JAGUAR
F-PACE
SVR

L’essai Sport-Auto.ch du 5 décembre 2019

Rédaction : Sébastien Moulin
Photographies : Sébastien Moulin
Vidéo : Cédric Monchatre

J’ai longtemps considéré Jaguar comme une marque produisant des berlines de luxe destinées à de riches sexagénaires passant plus de temps au golf que sur les circuits. Mais il y 5 ans environ, Jaguar et Land Rover ont créé le département « Special Vehicle Operations », l’équivalent de la division « M » de BMW ou de la branche « AMG » de Mercedes. Depuis lors, une batterie d’ingénieurs basée dans le Warwickshire s’applique à transformer des Jags et des Range ordinaires en véhicules ultra sportifs de hautes performances.

Le logo SVR (Special Vehicle Racing), déjà vu sur la cousine Range Rover Sport et sur la Jaguar F-Type, prend place désormais également sur la F-Pace, le SUV à succès de Jaguar. Plutôt surprenant pour un constructeur qui s’engage ouvertement vers les véhicules électrifiés. Mais on ne va pas s’en plaindre, d’autant plus que Jaguar propose deux alternatives totalement antagoniques : le studieux I-Pace électrique et le turbulent SVR F-Pace dont nous vous proposons l’essai aujourd’hui.

Dès le premier coup d’œil, on comprend que la Jaguar F-Pace SVR est bien plus qu’un modèle standard. Ici pas de faux artifices, tous les changements visuels apportés à la SVR ont une réelle fonction. Par exemple, les entrées d’air élargies dans le pare-chocs avant contribuent à refroidir le moteur, tout comme les bouches d’aération du capot. De l’air pénètre également dans les passages de roue avant pour aider à refroidir les gros disques de frein de 395 mm. Tout a été pensé pour améliorer l’aérodynamique et le refroidissement tout en offrant une allure très racée à ce qui était déjà une belle voiture.

0-100km/h (s) : 4.3

Vmax (km/h) : 283

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.76

4×4
8 cyl. 5.0L compresseur
550 ch / 680 Nm
2’070 kg

La Jaguar F-Pace SVR est sans doute l’un des plus beaux SUV survitaminés du marché. Si l’avant de la voiture est imposant, mais plutôt classique, je ne me lasse pas d’admirer la vue 3/4 arrière, avec cette ligne de toit fuyant délicatement jusqu’à l’imposant spolier arrière. La poupe est une vraie réussite, agressive à souhait avec ses quatre sorties d’échappement inspirées de la F-Type. Ces derniers, ainsi que les logos SVR, trahissent clairement la nature de la bête. Si vous voulez rester discret, il faudra opter pour une couleur classique, comme le « Indus Silver » de notre modèle d’essai.

Grimpons à bord pour découvrir un habitacle dominé par de superbes sièges sport recouverts de cuir à motifs losanges. Ils s’avèreront à la fois fermes et confortables tout en offrant un excellent maintien dans les virages rapides. Par contre, ils ne sont pas adaptés aux personnes qui, comme moi, mesurent plus de 190 cm. La banquette arrière offre moins de maintien, mais peut recevoir deux passagers de taille respectable dans un grand confort. L’intérieur, spacieux et raffiné, reste assez sobre. Le contraste avec l’agressivité du design extérieur est marqué. L’ensemble répond largement aux normes du segment mais mériterait de bénéficier d’un petit coup de jeune.

Me voilà maintenant face au volant sport à trois branches, prêt à embrayer le puissant V8 de 5,0 litres suralimenté par compresseur. Identique à celui équipant le Range Rover Sport SVR, il délivre une puissance de 550 ch, soit 40 de plus que le Stelvio Quadrifoglio qui certes accuse 200 kg de moins sur la balance. Il est équipé d’une transmission automatique à huit vitesses et d’un système de transmission de couple à la demande qui distribue la puissance aux roues qui ont le plus de motricité. Cela permet au F-Pace SVR d’atteindre les 100 km/h en 4.3 secondes malgré son poids de plus de 2 tonnes.

