Trois éditions et trois victoires, tel est le bilan de Ferrari depuis son retour au Mans en catégorie reine. Et, pour cette troisième victoire, c’est un troisième équipage qui l’emporte puisque Robert Kubica, Yifei Ye et Philip Hanson prennent la suite des équipages des 50 et 51 vainqueurs en 2024 et 2023.
Pourtant, après des qualifications où les Cadillac du Team Jota allaient monopoliser la première ligne, ce sont les Porsche qui allaient dominer le début de course : Julien Andlauer dominant la première heure en prenant la tête dès les premiers tours avant de creuser une petite avance sur ses poursuivants. Dans le même temps, Kevin Estre, au volant de la Porsche n°6, remontait de la 21ème place, suite au déclassement pour poids non conforme en qualification, et se retrouvait rapidement dans le haut du tableau.
Mais, alors que les Ferrari, dominatrices depuis le début de saison, étaient en milieu de peloton, l’arrivée de la nuit allait voir les pilotes des prototypes italiens prendre l’ascendant.
Ainsi, au petit matin, les trois 499P pointaient en tête, même si, en fonction des ravitaillements, la Porsche n°6 parvenaient à prendre le commandement à diverses reprises. Et, la journée avançant, l’équipage de la 6 parvenait, progressivement, à refaire une partie de son retard au point de reprendre le meilleur sur les équipages des 50 et 51, ces derniers ayant connu quelques déboires (pénalité et passage dans le bac à gravier).
Et, dans les dernières heures de course, c’est la Ferrari n°83, qui menait la danse devant la Porsche n°6 et les demi-sœurs officielles 50 et 51. Sans faire de faute malgré un très long relais final de plus de 3 h, Robert Kubica concluait l’épreuve avec une quinzaine de seconde d’avance sur Kevin Estre, lequel parvenait à contenir les Ferrari derrière lui, les 499P semblant avoir quelques difficultés avec leurs pneumatiques lors des plus hautes températures.
Cinquième et dernière dans le tour des vainqueurs, la Cadillac n°12, qui s’élançait de la pole, démontre une bonne vélocité du prototype américain, même si les équipages des V-Series.R ne parvenait pas à tenir la vélocité, marqué par le record du tour, sur l’ensemble d’un relais. Sixième, a Toyota n°7 ne fut jamais en lutte pour les premiers rangs contrairement à la n°8 de Sébastien Buemi. En effet, la GR010 du pilote suisse et de ses coéquipiers pointait dans le trio de tête en fin de nuit en fonction des ravitaillements, mais la perte d’une roue à l’issue d’un pit-stop signait le glas de tout espoir de bon résultat, et terminait au seizième rang :
Sébastien Buemi : « C’est clairement une course décevante pour nous. Nous espérions un bien meilleur résultat, mais nous n’avons jamais vraiment été dans la course pour la victoire. Nous avons été réguliers et nous n’avons écopé d’aucune pénalité, ce qui nous a permis de rester dans la course jusqu’à ce problème technique. Cela nous a pratiquement mis hors course, sans quoi je pense que nous aurions probablement terminé cinquièmes. Il faut se ressaisir, analyser ce qui s’est passé et voir ce que nous pouvons améliorer pour l’année prochaine. »
Deux places devant la Toyota à l’arrivée, Neel Jani et ses coéquipiers de la Porsche privée du Proton Competition n’allait pas, non plus, être épargné par les faits de course après un début de course prometteur :
Neel Jani (Porsche 963 n° 99) : « Tout s’est très bien passé pour nous au départ. Nous avons même pu nous battre pour une place dans le top 10 jusqu’à minuit et étions proches de la Porsche d’usine n° 4, mais lors de la phase de safety-car nous avons perdu un tour et nous n’avons jamais pu compenser ensuite, c’est dommage. Par la suite, nous n’avons pas eu le temps de nous ennuyer : nous avons subi un contact, avons cassé une jante et bien d’autres choses encore. Il se passait toujours quelque chose. »
Dans les rangs de BMW, la course fut tout aussi décevante. Si les deux M Hybrid V8 s’étaient hissé en Hyperpole 2 et restaient aux avants poste en première partie de course, elles allaient ensuite chuter au classement la fiabilité des prototypes bavarois faisant défaut, et l’équipe décidait même, un temps, de laisser les autos dans les stands avant de repartir en fin de course afin de franchir la ligne d’arrivée. Mais, comme le témoigne Raffaele Marciello, 19ème à 26 tours des vainqueurs, c’est un résultat très frustrant :
Raffaele Marciello : « Ce n’est certainement pas le week-end que nous souhaitions. C’est très décevant, non seulement pour nous, mais aussi pour la voiture n° 20. Après les deux dernières courses décevantes du Mans, nous devons apporter quelques changements pour progresser. Espérons que les 24 heures du Nürburgring seront meilleures. Nous ferons de notre mieux. »
À noter que le pilote suisse fait partie des rares à prendre part aux 3 courses de 24h en 3 semaines : Le Mans, Nürburgring et Spa.
