BENTLEY
CONTINENTAL
GT V8 S

L’essai Sport-Auto.ch du 20 juillet 2017

Rédaction : Laurent Missbauer
Photographies : Gaëtan Brunetti

Essayer une Bentley Continental, c’est essayer l’une des plus grandes réussites de l’ingénieur Ferdinand Piëch. Le père de la Porsche 917, de l’Audi Quattro et de la Bugatti Chiron a en effet réalisé un coup de maître lorsque, à la tête du groupe Volkswagen, il décida en 1998 de racheter la marque Bentley pour en faire un modèle de raffinement britannique et de sportivité. Ces deux caractéristiques ressortent parfaitement dans la Bentley Continental GTC V8 S de notre essai.

Comment conférer, il y a une vingtaine d’années, au groupe Volkswagen en général et aux imposantes Audi A8 en particulier, une image de marque qui soit encore plus haut de gamme que celles de BMW et de Mercedes ? Tout simplement en achetant coup sur coup des marques aussi prestigieuses que Bentley, Bugatti et Lamborghini. Tel a été le coup de génie de Ferdinand Piëch, alors grand patron de Volkswagen, qui a rapidement compris tout le bénéfice qu’il pouvait retirer en transférant les meilleurs moteurs Audi chez des marques aussi prestigieuses que Bentley et Lamborghini. A commencer par un meilleur amortissement des énormes investissements que nécessite le développement de nouveaux moteurs. « Cela nous permet de gagner beaucoup d’argent même si les chiffres de production sont relativement faibles. », écrivait Ferdinand Piëch dans son autobiographie publiée en 2002.

Le moteur 4.0 litres V8 biturbo de 528 ch, qui équipe la Bentley Continental GTC V8 S de notre essai, se retrouve ainsi non seulement dans les Audi RS6, RS7 et autres S8, mais également dans le Lamborghini Urus, le nouveau SUV de la marque au taureau, dont la sortie est imminente. Le succès de cette stratégie s’explique par le fait que le groupe Volkswagen a très bien su valoriser les atouts originels de chacune des nouvelles marques qu’il a achetées. L’image sportive de Bentley, vainqueur à quatre reprises consécutives des 24 Heures du Mans de 1927 à 1930, ne demandait qu’à être dépoussiérée. Ferdinand Piëch a alors permis à Bentley de remporter à nouveau les 24 Heures du Mans, en 2003, avec un prototype dont le moteur 4.0 litres V8 bi-turbo était étroitement dérivé de celui des Audi R8 qui s’étaient imposées les trois années précédentes. Aujourd’hui encore, les Bentley Continental brillent en course aussi bien en Europe qu’en Chine. Et dans ce dernier pays, c’est le Suisse Alexandre Imperatori, vu en 2016 aux 24 Heures du Mans avec l’écurie vaudoise Rebellion, qui défend les couleurs du Bentley Team Absolute.

0-100km/h (s) : 4.7

Vmax (km/h) : 308

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.6

4×4
8 cyl. 4.0L bi-turbo
528 ch / 680 Nm
2’470 kg

Cette image sportive légitime l’essai de la Bentley Continental GTC V8 S dans Sport-Auto.ch. Le cabriolet que le constructeur britannique a mis à notre disposition a beau peser 2,5 tonnes, son moteur de 528 ch lui permet de laisser sur place un grand nombre de voitures plus sportives. Bentley relève ainsi qu’il ne lui faut que 4,7 secondes pour passer de 0 à 100 km/h et que sa vitesse de pointe s’élève à 308 km/h. Il s’agit de performances d’excellent niveau et notre version V8 S n’a pas à rougir de la comparaison avec la Continental GT Speed Black Edition essayée au mois d’avril. Avec son W12 de 642 ch, la GT Speed revendique 4,3 secondes de 0 à 100 km/h et 328 km/h de vitesse de pointe ; un écart semblant presque négligeable sur route ouverte.

Le moteur de la V8 S possède par ailleurs l’avantage d’être nettement moins gourmand que le W12, avec une consommation de cycle mixte annoncée à 11.1 l/100km, contre 14,9 l/100km pour la GT Speed équipée du moteur W12. Les économies d’essence ne constitueront certainement pas la principale préoccupation de la personne qui déboursera 216’030 euros (Bentley ne communique ses prix qu’en euros et la conversion en francs suisses se fait au cours du jour, soit CHF 238’021.- dans le cas présent) pour acheter « notre » Bentley, il n’en demeure pas moins que les ingénieurs allemands ont réussi un bel exploit en permettant à la Continental GT V8 S de consommer moins de 10l/100km dans le cycle extra-urbain.

