Le pilote suisse Christophe Hurni, champion Ferrari Challenge 2018, a commencé sa nouvelle saison en terminant respectivement 7ème et 14ème des deux premières courses de ce championnat Ferrari Challenge 2024. Récit au cœur de l’action de ce weekend sur le circuit du Mugello en Italie.
Les nuages planent dans le ciel de Toscane le matin de ce samedi 4 mai 2024. Plus de 60 Ferrari de course regroupées dans le paddock du circuit du Mugello attendent de s’élancer à l’occasion du début d’une nouvelle saison de compétition acharnée : le trophée Ferrari Challenge 2024. Mais en quoi consiste en particulier ce championnat ? Créé dans les années 90 par des propriétaires de Ferrari souhaitant se mesurer entre eux, le Ferrari Challenge est un championnat monotype de sport automobile qui comprend plusieurs catégories. Encadré par Ferrari, il englobe chaque année 3 championnats officiels répartis en Asie, Europe et Amérique du Nord.
Le Ferrari Challenge Europe est divisé en trois sous-catégories : Trofeo Pirelli, Coppa Shell et Coppa Shell AM. On retrouve cette année tant des Ferrari 296 Challenge (à moteur V6 de 700 CV) que des Ferrari 488 Challenge Evo (moteur V8 de 680 cv) sur la grille remplie par de nombreuses équipes venant de toute l’Europe. Lors des courses, le barème des points est distribué de manière dégressive entre la 1ère et 8ème place, le vainqueur obtenant 15 points. Chaque week-end est organisé de la manière suivante : le vendredi est réservé pour les essais libres, les pilotes devant se préparer au mieux pour les « Qualifications 1 » disputées le samedi matin et définissant la grille de départ pour la « Course 1 » disputée le samedi après-midi. Le dimanche est organisé de la même manière, offrant donc la possibilité aux pilotes de disputer une autre séance de qualification (« Qualifications 2 ») et course (« Course 2 ») durant le même weekend. À noter que chaque course sprint dure au maximum 30 minutes, qu’importe les faits de course.
Nous nous trouvons donc au Mugello à l’occasion de la première des 7 manches du Championnat Européen Ferrari Challenge, qui se terminera les 19 et 20 octobre prochain à Imola en Italie, durant les « Finali Mondiali ». Ce circuit niché dans les collines de Toscane en dessus de Florence, se caractérise par une piste longue de 5245 mètres comprenant au total 15 virages, dont certains sont en aveugle sur des crêtes. La longue ligne droite des stands (1141 mètres) permet d’atteindre des vitesses maximales très élevées. Conçu dans les années 1970 puis récemment rénové, l’Autodromo di Mugello n’a subi aucune modification de son tracé depuis le début, fait plutôt rare au niveau international.
Mais voilà que nous apercevons Christophe Hurni dans le paddock, entrainant ses réflexes avec des balles de tennis aux mains. Le pilote suisse, qui a pour son actif des participations en sport automobile depuis plus de 40 ans, reprend donc cette nouvelle aventure du Ferrari Challenge, six ans après son titre de champion du monde obtenu en 2018. Il nous conduit avec enthousiasme vers le box où sa fidèle équipe de la Scuderia Zenith supervise les derniers préparatifs avant la première séance de qualification du samedi matin.
Le moteur de la Ferrari 296 Challenge (numéro 162) rugit et la voiture jaune prend la piste. La séance est compliquée : le traffic est difficile à gérer et compromet certains de ses tours rapides. De plus, avec un seul train de pneus disponible pour cette séance, il est difficile d’avoir plusieurs tentatives propres. Il faut 2 tours d’installation pour pouvoir les mettre en température optimale, et ceux-ci se dégradent plutôt rapidement après les tours rapides. Le Neuchâtelois décroche la 13ème place sur la grille. « Il me faut encore de l’expérience. Un peu plus de kilomètres et de travail, et ça va venir ! ». Avec calme et détermination, le pilote sait avoir une approche sensible et progressive sur ses weekends de course. Petite surprise cependant : sa Ferrari 296 Challenge affiche la vitesse maximale du plateau en fond de ligne droite (plus de 280 km/h). C’est en partie grâce aux réglages aérodynamiques savamment modifiés et optimisés le vendredi, en symbiose avec le pilote et l’équipe, que cette statistique s’explique. Quoi qu’il en soit, les prévisions étaient justes : le peloton est très regroupé en termes de performances pures, quelques dixièmes de retard au tour se traduisant en pertes de positions conséquentes sur la grille de départ.
La course du samedi commence par une mise en grille procédurale, toutes les voitures devant se stabiliser à vitesse constante avant de pouvoir lâcher leur bride dès que le drapeau vert apparaît. Grâce à un excellent départ et une course opportuniste, le Neuchâtelois passe la ligne d’arrivée en 7ème position, bénéficiant notamment d’erreurs commises par d’autres pilotes. Cependant plusieurs aspects ont perturbé sa progression, notamment un problème au niveau du boitier électronique gérant l’antipatinage. De plus, peu après la mi-course la dégradation des pneus est déjà conséquente. Peu importe, les enseignements sont pris et les esprits sont tournés vers le lendemain.