LMP2 : Nouveau podium pour Louis Delétraz qui l’emporte en Pro-Am
Si les Helvètes ont connu des courses difficiles en Hypercar et en GT3, la catégorie LMP2 leur a, en revanche, souris. Ainsi, Mathias Beche signait la pole position de la catégorie lors de l’Hyperpole précédant l’oreca n°43 d’inter Europol et Louis Delétraz qui signait le troisième temps sur l’Oreca du AO by TF. Mais les deux pilotes suisses, dont les autos étaient engagées en Pro-Am, ne pouvaient ensuite rivaliser en raison de leurs coéquipiers amateurs.
Devant, Inter Europol Competition allait mener l’épreuve de main de maître et Tom Dillmann, Nick Yelloly et Kuba Smiechowski menait l’Oreca n°43 sur la plus haute marche du podium malgré une pénalité en fin de course qui leur faisait perdre, temporairement, la place de leader &au profit du VDS Panis Racing. Mais l’équipage de l’équipe polonaise reprenait rapidement le leadership et offrait la deuxième victoire au Mans, en 3 ans, au Inter Europol Competition.
Troisième, Louis Delétraz, qui était également pilote de réserve chez Cadillac, fut impressionnant en début de course et la récompense est venu par ce podium et surtout la victoire en classe Pro-Am, devant l’auto du TDS Racing de Mathias Beche, deuxième de classe et cinquième du LMP2. Moins de réussite en revanche pour Matthias Kaiser huitième et Patrick Pilet douzième sur la ligne d’arrivée.
LM GT3 : Manthey offre la victoire à Porsche
Comme en Hypercar, la lutte finale opposait Porsche et Ferrari en LM GT3, mais à l’inverse de la catégorie reine, c’est une GT allemande qui s’impose. Ainsi, Richard Lietz, Ryan Hardwick et Riccardo Pera l’emportaient devant la Ferrari n°21 la Corvette n°81 du TF Sport complétant le podium de la catégorie. Comme en Hype’rcar, ce fut une course à oublier pour les BMW. Si les M4 GT3 occupaient les avants postes lors de la première moitiée de course, ce fut finalement un double abandon avec une panne pour la 46 du multiple champion de moto Valentino Rossi, la n°31 étant victime malencontreusement de la rencontre avec un pauvre lapin.
Dans les rangs suisses, le Kessel Racing sauve l’honneur avec une huitième place finale alors que Rahel Frey et ses coéquipières Iron Dames terminent au seizième et dernier rangs de la catégorie, après une course compliquée. A noter que la semaine de la Porsche n°85 débutait par un changement de pilote puisque Sarah Bovy était appelée à remplacer Michelle Gatting, la Danoise ayant été victime d’une fracture au pied à la fin de la journée test après une mauvaise manœuvre de l’auto dans le stand.
Rahel Frey : « Voilà pour les 24 Heures du Mans 2025. C’était un plaisir. Notre recrue, Célia, a fait une superbe performance. J’étais ravi que Sarah puisse prendre la relève à la dernière minute de « Michi ». Honnêtement, ce fut compliqué. Mais nous avons réussi une fois de plus avec Iron Dames, à terminer. Ce n’était pas comme nous le souhaitions, mais c’est la course. Un grand merci à Manthey et Iron Dames, mais aussi à notre partenaire TotalEnergies. Nous reviendrons plus forts. »
Quant à Thomas Flohr et Grégoire Saucy, la course s’est terminé avant son terme, peu après la mi-course pour le pilote Ferrari alors que la McLaren du Jurassien s’arrêtaient peu avant le début de la dernière heure de course.
La galerie photo des 24h du Mans par Sport-Auto.ch
Crédits photos : Vitor Almeida/Sport-Auto.ch, Jean-Baptiste Lassaux/Sport-Auto.ch ; citations : Toyota gazoo Racing, Porsche Motorsport, BMW Motorsport, Iron Dames