ABARTH
600E
SCORPIONISSIMA

L’essai Sport-Auto.ch du 16 septembre 2025

Rédaction : Nicolas Mari
Photographies : Nicolas Mari

Avec la 600e, Abarth se lance dans le segment des petits SUV sportifs électriques. Au programme : 280 ch sur les roues avant et un châssis mis au point par Stellantis Motorsport. Avec ce modèle, est-ce que le constructeur italien a réussi à “transformer l’ordinaire en extraordinaire”, recette de base qui a fait la renommée de tous ses précédents véhicules ? Réponse au volant de l’édition “Scorpionissima“, limitée à 1949 exemplaires

En vue extérieure, notre 600E Scorpionissima détonne en ville. Sa couleur Hypnotic Purple (CHF 800.-) fait tourner les têtes, offrant des reflets roses quand le soleil se fraie son chemin entre les rues vers la voiture. Rappelons que Fiat a fait le choix de ne plus proposer de couleur grise dans sa gamme actuelle, dont la 600e fait partie. Pour ceux qui recherchent plus de discrétion, il faudra se tourner vers la 600e en version Turismo (240 ch), le noir est disponible. En effet, la déclinaison Scorpionissima n’est disponible qu’en vert ou violet.  

0-100km/h (s) : 5.85

Vmax (km/h) : 200

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 6.12

traction
1 moteur électrique
280 ch / 345 Nm
1716 kg

Les jantes de 20 pouces, au dessin de scorpion, donnent un effet sophistiqué et pimpant bienvenu à ce petit SUV. Les logos Abarth latéraux, les caches moyeux des roues ainsi que les pinces de freins avant sont en vert et contrastent sur l’ensemble de la carrosserie. Un aileron au dessin inédit, reprenant les codes des Abarth des années 50, trône sur la malle arrière. Les parties inférieures des boucliers avant et arrière sont en stries, et évoquent les anciens radiateurs des Abarth de course des années 60. 

A l’intérieur, l’ergonomie de la console centrale est appréciable. On retrouve des boutons pour les commandes de climatisation, et quatre touches au centre permettent d’accéder rapidement au menu principal et fonctions de la voiture. De plus, de nombreux rangements sont disponibles vers l’avant.

Le système multimédia de l’écran horizontal de 7 pouces est cependant moins facile à appréhender. Certaines fonctions sont cachées dans des sous-menus qui nécessitent des swipes et clics pour y accéder au doigt. L’Abarth 600e offre de série l’intégration Apple Car Play (ou Android Auto) et la navigation. Cette dernière est toutefois légèrement lente dans ses réactions, et manque un peu de proactivité en ce qui concerne la recherche de bornes de recharges sur son itinéraire.  

Globalement, les finitions de l’intérieur montrent du chaud et du froid. D’un côté, on retrouve des parties en alcantara au toucher qualitatif dignes du segment premium, et d’un autre beaucoup de plastiques durs sont présents un peu partout dans l’habitacle, notamment dans les contreportes et sur le haut du tableau de bord. Les occupants seront cependant récompensés par des sièges bien finis, dont les surpiqures intérieures reprennent des formes de scorpions. Lors de notre galop d’essai à Lignières, leur relative dureté nous avait surpris. Cependant, dans cet essai au long terme, cet aspect s’est finalement avéré peu dérangeant. On y est bien assis et bien maintenus. Trois adultes peuvent loger à l’arrière sans avoir de genoux coincés. Cela est à relever, sachant quAbarth n’était jusqu’ici pas renommée pour produire des voitures aux places arrière spacieuses, au contraire. 

Campée sur ses jantes de 20 pouces, la 600e est, sans surprise, une voiture assez ferme en soi, surtout lors de trajets sur routes bosselées ou ralentisseurs. On ressent cependant un bon travail au niveau des suspensions, qui amortissent bien ce petit SUV sans mouvements de caisse. Au quotidien, le mode Turismo ou Scorpion Street avec 240 ch, est largement suffisant pour circuler sans appréhension lors d’accélérations franches nécessaires. Le mode Scorpion Track libère, quant à lui, totalement les 280 ch et 345 Nm. Pour se sentir encore plus stimulé au volant, le Sound Generator 2.0 est disponible et simule le grondement des précédents moteurs 4 cylindres de la marque. Abarth laisse au conducteur le choix de l’activer ou pas…contrairement au son des clignotants, peu agréable à écouter et exagérément fort.

