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F1 – Un nouveau livre sur Patrick Tambay

1982-2022: la saison de F1, qui débutera le 20 mars au Grand Prix de Bahreïn, coïncidera avec le 40e anniversaire d’une des saisons les plus folles de la F1, celle qui vit Patrick Tambay débuter chez Ferrari après le décès de Gilles Villeneuve. Un nouveau livre, intitulé « Patrick Tambay, pilote et gentleman », revient en détail sur cette saison 1982 ainsi que sur les années suisses de Patrick Tambay. Les passages consacrés à la période où il habitait à Villars méritent à eux seuls l’achat de ce livre préfacé par Jean-Claude Killy.

Pourquoi Jean-Claude Killy, triple champion olympique de ski alpin en 1968, a-t-il écrit la préface de ce nouveau livre? Parce que Patrick Tambay a été lui aussi un skieur de très haut niveau. « Champion de France junior de descente, Patrick était doué, mais surtout accrocheur. Il était également combatif et courtois », écrit Jean-Claude Killy dans sa préface.

Cette ancienne carrière de skieur n’a pas été étrangère au fait que Patrick Tambay s’installe dans la station de ski de Villars quand il courait chez Ferrari. Celui qui est né le 25 juin 1949 à Paris n’arrive cependant pas seul dans les Alpes vaudoises. Il y vient avec son épouse Dana et leur fille Esti, âgée d’à peine 8 mois, ainsi qu’avec Joann Villeneuve, la veuve de Gilles Villeneuve, et ses deux enfants, Jacques et Mélanie, que Patrick Tambay a inscrits au Collège Beau Soleil de Villars.

Bien avant qu’il ne succède à Gilles Villeneuve, décédé le 8 mai 1982 à Zolder, au volant de la Ferrari numéro 27, Patrick Tambay était en effet un ami intime du pilote canadien. Ils avaient couru tous le deux en Canam et avaient débuté tous les deux en F1 lors du Grand Prix de Grande-Bretagne de 1977. Gilles Villeneuve sur une McLaren et Patrick Tambay sur une Ensign.

Ce nouveau livre « Patrick Tambay, pilote et gentleman », écrit par José Valli avec la complicité d’Olivier Rogar, le fondateur du site www.classiccourses.fr, passe en revue avec une multitude de détails, d’anecdotes et d’entretiens toute la carrière de Patrick Tambay. L’année 1982, « une de ces années à marquer d’une pierre noire dans l’histoire de la course automobile » pour reprendre les propos du journaliste Johnny Rives cité dans le livre, y occupe une place très importante.

Patrick Tambay qualifie la saison 1982 de véritable « ascenseur émotionnel, aussi bien en ascension qu’en descente ». La descente, ce sera la mort de Gilles Villeneuve le 8 mai et le gravissime accident dont allait être victime le 7 août son coéquipier Didier Pironi chez Ferrari. L’ascension, ce sera la naissance de sa fille Esti le 12 mars, ses débuts chez Ferrari le 1er juin et sa première victoire le 8 août à Hockenheim, au lendemain de l’accident de Pironi.

Au sujet de cet accident, on lit ce qui suit à la page 316 du livre: « Il fallut 24 minutes pour extraire Didier des débris de sa monoplace avant de le transférer à l’hôpital d’Heidelberg. Sa vie et ses jambes furent sauvées, mais c’en était fini de sa carrière… La tragédie prit des airs de farce lorsque la petite amie de Pironi fut priée de quitter l’hôpital, la femme de Didier étant arrivée… »

Pour la petite histoire, on relèvera que Didier Pironi avait été marié au mois d’avril de cette année 1982 par le tout jeune maire de Neuilly Nicolas Sarkozy et que son mariage battait déjà sérieusement de l’aile en juillet. Le pilote français avait eu en effet un coup de foudre pour l’actrice Véronique Jannot, célèbre pour avoir notamment tourné dans le film « Le toubib » avec Alain Delon ainsi que dans la série télévisée « Pause café » qui avait enregistré des records d’audience en France. Véronique Jannot avait accompagné Didier Pironi aussi bien à la course de côte d’Ayent-Anzère qu’au Grand Prix d’Allemagne disputé une semaine plus tard…

