ROLLS-ROYCE
SPECTRE

 

L’essai Sport-Auto.ch du 14 juin 2024

Rédaction: Laurent Missbauer
Photographies : Bob de Graffenried, Laurent Missbauer
Vidéo : Sébastien Moulin

Ce n’est pas n’importe quel modèle que Rolls-Royce Motor Cars nous a permis d’essayer pendant trois jours. Il s’agit en effet de la Spectre, la première voiture 100% électrique de la marque. Le remplacement du moteur 12 cylindres de 600 ch qui nous avait laissé une excellente impression dans la Rolls-Royce Dawn Black Badgepar deux moteurs électriques développant un total de 585 ch, s’avère-t-il judicieux? Après 500km au volant de cette Rolls de nouvelle génération, notre réponse est oui. 

Rolls-Royce Motor Cars – à ne pas confondre avec le constructeur aéronautique Rolls-Royce – a le vent en poupe. La firme britannique, qui appartient à BMW depuis plus de 20 ans, a en effet enregistré en 2023 un nouveau record en commercialisant 6032 voitures contre 6021 en 2022 et 5586 en 2021. Et le fait que ses principaux marchés soient les Etats-Unis et la Chine, les deux plus importants fabricants de voitures électriques au monde, n’est peut-être pas étranger au lancement l’année passée de la Spectre. 

L’électromobilité gagne des parts de marché également en Suisse. Sur les quatre premiers mois de cette année, la Rolls-Royce la plus vendue était la Spectre qui, avec six unités, précédait la Cullinan et la Ghost, créditées respectivement de cinq et de quatre ventes, selon les statistiques d’Auto-Suisse. Etant donné que le silence est l’un des éléments qui caractérise le mieux les Rolls-Royce, l’adoption d’une motorisation électrique, silencieuse par définition, nest pas dénuée de sens. Ce d’autant plus que, dans le cas de la Spectre, elle s’accompagne d’une puissance similaire (585 ch contre 600 ch) et d’un couple identique (900 Nm) à celui du moteur thermique de la Rolls-Royce Dawn Black Badge essayée en 2020.

0-100 km/h (s) : 4.5

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.94

4×4
2 moteurs électriques
585 ch / 900 Nm
2890 kg

Le poids a cependant pris l’ascenseur. Si la Dawn affichait 2560 kg sur la balance, la Spectre en avoue 330 de plus. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est son caractère exclusif. Une fois installé au volant, après avoir déverrouillé la porte antagoniste – ce qui signifie qu’elle s’ouvre vers l’avant et non pas vers l’arrière comme la plupart des voitures – , le conducteur se retrouve dans une bulle parfaitement insonorisée. Le cuir, le bois et les chromes, tous extrêmement luxueux, n’ont pas changé par rapport aux précédents modèles de la marque.

Tout au plus remarque-t-on, au tableau de bord, un compteur sur lequel on lit les six lettres CHARGE. On est donc bien dans un véhicule électrique et ces six lettres se teintent légèrement de violet à chaque fois que l’on récupère de l’énergie, que ce soit en freinant ou même en ne relâchant que brièvement la pédale de l’accélérateur. Au niveau de l’accélération justement, jamais nous n’avons ressenti que la Spectre était plus lourde que la Dawn. C’est même le contraire. S’il fallait 4’’9 à la Dawn pour passer de 0 à 100 km/h, il n’en faut désormais plus que 4’’4 à la Spectre. C’est aussi rapide que l’Alpine A110 S essayée en 2020 !

Comme cela avait été le cas pour la Dawn, nous ne sommes pas contentés de « cruiser » à 120 km/h sur l’autoroute et de rouler paisiblement sur les rives du lac de Morat. Nous avons également emmené la Spectre sur le parcours de la course de côte de La Roche-La Berra. Et là, nous avons pu vérifier que les ingénieurs de Rolls-Royce n’avaient pas menti en affirmant que la nouvelle architecture adoptée pour accueillir les deux moteurs électriques – ainsi que les 700 kg de batteries avait permis de rigidifier de plus 30% la Spectre par rapport aux précédents modèles à moteur thermique.