Sur les courbes sinueuses du circuit de Lignières, l’Abarth 600e nous avait fait bonne impression. Sur les routes de montagne, on retrouve cette rigueur au niveau du châssis. Certes, à l’accélération il faut bien tenir le volant entre ses mains, surtout lors des changements d’angles du volant dans les accélérations à pleine charge sur les revêtements de route inégaux. Mais le tout est bien calibré, la direction étant assez réactive et pas trop légère pour éviter des sensations floues. Côté performances, les 280 ch sont largement suffisants pour se faire plaisir. Le différentiel propulse efficacement la voiture en sortie de courbe. Avec toute cette cavalerie aux roues avant, il est mis à rude épreuve. Fait étonnant : il est désactivable… mais seulement avant 50 km/h. Autre petite surprise à relever : sur un départ arrêté en entrée d’autoroute (à plat et sans passagers) nous avons mesuré un 0 à 100 km/h en 5.5 secondes au lieu des 5.85 secondes annoncées par le constructeur !  

Bien qu’étant dépourvue de palettes au volant pour régler la force régénérative du moteur électrique, l’Abarth 600e adopte une gestion des décélérations homogène pour la majorité des situations. Pour les descentes raides, le mode B (one pedal) est disponible. La voiture intègre une batterie de 54 kWh : voyons maintenant ce que cela implique concrètement au niveau de l’autonomie dans un trajet indicatif en aller-retour de Sierre (Valais) à Lugano (Tessin).

Ulrichen (1358 m) : 83 kilomètres après mon départ depuis Sierre (534 m) avec batterie rechargée à 100%, l’autonomie a fondu jusqu’à 72%. À combien de pourcentage me retrouveraije au sommet du col du Nufenen à 2478 m, après 1120 m de dénivelé à grimper en 14 kilomètres ? Verdict, 12 minutes plus tard : 53% d’autonomie restante. Vu le col libre de tout trafic et une conduite sportive en mode Scorpion Track, je m’attendais à pire. Verdict final de ce trajet de 199 kilomètres jusqu’à Lugano (333 m) : 32% d’autonomie restante.

Après de nouvelles recharges jusqu’à 100%, la première partie du retour par le même itinéraire a cependant été plus énergivore : au moment de rejoindre à nouveau le col du Nufenen, il ne me restait plus que 41% d’autonomie. Cela est notamment dû à la consommation plus grande en climatisation, les 35 degrés du climat tessinois se faisant sentir. Au total, ce trajet aller-retour de 433 kilomètres, sans passagers, s’est soldé avec une consommation moyenne de 19.2 kWh/100 km. La voiture peut être rechargée via des bornes rapides de 100 kW de 20 à 80% en 35 minutes. Durant cette attente, vous pourrez vous distraire avec des jeux de société présents dans le système multimédia.  

En conclusion, l’Abarth 600e n’offre pas un grand rayon d’utilisation pour de longs trajets, en particulier si l’on évolue dans des environnements montagneux isolés et non sur autoroutes, les bornes rapides sont facilement trouvables... Et, paradoxalement, c’est bien sur les routes de montagnes que l’Abarth 600e est attirée, un environnement elle révèle totalement son caractère sportif

Notre Abarth 600e Scorpionissima affiche un prix de base de CHF 51’900.-, montant qui inclut un équipement standard plutôt riche : Pack ADAS+, kit mains libres, vitrage teinté arrière etc. L’unique option de notre exemplaire est la peinture violette (CHF 800.-). Un “Abarth Bonus” de CHF 3000.- allège finalement le montant final à CHF 49’700.-. La toute première voiture 5 portes du préparateur italien affronte une concurrence hétérogène : Cupra Born VZ (propulsion, 326 ch, à partir de CHF 49’400.-), ou encore Smart #1 Brabus (4×4, 428 ch, à partir de CHF 50’490.-). L’Alfa-Romeo Junior Veloce, dont nous vous proposerons prochainement l’essai, est également sur le papier une rivale très sérieuse : elle dispose de la même batterie, tout en étant légèrement plus courte et même moins lourde (4.17 m et 1635 kg, contre 4.18 m et 1716 kg pour la 600e). 

L’avis de Sport-Auto.ch

Avec son comportement dynamique convaincant, la 600E montre qu’un petit SUV électrique sportif peut être très divertissant à conduire. La voiture réussit à peser bien moins que 2 tonnes, un poids plutôt contenu pour son segment et qui profite grandement à l’agilité. Oui, cette Abarth vous fera sourire dans des parcours sinueux et sur ce genre de route pourra certainement contrarier d’autres SUV électriques de gamme supérieure plus puissants sans problèmes. L’ADN Abarth est-il donc respecté ? Sur ce point oui. Le revers de la médaille est que la 600e souffre d’un spectre d’utilisation bridé, qui rend les voyages et trajets étendus non pas impossibles mais… plus contraignants.  

nicolas[@]sport-auto.ch

Merci à Astara Switzerland et Abarth Suisse pour ce prêt de cette Abarth 600e Scorpionissima. 

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