La deuxième victoire de Patrick Tambay, obtenue au Grand Prix de St-Marin le 1er mai 1983, allait susciter elle aussi beaucoup d’émotions. « Un an plus tôt, j’avais été appelé par la Scuderia pour pallier la disparition de Gilles Villeneuve », raconte Patrick Tambay. « Je portais le numéro 27 et il existait à l’époque un relationnel très profond entre les tifosi et cette Ferrari numéro 27. D’autant plus fort que le précédent Grand Prix de St-Marin avait été le dernier grand prix auquel Gilles avait participé. En outre, il s’était élancé depuis la 3e place sur la grille de départ et les circonstances ont voulu que je sois, moi aussi, placé à cette même position. Et sur plusieurs banderoles des spectateurs, on pouvait lire Patrick, venge Gilles ! »

On rappellera en effet que douze mois plus tôt, Didier Pironi avait dépassé Gilles Villeneuve vers la fin de la course alors qu’il était en tête. Le photographe Paul-Henri Cahier décrit cette fin de course comme suit : « Villeneuve menait devant Pironi et les positions étaient stabilisées. Puis vint le moment où Villeneuve fit une erreur et mit sa Ferrari dans l’herbe (https://youtu.be/OKVgEazd0Kg?t=17). Pironi se retrouva alors en tête mais Villeneuve décida de repasser Pironi. A partir de ce moment, c’était un vrai duel pour la victoire entre les deux pilotes et Ferrai ne fit rien d’autre que passer le panneau SLOW. Ambigüité parfaite, pas d’ordre, pas de consignes. » Le pilote canadien estima néanmoins que Didier Pironi lui avait volé la victoire à cette occasion. Après avoir remporté ce grand prix, Patrick Tambay relève qu’il s’agit « du plus beau jour de sa vie de pilote » : « Pendant toute la course, je n’ai pas arrêté de penser à Gilles Villeneuve. Je lui dédie cette victoire. » Le soir même, il reçut un appel téléphonique de Joann Villeneuve qui prononça ces quatre mots: « Tu l’as vengé! »

Entre ces deux victoires, celle de Hockenheim en 1982 et celle d’Imola en 1983, le livre de José Valli évoque la vie de Patrick Tambay dans les Alpes vaudoises. « C’est Miguel Ernand, un fan inconditionnel de Ferrari, qui m’a trouvé L’Eau vive, le chalet que je louais à Villars. Je peaufine ma préparation physique avec Jean-Michel Heiz, le chocolatier-pâtissier-boulanger de Villars, un athlète affûté qui a fait partie de l’équipe de Suisse de hockey sur glace et qui va devenir mon coach sportif. Dans le voisinage immédiat se trouve également Claude Sage, l’importateur Honda pour la Suisse qui est d’ailleurs devenu le parrain de Loïc, le premier de mes deux fils. Je ne peux que remercier mon ami Bernard Cahier, le célèbre photographe, de m’avoir conseillé de m’installer à Villars où j’ai pu préserver ma famille de la folie italienne qui s’emparait des tifosi quand ils croisaient un pilote Ferrari, empêchant toute discrétion », relève Patrick Tambay.

Un Patrick Tambay unanimement apprécié, notamment par Mauro Forghieri, l’ingénieur en chef de Ferrari, et par Brenda Vernor, la secrétaire d’Enzo Ferrari pour ne citer que deux témoins de l’époque parmi tant d’autres. Le premier l’a qualifié de « pilote qui était non seulement rapide et constant dans ses résultats mais qui possédait également un très bon niveau technique ». La seconde l’a décrit comme suit: « Patrick était un garçon adorable. Il a été le seul pilote pour lequel j’ai pleuré lorsqu’il a quitté la Scuderia. Il était un gentleman, gentil, attentionné, avec de bonnes manières… »

Ses bonnes manières n’avaient pas non plus échappé à Jean-Claude Killy. « Son éducation était excellente. Quant à son talent, il lui a permis d’obtenir de nombreuses victoires et de contribuer aux deux titres mondiaux constructeurs remportés par Ferrari en 1982 et en 1983 », devait notamment relever le triple champion olympique dans ce livre que l’on peut acheter pour 37 euros sur le site www.classiccourses.fr. Sachez encore que ce nouveau livre comporte 558 (!) pages et de nombreuses photos, notamment de Paul-Henri Cahier, qui a également signé celle de la couverture du livre, et de Bernard Asset, qui est l’auteur du très beau cliché où l’on voit Patrick Tambay en train de skier à Villars avec, sur ses épaules, sa fille Esti, alors âgée de deux ans.

Crédits des photos: Studio Patrick Villars/Archives Patrick Tambay et Laurent Missbauer

 

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