ALFA ROMEO
STELVIO
2.0 Q4 280 ch

L’essai Sport-Auto.ch du 5 avril 2018

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Après une période plutôt morose depuis l’arrêt de production de la 159, où seuls deux modèles figuraient au catalogue (la Mito et la Giulietta), Alfa Romeo inaugurait d’abord sa renaissance avec la très réussie 4C. Mais bien sûr, pour conquérir une plus large clientèle, il fallait avant tout cette nouvelle berline, la Giulia, qui à défaut de s’être vue déclinée en break, partage sa plateforme avec le premier SUV de l’histoire d’Alfa Romeo : le Stelvio ! Après une première mais courte découverte dans son jardin (à savoir le mythique col du Stelvio), nous avons enfin pu mener un essai complet de sa version 2.0L essence de 280 ch. Avec 1’248 exemplaires vendus en 2017 sur notre territoire, l’Alfa Romeo Stelvio est le véhicule le plus vendu de la marque dès sa première année commercialisation ! Alors, ce SUV au sang chaud mérite-t-il pleinement son succès ?

0-100km/h (s) : 5.7

Vmax (km/h) : 230

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 6.2

4×4
4 cyl. 2.0L turbo
280 ch / 400 Nm
1’735 kg

Extérieurement, la parenté avec la Giulia est immédiate, mais le Stelvio possède son charisme bien à lui qui en fait un SUV encore plus à part que ce qu’est la Giulia parmi les berlines. Esthétiquement je suis conquis, j’émets juste une petite réserve sur les plastiques noirs entourant les passages de roue, ce d’autant plus que le Stelvio n’est pas à proprement parlé un véhicule de franchissement. Ses 4.68 m l’opposent naturellement à l’Audi Q5, véritable succès commercial qui arpente nos routes depuis des années. Ça tombe bien, car mon collègue Sébastien étant aussi très intéressé par le Stelvio, nous allons croiser les volants durant deux jours, et son « daily » n’est autre que la dernière Audi Q5 2.0 TFSI, justement ! Le parfait étalon pour juger de la valeur intrinsèque de l’Alfa Romeo Stelvio.

Notre Stelvio est une version « First Edition » lancée pour son arrivée sur le marché en février 2017. Cette dernière n’existant plus au catalogue, la configuration dont nous disposons correspond à la version « Super », disponible dès CHF 59’050.- avec le quatre cylindre 2.0L turbo essence de 280ch. Notre véhicule est en outre paré de nombreuses options dont notamment la peinture Rosso Competizione trois couches (CHF 2’550.-), des jantes de 20 pouces Trofeo (CHF 2’000.-), ainsi que les packs Confort, Power Seats, Hiver et Business. Au final, ce Stelio Q4 280 ch revient à CHF 69’550.-, ce qui est plutôt élitiste et similaire à une Audi Q5 2.0 TFSI pareillement équipée mais avec 252 ch, soit 28 ch de moins que le Stelvio. En revanche, l’Audi Q5 peut se targuer de proposer davantage d’équipements en option, comme l’affichage tête haute, le virtual cockpit ou encore un système de navigation plus ergonomique.

L’habitacle de l’Alfa Romeo Stelvio demeure épuré et reposant. L’écran central n’est pas tactile et se commande par l’intermédiaire du pad central, comme sur la Giulia, avec laquelle le Stelvio partage bon nombre éléments. Pas très sophistiquée à l’heure actuelle, l’instrumentation de bord n’en demeure pas moins très intuitive et facile à utiliser. Les finitions et les matériaux sont globalement au niveau et ne prêtent pas le flanc à la critique. Seul bémol, certains assemblages, comme les montants entourant les commandes de climatisation, bougent quand on les sollicite.

Un coup d’œil sous le capot permet de voir que le moteur est placé bien en retrait de l’essieu avant, situé sous la barre anti-rapprochement. Alfa Romeo a donc cherché à optimiser au maximum l’équilibre des masses du Stelvio pour privilégier le comportement routier. D’ailleurs, le Stelvio utilise la même base technique que la Giulia et bénéficie du même empattement.

Premier constat, même placée au plus bas, la position de conduite est légèrement plus haute que dans le Q5. Ce dernier se veut nettement moins bruyant que le Stelvio, mais – et c’est une surprise – plus sec dans son amortissement, alors que le Stelvio passe les inégalités de la chaussée avec une onctuosité étonnante. Par contre, le maintien des sièges est perfectible dès que la route se fait sinueuse. Pour y remédier, il faudra opter pour le pack Sport Interior (CHF 2’100.-) doté des mêmes sièges que ceux de la Giulia Veloce, qui procurent un maintien idéal sans péjorer le confort.

