EN VOITURE
AVEC TINTIN
À MULHOUSE

Le reportage Sport-Auto.ch du 7 avril 2025

Texte: Laurent Missbauer
Photos: Laurent Missbauer
Visuels Tintin: © Hergé-Tintinimaginatio 2025

Du 5 avril au 11 novembre 2025, le Musée national de l’automobile – Collection Schlumpf, à Mulhouse, à seulement une trentaine de kilomètres de la frontière suisse, propose une très intéressante immersion dans l’univers automobile de Tintin à travers une exposition inédite. Intitulée En voiture avec Tintin, elle regroupe quelques-unes des voitures les plus emblématiques des aventures du célèbre reporter créé par Hergé. Sport-Auto.ch a pu visiter en avant-première, le 3 avril, cette exposition qui comporte également un volet suisse. La dernière partie de l’exposition comprend en effet des photos prises par le Valaisan Léonard Gianadda, dans les années cinquante et soixante, alors qu’il était photo-reporter. Ses photos sont mises en miroir avec différentes cases des Aventures de Tintin. On y voit notamment une photo de la VW Coccinelle de Léonard Gianadda, dans le désert lybien, côtoyer une case de Tintin au Pays de l’Or noir où le reporter à la houpette, lui aussi dans le désert, conduit une Lancia Aprilia. Et cette dernière partie de l’exposition s’ouvre sur l’espace des voitures de course du Musée national de l’automobile avec notamment l’Audi R-18 e-tron victorieuse aux 24 Heures du Mans de 2014 avec le Schwytzois Marcel Fässler et une ancienne Porsche 908 du Fribourgeois Jo Siffert. Ce dernier avait vendu de nombreuses Bugatti et plusieurs voitures de course aux frères Fritz et Hans Schlumpf, les fondateurs du musée.

Il y avait plusieurs personnalités le 3 avril, lors de la visite de presse organisée par le Musée national de l’automobile – Collection Schlumpf. Guillaume Gasser, le directeur de ce musée, qui est le plus important du monde avec ses 600 voitures réparties sur 20’000 m2, a en effet accueilli à cette occasion Dominique Maricq, archiviste de la Fondation Hergé et auteur de nombreux livres sur l’univers d’Hergé, ainsi que Robert Vangénéberg, administrateur de Tintinimaginatio, la société chargée de l’exploitation commerciale de l’œuvre d’Hergé. On rappellera ici qu’Hergé, de son vrai nom Georges Remi (1907-1983), est l’auteur des Aventures de Tintin, une des bandes dessinées les plus célèbres au monde.

Dès les premiers instants de la visite de presse, Dominique Maricq a insisté sur l’importance de l’automobile dans l’œuvre d’Hergé: «Hergé ne se contente pas d’ajouter des voitures comme de simples accessoires. Chez lui, elles ont un rôle de premier plan. A l’arrêt ou en mouvement, elles participent pleinement à l’histoire. Une course-poursuite haletante? Une vieille voiture qui tombe en panne? Chaque véhicule apporte sa touche de dynamisme, de style, voire d’humour aux aventures de Tintin.»

Si, dans les premiers albums, les voitures sont encore dessinées approximativement, elles seront, au fil des ans, dessinées avec une très grande précision, note Dominique Maricq: «Hergé consulte ainsi les catalogues, les publicités, les photos et les revues de l’époque afin de reproduire fidèlement les voitures dans les moindres détails. Et lorsqu’il ne les dessine pas lui-même, il s’appuie sur une équipe de dessinateurs tout aussi soucieux que lui des moindres détails.»

Dominique Maricq, ici avec Viviane Vandeninden, la responsable de presse de Tintinimaginatio, rappelle par ailleurs que des voitures ont figuré à trois reprises sur la couverture de l’un des 23 albums de Tintin publiés du vivant d’Hergé. C’est notamment le cas de la Ford T dans Tintin au Congo publié en 1931. Quant à la Jeep, elle aura l’honneur de se retrouver à deux reprises en couverture. Tout d’abord dans Tintin au Pays de l’Or noir, en 1950, puis dans Objectif Lune, en 1953, où elle est conduite par le professeur Tournesol, personnage qui a été inspiré à Hergé par le physicien suisse Auguste Piccard, le grand-père du psychiatre et «savanturier» Bertrand Piccard.

Et comme le Musée national de l’automobile possède dans ses collections aussi bien une Jeep qu’une Ford T, il n’a pas fallu chercher bien loin les voitures qui ont donné vie à cette exposition En voiture avec Tintin. «En fait, toutes les voitures de cette exposition proviennent de notre musée. C’est par exemple le cas de la Citroën 2CV, qui est ma préférée et qui accueille en premier les visiteurs dans l’espace réservé aux expositions temporaires. Et c’est également le cas de la Peugeot 403 qui est exposée devant un visuel en très grand format des Bijoux de la Castafiore. Quant à la Triumph Herald cabriolet que l’on voit dans la troisième édition de l’Ile noire, elle n’a jamais été exposée. Elle appartient en effet aux réserves de notre collection», nous a confié Guillaume Gasser, le directeur du Musée national de l’automobile», ravi de la collaboration qui a été instaurée avec le Musée Hergé lequel lui a proposé de compléter l’exposition En voiture avec Tintin avec l’exposition Léonard Gianadda sur les traces de Tintin. Cette exposition, dont le soussigné a été l’initiateur, est encore visible à Martigny, à la Fondation Pierre Gianadda, jusqu’au 23 novembre de cette année.

