BENTLEY
CONTINENTAL
GT SPEED
BLACK EDITION

L’essai Sport-Auto.ch du 12 avril 2017

Rédaction : Sébastien Moulin, Sacha Juste Sacha
Photographies : Bob de Graffenried, Sébastien Moulin
Vidéo : Sébastien Moulin, Bob de Graffenried

Un gentilhomme ne va pas demander au premier rendez-vous les détails intimes de l’objet de son désir. C’est pourquoi je ne vous dévoilerai pas les mensurations de Bethany. Oui, c’est bien ça, c’est ainsi que j’ai décidé, par déférence, de baptiser la Bentley Continental GT Speed Convertible Black Edition, ici, le temps d’un essai.

Il est des voitures qu’on décrit et d’autres qu’on raconte et Bethany fait partie de cette seconde catégorie. Et si, malgré ce qui suit, vous n’êtes pas conquis par le charme de cette belle aux gènes anglais, je vous laisserai vous enivrer de l’opulence de sa fiche technique. Il est temps de partir, Bethany m’attend déjà au pied de l’allée de peupliers menant à son refuge.

0-100km/h (s) : 4.3

Vmax (km/h) : 328

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.88

4×4
12 cyl. 6.0L bi-turbo
642 ch / 840 Nm
2’495 kg

Encore juste quelques pas, des pas lents, pour faire le tour de la belle, ici dans sa robe anthracite comme posée sur un écrin jaune impérial soulignant des volumes sculpturaux. Aucune fausse note, n’en déplaise aux amateurs de prises d’air et de spoilers.

Bethany sait ce qu’elle vaut. Sur les sept péchés capitaux, le seul qu’on ne peut lui reprocher est bien l’avarice. Assise sur ses immenses jantes de 21 pouces Directional Sports Alloy Wheel, elle ne dissimule que timidement ses charmes de sportive. Ses courbes sont généreuses. L’arrière callipyge, un profil de lionne, et un faciès charismatique, ciselé. Bethany inspire le respect.

On ne monte pas dans ce véhicule, on y accède, on ne s’y installe pas, on y est accueilli. La portière, bien que massive, accompagne voluptueusement la chorégraphie de notre prise d’assise. Un capitonnage en losange brodé, massant, chauffé ou rafraîchi selon la saison m’y attend. Seuls les plus grands lui blâmeront peut-être une assise très dominante et des appuis-tête fixes. L’horloge centrale, un mouvement signé Breitling, indique déjà midi ; l’apéritif et l’entrée sont terminés, le met principal m’attend.

Une fois installé, Bethany tient ses promesses de confort et d’élégance. Tout est soigné, raffiné, apprêté et fonctionnel dans un beau mariant l’art déco, la modernité et la sportivité. La console de bord est lisible, les commandes à portée de main et intuitives. Et pour les plus geek d’entre nous, Bethany est connectée : on y retrouve un système Wi-Fi Hotspot 4G et une navigation à travers Google Maps.

On la caresse des yeux longtemps avant de passer une main. Tout est là et même plus… Sur la commande de boite, on remarque une position « S », mais gardons nous pour l’instant. Une simple pression suffit pour faire battre son gros cœur. La belle feule dans une sonorité belle et flegmatique, sans excès ni grossièreté. Nul besoin pour Bethany d’affirmer sa présence dans le vacarme.

Il y a ce qu’on sait, ce qu’on devine et ce qu’on découvre, comme la délicatesse avec laquelle Bethany me montre la route en inclinant ses rétroviseurs lorsque je manœuvre en marches arrière dans ce sombre souterrain.

La prise en main est d’une commodité déconcertante. Une fois ses généreuses dimensions assimilées, l’apprentissage se fait avec bienveillance. Rapidement, on se rend compte qu’on n’est pas transporté, mais propulsé par une cavalerie efficace et redoutable au besoin. Mais il ne faut pas s’y tromper, Bethany n’est pas une Lady ingénue, après tout, elle a reçu une éducation allemande.

Elle est généreuse certes, mais clémente aussi. Bethany veille sur ses occupants en corrigeant si nécessaire les écarts de conduite des novices. Car une fois la cheville fléchie sur l’accélérateur, on oublie aisément le monde et les dangers qui nous entourent, comme « hors du temps » et déconnecté de la chaussée. Même si elle n’est pas équipée d’un double embrayage, la boîte ZF égrène ses 8 rapports avec rapidité et douceur.

