RENAULT
MEGANE GT

L’essai Sport-Auto.ch du 17 janvier 2017

Rédaction : Bob de Graffenried

Photographies : Sébastien Moulin

Vidéo : Bob de Graffenried

Après 3 générations dont la dernière a connu un franc succès durant 8 ans, la Renault Megane s’est renouvelée en automne 2015. Alors que la très attendue RS va être présentée en mars prochain au Salon de Genève, nous avons pu prendre le volant du fer de lance actuel de la gamme : la version GT. Développée en collaboration avec le département Renault Sport, celle-ci est équipée d’un moteur essence de 1.6L développant 205 ch disponible uniquement avec une boîte séquentielle à 7 rapports, ainsi que d’un inédit châssis à 4 roues directrices baptisé 4Control.

Voyons sans plus tarder ce que ce cocktail inédit donne sur la route !

0-100km/h (s) : 7.1

Vmax (km/h) : 230

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 7.2

traction
4 cyl. 1.6L turbo
205 ch / 280 Nm
1’467 kg

Pour concevoir cette nouvelle Renault Megane, les ingénieurs Renault sont partis d’une feuille blanche, et cela se voit tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Son look est résolument moderne et la réussite vient en grande partie de la signature lumineuse imprimée par ses feux. A tel point que j’avais rapidement repéré depuis plusieurs mois qu’un modèle identique « habitait » dans une rue parallèle à mon domicile. Pour aspirer plus de sportivité, le bouclier avant de la GT a été revu : la calandre a échangé ses baguettes chromées contre un nid d’abeille, alors que les bords inférieurs ont été redessinés pour accueillir des entrées d’air. On a droit également à des jantes 18’ spécifiques ainsi qu’à une double sortie d’échappement – hélas factice, le côté droit étant bouché par un cache – entourant un joli diffuseur : effet garantit ! Pour parachever le tout, le label Renault Sport est fièrement affiché sur la malle arrière ainsi que sur les ailes avant.

Première sensation quand je monte dans la voiture : un son diffusé par les haut-parleurs m’accueille ! Aussitôt installé, je me retrouve face à un volant en cuir percé très bien fini entouré de grandes palettes en aluminium, avec en arrière-plan un écran numérique en guise de tachymètre. La qualité de présentation est au rendez-vous, cela aurait été parfait s’il n’y avait pas eu ce plastique dur au niveau inférieur. Les sièges en alcantara sont plus beaux qu’ils ne tiennent, mais finalement en adéquation avec l’esprit de la voiture : sportive, mais pas trop ! Je perçois en effet ici les premiers signes que la polyvalence et le confort sont restés la priorité dans cette mouture. Pourtant, ici encore un discret « Renault Sport » me taquine sur la fine baguette bleue du tableau de bord, tout comme le bouton RS-Drive, que je ne tarderai pas à actionner sur la route.

Au centre, il y a ce grand écran tactile placé en portrait à la mode Tesla en plus petit. Sa réactivité est excellente, les menus sont clairs et intuitifs. Des bandes de LEDs éclairent les contre-portes à l’avant comme à l’arrière avec 5 coloris à choix : bleu, vert, violet, rouge, et un orange discret. Il est possible de régler l’intensité de cet éclairage et de le désactiver totalement à l’avant ou à l’arrière.

C’est naturellement en milieu urbain que je commence mon essai. Dans ce contexte, le châssis 4Control à 4 roues directrices est une aubaine : en ville, les changements de direction sont plus vifs et j’ai l’impression de moins tourner le volant, ce qui est bien une réalité puisqu’en-dessous de 60 km/h, les roues arrière tournent dans le sens opposé aux roues avant ce qui réduit le rayon de braquage et rend la direction plus directe. Les manœuvres sont également facilitées. L’affichage tête-haute (CHF 400.-) est bien lisible après avoir réglé correctement sa position. Au centre du cadran numérique, les capteurs de distances veillent en permanence en m’indiquant à quelle distance je me trouve du véhicule qui me précède, sous forme de temps en seconde souligné par un éclairage vert, orange ou rouge si la distance de sécurité n’est pas respectée. Sur l’autoroute, le régulateur de distance adaptatif actif fonctionne parfaitement et peut freiner la voiture jusqu’à 30 km/h.