Ces excellentes valeurs ont été confirmées lors de notre essai. En respectant scrupuleusement les limitations sur autoroute et sur des routes cantonales en campagne, nous n’avons consommé que 9,7 l/100km. Et si nous avons enregistré une consommation maximale de 15,8 l/100km après avoir affronté sportivement le col du Jaun et différentes routes de montagne du côté de Crans-Montana, du Val d’Hérens et du Val d’Anniviers, la consommation moyenne affichée après notre essai de 1’402 km s’est élevée à 13,7 l/100km, un résultat « honnête » au vue des prestations et du poids de la bête. Cela s’explique par le système COD (cylinder on demand). Lorsque l’exploitation de la puissance est modérée (par exemple à vitesse constante sur autoroute), la commande du moteur désactive en toute discrétion quatre des huit cylindres et contribue ainsi à réduire la consommation. Mais s’il s’agit d’effectuer un dépassement ou d’accélérer à fond en entrant sur autoroute, les huit cylindres se remettent instantanément au travail afin de fournir toute la puissance. Grâce à son couple de 680Nm disponible dès 1’700 trs/min, la Bentley GTC V8 S nous a offert des reprises fulgurantes, plus toniques que celles de la Porsche Panamera Turbo dont le couple maximum de 770 Nm n’arrive qu’à partir de 1’960 trs/min.

Tous ces raffinements techniques vont de pair avec une suspension revisitée pour la Continental GT V8 S qui, selon Bentley, « délivre une expérience de conduite encore plus précise et plus intense » que celle la GT V8 normale dont le moteur ne délivre que 21 ch de moins, à savoir 507 ch. La S se distingue en outre par une grille de calandre noir brillant, le sigle « B » de Bentley en émail rouge et une grille de pare-chocs avant en trois éléments à finition noire. A l’arrière, les sorties d’échappement chromées forment un huit et la sportivité de l’ensemble est soulignée par une boîte automatique ZF à 8 rapports courts. Si la position des palettes de changement de vitesses est beaucoup trop haute et prête le flanc à la critique, le tableau de bord recouvert de cuir et de carbone est de toute beauté. Il en va de même pour les commandes en aluminium et pour les sièges capitonnés.

Il s’agit d’un mélange très réussi de luxe britannique et de dynamisme sportif. Ce dernier n’a jamais été pris en défaut, même sur les routes sinueuses du col du Jaun affrontées tambour battant. Et à la descente, les freins ont été irréprochables. Il est vrai que notre Continental était équipée de freins en carbone, une option à 11’900 euros, soit CHF 13’189.-. Finalement, le principal défaut de Bentley réside dans sa politique des options. Pour une voiture dont le prix de base s’élève à 174’700 euros (CHF 192’170.-), il n’est pas normal, à notre avis, de devoir encore débourser plus de CHF 2’000.- pour un régulateur de vitesse adaptatif. Notre voiture d’essai a vu ainsi son prix de base être augmenté de plus de CHF 45’000.- d’options. La phrase de Ferdinand Piëch, qui a été citée au début de cet article et qui relevait que le groupe Volkswagen peut « gagner beaucoup d’argent même si les chiffres de production sont relativement faibles », trouve ici toute sa signification !

L’avis de Sport-Auto.ch

Le plaisir automobile n’est pas rationnel, il est émotionnel et, sur ce plan, la Bentley Continental GT V8 S possède de solides atouts. Son excellent moteur V8 consomme en effet nettement moins que le W12 tout en offrant un agrément et des performances comparables sur la route. Le luxe typiquement britannique de son habitacle se marie parfaitement avec le dynamisme sportif que le groupe Volkswagen, propriétaire de la marque depuis 1998, a su très bien valoriser. Cela avec succès car Bentley a vendu l’an passé le nombre record de 2’676 voitures en Europe, soit 56% de plus qu’en 2015, grâce notamment à l’arrivée du premier SUV de son histoire, le Bentley Bentayga, qui fait déjà un tabac !

laurent[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Luxe typiquement britannique
  • Image de marque
  • Performances
  • Consommation
Contre...
  • Politique des options
  • Absence de stop & start
  • Position des palettes au volant

Merci à Bentley Motors Ltd à Crewe (GB) pour le prêt de cette Bentley Continental GT V8 S convertible, ainsi qu’à Bentley Lausanne pour leur collaboration.

Tous nos essais de A à Z :

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