BENTLEY
NEW FLYING SPUR
V8

L’essai Sport-Auto.ch du 28 janvier 2021

Rédaction : Anthony Monnier
Photographies : Bob de Graffenried

Alors que Bentley n’a pas encore annoncé le remplacement de la Mulsanne, dont la production s’est arrêtée en juin 2020, c’est la nouvelle Flying Spur qui joue le rôle de limousine de référence dans la gamme du constructeur de Crewe. Précédemment, nous avions eu l’occasion d’essayer la Flying Spur W12 de seconde génération (2013-2019). Aujourd’hui, la nouvelle Flying Spur renoue avec les standards de raffinement, de confort et de technologie actuels et va même encore plus loin. Immersion dans ce luxueux salon roulant.

Dodge Challenger SRT Hellcat essai Sport-Auto

Concession Bentley de Genève, 24 décembre 2020, 14h00 : je repère tout de suite, en face de l’entrée, le bijou que le Père Noël m’a laissé. En effet, la couleur Camel (4’660 €) de cette Flying Spur contraste avec les teintes sombres des autres Bentley l’entourant. Se distinguer sans être tape à l’œil : pas de doute, c’est bien une Bentley !

0-100km/h (s) : 4.1

Vmax (km/h) : 318

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.4

4×4
8 cyl. 4.0L bi-turbo
550 ch / 770 Nm
2’405 kg

La calandre noire est massive et toute en rondeur. Cet aspect s’estompe de profil, où malgré sa longueur de plus de 5.30 mètres, la ligne cette Flying Spur se fait fluide et presque légère, notamment grâce aux bossages au-dessus des passages de roue. Si les feux avant rappellent immédiatement la Continental, ce sont les feux au motif « B » (semblables à ceux du Bentayga de première génération) qui ont été retenus, au détriment des feux plus fins en forme d’amende qui équipent la Continental et le Bentayga restylé. Surplombant la calandre, on retrouve le traditionnel B ailé de Bentley, motorisé et lumineux, une option à 3’685 €.

Entrer dans une Bentley est toujours un moment particulier, et cette Flying Spur n’échappe pas à la règle. Partout où mes yeux se posent, un sentiment de sérénité m’envahit, en plus d’un émerveillement non dissimulé. Les finitions sont irréprochables et les sièges tout droit sortis d’un luxueux lounge de club londonien.

Le must se situe dans la planche de bord qui dissimule un large écran rotatif à trois faces (4’820 €) à choix : soit écran tactile de 12.3 pouces, soit trois cadrans, affichant la boussole, la température extérieure et un chronomètre, ou alors un panneau de noyer, reprenant les mêmes tons que la planche de bord. Ce dispositif unique en son genre avait fait sa première apparition sur la nouvelle Bentley Continental.

En matière de connectivité, l’Apple Car Play est disponible mais pas l’Android Auto. Le système audio Naim (6’660 €), doté de 19 haut-parleurs et de plus de 2’200 W de puissance, délivre un son d’une grande qualité, et ce même à volume élevé. Malgré l’apport incessant de nouvelles technologies, l’ordinateur de bord reste facile à utiliser, chaque fonction se trouvant facilement.

Cette Bentley Flying Spur fait partie des rares limousines offrant davantage d’espace aux places arrière qu’à l’avant. Même si notre modèle d’essai était équipé d’une banquette, les deux places principales possèdent une très bonne assise et offrent de multiples réglages à commande électrique comme la hauteur des appui-têtes ou l’inclinaison de chaque dossier. Elles ne sont toutefois pas équipées de la fonction massage, contrairement à la version à quatre places qui propose deux sièges indépendants à l’arrière. Au centre, l’accoudoir dissimule un réfrigérateur (1’830 €) assez profond pour accueillir deux bouteilles de champagne.

Les 550 chevaux du moteur V8 4.0L bi-turbo offrent d’excellentes accélérations et sont largement suffisants pour déplacer les 2’405 kg de cette Flying Spur avec souplesse et dynamisme. En témoignent un 0-100 km/h expédié en seulement 4,1 secondes et une vitesse de pointe de 318 km/h… sur autoroute allemande ! Mais si cela devait ne pas vous suffire, sachez que malgré les normes contraignantes, le W12 a été reconduit sur la nouvelle Flying Spur. Il développe 626ch et 900Nm de couple, et catapulte la Flying Spur en 3,7 secondes !

A noter que ce V8 possède la désactivation automatique de quatre cylindres en fonction de la charge demandée, ce qui n’est pas superflu puisque la consommation s’est élevée à 15 l/100km durant notre essai, avec de la ville, de l’extra-urbain peu fluide et quelques portions d’autoroute. Les chiffres annoncés par le constructeur sont plausibles puisqu’ils varient de 10.8 à 20 l/100km (WLTP).