Menée tambour battant, la Spectre avale ainsi sans broncher aussi bien les courbes rapides que les virages en épingle. Ce rythme de conduite, outre le fait qu’il n’est pas en adéquation avec la noblesse généralement associée aux Rolls-Royce, péjore fortement l’autonomie du véhicule. Celle-ci, selon la norme WLTP, est de 530 km et varie bien entendu en fonction du mode de conduite. Lors de notre essai, nous avons néanmoins réussi à effectuer 430 km sans passer par la case recharge. Et nous avons pu augmenter l’autonomie de quelques kilomètres à chaque fois qu’une descente se présentait. Sur les sixkilomètres de la descente qui relie Châtel-St-Denis à Vevey sur l’autoroute A12, nous avons par exemple récupéré 15 km d’autonomie supplémentaire en ayant actionné le mode de conduite B qui regénère le maximum d’énergie.

A Chexbres, où a eu lieu la séance photo de notre troisième et dernier jour d’essai, la consultation des données de conduite indiquait les consommations suivantes : 22,4 kWh/100 km pour les 393 derniers kilomètres, 24,4 kWh/100 km pour les 1530 derniers kilomètres et 28,1 kWh/100 km pour les 15’591 km parcourus depuis la sortie d’usine. Cela n’est pas excessif si on les compare aux 26 kWh/100 km obtenus au terme de notre essai de l’Audi Q4 e-tron de 299 ch et 2375 kg. Cela même si, nous en sommes parfaitement conscients, comparaison ne rime pas nécessairement avec raison.

Cette consommation relativement faible de la Spectre, compte-tenu de son poids de près de trois tonnes, s’explique notamment par son excellent aérodynamisme. Son cx (coefficient de pénétration dans l’air) de seulement 0,25 serait ainsi similaire à celui d’une Porsche 911 Carrera! Même la célèbre mascotte «Spirit of Ecstasy», qui trône sur la calandre, a passé de nombreuses heures en soufflerie afin « de mieux fendre l’air » !

C’est ce même «Spirit of Ecstasy » qui, par le biais d’une animation de poussières d’étoiles, s’affiche au tableau de bord lorsqu’on démarre le véhicule. Ces poussières d’étoiles se retrouvent également autour de l’aiguille du tachygraphe ainsi qu’au plafond. Elles contribuent à renforcer le caractère exclusif de la Spectre, exclusif comme l’est également le parapluie que l’on découvre en ouvrant la portière. Dans sa configuration personnalisée, qui reprend les deux couleurs des sièges, à savoir le Grace White et l’Ardent Red, il est facturé 2000 francs. Une paille pour notre modèle d’essai qui est affiché à 519320francs! 

L’avis de Sport-Auto.ch

 

L’électrification s’avère pour le moins judicieuse chez Rolls-Royce qui a fait du silence l’une de ses vertus cardinales. Les puristes regretteront peut-être le moteur 12cylindres, mais, si les deux moteurs électriques offrent les mêmes performances et le même silence, il n’y a aucune raison de s’en passer. Ce d’autant plus que les accélérations sont encore plus instantanées. Une Rolls est certes avant tout conçue pour se déplacer avec noblesse dans un silence de cathédrale. Le cas échéant, elle peut néanmoins être conduite tambour battant et dépasser, grâce à la réactivité des moteurs électriques, le plus facilement du monde les touristes qui lambinent sur nos routes de montagne. La nouvelle Spectre bénéficie ainsi d’une polyvalence insoupçonnée qui confirmerait, à en croire les publicitaires de la marque, sa réputation de « meilleure voiture du monde » ! 

laurent[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Electrification judicieuse
  • Caractère luxueux et exclusif
  • Aérodynamisme
  • Isolation phonique
Contre...
  • Prix
  • Dimension des rétroviseurs
  • Ceintures de sécurité noires
    qui détonnent avec
    le cuir blanc des sièges 

     

Merci à Rolls-Royce Motors Cars pour le prêt de cette Rolls-Royce Spectre 100% électrique. Merci également au personnel de Rolls-Royce Motor Cars Geneva pour son accueil. 

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