Par défaut, la voiture est en mode neutre. La boîte EDC à 7 rapports est cohérente dans ses réactions, hormis qu’elle tire les rapports un peu haut par rapport à la demande de gaz. Raison pour laquelle j’utiliserai le mode perso en paramétrant la gestion du moteur sur économique, qui réglera le problème, mais qui ne propose pas de commutation en roues libres lors des phases de décélérations… Il y a également un mode confort. Le bouton RS Drive permet d’activer directement le mode sport sans devoir passer par la touche multi-sense ou les menus. Mais lorsque j’appuie à nouveau sur cette touche, c’est le mode neutre qui revient, au lieu du dernier mode utilisé ! En mode sport, la direction se durcit, la sensibilité de la pédale des gaz augmente, et l’habitacle se pare tout de rouge ! La sonorité se fait plus présente, mais son relief n’est pas très séduisant avec une nette prédominance de la suralimentation…

Pour la route, je suis souvent critique à l’égard des transmissions qui permettent de dépasser les 100 km/h sur le 2ème rapport. Ici, c’est l’extrême inverse : après avoir tiré le 2ème rapport à fond, je me retrouve en 3ème à… 64 km/h !!!  Sympa sur les petits sinueux étroits où l’on peut se permettre de sortir d’épingle sur le 2ème rapport, cela l’est nettement moins dès que la route devient plus rapide, où le moteur manque cruellement d’allonge. Et sur l’autoroute, on se retrouve en 7ème à 2’700 trs/min à 120 km/h, soit seulement 100 trs/min plus bas qu’avec la nouvelle Clio RS dotée de la boîte EDC à 6 rapports, et dont nous vous proposerons prochainement l’essai. L’économie de carburant aurait été plus intéressante avec un développement plus long, car il faudra tout de même compter sur 8.5 l/100km sur un parcours mixte en conduisant normalement.

En dehors de cela, la boîte EDC à 7 rapports livre de bonnes prestations avec des changements de vitesses rapides. Le châssis sport qui équipe la Megane GT est un bon compromis entre confort et rigueur. Malheureusement, il est impossible de rendre l’ESP et l’anti-patinage plus permissifs, même en mode sport. Au moindre patinage d’une roue avant, les gaz sont limités en conséquence de telle manière à éviter tout crissement de gomme et sous-virage. Un véritable défaut qui bride le plaisir en conduite active et qui n’est pas digne d’une auto badgée Renault Sport !

Lorsque la vitesse est supérieure à 60 km/h, les roues arrière tournent dans le même sens que les roues avant, pour augmenter la stabilité du véhicule. Concrètement, la Renault Megane GT offre de bonnes prestations dynamiques sur les enchaînements, et l’apport du châssis 4Control est bien perceptible sur la direction, surtout en mode sport. Dans ce mode, son action est augmentée pour rendre la voiture encore plus vive, et les roues arrière braquent dans le sens inverse des roues avant jusqu’à 80 km/h.

Nous avons pris le temps d’observer en détail le travail des roues arrière à différentes vitesses :

L’avis de Sport-Auto.ch

Sportivement parlant, la Renault Megane GT n’est pas une franche réussite. La boîte EDC à 7 rapports est rapide mais trop courte, occasionnant un manque d’allonge du moteur et une consommation qui aurait pu être plus basse. Prions pour que la future Megane RS utilise la boîte EDC à 6 rapports de la Clio RS, ou mieux, une boîte manuelle ! Car c’est avec des voitures où la sportivité primait sur la polyvalence que le label Renaut Sport a doré son blason. Quant à l’impossibilité de paramétrer l’ESP et l’anti-patinage (ce dernier étant très restrictif), ce n’est digne ni d’une GT ni encore moins d’une Renault Sport !

Ce coup de gueule mis à part, la nouvelle Renault Mégane est une réussite sur de nombreux plans. La signature visuelle de ses feux inspire le modernisme et la démarque de ses concurrentes. L’intérieur suit la même idée avec une instrumentation high-tech et personnalisable. Les finitions sont de bonne facture et les équipements premiums (affichage tête haute, régulateur de vitesse adaptatif, sièges en alcantara) ne font pas exploser la note puisque notre voiture d’essai équipée de nombreuses options s’affiche à CHF 38’180.-. Il s’agit là d’un tarif intéressant pour la catégorie, d’autant plus si l’on considère son châssis à 4Control comme un réel avantage !

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Châssis 4Control efficace
  • Polyvalence
  • Ambiances intérieures à la carte
  • Rapport prix/équipements
Contre...
  • Label Renault Sport usurpé
  • Manque d’allonge moteur
  • Anti-patinage et ESP trop présents
  • Sonorité

Merci à Renault Suisse pour le prêt de cette Renault Megane GT.

Tous nos essais de A à Z :

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