LOTUS
EMEYA R

L’essai Sport-Auto.ch du 13 février 2025

Rédaction : Gaëtan Brunetti

Photographies : Gaëtan Brunetti

 

Si vous avez cliqué sur cet article, c’est que vous êtes sûrement curieux d’avoir vu le nom Lotus apposé sur une berline, qui plus est 100% électrique. Sans rien vous cacher, j’ai moi-même été surpris en découvrant l’Emeya dans mon navigateur internet, car je ne connaissais vraiment pas ce modèle. Tellement étonné que j’ai tout de suite saisi l’opportunité pour l’essayer. Découvrons ensemble ce nouveau véhicule, la Lotus Emeya R.

Avant d’attaquer le sujet du jour, il me semble important d’évoquer quelques points concernant le constructeur anglais. Si vous avez loupé un épisode, en 2017 le groupe automobile chinois Geely est devenu actionnaire majoritaire à 51% de la marque Lotus. En fin 2021, la marque annonce l’arrêt total du développement et de sa production de véhicules thermiques avec pour dernière itération la Lotus Emira, encore produite actuellement. Depuis, deux modèles 100% électriques ont vu le jour : la supercar Evija et le SUV Eletre.

0-100km/h (s) : 2.8

Vmax (km/h) : 256

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 2.82

4×4
électrique dual-motor
918 ch / 985 Nm
2’590 kg

Après le SUV, c’est au tour de la berline. L’Emeya R que nous avons sous les yeux ne laisse pas indifférent. Au niveau de la face avant, elle reprend les codes esthétiques déjà mis en place sur l’Eletre, avec cette fois-ci des doubles phares très fins. Cet avant évoque fortement celui d’une Lamborghini Huracán. On y retrouve une grille d’aération pouvant s’ouvrir à la demande du conducteur. Le reste de la voiture s’allonge sur une poupe plus fine, laissant place à un fin bandeau de phare arrière. Un aileron ajustable sur 3 positions ainsi que des déflecteurs mobiles font partie du système aérodynamique actif.

 

La Lotus Emeya R en impose avec ses 2 mètres de large et près de 5,14 mètres de long. La teinte Solar Yellow (triple couche nacré) de notre véhicule d’essai permet de se rendre compte de son gros volume et les jupes latérales creusées accentuent ce galbe. Les détails sympathiques sont les ouvertures dans les pare-chocs avant et arrière qui conduisent directement sur les pneus. Le design général est réussi mais la Lotus Emeya R a du mal à cacher ses origines chinoises, en témoigne le retour de carrosserie sur le pilier C qui pour moi est en trop.

L’intérieur est épuré, avec un écran central de 15,1 pouces. Ce dernier est tactile et commande toutes les fonctions de la voiture. La température de climatisation reste ajustable à l’aide de boutons et c’est appréciable. L’habillage intérieur et le ciel de toit sont recouverts d’Alcantara (CHF 2’800.-). La présentation et les finitions générales sont bonnes. Le volant en Alcantara (CHF 520.-) a une forme peu commune, une jante épaisse et un sublime insert en carbone habillant magnifiquement les commandes.

Notre véhicule est équipé du pack carbone étendu intérieur (CHF 1’830.-) et extérieur (CHF 5’460.-) qui comprend entre autres de magnifiques coques de sièges en carbone. Sièges confort (CHF 4’230.-) qui sont ventilés, chauffants et massants. Elle bénéficie également d’un toit en carbone (CHF 4’120.-). L’habitabilité est bonne, surtout aux places arrière, qui reçoivent des sièges chauffants et ventilés. En revanche, il est dommage que le coffre, ayant un plancher de chargement haut, subisse la faible hauteur du hayon, ce qui limite fortement l’espace de chargement.

Colin Chapman, le fondateur de la marque anglaise, a rendu populaire sa devise « light is right », se forgeant ainsi une réputation sur la chasse au moindre kilogramme. Cette citation est aux antipodes du poids de l’Emeya, annoncé à 2590 kg. C’est près de trois fois le poids de la Lotus Elise Sport 240 Final Edition que nous avions essayée ! Côté technique, l’Emeya R développe 918 ch et 985 Nm de couple. Le 0 à 100 est abattu en seulement 2,78 secondes, ce qui est stratosphérique et même mieux qu’une supercar telle que la McLaren 750S.

