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Paul Blancpain: «Jo Siffert m’a tout appris ou presque»

Carnaval de Rio Carnaval de Rio         [caption id="attachment_15135" align="alignleft" width="205"]Ayrton Senna au Carnaval Ayrton Senna au Carnaval de Rio[/caption] Alors que le carnaval de Rio bat son plein, Sport-auto.ch vous propose d’aller faire un petit tour au Brésil, non pas pour y évoquer le carnaval cher à Ayrton Senna, mais pour y rencontrer l’ancien pilote suisse Paul Blancpain. Celui qui a participé à trois éditions des 24 Heures du Mans (1972, 1973 et 1974) et qui a été pendant de nombreuses années le manager de Jo Siffert, habite en effet au Brésil depuis 40 ans. Il goûte à présent à une retraite méritée à Buzios, le St-Tropez brésilien rendu célèbre dans les années soixante par l’actrice Brigitte Bardot. [caption id="attachment_15138" align="alignright" width="195"]Paul Blancpain Paul Blancpain[/caption] Il fait un peu plus de 30 degrés et Paul Blancpain (71 ans) nous attend à l’ombre d’un magnifique flamboyant à l’entrée de Buzios, une des stations balnéaires les plus réputées de cette région située à 160 km au nord de Rio de Janeiro. Après nous avoir fait découvrir les plus belles plages de la presqu’île de Buzios, celui que ses amis fribourgeois appelaient «le grand Paul» est visiblement heureux d’évoquer quelques-uns de ses souvenirs. [caption id="attachment_15141" align="alignleft" width="300"]Grand-Prix de Colombie de 1971, Paul Blancpain (à gauche) avec Jo Siffert Grand-Prix de Colombie de 1971, Paul Blancpain (à gauche) avec Jo Siffert[/caption] Paul Blancpain, le fait que vous habitiez au Brésil depuis 40 ans n’est pas étranger à votre voyage en Amérique du Sud avec Jo Siffert en 1971…

C’est vrai, j’avais beaucoup aimé mon déplacement avec Jo Siffert en Colombie où il avait participé à deux courses de F2 à deux semaines d’intervalle, au mois de février, et où nous avions fait du tourisme à Leticia à la frontière avec le Brésil. Du coup, une année après sa mort, lorsque les organisateurs des 500 Km d’Interlagos m’invitèrent à participer à leur course avec d’autres pilotes européens, je n’ai pas hésité. Comme Jo Siffert me l’avait appris, j’avais demandé à ne pas m’envoler en même temps que les autres pilotes, juste avant la course, mais une semaine plus tôt.
Pour quelle raison?
Pour rééditer le coup que Jo Siffert avait effectué une année auparavant. Sitôt arrivé sur place, il avait pris l’annuaire téléphonique local et avait commencé à appeler différentes entreprises pour leur demander si elles n’étaient pas intéressées à le sponsoriser. Non sans succès! A Interlagos, j’en fis de même et eus droit à de nombreux articles et émissions de télévision. Il est vrai qu’il s’agissait de la première grande course internationale organisée au Brésil et que tout le pays suivait avec ferveur le sport automobile en cette année 1972 qui allait permettre à Emerson Fittipaldi de remporter son premier titre mondial en F1.
[caption id="attachment_15144" align="aligncenter" width="219"]Paul Blancpain et Reinhold Joest, septembre 1972 Paul Blancpain et Reinhold Joest, septembre 1972[/caption] [caption id="attachment_15145" align="aligncenter" width="300"]Paul Blancpain dans la presse brésilienne en 1972 Paul Blancpain dans la presse brésilienne en 1972[/caption] Comment s’est déroulée votre course à Interlagos?
Très bien! J’ai terminé 6e au classement général et 1er dans la catégorie jusqu’à deux litres avec une Chevron dont Jo Siffert assurait l’importation en Europe continentale depuis la préparation du film «Le Mans» de Steve McQueen.
Un film qui vous rappelle de très bons souvenirs, non?
[caption id="attachment_15147" align="alignleft" width="300"]Paul Blancpain à droite et Jean-Pierre Jabouille, tournage du film Le Mans 1970 Paul Blancpain à droite et Jean-Pierre Jabouille, tournage du film Le Mans 1970[/caption] Oui, la veille du Grand-Prix de Monaco de 1970, Jo Siffert m’avait demandé de venir d’urgence dans la Principauté afin de participer aux négociations avec les Américains qui souhaitaient nous louer pour le film les voitures suivantes: deux Porsche 917, une 914-6, quatre 911, une Corvette et deux Chevron. Seppi répondit qu’il avait toutes ces voitures, ce qui, bien entendu, n’était pas vrai. En fait, il n’en avait qu’une seule, la 917!
Comment avez-vous fait alors?
Après l’entretien avec les Américains, Seppi m’a dit: «Achète la Corvette et des 911 d’occasion en parcourant les annonces de la Revue automobile et on les maquillera en voitures de course. Idem pour la seconde 917 qui était en fait une 908 queue longue avec des éléments en polyester de Franco Sbarro. Quant aux Chevron, cela faisait longtemps que l’usine nous demandait d’en assurer la représentation, ce qui se concrétisa à temps pour le tournage du film. Jo Siffert m’a tout appris – ou presque – et je n’ai pas manqué de m’en inspirer au Brésil…
D’où votre arrivée prématurée avant les 500 Km d’Interlagos…
[caption id="attachment_15148" align="alignright" width="300"]Tournage du film Le Mans avec Paul Blancpain à l'arrière-plan à gauche Tournage du film Le Mans avec Paul Blancpain à l’arrière-plan à gauche[/caption] Tout à fait! A ce sujet, une anecdote me revient à l’esprit. Le lendemain de la course, arrivés de nuit à l´aéroport de Rio de Janeiro en provenance de Sao Paulo avec mon épouse, nous montons dans un taxi pour rejoindre notre hôtel où nous arrivons après une heure de route. Quelle ne fut notre surprise, le lendemain, de constater que nous étions à côté de l’aéroport! Cela m’a fait encore plus apprécier le Brésil et la mentalité de ses habitants. Plutôt que de profiter des touristes que nous étions en nous demandant un prix excessif pour un court trajet, notre chauffeur nous avait fait visiter tous les beaux quartiers de Rio au bord de l’océan!
Avez-vous d’autres anecdotes sur le Brésil?
J’en aurais des centaines mais je tiens surtout à relever que j’ai beaucoup apprécié les années passées tout d’abord à la tête de mon «Cheval Blanc», un restaurant dont la définition était «produits locaux, recettes françaises et qualité suisse», puis de mon hôtel. Tous deux à Buzios. Il y souffle toujours une brise qui atténue très agréablement la chaleur. Deux de mes trois fils ont désormais leur propre restaurant. Quant au troisième, il est skipper professionnel. Je ne suis plus rentré en Suisse depuis 1995 et le brouillard, de même que les hivers rigoureux ne me manquent pas. Ici, la température ne descend jamais au-dessous de 17 degrés!
 