On aurait pu appréhender un manque d’agilité lorsque la route se fait chemin sinueux, que nenni. Les suspensions, qui proposent plusieurs réglages de dureté, privilégient le confort à la sportivité. Il n’en demeure pas moins une tenue de route à l’avenant de ses prétentions.

Et le mode S, ah le mode S… et bien pour résumer c’est juste PluS, tout est PluS… Positionnées très loin du volant, les palettes ne permettent en revanche pas un touché idéal… Et le shifter s’utilise à l’envers. Pas de panique, c’est juste signe qu’il faut faire confiance à Bethany en lui laissant le soin de changer elle-même ses rapports. Mon oreille n’en sera que plus attentive et reconnaissante. Après tout, je ne suis pas là pour appliquer toute ma volonté, mais pour goûter aux plaisirs qu’elle a à offrir.

Maintenant que nous nous sommes séduits et apprivoisés, il est temps de faire quelques révélations. Sous cette robe il y a un cœur volumineux de six litres, douze cylindres et comme si ce n’était pas assez, deux turbocompresseurs. Le tout développant bien plus de chevaux que vous n’aurez de foins pour les nourrir – 642 exactement – pour un couple de 840 Nm, déboulant sur un rapport poids/puissance de 3.88 kg/ch. Je vous laisse donc faire le calcul de son poids car moi, goujat je ne suis pas.

Lors d’une rencontre unique, tout doit l’être. C’est pourquoi nous nous rendîmes dans un lieu abandonné, désolé, vide. Au mur, un immense graffiti jaune nous accueille, comme un clin d’œil à la robe de Bethany. D’aucun dirons qu’elle est bien trop bien éduquée pour cela, qu’elle mérite la vie de château. Peu importe. Cette incursion au beau milieu du néant apporte une dimension supplémentaire à notre rencontre.

Un peu plus loin, une coïncidence déraisonnable se produit : un second entrepôt nous attend. Bethany s’y rend fièrement, pose, avance, recule, déployant lentement sa capote souple doublée de cuir sur ses quatre places. Je n’ai plus peur, le son caverneux de son moteur W12 couvrant les frasques sonores qu’inflige le vent aux structures métalliques.

C’est beau ? Non, c’est spécial, mystique. Le temps s’arrête et moi avec, juste le temps d’un shooting, juste le temps d’un film :

Quand on est avec Bethany, le temps défile à toute allure, comme les paysages de cette si belle journée qui s’achève. Un dernier plaisir d’esthète que d’en profiter cheveux au vent,  capote rabattue, pendant qu’elle souffle un air chaud dans ma nuque. Il faudra bientôt remettre le toit et songer à nous séparer, car Bethany est une femme d’affaires très sollicitée.

Et son prix me direz-vous ? Ah oui, euh le prix… Ne soyons pas vulgaire voulez-vous ?

L’avis de Sport-Auto.ch

Il n’y a rien à dire, Bethany me laissera un souvenir ému. Non pas qu’elle soit parfaite, mais il faut bien reconnaître que son coté « So British » reste immuable et son blason toujours aussi prestigieux, même dans cette version ultra sportive cabriolet. Le fait qu’elle soit passée en mains germaniques depuis près de 20 ans ne change rien à l’affaire. Depuis son lancement en 2004, la Continental GT a permis à Bentley de renaître et reconquérir la passion de l’automobile d’exception. La Continental GT Speed Convertible Black Edition en est un bel exemple. Avec cette version ultime, jamais une Bentley n’a été si puissante.

sebastien[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Finitions artisanales
  • Qualité d’ensemble
  • Personnalisation sans limite
  • Moteur W12
  • Vous propulse dans un autre monde
Contre...
  • Palettes éloignées du volant
  • Plus confortable que sportive
  • Assise trop haute pour les > 190cm

Merci à Bentley Motors pour le prêt de cette Bentley Continental GT Speed Convertible Black Edition, ainsi qu’à Bentley Genève – André Chevalley pour leur collaboration.

Tous nos essais de A à Z :