AUDI
R8 SPYDER
V10 RWD

L’essai Sport-Auto.ch du 19 juillet 2021

Rédaction : Michael Esteves
Photographies : Bob de Graffenried, Michael Esteves

Ne confondez pas RWD et RWS ! Après l’engouement généré par la série limitée de 999 Rear-Wheel-Series, Audi a intégré de manière permanente une R8 propulsion à sa gamme, la Rear-Wheel-Drive. Une exception dans la gamme du constructeur d’Ingolstadt, dont tous les autres modèles sportifs sont dotés de la transmission quattro. Avec son V10 atmosphérique en position centrale, elle est plus proche de sa cousine italienne (Lamborghini Huracan) que de ses sœurs aux 4 anneaux.

A l’extérieur, comme une Porsche 911, elle a su évoluer aux fils des années, tout en restant reconnaissable au premier coup d’œil. Le pare-chocs avant est largement ajouré, tout comme son homologue arrière, qui laisse entrevoir la ligne d’échappement. Cette dernière reçoit deux sorties oblongues aux dimensions caricaturales. En version Spyder, le capot arrière est plus long que le capot avant, ce qui rend sa silhouette atypique, surtout décapotée. Les jantes bronze en 20 pouces (CHF 2600.-) se marient parfaitement à la teinte Brun Argus effet mat, surtout lorsque le soleil fait ressortir des reflets dorés. Une option Audi Exclusive facturée tout de même CHF 7’160.- !

0-100km/h (s) : 3.7

Vmax (km/h) : 320

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.3

propulsion
10 cyl. 5.2L atmo
540 ch / 540 Nm
1’770 kg

L’intérieur, avec son cuir étendu, est superbe. Il faudra par contre débourser plus de CHF 10’000.- pour les différentes options présentes (pack cuir étendu, coutures contrastées, cuir fin avec losanges, sièges électriques, etc.). Pour moi, seuls les sièges baquets présents sur le modèle Performance quattro essayé l’année passée manquent à l’appel. Contrairement à la mode actuelle, aucun écran central, juste le Virtual Cockpit en place des compteurs qui regroupe toutes les informations utiles. On peut le piloter par la molette centrale, ou par les commandes au volant. La climatisation se commande par trois boutons munis de petits écrans. Simple, fonctionnel et efficace : pas besoin de plus !

A la pression sur le bouton Start, placé au volant, mieux vaut ne pas avoir de voisin trop sensible. Au démarrage les clapets d’échappement sont ouverts, et un coup de gaz est automatiquement donné. Le régime moteur reste une dizaine de secondes assez élevé avant de se positionner au ralenti, et de refermer les clapets. Bref, un peu too much, et à éviter le dimanche matin dans un cartier résidentiel. De nos jours et compte tenu de la technologie actuelle, un démarrage discret devrait pouvoir être sélectionné, comme sur l’Aston Martin DB11 par exemple.

A la lecture de la fiche technique, on comprend que l’on a bien à faire à un moteur atmo. Le couple maximum de 540 Nm se situe à 6’400 trs/min, et la puissance maximale de 540 ch est perchée à 7’800 trs/min ! Allons voir sur un col si le V10, maintenant affublé de filtres à particules, a pu conserver sa voix dans les hauts régimes, avec un rupteur qui tutoie les 9’000 trs/min ! Pour pouvoir profiter pleinement de sa musique, en cas de pluie on peut abaisser la vitre arrière. Le décapotage ne prend quant à lui que quelques secondes et peut être fait en roulant.

Alors disons le tout de suite, l’option Bang et Olufsen à CHF 2480.- (incluant des haut-parleurs dans les appuie-têtes) peut être rayée de la carte, pas besoin de sono ! Quelles vocalises ! Les montées en régime ne s’arrêtent pas, et la mélodie évolue avec elle. Les rétrogradages le long des rochers donnent des frissons (voir notre vidéo ci-dessous). On se croirait au bord d’un circuit de F1. Vraiment addictif. Difficile à croire qu’elle n’a « que » 540 ch. Audi a baissé la puissance du V10 pour cette version à deux roues motrices. La R8 quattro développe 570 ch et 620 ch pour le modèle Performance. Malgré ça, je n’ai jamais eu l’impression de manquer de puissance. De toute façon, sur route ouverte, il est impossible d’exploiter le potentiel de cet engin sans risquer la prison. Pour cela, une virée sur les autobahn allemandes complétée par quelques tours du Ring serait à programmer lors de tels essais.

Et niveau comportement me direz-vous ? Tout en restant confortable, elle offre une tenue de cap exemplaire. Son train avant est très précis, même s’il faut s’habituer au peu de remontées d’information. Dans les épingles, il faudra par contre impérativement déconnecter l’ESP, trop castrateur, si vous désirez avoir l’entier contrôle sur la bête. Même en 305/30R20, les pneus arrière ont fort à faire, et l’électronique intervient avant la moindre amorce de glisse. Une fois libérée de toute béquille électronique, cette R8 RWD se montre nettement plus joueuse que la version quattro qui vise surtout l’efficacité. Le freinage, constitué de disques de freins « Wave », en acier, est très efficace. Il propose un bon mordant et est faciles à doser. Très différent du feeling proposé par les carbon-ceramic de la McLaren GT essayée en même temps.

La boîte automatique à double embrayage S-tronic à 7 vitesses est un régal à utiliser. Rapide et douce, elle fait oublier la catastrophique boîte des premières Audi R8. Passée en mode manuel, elle permet de garder le contrôle complet sur les changements de rapports, ce qui n’est parfois plus le cas sur certaines sportives de rang inférieur. Et heureusement, le kick down ne la fera pas rétrograder (on peut d’ailleurs se poser la question de la pertinence d’une pédale à double butée sur une supercar).

Affichée à partir de CHF 171’600.-, l’Audi R8 Spyder V10 RWD (540 ch) est clairement une affaire comparé aux CHF 216’000.- nécessaires à l’acquisition d’une Spyder V10 quattro (570 ch), et même CHF 246’000.- pour une Spyder V10 quattro Performance (620 ch). Et si, comme d’habitude, on déplore une liste d’options à rallonge sur les modèles Audi (quelques CHF 35’000.- sur notre modèle d’essai), l’addition finale n’est pas exorbitante face à la concurrence du segment. Cette R8 Spyder V10 RWD est même la supercar la plus abordable que nous ayons pu essayer !

L’avis de Sport-Auto.ch

A l’heure des restrictions en tout genre, qu’il est bon de pouvoir prendre un bol d’air frais à bord d’un tel Spyder, bercé par la musique du V10 qui est toujours atmosphérique ; une perle qui se fait toujours plus rare même parmi les supercars.

Moins bestiale et moins coûteuse qu’une Lamborghini Huracan ou qu’une McLaren 540C, l’Audi R8 est un peu la supercar « passe-partout ». Mais grâce à son moteur extraordinaire, elle fait partie de ces voitures hors-norme que l’on adore, même, ou surtout, si elle n’est pas « Greta Approved ».

michael[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Agrément moteur/boîte
  • Sonorité du V10 atmosphérique
  • Prise en main
  • Intérieur dépouillé mais fonctionnel
  • Performances
Contre...
  • Certains plastiques (pour la catégorie)
  • Démarrage bruyant

Merci à Audi Suisse pour le prêt de cette Audi R8 Spyder V10 RWD.

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