HONDA e
PLAISIR DE CONDUITE
AU RENDEZ-VOUS ?

Le reportage Sport-Auto.ch du 16 mars 2020

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Trois ans après sa première apparition sous forme de concept au Salon de Genève, la Honda e arrive enfin sur nos routes ! Honda Suisse nous a invité à découvrir la version Advance à domicile, au bord du lac Léman, pour répondre à une question claire : le plaisir de conduite est-il au rendez-vous ?

Ceux qui ont l’habitude de nous lire se doutent certainement que nous ne vouons pas une grande affection pour les voitures électriques… Cela vient aussi du fait que pour l’heure, le marché des sportives électriques est inexistant. Toutefois, sachons reconnaître ce que les voitures électriques peuvent apporter en matière de plaisir de conduite. Premièrement, les batteries situées dans le châssis abaissent le centre de gravité des voitures. Deuxièmement, plusieurs modèles compacts sont des propulsions. En plus de cumuler ces deux atouts, la Honda e ajoute à son arc une répartition des masses idéale (50/50), censée agrémenter une conduite dynamique.

Bien que je sois habituellement attiré par des voitures plus bruyantes, il me tarde de prendre le volant de cette Honda e. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de préciser que cet essai n’a duré qu’une heure et demie, arrêts photos compris ! Je ne vous parlerai donc ni des – trop – nombreux écrans qui ornent l’habitacle, ni des assistances de conduite, ni du parcage automatique, ni de son autonomie, impossible à juger sur une quarantaine de kilomètres parcourus à bon rythme… Quant à l’esthétique à l’accent néo-rétro, chacun se fera son avis sur la base des photos. Une chose est sûre : la Honda e est très audacieuse et bouleverse les codes en matière de style, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur !

Je m’extirpe rapidement de la périphérie lausannoise pour me rendre sur des tronçons connus. Premier constat : le faible rayon de braquage (4,3 m) est vraiment un atout pour faire demi-tour. Deuxième constat : les 315 Nm de couple et 154 chevaux propulsent instantanément la Honda e à chaque démarrage sans le moindre temps de réponse. Les pneus arrière bien dimensionnés (225/45R17) ne subissent aucune perte de motricité. Si les 80 km/h sont rapidement atteints, l’accélération est moins impressionnante ensuite. Au final, le 0-100 km/h est parcouru en 8,3 secondes, alors que la vitesse maximale est de 145 km/h.

Le freinage régénératif est réglable sur trois niveaux via les palettes au volant, mais il existe en plus un mode appelé « pédale unique » qui active le freinage régénératif maximum à chaque fois que l’on relâche l’accélérateur. Ce mode permet en théorie de ne plus devoir appuyer sur la pédale de frein une fois que l’on a bien compris comment décélère la voiture.  

Lorsque les premiers lacets se présentent, mon sac manque de m’arriver dans les pieds ! Et pour cause, malgré la présence d’une petite console médiane, la Honda e est dépourvue de montant central. Les affaires placées devant le siège passager sont donc susceptibles de se déplacer dans les pieds du conducteur selon le rythme imprimé. Une fois le matériel photo rangé dans le coffre, je passe du mode Normal au mode Sport. La voiture est plus vive, mais la différence n’est pas saisissante. L’amortissement, non piloté, est trop souple pour bien sentir la route, et les sièges manquent de maintien.

Toutefois, le comportement de la voiture est plaisant ; malgré ses suspensions souples qui privilégient le confort, la Honda e prend peu de roulis et avale les courbes avec facilité. Le freinage est également consistant et se moque des 1’545 kg (!) de la bête. Malheureusement, il fait 15 degrés au moment de l’essai et les Michelin Alpin hivernaux deviennent rapidement trop chauds, ce qui réduit leur efficacité et m’empêche d’exploiter pleinement la voiture. A noter que pour réduire les frottements, les pneus avant sont d’une taille inférieure (205/45R17), ce qui ne semble pas être un problème.

Toutes les assistances à la conduite se gèrent via l’onglet Sécurité situé sur l’écran. C’est également ici qu’il est possible de désactiver l’ESP. Si cela souligne son côté propulsion dans les courbes serrées, n’espérez pas faire de gymkhana pour autant : au moindre décrochage du train arrière, l’électronique veille malgré tout au grain et le logo orange (ESP OFF) se met à clignoter à l’écran. Même dans cette configuration, la voiture a donc été voulue plus sécurisante que ludique.

En conclusion : oui, le plaisir de conduite est bien au rendez-vous à bord de la Honda e, ce à condition de ne pas placer le curseur de ses attentes trop loin… Son empattement court (2,53 m pour une longueur de 3,89 m) lui confère une excellente maniabilité. L’équilibre des masses et le centre de gravité abaissé par les batteries mettent en lumière une base saine et plaisante à emmener. Les accélérations sont immédiates et vous propulsent à chaque démarrage avec une excellente motricité du train arrière.

Cependant, sa définition actuelle reste trop timide pour revendiquer réellement un côté sportif. Mais connaissant Honda et son penchant historique pour les déclinaisons sportives (NSX et Civic Type R entre autres), gageons que le constructeur japonais saura nous proposer une version e plus sportive avec, entre autres, un châssis et des sièges raffermis ainsi qu’une électronique plus permissive. D’ici là, nous aurons certainement l’occasion de vous proposer un essai complet de cette Honda e Advance, cette fois-ci avec les pneus été Michelin Pilot Sport 4 !

Remerciements

Merci à Honda Suisse pour cette invitation à essayer la nouvelle Honda e Advance.

Tous nos essais de A à Z :

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