lui droit à une couleur turquoise, un bleu pâle tirant légèrement sur le vert.

La modernité s’exprime également dans la sellerie en jean de la version Techno. Recyclé à 100% à partir de bouteilles d’eau en plastique (PET), le jean habille les sièges, la planche de bord et les contre-portes de cette version qui est proposée à partir de 32’500 francs en Suisse. Dans la version Iconic, «la finition haute de lancement» de notre voiture d’essai facturée 33’900 francs, les sièges se parent d’un tissus gris, rehaussé de jaune chiné au niveau du «H», avec un grand «5» imprimé en jaune lui aussi. Cette sellerie est également réalisée en tissu recyclé à 100 %. «Le souci du détail esthétique se remarque également dans le dessin des aérateurs, des pièces généralement transversales et standardisées, qui reprennent ici le motif spécifique de la signature lumineuse de la face avant de la voiture», souligne Gilles Vidal.

Quant à la personnalisation, «qui devrait conquérir les plus jeunes» selon Luca de Meo, elle se décline en un nombre pratiquement infini d’options. Parmi elles, un drôle de petit panier oblong. A son sujet, les responsables de la communication de Renault ont précisé ce qui suit: «La nouvelle Renault E-Tech est la toute première voiture spécifiquement équipée pour transporter sa baguette achetée chez le boulanger. Un panier en osier, créé à cet effet et dont les prototypes ont été réalisés par la vannière française Marguerite Herlant, prend ainsi place à la droite de la console centrale. Fini les traces de farine et les miettes sur la belle sellerie!»

On atteindra d’autant plus facilement ce panier à baguette que le levier de vitesse de la nouvelle Renault 5 est situé non pas sur la console médiane, mais au volant. Quant à l’embout du levier de vitesse, Luca de Meo s’est inspiré des étuis de rouges à lèvres pour l’imposer! Cet embout peut être personnalisé lui aussi, par exemple dans le choix des couleurs. Parmi elles, le bleu, blanc, rouge du drapeau français ou le jaune des premières Renault de F1.

Les responsables de Renault mettent par ailleurs un point d’honneur à rappeler que la nouvelle R5 est produite en France. Ces rappels passent par des drapeaux tricolores et plusieurs coqs stylisés, placés ici et là sur la voiture, notamment sur les phares ainsi qu’au bas du pare-brise et des deux côtés de la partie intérieure du hayon. «La mission de cette voiture est de reconnecter Renault avec la France et d’en finir avec les notions de désindustrialisation et de délocalisation de la production qui nous collaient encore à la peau il y a seulement trois ans», a insisté Luca de Meo.

Quant aux ingénieurs de Renault, ils insistent, eux, sur le fait que la nouvelle R5 a inauguré «une plateforme électrique inédite qui est sans compromis au niveau des prestations». Les quelque 200 km que nous avons effectués à son volant leur donnent raison. Les sensations ressenties sur les petites routes de l’arrière-pays niçois – routes sur lesquelles la Renault 5 Turbo avait remporté sa première victoire en championnat du monde lors du Rallye Monte-Carlo de 1981 – ont été très positives.

Une fois actionné le mode sport sur la commande «multi sense», qui est placée au volant et qui n’est pas sans rappeler le célèbre «manettino» des Ferrari, les accélérations et les reprises sont particulièrement franches. Le plaisir de conduite, évoqué par Luca de Meo au début de cet article, est ainsi bel et bien au rendez-vous.

La nouvelle Renault 5 est à la fois vive – elle accélère de 0 à 100 km/h en 7,9 secondes – et rassurante. Son train arrière multibras procure par exemple plus de dynamisme dans les virages serrés et une stabilité accrue dans les grandes courbes. Le nouveau cheval de bataille de Renault marque également des points au niveau du freinage. La pédale de frein réagit instantanément et participe ainsi au plaisir de conduite.

Dans les descentes, attaquées à un rythme pourtant soutenu, nous avons certes ressenti un poids bien supérieur à celui de la Supercinq GT Turbo au volant de laquelle nous avions couru en groupe N il y a 36 ans, mais cela est tout à fait acceptable. Cela est notamment dû au travail des ingénieurs de Renault qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour maîtriser la masse, cruciale sur les véhicules électriques qui doivent composer avec la surcharge pondérale de leur batterie. Celle de la Renault 5 E-Tech pèse environ 300 kg, soit 20 kg de moins que celle de la Zoé.

La masse du moteur, dérivé de celui de la Mégane E-Tech Electric, a également été réduite, de 15 kg dans ce cas. Du coup, avec un poids total d’environ 1450 kg, la nouvelle R5 est plus légère qu’une berline thermique du segment C, précisent les responsables de Renault. Cette légèreté, en tout cas pour une voiture électrique, associée à l’implantation de la batterie sous le plancher qui abaisse le centre de gravité du véhicule, profitent à l’agilité. Nous avons d’ailleurs pu le constater sur le tracé du circuit du Grand Prix de Monaco, par exemple dans les virages de Mirabeau ou dans l’épingle du Grand Hôtel Fairmont (l’ex épingle du Loews).

Dans la descente qui mène au célèbre tunnel – que les F1 traversent à 300 km/h – , nous avons par ailleurs sélectionné au levier de vitesse le mode B qui augmente la régénération et le frein moteur. On regrettera toutefois qu’il ne dispose pas des quatre niveaux de freinage régénératif que nous avions beaucoup appréciés dans la Renault Megane E-Tech Electric. Dans la R5 E-Tech Electric, vous n’avez en effet le choix qu’entre le mode normal et le mode B. Or ce dernier n’est pas aussi puissant que le niveau 3, celui le plus élevé, de la Megane qui pouvait être assimilé à un mode «one pedal».

Cette seule alternative d’utiliser le mode B doit favoriser le confort en conduite urbaine, nous ont expliqué les ingénieurs de Renault. La R5 E-Tech Electric ne s’adresse en effet pas aux spécialistes de l’électro-mobilité. Elle vise plutôt une clientèle pour qui la R5 sera peut-être la première voiture électrique, une clientèle qui la conduira avant tout en ville, cela même si son autonomie – 410 km selon la norme WLTP et environ 200 km pour un trajet effectué uniquement sur autoroute à 120 km/h – lui permettra de dépasser le cadre extra-urbain, ainsi qu’une clientèle à la fois jeune et féminine (mais pas que). Nous nous réjouissons d’ores et déjà de pouvoir essayer plus longuement cette nouvelle R5, par exemple sur nos routes de montagne, afin de vérifier si elle confirmera au quotidien la très bonne impression laissée lors de ce premier contact.

Remerciements
Merci à Renault Suisse pour l’invitation à la présentation de la nouvelle Renault 5 E-Tech Electric à Nice.