Lors de mes trajets pendulaires, je vais laisser de côté le mode de conduite Normal au profit du mode Advanced Efficiency. Grâce au Coasting (commutation en roues libres en décélération) géré par la boîte automatique ZF à 8 rapports, la consommation est privilégiée et descend sous la barre des 8 l/100km en conduite coulée. En ajoutant des séquences appuyées et urbaines, la moyenne s’élève entre 11 et 12 l/100km, ce qui n’est pas excessif pour une auto de ce gabarit affichant 280 chevaux.

A chaque fois que j’en ai l’occasion, je bascule directement du mode Advanced Efficiency au mode Dynamic afin de tirer parti de la sportivité du Stelvio. Oui, vous avez bien lu, j’ose bien parler de sportivité même à bord d’un SUV. La sonorité se fait alors plus présente, ce qui n’est pas le cas dans la Giulia Veloce qui reste à mon goût trop discrète. Mais surtout, je (re)goûte à cet ensemble moteur/boîte parfaitement calibré, doublé de ces magnifiques palettes en aluminium dont on ne saurait se lasser. Et que dire du châssis ? Les vitesses de passage en courbe sont impressionnantes, et hormis la position surélevée, j’ai bien plus l’impression de me trouver à bord d’une berline que d’un tout-terrain. La prise de roulis n’est pas dérangeante, et il est à noter que notre Stelvio d’essai n’est pas doté du Pack Performances (CHF 2’300.-) incluant les suspensions adaptatives SSD ainsi qu’un blocage du différentiel arrière, qui ajouterait encore une touche de sport à ce comportement déjà très efficace.

Rarement la conduite d’un SUV ne m’a paru à la fois si évidente et communicative, et nul doute que l’équilibre des masses participe à cette sensation. Par défaut, l’entier du couple est distribué sur les roues arrière, mais au moindre patinage, l’essieu avant prend le relais instantanément quel que soit le mode de conduite. La direction très directe complète un train avant incisif, engendrant un placement sain et facile jusqu’au point de corde, avant de mettre pied au fond sans appréhension. Au pire, l’ESP corrigera le surplus d’optimisme, mais il n’est pas possible de le désactiver ! Sur ce point, je ne comprends pas le choix d’Alfa Romeo qui persiste à interdire le déclenchement des béquilles électroniques sur la plupart de ses modèles (hormis sur les 4C et Giulia Quadrifoglio). Pourquoi ?

L’Audi Q5 2.0 TFSI elle, se mène au besoin sans aucune assistance, mais tant ses performances que son feeling de conduite sont en retrait et amusent nettement moins son conducteur. Plus aseptisée et plus technologique, l’Audi est aussi un peu plus accueillante à l’arrière. Mais comme personne n’est parfait, son seuil de chargement n’est pas plat, un attribut pourtant courant sur les véhicules à vocation utilitaire et dont l’Alfa Romeo Stelvio ne se prive pas, ce qui est bien pratique pour les sports d’hiver… et pour les petits gabarits !

L’avis de Sport-Auto.ch

Malgré quelques petites imperfections, l’Alfa Romeo Stelvio est un excellent véhicule à tout faire avec des propensions sportives non dissimulées : il offre ainsi probablement la meilleure expérience dynamique de conduite de sa catégorie. A ma connaissance, seul le Porsche Macan peut se targuer de faire aussi bien, mais à des tarifs supérieurs. Les gros rouleurs lui reprocheront l’absence d’affichage tête haute ainsi qu’un GPS peu pratique : gageons que cela sera corrigé lors d’une mise à jour du modèle. En attendant, cela n’empêche pas la firme italienne d’engranger les commandes, ses ventes étant en constante progression : après une année 2017 record (+117.9%), ses ventes ont encore bondi de 25.7% au premier trimestre 2018. Qui l’eût cru, il y a 20 ans, qu’un SUV mènerait le bal au sein d’un constructeur tel qu’Alfa Romeo ?

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Comportement dynamique
  • Plaisir de conduite
  • Agrément moteur/boîte
  • Charisme
  • Confort
Contre...
  • ESP non déconnectable
  • Certains assemblages
  • Accoudoir non réglable

Merci à FCA (Fiat Chrysler Automobiles Switzerland SA) pour le prêt de cette Alfa Romeo Stelvio, ainsi qu’au garage GSG Racing Concept pour sa collaboration.

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