PORSCHE : 70 ANS RÉSOLUMENT
TOURNÉS VERS L’AVENIR

Le reportage Sport-Auto.ch du 27 septembre 2018

Rédaction : Laurent Missbauer
Photographies : Laurent Missbauer, D.R. Porsche

1948-2018: Porsche fête cette année son 70ème anniversaire. C’est en effet le 8 juin 1948 qu’a été homologuée la première Porsche, la 356/1-001. A l’occasion de ses 70 ans, la marque de Zuffenhausen a invité Sport-Auto.ch sur le circuit d’Aldenhoven, à une heure de Düsseldorf, afin de découvrir ce qui a fait le succès de la marque et ce qui contribuera à le pérenniser. Le prochain événement en rapport avec ce 70ème anniversaire a lieu dès aujourd’hui, du 27 au 30 septembre, à la Porsche Rennsport Reunion de Laguna Seca en Californie.

Des liens très étroits unissent Porsche à la Suisse. Ils remontent aux débuts de la firme qui, en 1948, se trouvait encore à Gmünd, en Autriche. C’est en effet grâce à un financier suisse, Rupprecht von Senger, que Porsche a pu construire ses premières voitures. Dans son autobiographie, Ferry Porsche, le fondateur de la marque, écrivit ce qui suit à ce sujet: «Un premier contrat fut signé avec Rupprecht von Senger. Il prévoyait la fourniture de pièces VW par Amag qui importait déjà les premières Coccinelle en Suisse et des tôles d’aluminium qui provenaient également de Suisse.»

«Un second contrat, toujours avec Rupprecht von Senger», poursuit Ferry Porsche, «stipulait l’exportation de nos cinq premières voitures en Suisse. La 356/1-001 à moteur central et quatre coupés 356/2.» Cette Porsche 356/1-001 a récemment été conduite par Wolfgang Porsche, le fils cadet de Ferry, à l’Ennstal Classic et, parmi les différentes voitures du Musée Porsche présentes sur le circuit d’Aldenhoven, figurait justement une Porsche 356. En l’occurrence une version Speedster de 1955, magnifique avec sa carrosserie blanche et son intérieur rouge.

Pour nous rendre de Düsseldorf jusqu’au circuit d’Aldenhoven, Porsche a mis à notre disposition une Panamera Turbo S eHybrid qui, avec ses 680 ch, est la berline la plus puissante de la gamme. La célébration du 70ème anniversaire de la marque ne sert pas seulement de prétexte à évoquer le passé mais également lever le voile sur ce que sera l’avenir. Celui de Porsche passe par les moteurs thermiques, ainsi que par les moteurs hybrides et 100% électriques. Une des images fortes du lancement du 70ème anniversaire de Porsche est en effet celle où la 356/1-001 précédemment évoquée partage la vedette avec la Mission e 100% électrique qui sera commercialisée dès l’année prochaine sous le nom de Taycan.

Mais une Porsche 100% électrique et 100% silencieuse est-elle encore une vraie Porsche ? C’est là que la conduite sur plus d’une heure de «notre» Porsche Panamera Turbo S eHybrid apporte un premier élément de réponse. C’est en effet en silence que nous quittons le port de Düsseldorf. La Panamera Turbo S eHybrid peut parcourir jusqu’à 50km en mode électrique. C’est largement suffisant pour traverser Düsseldorf et rejoindre l’autoroute qui nous amène jusqu’à Aldenhoven sans avoir consommé la moindre goutte d’essence pendant une quinzaine de minutes.

L’autoroute que nous empruntons est la plupart du temps à vitesse illimitée. Nous atteignons en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire les 200 km/h. Les 136 ch du moteur électrique s’associent aux 550 ch du V8 thermique de 4.0 litres et propulsent notre imposante berline à une allure que nous n’avions jamais pu atteindre l’hiver passé lors de notre essai de la Panamera Turbo S eHybrid qui s’était déroulé uniquement sur sol suisse. Même à 250 km/h, les reprises sont phénoménales et nous atteignons à deux reprises 295 km/h avant de sauter sur les freins, excellents, afin de maintenir la distance de sécurité prescrite derrière la voiture qui nous précède et qui a l’air de se traîner alors qu’elle vient d’entamer un dépassement à quelque 180 km/h.