L’exposition En voiture avec Tintin au Musée national de l’automobile de Mulhouse raconte l’histoire d’une passion pour l’automobile que l’on retrouve tout au long des Aventures de Tintin. Hergé, lui-même grand amateur de voitures, a fait des véhicules de véritables personnages à part entière, témoins de l’évolution stylistique et technologique de leur temps. Pour la première fois, cette exposition propose de découvrir quelques-unes des voitures de Tintin, mises en scène au fil des albums à travers des dessins, des modèles réduits et des documents d’époque. Un parcours immersif qui invite petits et grands à voyager dans l’histoire automobile en compagnie de Tintin.


 

De Tintin au pays des Soviets (1929) à Tintin chez les Picaros (1976), les engins motorisés jouent un rôle très important. Chaque modèle dessiné par Hergé nous en apprend un peu plus sur son travail et sur l’histoire passionnante de l’automobile. Ses archives, dûment classées et conservées par la Fondation Hergé, témoignent de son grand intérêt pour les voitures. Dans Les Aventures de Tintin, les voitures sont indissociables de l’action et participent pleinement au ressort comique et dramatique du récit. Hergé lui-même aimait les voitures, avec une préférence marquée pour ce qu’il convient d’appeler de «belles autos» avec une Lancia Aprilia, deux Lancia Aurelia, une Porsche 356, plusieurs Mercedes, dont une 190 SL, une Alfa Romeo Giulietta Sprint Veloce ainsi qu’une Imperia Mésange. Cette dernière voiture a d’ailleurs été dessinée par Hergé dans l’album Le Crabe aux Pinces d’Or. Elle y est remorquée par une dépanneuse alors que Tintin se trouve à son volant! Et si la Porsche 356 d’Hergé figure discrètement en haut à gauche dans la dernière case de l’album Coke en Stock, son Opel Olympia découvrable et sa Lancia Aprilia ont été dessinées dans plusieurs cases, respectivement dans Le Sceptre d’Ottokar et dans Tintin au Pays de l’Or noir.

Pour rendre hommage à cette œuvre qui a tant célébré les voitures, un lieu d’exposition s’est d’emblée imposé aux promoteurs de l’événement: le Musée national de l’automobile. Celui-ci propose en effet une immersion unique dans l’univers automobile de Tintin. Il mêle fiction et réalité, modèles réduits des voitures des albums des Aventures de Tintin et, côte à côte, leurs équivalents grandeur nature de la collection du musée. En plus de la Citroën 2CV des Dupond-Dupont de L’Affaire Tournesol, la Ford T de Tintin au Congo, la Peugeot 403 des Bijoux de la Castafiore et la Triumph Herald Cabriolet de L’Ile noire, déjà citées, on relèvera encore la Bugatti Type 35 de Bobby Smiles dans Tintin en Amérique et la Citroën 5CV Trèfle des Dupond-Dupont dans Tintin au Pays de l’Or noir. Celle-ci, rouge, n’est certes pas de la même couleur que celle dans l’album, qui est verte, mais elle a bel et bien été rouge dans l’hebdomadaire Tintin qui prépubliait les aventures avant leur publication dans les albums! La Citroën Traction Avant des espions bordures de L’Affaire Tournesol est en revanche de la bonne couleur, en l’occurrence noire.

Dès l’entrée de l’exposition, de grands visuels avec les décors et les voitures des Aventures de Tintin permettent aux visiteurs de se plonger dans l’univers d’Hergé. A chaque étape, les automobiles sont présentées dans leur contexte narratif, enrichi par des documents rares extraits des archives de la Fondation Hergé: croquis documentaires, bleus de coloriages, mises à l’encre, esquisses, revues, catalogues, dépliants publicitaires, photographies, maquettes et prototypes de véhicules.

Le tout, complété par les deux revues qui ont publié tour à tour les exploits du célèbre reporter: Le Petit Vingtième et l’hebdomadaire Tintin. Une évocation des Studios Hergé est également à relever. Elle rend par exemple hommage aux dessinateurs Bob de Moor, Jacques Martin, Roger Leloup et Michel Desmarets qui ont secondé Hergé, notamment pour dessiner les voitures.

En guise de bonus à l’exposition En voiture avec Tintin, ce sont plusieurs photos de l’exposition Léonard Gianadda sur les traces de Tintin qui clôturent la visite. A l’instar de Tintin, le futur mécène valaisan Léonard Gianadda a parcouru, de 1953 à 1961, les Etats-Unis, l’Europe, le Moyen-Orient, l’Amérique du Sud, la Russie et l’Afrique. Il en a ramené de nombreuses photos qui sont mises ici en miroir avec plusieurs cases des albums de Tintin. Cela donne lieu à de très intéressantes rimes d’images entre les reportages effectués dans un monde réel par Léonard Gianadda et ceux, fictifs, menés par Tintin.

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