ALFA ROMEO
4C

L’essai Sport-Auto.ch du 20 mai 2016

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Malgré sa teinte noire qui n’est pas ma couleur fétiche, le charme opère instantanément lorsque je découvre la 4C qui m’a été allouée. Il faut dire qu’Alfa Romeo a frappé fort en termes de design pour reconquérir une clientèle perdue depuis l’abandon de la propulsion au début des années 90, puis lors de l’arrêt de la production des Spider/Brera. Le lien de parenté avec la très confidentielle 8C, sortie en 2007, est immédiat. Mais cette fois-ci, point question de série limitée ni de tarifs prohibitifs : la marque au serpent produit 3’000 exemplaires de la 4C par année depuis janvier 2014, qui contribuent à redorer son image sportive avec mérite. En 2015, une version Spider a même fait son apparition au catalogue.

Compte-rendu après plus de 2’000 km parcourus dans un seul but : la quête du plaisir de conduite !

0-100km/h (s) : 4.5

Vmax (km/h) : 258

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.72

propulsion
4 cyl. 1.8L turbo
240 ch / 350 Nm
895 kg

De par son positionnement tarifaire et son architecture à moteur central arrière, la presse a régulièrement tendance à opposer l’Alfa Romeo 4C au Porsche Cayman, à tort ! En réalité, la 4C s’inscrit dans le cercle très restreint des voitures fermées revendiquant plus de 200ch pour moins d’une tonne, ce qui en fait, en attendant l’arrivée de la future Alpine, l’unique rivale de la Lotus Elise S. Cela se vérifie rapidement sur la route : l’agrément et les sensations sont très différents de ceux d’un Cayman ! Nous avons, au passage, pu mesurer le poids de notre 4C : 979 kg avec quelques litres de carburant, une climatisation optionnelle gratuite et des jantes plus généreuses de 18’ à l’avant et 19’ à l’arrière (CHF 1’750.-).

L’accès à bord ne nécessite pas de contorsions et grâce aux réglages en hauteur et profondeur du volant, mes 195 cm trouvent une position de conduite acceptable. Le cocon de la 4C est joliment dessiné et cossu avec ses magnifiques sièges en cuir rouge (CHF 1’700.-), même si leur maintien est perfectible, sensation augmentée par le cuir qui adhère moins que le tissu. Le petit volant à méplat, la haute dose de carbone et le pédalier en aluminium ne manquent pas de faire leur effet, même si dans un souci de poids, le tout reste très dépouillé : simple, mais classe. L’instrumentation est 100% numérique et l’unique transmission disponible est une boîte séquentielle à double embrayages à 6 rapports.

Bon nombre de détails et inscriptions « 4C » attiseront les émotions des aficionados de la marque. Dommage que certains éléments aient été repris des modèles existants, nous rappelant que la 4C s’inscrit dans un contexte financier difficile pour le groupe italien. Par exemple, les palettes en plastique qui, si elles ne choquent pas dans une Giulietta, auraient ici mérité d’être en aluminium ! Mais je ne dois pas oublier que je me trouve installé au cœur d’un châssis en carbone qui ne pèse que 65 kg : pour un prix de CHF 71’000.-, personne ne l’avait encore fait !

Malgré la direction non-assistée, se faufiler dans le trafic ne demande pas d’effort contrairement aux manœuvres qui demandent plus de force ainsi qu’une attention particulière, la visibilité étant très réduite. En utilisation quotidienne, la souplesse du moteur et le comportement de la transmission sont convaincants, tout comme la consommation qui descend facilement sous les 7 l/100km sur autoroute, grâce à sa légèreté et son aérodynamisme ! Attention, le régulateur de vitesse est en option… gratuite ! Le coffre modeste de 110 litres permet d’emmener une valise compacte et quelques affaires, c’est déjà ça. Pour rester confiant dans toutes les conditions, on trouve un mode All Weathers, permettant de réduire la réactivité des gaz et d’adoucir les changements de rapport. Naturellement, ce n’est pas ce mode de conduite qui me préoccupe le plus…

