JAGUAR
E-Pace P250
R-DYNAMIC HSE

L’essai Sport-Auto.ch du 11 octobre 2018

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Vu le succès rencontré par son grand frère F-Pace, Jaguar n’a pas tardé à sortir un SUV aux mensurations plus raisonnables baptisé E-Pace. Attention, contrairement à ce que son nom laisse penser, il ne s’agit nullement d’un véhicule électrique, puisque c’est le I-Pace, testé cet été par mon collègue Laurent, qui assure ce rôle chez Jaguar. Nous avons pris les commandes de la version P250 forte de 249 ch, dans sa déclinaison haut de gamme R-Dynamic HSE.

Dans cette configuration, le dosage entre sportivité et élégance séduit d’entrée. Large, haut et trapu, il paraît nettement plus grand qu’il ne l’est, alors qu’il ne mesure en réalité que 4,39 mètres, soit 1 petit centimètre de plus que l’Audi Q3, et 10 cm de moins qu’une Volkswagen Tiguan !

0-100km/h (s) : 7.1

Vmax (km/h) : 230

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 7.45

4×4
4 cyl. 2.0L turbo
249 ch / 365 Nm
1’855 kg

Visuellement, la version HSE se distingue par des jantes à branches de 20 pouces, alors que les autres signes de sportivité, comme la double sortie d’échappement à embouts chromés ou les ouïes latérales d’aération, font partie de la déclinaison R-Dynamic.

Le premier contact avec l’habitacle ne peut être que positif. Celui-ci est très bien fini, moderne sans être trop sophistiqué. L’ambiance premium demeure. On s’y sent vite à l’aise et la visibilité vers l’avant est excellente, ce qui donne envie de partir en voyage.

Il faut cependant préciser que le Jaguar E-Pace est un véhicule qui se vit plutôt à deux. L’habitacle offre en effet beaucoup d’espace à l’avant et la planche de bord est profonde, mais l’arrière est nettement plus confiné tant au niveau de la hauteur que de l’espace aux jambes.

Dès les premiers kilomètres, je remarque que le Jaguar E-Pace propose un touché de route plutôt ferme, ce qui me surprend s’agissant d’une Jaguar. Le E-Pace n’est pas pour autant inconfortable, mais si vous aimez la sensation d’évoluer sur un coussin d’air, il n’est probablement pas le SUV qu’il vous faut.

L’insonorisation est très bonne et le bruit du moteur discret, tout en restant bien audible lors des accélérations. La boîte automatique à convertisseur à 9 rapports provient de chez ZF, ce qui me réjouit, me souvenant des prestations exceptionnelles de celles qui équipent les Alfa Romeo Giulia et Stelvio. Pourtant, j’ai rapidement des doutes quant à cette transmission, qui n’est visiblement pas de la même trempe que sur les véhicules du constructeur transalpin. Le comportement de la boîte est toutefois satisfaisant en conduite conventionnelle, avec des changements de rapports doux et aux bons régimes, mais j’ai l’impression que l’ensemble est assez mou et se prête plus à une conduite zen que de père de famille pressé.

Le passage en mode Dynamique (option « Mode Dynamique configurable » à CHF 540.-) amène un petit bruit supplémentaire dans l’habitacle et raffermit la direction. La fermeté du châssis et la direction directe invitent naturellement à augmenter le rythme, et force est d’admettre qu’en dépit de son poids assez élevé (1’855 kg), le Jaguar E-Pace jouit d’un comportement dynamique assez affuté. Le train avant est précis et mordant, alors que l’arrière accepte d’enrouler légèrement en inscrivant l’auto sur les freins. Toute aide désactivée, la relance à fond sur les 4 roues motrices pourra engendrer un subtil déhanchement, mais il manque une bonne poignée de chevaux supplémentaires pour le rendre plus joueur et mettre à mal sa motricité. Pour cela, Jaguar propose une version P300 de 300 ch, qui abat le 0-100 km/h en 6.5 secondes, contre 7.1 pour notre P250.

Ma première impression sur la transmission se confirme en conduite active. L’inertie de cette dernière est marquée lorsqu’on relâche les gaz dans les tours, et les changements de rapports sont assez lents. S’ajoute à cela le temps de réponse de la suralimentation du moteur, et au final l’agrément procuré par cet ensemble moteur/boîte est un peu décevant compte tenu du segment visé. A bord d’une Audi Q5 TFSI de 252 ch, les reprises sont nettement plus toniques et le comportement de la boîte S-Tronic à double embrayage irréprochable.

Bien que n’étant pas très adepte de la conduite tout chemin, je me suis laissé prendre au jeu d’emmener le E-Pace sur quelques sentiers carrossables avoisinant les 20%. Le E-Pace ne dispose pas des vitesses lentes ni de blocage de différentiel, mais son premier rapport étant assez court, ce genre de pente peut être gravie sans problème, en tous cas sur le sec. Sa garde au sol confortable ainsi que ses porte-à-faux courts lui permettent de s’affranchir des ruptures de pentes sèches.

La consommation mixte annoncée est de 8.2 l/100km. Dans la vraie vie, on en est très loin : mes relevés en cycle mixte ont avoué une consommation oscillant entre 11 et 12.7 l/100km, sans pour autant exagérer avec la pédale de droite. Et en faisant principalement de l’autoroute, j’ai mesuré 9.8 l/100km sur 249 km à rythme raisonnable. A noter également la différence avec l’affichage, largement plus optimiste que la réalité (la différence est d’environ 1.5 l/100km). La transmission ne pratiquant pas le coasting (débrayage automatique), le mode Eco n’est pas d’une grande utilité, et le Start-Stop n’a que rarement été capable d’arrêter le moteur pendant plus de 15 secondes.

Si le E-Pace P250 est disponible dès CHF 50’400.-, il faudra compter minimum CHF 67’200.- pour la version R-Dynamic dotée du pack HSE. Munie de quelques options supplémentaires, notre voiture d’essai se monte à CHF 76’520.-. Un prix plutôt élevé en regard de la concurrence et de l’équipement, les sièges climatisés et l’éclairage directionnel faisant partie des abonnés absents. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une Jaguar et donc a fortiori d’un produit premium, son positionnement tarifaire est donc légitime et reste d’ailleurs bien inférieur à celui d’une Porsche Macan de même puissance (dès CHF 75’600.- hors options). Toutefois, la Porsche ne joue pas tout-à-fait dans la même catégorie vu sa taille bien supérieure (4,69 m, soit 30 cm de plus que le Jaguar E-Pace).

L’avis de Sport-Auto.ch

Le Jaguar E-Pace est un SUV stylistiquement très réussi tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. La relative fermeté du châssis lui confère une bonne agilité et concorde avec le dynamisme qui se dégage de l’extérieur, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une version R-Dynamic HSE qui se veut aussi athlétique qu’élégante.

Avec ce type de produit, Jaguar continue sur sa nouvelle voie dont le but est d’attirer une clientèle dynamique et plus jeune que par le passé. Dommage que la consommation soit élevée et que l’agrément moteur/boîte ne soit pas tout-à-fait au niveau de la concurrence du segment. Enfin, ses porte-à-faux courts permettent d’aborder sans crainte la plupart des chemins carrossables pentus, ce qui n’en fait pas seulement un SUV de figuration !

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Look sportif et élégant
  • Intérieur très soigné
  • Comportement dynamique
  • Porte-à-faux courts
Contre...
  • Consommation
  • Boîte auto peu réactive
  • Start-Stop peu efficace

Merci à Jaguar/Land Rover Suisse pour le prêt de cette Jaguar E-Pace P250.

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