L’Emeya est basée sur la même plateforme technique (EPA) que l’Eletre. Elle dispose d’un moteur synchrone à aimant permanent sur chaque essieu. Techniquement, la version R apporte un moteur plus puissant sur le train arrière (612 ch au lieu de 306 ch), des roues arrières-directrices ainsi qu’une boîte de vitesses à deux rapports. Le rayon de braquage en devient alors amélioré et cela est indispensable au vu de sa longueur.

Côté batteries, l’Emeya R embarque une lithium-ion de 800 V avec une capacité brute de 102 kWh. L’autonomie mixte annoncée en cycle WLTP est de 435 km. Notre modèle est équipé en plus de disques de freins en carbone-céramique (CHF 7’150.-), pincés par des étriers à 10 pistons sur l’avant. Les jantes de 21 pouces en finition noire (CHF 920.-) sont associées à des pneus de 265/40 à l’avant et 305/35 à l’arrière.

Mais alors est-ce une vraie Lotus ? Is light always right ? Je sors du garage à l’aide des caméras 360° (CHF 1’840.-) et me dirige directement vers l’autoroute dans un silence absolu. Deux palettes sont présentes derrière le volant. Celle de droite permet de sélectionner le mode de conduite, et celle de gauche est réservée à la gestion de la puissance du frein régénératif. Ce dernier est réglable sur trois niveaux et je dois dire que le niveau le plus élevé est plus efficace que la concurrence.

Voulant tester les capacités de cette Lotus, je profite d’une route secondaire pour enclencher le mode Circuit. Ce mode vous libère soit disant entièrement de toute aide électronique, mais, même pied au plancher, avec 918 ch, les roues ne patinent en aucun cas lors de départs arrêtés. En revanche, l’Emeya R ne se fait pas prier pour vous catapulter au-delà des limites légales de vitesse. Les accélérations sont fulgurantes et son poids se fait oublier. Cependant, ce mode n’est pas accompagné d’un quelconque bruit artificiel dans l’habitacle.

Le toucher de route est bon pour un véhicule de ce gabarit et la prise de roulis est maîtrisée, ce qui est assez bluffant. L’Emeya R a une bonne tenue de route mais les sensations à son volant sont quelques peu filtrées, en témoignent les freins carbone-céramique qui pourraient encaisser le double de son poids mais semblent trop assistés. Malgré son plus gros moteur sur le train arrière et des conditions d’essai quelques peu dégradées, je n’ai pas tellement ressenti un comportement typé propulsion, ce qui est dommage. Je ne retrouve pas ici les sensations que j’ai pu avoir avec une Lotus Exige,mais est-ce vraiment sa vocation?

Côté autonomie, il y a de quoi rester sur sa faim. Parti avec 95% de batterie du garage, je suis arrivé avec seulement 27% après 250 km d’autoroute et une autonomie restante d’à peine 100 km. Avec sa batterie de 102 kWh, l’Emeya R pourrait exceller dans sa catégorie. Sur des routes secondaires, son poids ainsi que la topographie du trajet peuvent devenir un inconvénient. J’ai relevé une consommation de 26,4 kWh/100 km sur mes 1200 km d’essai. Certaines voitures du marché, avec une capacité moindre de batterie, font mieux sur ce point.

La Lotus Emeya R est disponible à un tarif de base fixé à CHF 149’865.-. Notre version d’essai s’affiche à CHF 190’346.-. La concurrence directe est l’Audi RS e-tron GT Performance (CHF 165’900.- pour 925 ch et 592 km d’autonomie combinée), la Porsche Taycan Turbo S (CHF 237’900.- pour 952 ch et 631 km d’autonomie combinée) et la Tesla Model S Plaid (CHF 109’990.- pour 1020 ch et 600 km d’autonomie combinée).

L’avis de Sport-Auto.ch

Même si le virage électrique enclenché par de telles marques est dur à encaisser, la Lotus Emeya R est une bonne berline qui a entièrement sa place dans ce segment. A mi-chemin entre une Tesla Model S et une Porsche Taycan Turbo S, elle en combine le meilleur des deux produits.

L’Emeya R est destinée aux parents pressés plus qu’aux jeunes avides de sensations mais elle sait allier parfaitement luxe et sportivité. Il faudra cependant composer avec une autonomie en dessous de ce que propose la concurrence. Pour les amateurs d’émotions, il reste toutefois l’Emira au catalogue du constructeur.

gaetan[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Design original
  • Finitions soignées
  • Accélérations fulgurantes
  • Freinage performant
Contre...
  • Autonomie
  • Gabarit imposant
  • Pas vraiment l’esprit Lotus

Merci à Lotus Cars pour le prêt de cette Lotus Emeya R.

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