 
PAUL  BLANCPAIN :  Trois participations aux 24 Heures du Mans et une participation aux 24 Heures de Daytona [caption id="attachment_15149" align="aligncenter" width="297"]Paul Blancpain, Porsche 911 Paul Blancpain, Porsche 911[/caption] [caption id="attachment_15150" align="aligncenter" width="300"]Paul Blancpain, Porsche 908-3, 24 Heures de Daytona 1973 Paul Blancpain, Porsche 908-3, 24 Heures de Daytona 1973[/caption] Naissance le 1er mai 1943 à Fribourg, au sein de la famille propriétaire de la brasserie Cardinal. Rend différents services, alors qu’il est encore adolescent, à Jo Siffert avant de devenir son manager et de courir en Citroën 2CV, tout d’abord, puis en Porsche 356. Au début, il vend aussi des églises livrées clés en mains par l’architecte suisse Pierre Dumas. «J’en ai vendu beaucoup en France où, à cette époque, se construisaient de nombreux quartiers dans les banlieues. Je me souviens que je m’étais arrangé pour que ma rencontre avec le curé du Mans ait lieu pendant la semaine des 24 Heures du Mans», rigole Paul Blancpain. Dispute trois fois les 24 Heures du Mans en 1972, 1973 et 1974. Après plusieurs courses sur une Chevron, il termine sa carrière avec un 5e rang aux 1000 Km du Castellet de 1974 avec une Porsche 908. «De 1972 à 1974, j’ai obtenu 7 victoires de catégorie ou au classement général et 12 classements dans les dix premiers», précise-t-il. Emigre à la fin de l’année 1974 au Brésil où il a tenu jusqu’en 2008 un restaurant, puis un hôtel à Buzios, le St-Tropez brésilien. A la retraite depuis 2009. LM [caption id="attachment_15151" align="aligncenter" width="300"]La Porsche 911 RSR de Paul Blancpain aux 24 Heures du Mans 1974 La Porsche 911 RSR de Paul Blancpain aux 24 Heures du Mans 1974[/caption] [caption id="attachment_15152" align="aligncenter" width="300"]Paul Blancpain, Porsche 908-3, 24 Heures de Daytona 1973 Paul Blancpain, Porsche 908-3, 24 Heures de Daytona 1973[/caption] Crédit des photos @DR, @Laurent Misbauer et archives Missbauer
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