ALPINE
A110S

L’essai Sport-Auto.ch du 30 mai 2023

Rédaction : Nuno Ferreira
Photographies : Nuno Ferreira

Aucun doute, Alpine dispose d’une cote de sympathie élevée au sein de l’équipe de Sport-Auto.ch. Les nombreux essais et reportages publiés sur notre média en attestent. C’est donc évident que lorsqu’Alpine nous propose une nouvelle évolution de sa berlinette, nous répondons présents. Ici, on parle du modèle S dans sa version la plus actuelle. Après notre premier essai de l’A110S en 2020, nous passons en revue la version S de la nouvelle gamme Alpine (A110, A110GT, A110S et A110 R).

On ne présente plus le look singulier, et généralement très apprécié, de la petite Française. Ici, nous disposons d’une voiture de couleur Orange Feu (CHF 1’939.-) équipée de jantes GT Race Noir diamantées (CHF 730.-), du Kit Aero doté d’une lame avant et d’un béquet en carbone (CHF 6’340.-) ou encore du toit carbone (CHF 3’900.-). Autant d’éléments qui font grimper sensiblement la facture mais qui procurent un visuel plus affirmé qu’une version classique. Si l’efficacité de l’aileron n’est pas à prouver, on peut toutefois douter de l’esthétique modifiée du profil de la voiture avec cet appendice. D’ailleurs, les attaches de l’aileron ne sont pas du plus bel effet.

0-100km/h (s) : 4.2

Vmax (km/h) : 275

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.8

propulsion
4 cyl. 1.8L turbo
300 ch / 340 Nm
1’140 kg

Côté moteur, le quatre cylindres 1.8L turbo évolue légèrement pour passer de 292 ch à 300 ch sur cette nouvelle version. Le couple s’élève à 340 Nm dans la plage située entre 2’400 et 6’000 trs/minute, soit un gain de 20 Nm par rapport au modèle précédent. La transmission est toujours assurée par une boîte de vitesses à double embrayage de 7 rapports avec palettes au volant. Le tout permet de propulser l’A110S à 100 km/h en 4.2 secondes, contre 4.4 secondes auparavant.

A l’intérieur, la présentation confirme la vocation sportive de l’engin. L’alcantara qui recouvre la planche de bord (CHF 1’640.-), les sièges baquets Sabelt ou encore le toit sont agrémentés de surpiqures oranges de bel effet. Seuls les plastiques utilisés pour les portières détonnent. En revanche, la présentation générale plutôt réussie ne permet pas de palier à quelques lacunes ergonomiques, comme le positionnement du bouton du régulateur de vitesse ou le ‘vulgaire’ appendice d’origine Renault pour la commande du son. Enfin, le système d’Infotainment n’a que peu évolué depuis le lancement en 2017 et ne valorise pas les qualités de l’ensemble. Heureusement, quand on prend le volant, on oublie vite ces détails…

L’absence de rangements utilisables (pas de boîte à gants et espace sous la console centrale difficilement accessible) est partiellement compensée par le Pack de rangement (CHF 517.-), constitué d’un filet derrière le siège passager et d’une boite située entre les deux dossiers de sièges.

Toutes les qualités reconnues de l’A110 sont évidemment présentes. La légèreté de l’ensemble constitue toujours un point (très) fort. Le poids contenu (1’140 kg) se ressent aisément dans son comportement. Les changements de cap sont francs et on ne sent pas d’inertie dans les réactions. Le châssis est raffermi dans cette déclinaison S et la rigidité de l’ensemble est remarquable. On perd en souplesse ce que l’on gagne en précision. Les suspensions, plus fermes, lui confèrent des réactions plus vives dans le bosselé, sans que ça soit problématique. Le prix à payer est un comportement relativement figé sur route ouverte. Afin d’exploiter pleinement les capacités accrues de l’ensemble, un détour par un circuit ne serait pas de trop… Si vous parvenez à provoquer une dérive de la voiture, elle restera docile dans ses réactions. Pour une utilisation intense à vitesse élevée, la consistance de la direction pourrait être légèrement raffermie mais reste tout à fait acceptable. Le train avant engage très bien dans les courbes et se montre très précis.

Le moteur est très volontaire et plutôt sobre puisqu’il consomme seulement 7 à 9 l/100 km pour un usage courant voir soutenu. La sonorité de l’ensemble manque de caractère malgré un travail évident des ingénieurs. Les borborygmes systématiques de l’échappement semblent artificiels tant ils sont répétitifs (Alpine les a même rendus plus présents sur le nouvel échappement Sport). Même si le pilote amateur qui sommeille en nous voudrait toujours plus de puissance, on peut affirmer que la puissance offerte correspond bien au potentiel du châssis.

La boîte à double embrayage est bien étagée et plutôt véloce. On remarque toutefois une petite latence au rétrogradage. Seules les palettes au volant, fixes, permettent les changements de rapports et on regrette l’absence de levier sur la console centrale. Malgré leurs dimensions généreuses, les palettes sont parfois difficiles à atteindre dans certains virages. Par ailleurs, on peut regretter que la boîte rétrograde de manière intempestive lors des reprises aux régimes inférieurs, et ce même en mode Track où la gestion des changements de rapport est censée être 100% manuelle (une gêne qui n’avait pas été constatée dans nos essais des modèles précédents). Trois modes de conduites sont disponibles : Normal, Sport et Track. L’ESP et l’anti-patinage sont désactivables via un bouton physique, indépendamment du mode de conduite sélectionné.

Les nombreux essais ainsi que le kilométrage de notre modèle d’essai – près de 30’000 km – fait entrevoir un vieillissement prématuré. Certains plastiques intérieurs rayés ou encore les poignées de portes qui bloquent en position ouverte laissent à désirer.

Face à l’Alpine A110S (dès CHF 79’900.-), la concurrence est peu nombreuse. On retrouve la même architecture dans la Porsche 718 Cayman S qui dispose d’un moteur de 350 ch pour un 0-100 km/h abattu également en 4.2 secondes. Son prix débute à CHF 88’500.- et les quelques options indispensables portent le total à hauteur de notre Alpine A110S, soit proche des CHF 100’000.-. Pour ce prix, l’Alpine A110S, plus légère d’environ 250 kg, offre sans doute un comportement plus typé sport alors que la Porsche est plus cossue et mieux finie.

L’avis de Sport-Auto.ch

L’Alpine A110 est bien une vraie sportive qui distille un plaisir de conduite qui se fait rare dans la production automobile actuelle. Un châssis aux petits oignons propulsé par un moteur volontaire suffit au plaisir de son conducteur. La déclinaison S gomme un peu de son caractère joueur sur route ouverte mais son efficacité est redoutable. L’ergonomie et l’agencement intérieur quelque peu perfectibles ne suffisent pas à annihiler le plaisir dont on bénéficie à son volant.

nuno[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Comportement routier
  • Efficacité redoutable 
  • Look Alpine et signature lumineuse
  • Consommation raisonnable
Contre...
  • Agencement intérieur (certains boutons, espaces de rangement)
  • Palettes fixes et absence de levier
  • Prix élevé

Merci à Renault Suisse pour le prêt de cette Alpine A110S.

Tous nos essais de A à Z :

Print Friendly, PDF & Email