Avec son centre de gravité bas et son empâtement court (2’380 mm), la 4C fait preuve d’une excellente agilité, mais faire corps avec elle nécessite un certain temps d’adaptation ; avec un temps de réponse marqué, le couple n’est pas facile à doser au début et le train avant suit toutes les aspérités de la chaussée. Une fois acclimaté, je remarque que le train arrière encaisse sans broncher l’avalanche de couple (350 Nm dès 2’200 trs/min) délivrée par le 1’750 cm3 suralimenté : lorsque les conditions d’adhérences sont optimales, il faut le faire exprès pour entamer une dérive. En revanche, le train avant demande plus d’attention : alors que le sous-virage guette celui qui se rue trop tôt sur les gaz sans avoir freiné suffisamment, la 4C est très sensibles aux changements de caps ; lors de sur-braquages, les roues avant reprennent subitement plus d’adhérence qu’attendu, faisant tourner la voiture plus que désiré. La 4C demande à être pilotée avec rigueur et anticipation sur la trajectoire à adopter afin d’en tirer toute sa quintessence.

Une fois ces règles assimilées, le plaisir est à son apogée sur les routes sinueuses et les sensations délivrées de tout premier ordre avec un 0 à 100 km/h effectué en 4.5 secondes à ras le bitume ! La boîte est bien étagée pour les petites routes sinueuses (rupteur 2ème vers 80 km/h) et je suis littéralement plaqué au siège par les 240ch de l’engin à chaque fois que le turbo entre en action, le tout à la sauce sonore très « wastgate » ! Le touché de route est excellent et je ressens la moindre bosse ou perte d’adhérence à travers la direction. Même sans avoir à s’occuper d’une boîte manuelle, les sensations renvoyées et l’attention qu’elle nécessite à rythme soutenu rendent sa conduite physique, fait rare de nos jours !

Le mode Dynamic augmente – trop – la sensibilité des gaz, retarde l’action de l’ESP et augmente le régime des changements de rapports en automatique, même si j’ai pour ma part usé des palettes en permanence… Dans ce mode, l’overrun présent au relâché de gaz est supprimé, rendant la conduite encore plus bestiale ! Le freinage ne souffre d’aucun défaut, tant sur l’endurance que sur la commande progressive et peu assistée, et l’ABS reste discret. Dans le mode Race, l’ESP est totalement désactivé et un Gmètre fait son apparition dans le cadran qui se pare d’un jaune vif !

Malgré sa fermeté, le châssis sport se joue des compressions avec une étonnante facilité à mesure que le rythme augmente, au point de les aborder sans appréhension, comme c’est le cas entre Bière et le col du Marchairuz où la 4C mettra à mal bon nombre de GTs plus puissantes. Les mouvements de caisse sont limités mais permettent d’apprécier les transferts de masse à leur juste valeur. L’échappement sport qui, comme le châssis précité, fait partie du pack Racing (CHF 2’750.-), me fait profiter pleinement du tempérament explosif du moteur, en procurant de jolies déflagrations à chaque montée de rapport, ce au détriment d’une résonance marquée à 120 km/h… Mais comme on dit : on n’a rien sans rien ! Radicale la 4C ? Oui !

L’avis de Sport-Auto.ch

Hormis certains matériaux perfectibles dans son habitacle, l’Alfa Romeo 4C ne souffre d’aucun défaut rédhibitoire compte tenu de son prix et du plaisir intense qu’elle apporte en retour. Basse, légère, très agile et peu assistée, la 4C est une auto sensationnelle. Plus performante qu’une Lotus Elise S, son charme irrésistible s’oppose totalement à celui de l’anglaise et lui donne une raison de plus d’exister dans ce segment de niche. Il ne reste plus qu’une chose à faire aux intéressés : (re)faire confiance à Alfa Romeo. Pour convaincre les sceptiques, sachez que la voiture de presse testée affiche près de 40’000 km durant lesquels elle n’a pas été ménagée, ce qui ne l’empêche pas d’être en pleine forme !

La 4C signe en beauté le retour d’Alfa Romeo dans le segment des sportives accessibles de tout premier ordre.

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Rapport sensations/prix imbattable
  • Rapport consommation/performances
  • Sportive sans compromis
  • Ligne à couper le souffle
Contre...
  • Pas de boîte manuelle disponible
  • Matériaux habitacle

Merci à FCA (Fiat Chrysler Automobiles Switzerland SA) pour le prêt de cette Alfa Romeo 4C, ainsi qu’au garage GSG Racing Concept pour leur collaboration.

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