Afin de me faire ma propre opinion, je pars en direction des Alpes valaisannes. Sur les routes de plaine, je navigue dans un confort royal sur un filet de gaz. L’imposant couple du V8 permet d’accélérer de façon linéaire sans se soucier du régime. Mais lorsque le besoin se fait sentir, une pression plus forte sur la pédale de droite me propulse littéralement en avant sans la moindre latence.

La route se fait plus sinueuse à mesure que je prends de l’altitude. Haut perché, je crains les transferts de masses dans les déchainements rapides, mais le châssis et les suspensions adaptatives font un travail remarquable. Mis en confiance, j’augmente le rythme tout en désactivant l’ESP. La boîte ZF à 8 rapports, ultra réactive, est une vraie alliée. Je me dis que la masse et la puissance du Jaguar F-Pace SVR sont finalement faciles à dompter quand soudain une entrée trop rapide dans un contour provoque un brusque sous-virage. Me voilà renvoyé aux fondamentaux : bien ralentir le véhicule avant le virage, placer le train avant sur un léger frein, faire virer l’ensemble et enfin accélérer tout en gérant l’éventuelle dérive du train arrière. Un fois ce principe assimilé et mis en pratique, le F-Pace SVR devient carrément joueur, sans jamais faire de coup tordu.

La discrétion n’est par contre plus du tout au rendez-vous. Dès que le pied chatouille à peine la pédale d’accélération, les quatre sorties d’échappements diffusent une sonorité métallique et rauque absolument démoniaque (voir notre vidéo ci-après). Pas raisonnable mais tellement bon! Ainsi sollicité, n’espérez pas griller les 11,7 l/100km promis par Jaguar, c’est utopique ! Prévoyez plutôt le double, vous ne serez ainsi pas contraints de faire comme moi et de devoir rejoindre la plaine avant d’avoir terminé le shooting, faute de carburant !

Un retour contrarié en plaine est, ma fois, un excellent exercice pour tester l’endurance des freins. Les lois de la physique étant ce qu’elles sont, j’ai noté un échauffement des disques de frein malgré leur grand diamètre. Mais cela n’a pas affecté significativement leurs performances.

Son prix de base de CHF 115’600.- positionne le Jaguar F-Pace SVR dans une fourchette de prix encore raisonnable, entre l’Alfa Romeo Stelvio Quadrifoglio (CHF 109’500.-) et le Porsche Macan Turbo (CHF 121’300.-). Pour un modèle similaire à notre modèle d’essai, équipé entre autres du pack d’aide à la conduite (CHF 3’500.-) et du toit panoramique (CHF 1’700.-), la note s’élève à CHF 132’180.-. A titre de comparaison, le Range Rover Sport SVR équipé du même moteur demande au minimum CHF 141’400.-. En tant que véritable tout-terrain, ce dernier dispose des vitesses courtes ainsi que de la modification de la garde au sol, mais pèse près de 300 kg de plus que le Jaguar F-Pace SVR !

L’avis de Sport-Auto.ch

Le Jaguar F-Pace SVR est l’un des SUV buldibuldés les plus attrayants du marché. Totalement à contre-courant de la tendance actuelle, sa démesure lui donne un charme fou! Le fait que Jaguar ose encore proposer le F-Pace SVR sur un marché si réglementé et soucieux de l’environnement est un petit miracle.

A vous maintenant de dompter ce V8 turbulent et envoûtant tout en profitant d’un châssis qui s’adapte à toutes les conditions de conduite, le tout dans un style hors du commun. Nul doute que le Jaguar F-Pace SVR trouvera sa place dans le segment des SUV performants offrant un maximum de plaisir.

sebastien[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Performances
  • Confort
  • Style
  • Sonorité démoniaque
Contre...
  • Consommation
  • Habitacle un peu démodé
  • Sièges non adaptés aux grands gabarits

Merci à Jaguar/Land Rover Suisse pour le prêt de cette Jaguar F-Pace SVR.

Tous nos essais de A à Z :

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