Le dimanche offre des conditions légèrement plus ensoleillées que la veille et Christophe Hurni se relance pour sa deuxième séance de qualification matinale. Le Neuchâtelois améliore sensiblement son chrono de référence par rapport à la veille et se place 10ème sur la grille. Il est intéressant de souligner que la plupart des concurrents les mieux placés sur la grille ont participé à des tests préliminaires sur le circuit la même semaine, générant donc une expérience de la piste avantageuse par rapport à la grande majorité du peloton. Cependant on voit ce dimanche que beaucoup sont arrivés à saturation dans leur performance sur un tour, les pilotes n’étant plus capables de s’améliorer encore par rapport à la veille.
La dernière course du dimanche a été compliquée pour le pilote Neuchâtelois. Le souci électronique de contrôle de traction (absent pendant les qualifications du matin) est revenu et déstabilisait grandement la voiture dans les changements de direction. De plus, un adversaire s’est appuyé sur sa Ferrari 296 Challenge lors d’un dépassement, abimant le côté de la voiture. La course finit avec une 14ème place finale frustrante, mais qui conclut un weekend riche en enseignements pour Christophe Hurni et l’équipe de la Scuderia Zénith.
Le pilote revient sur son weekend en nous détaillant ses sensations à bord de sa nouvelle voiture, sur ce circuit exigeant du Mugello :
Christophe Hurni :
« Les sensations ont été bonnes, cette nouvelle Ferrari 296 Challenge est plus homogène et facile à prendre en main que la précédente Ferrari 488 Challenge de 2018. Elle est prévenante dans ses réactions et bien équilibrée. La journée d’essais du vendredi s’étant disputée dans des conditions météorologiques changeantes, nous avons pu bénéficier de seulement 20 minutes de conduite sur le sec ici. J’ai donc manqué de kilomètres pour avoir une préparation optimale pour le samedi. De plus, il y a notamment l’aspect de la dégradation des pneus que je ne maîtrise pas encore bien, donc il faudra dans les prochaines semaines travailler sur cela. En général, il me manque donc encore du roulage sur cette voiture pour progresser. Nous avons cependant prévu un programme d’entraînement efficace durant ces prochaines semaines, où je pourrai notamment compter sur les conseils professionnels de Grégoire Saucy qui va pouvoir m’aider à préparer au mieux la voiture pour pouvoir maximiser nos chances durant les prochaines manches. »
Au niveau compétitif, que retenir de ce 1er weekend du championnat ?
Christophe Hurni :
« Le niveau des adversaires est très élevé. Au niveau du classement je ne suis pas encore où je voudrais être, mais je sens qu’il y aura beaucoup de progression à venir pour les prochaines manches. Le milieu est devenu très pro et il faut que nous nous mettions à niveau, mais nous savons comment le faire. Nous avions aussi connu une première manche difficile en 2018, et avions été capable de redresser la barre avec succès lors des manches suivantes. De plus, en ce qui concerne la pointe de vitesse pure, je suis plutôt confiant. Mon temps de qualification le dimanche a été seulement 1.6 seconde plus lent que la pôle et, par rapport à d’autres concurrents, j’ai été capable de sensiblement abaisser mes temps au tour entre les qualifications du samedi et du dimanche. En course, j’ai eu cependant beaucoup plus de difficulté : les pneus se dégradaient déjà après 7-8 tours. De plus, durant les deux courses du samedi et dimanche, nous avons eu des problèmes électroniques au niveau de l’antipatinage. Ces coupures d’accélérations gênantes ont beaucoup compromis notre rythme de course. La pièce a été changée par Ferrari le samedi, mais cela n’a pas fonctionné. »
Quant à Blaise Zuchuat, le patron de la Scuderia Zénith, il commente la première course de son équipe avec positivisme :
« Nous avons su terminer cette première manche de ce championnat relevé avec de bons enseignements et sommes à présents tournés vers la prochaine manche, dans un mois sur un nouveau circuit que tout le monde va découvrir. Avec notre équipe compétente pouvant compter sur la précieuse expérience de notre pilote Christophe Hurni, je ne doute pas que nous allons continuer à progresser tout au long de cette saison palpitante. »
La prochaine manche du championnat Ferrari Challenge aura lieu du 30 mai au 2 juin prochain sur le nouveau circuit de Balaton en Hongrie, et nous suivront attentivement les progrès de Christophe et son équipe de la Scuderia Zénith tout au long de cette saison prometteuse !
Crédits photo: Nicolas Mari / Sport-Auto.ch et Sports-Promotion.ch