Les ressorts pneumatiques à trois chambres, doublés d’un amortissement à contrôle électronique, rappellent les sensations d’une limousine américaine des années septante : cette Flying Spur,  « éperon volant » en traduction littérale, nous donne effectivement l’impression de léviter au-dessus de la chaussée ! Ces suspensions pneumatiques permettent une filtration des aspérités de la route que les suspensions à ressorts classiques ne peuvent concurrencer. Le débattement de celle-ci est également impressionnant : les ralentisseurs sont avalés après un très léger freinage et sans le moindre mouvement brusque de caisse. Bien qu’elles soient pilotées, la différence de dureté entre les modes de conduite est peu perceptible.

L’action des palettes au volant va faire basculer temporairement la boîte automatique à 8 vitesses en mode manuel. Mais en poussant le shifter vers le bas, il est possible de la verrouiller en gestion manuelle. Comme sur la Continental, il s’agit maintenant d’une boîte à double embrayage, nettement plus rapide que celle qui équipait la précédente Flying Spur

Le mode Sport engendre des accélérations très brutales grâce à la présence des deux turbos. En revanche, les quelques 2,5 tonnes de la voiture ont de la peine à se faire oublier : les freins sont certes puissants mais assez peu précis. Avec un gabarit pareil, les mouvements de caisse sont prononcés et n’incitent pas à une conduite très sportive, bien que son comportement demeure sécurisant. De toute évidence, cette Flying Spur préfère se mouvoir lascivement sur les belles avenues que de foncer ventre à terre sur des routes sinueuses ! Quant à la sonorité du V8, son relief est certes plaisant, mais elle demeure plutôt discrète et ne bénéficie pas d’un surplus de décibels en mode Sport. 

En conduite urbaine, le rétroviseur droit se situe juste à côté du montant de parebrise et engendre un large angle mort, qui peut s’avérer dérangeant. Hormis ceci, l’attention portée aux détails atteint un niveau difficilement égalable : chaque fonction est pensée et développée de façon aboutie, comme le régulateur de vitesse ou l’assistant de suivi de voie, paramétrable entre une alerte sonore, une correction lorsque le véhicule s’approche du bord de la voie ou une assistance permanente qui va centrer la voiture. Un autre détail : le son des clignotants, rappelant le bruit des anciens relais électriques, mais avec une certaine douceur et rondeur. Voici des exemples des nombreux détails qui participent à la fabuleuse expérience de conduite d’une Bentley.

Face à cette Bentley Flying Spur proposée à 232’515 € (162’300 € de base), on retrouve la concurrence allemande, représentée par l’Audi A8L 60 TFSI à environ CHF 180’000.- en configuration équivalente, avec un design intérieur moins classique que l’anglaise mais avec tout autant, voire d’avantage de technologie. La Mercedes-Maybach S 560 4MATIC, à CHF 260’000.- en configuration équivalente s’approche davantage de l’anglaise tant par son style classique que par son tarif.

Chez Rolls Royce, la Ghost et la Phantom, conservent également cette touche anglaise tout en apportant un luxe et des matériaux encore plus exclusifs, mais à des tarifs encore plus élevés.

L’avis de Sport-Auto.ch

Avec cette troisième génération, Bentley remet enfin à niveau la Flying Spur – tant d’un point de vue technique que stylistique – puisque celle-ci reprend le statut de vaisseau amiral de la marque depuis que la Mulsanne a pris sa retraite.

Chaque détail apporte sa contribution à un ensemble abouti et cohérent. Le confort et l’ergonomie règnent en maître dans cette limousine, tant à l’avant qu’à l’arrière. Aussi sereine que relaxante, la conduite procure de très agréables sensations autant sur une petite route de campagne par un dimanche d’hiver ensoleillé que dans les embouteillages urbains des heures de pointe. Car Bentley, au travers de cette Flying Spur, réussit à plonger ses occupants dans une atmosphère hors du temps, ce peu importe l’environnement tumultueux ou stressant dans lesquels ils se trouvent.

anthony[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Finitions irréprochables
  • Design extérieur et intérieur
  • Ergonomie / technologie aboutie
  • Raffinement britannique 
Contre...
  • Consommation
  • Mode Sport peu dynamique

Merci à Bentley Motors pour le prêt de cette Bentley New Flying Spur V8, ainsi qu’à Bentley Genève – André Chevalley pour sa collaboration. Merci à Angela M. d’avoir posé pour les photos de cet essai.

Tous nos essais de A à Z :

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