L’hybridation proposée sur la Panamera Turbo S n’altère aucunement les performances 100% Porsche de l’engin. Au contraire, elle lui permet de disposer, dès le régime du ralenti, de 850 Nm de couple.

A en croire les propos d’Oliver Blume, la future Taycan 100% électrique et ses différents dérivés bénéficieront eux aussi de performances 100% Porsche: «Le prototype proche de la série Mission e Cross Turismo présenté cette année à Genève accélère par exemple de à 100 km/h en moins de 3,5 secondes avec ses 600 ch. Et il ne lui faut qu’une douzaine de secondes pour arriver à 200 km/h. Sa motorisation électrique bénéficie en outre d’une autonomie de 500 km et seulement quatre minutes de chargement suffisent à prolonger son autonomie d’une centaine de kilomètres. Nous avons également fait essayer la Taycan à des Porschistes de longue date et je peux vous assurer qu’ils ont été enthousiasmés par la puissance, les accélérations prodigieuses et encore bien d’autres spécificités typiquement Porsche.»

En attendant d’essayer nous aussi la Taycan, nous avons été enthousiasmés par l’essai des nouvelles 718 Cayman S, 718 Boxster GTS, 911 Carrera GTS et 911 Carrera 4 GTS sur le tracé d’Aldenhoven. Différents exercices de slaloms et plusieurs tours sur une partie du circuit nous ont permis de vérifier que ces deux modèles sont d’une redoutable efficacité, tant au niveau de la tenue de route que du freinage.

La cerise sur le gâteau a été constituée par trois séances d’accélération avec le «launch control» : deux séances en tant que conducteur avec la 718 Boxster GTS et la 911 Carrera GTS et une séance en tant que passager dans une Porsche 911 GT2 RS pilotée de main de maître par Lars Kern. Chrono à l’appui, il ne lui a fallu que 2,8 secondes pour passer de 0 à 100 km/h !

Si le nom de Lars Kern (30 ans) ne vous dit pas grand-chose, sachez qu’il est le pilote d’usine de Porsche qui a signé les deux records de vitesse au Nürburgring, tout d’abord avec la 911 GT3 RS (6’55’’4), en compagnie du Français Kevin Estre, puis avec la 911 GT2 RS (6’47’’3) qu’il dompte avec une maestria incroyable. Nous avons pu le vérifier sur le chemin du retour après l’exercice du launch control. Dans une portion sinueuse du tracé d’Aldenhoven, il a en effet enchaîné les courbes en interprétant de magnifiques figures de drift. Après avoir bavardé un bon quart d’heure avec lui, nous avons appris que, contrairement à d’autres pilotes d’usine de Porsche, il ne provient pas du milieu des circuits mais bien de celui des rallyes !

«Je me suis fait remarquer en étant le meilleur débutant de la Coupe Suzuki organisée dans le cadre du championnat d’Allemagne des rallyes en 2006», nous a expliqué Lars Kern. «Porsche m’a alors confié un Cayenne au rallye-raid Transsyberia et j’ai immédiatement été dans le coup. Même constat lorsqu’on ma demandé d’essayer des 911 sur le circuit privé de l’usine à Weissach. Je tournais aussi vite, si ce n’est plus vite que les pilotes d’usine. Depuis 2016, je cours en VLN (Ndlr : un championnat d’endurance qui se dispute uniquement sur la boucle nord du Nürburgring) et c’est souvent à moi que Porsche demande de faire exploser les chronos au Nürburgring. J’adore ce tracé. Je le connais comme ma poche et c’est vrai que, à certains endroits, il ressemble davantage à une épreuve spéciale de rallye sur asphalte qu’à un circuit traditionnel», conclut-il dans un grand éclat de rire.

Remerciements

Merci à Porsche Suisse pour cette invitation en Allemagne à l’occasion du 70ème anniversaire de Porsche.

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