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Louis Delétraz : Le rêve américain, mais pas uniquement….

 

A quelques jours de traverser l’Atlantique pour se rendre à Daytona, Sport-Auto.ch a eu le plaisir de s’entretenir avec Louis Delétraz.  La saison 2022 s’annonce intense pour le pilote genevois avec un magnifique programme en IMSA (International Motor Sports Association) et en WEC (FIA-World Endurance Championship).

 

Tu as récemment publié de bonnes nouvelles sur tes réseaux sociaux concernant ton programme 2022, peux-tu nous en dire un peu plus ?

En effet, cette année s’annonce très bonne. Il y a tout d’abord le programme IMSA qui compte 7 courses, 4 endurances et 3 sprints. Donc de belles courses américaines en vue, dont, en autres, Sebring, Daytona et Laguna Seca. L’équipe pour laquelle je cours, Tower Motorsport a un mix intéressant dans sa composition, puisqu’elle est à moitié européenne et à moitié américaine.

 

Cette année il y a également le programme WEC avec Robert (Kubica). Je suis très content de faire à nouveau équipe avec lui, car c’est devenu un vrai ami. Nous partageons la même vision du sport automobile et nous avons également la même approche dans les détails inhérents à la course. Il n’est, par ailleurs, pas avare de conseils et je peux ainsi continuer à bénéficier de sa grande expérience.

 

Je vais aussi intégrer, une grosse structure, l’équipe PREMA, basée en Italie. L’ironie fait que j’ai roulé contre eux à l’époque de la monoplace, ce que je n’aimais pas du tout, car c’étaient de redoutables adversaires!

Il y a dernièrement eu un « effet Netflix » avec un gros engouement pour la Formule 1. Est-ce que c’est quelque chose que tu as également remarqué dans ton entourage ? Penses-tu que cela est bénéfique pour que l’on s’intéresse encore plus au sport automobile en Suisse, alors que tu es l’un des rares pilotes professionnels de notre pays ?

Même si je suis un peu plus jeune que des pilotes tels que Fässler, Jani ou Buemi, j’ai à quelque part grandi avec eux et ils m’ont inspiré. Je suis donc fier d’être l’un des bons pilotes actuels de notre pays.

 

Oui, grâce à Netflix (La série « Drive to Survive ») de plus en plus de jeunes ont commencé à s’intéresser à la Formule1. Mais d’autres personnes, plus âgées, pour qui les Grand Prix n’avaient pas grand intérêt jusqu’alors, se sont mis à suivre les courses. Je l’ai remarqué dans mon cercle d’amis, puisqu’environ 80% d’entre eux ont vraiment découvert l’univers de la Formule 1 grâce à cette série. Concernant un intérêt grandissant pour les autres disciplines, on ne peut pas vraiment dire qu’il y a eu un effet boule de neige, mais je constate définitivement une attention plus grande pour le sport automobile.

 

Ton père, Jean-Denis, ancien pilote de F1 dans les années 90 a bien sûr exercé une influence sur toi. Est-ce qu’il t’a poussé, voire forcé à t’orienter dans le sport automobile ? Et est-ce qu’être « un fils de » t’a également aidé ?

Évidement que mon père a eu de l’influence sur moi et ma carrière de pilote, mais il m’a toujours laissé libre de mes choix. Quand j’étais plus jeune, il m’emmenait suivre la plupart de ses courses. Alors que j’avais 7-8 ans, on faisait même de la caisse à savon ensemble ! Puis vers l’âge de 10 ans j’ai demandé à faire du karting et j’ai rapidement commencé à gagner des courses.  C’est ainsi que j’ai véritablement lancé ma carrière en sport automobile. Mon père a toujours été là pour moi, mais c’est important de souligner qu’il ne m’a jamais forcé ! Cependant, si j’en suis arrivé là c’est grâce à lui et à son énorme soutien. Ses conseils m’ont aussi aidé à éviter de commettre des erreurs, que ce soit tant en course que pour des décisions à prendre

 

Bien sûr qu’être le fils d’un pilote m’a certainement aidé, mais cela peut aussi être à double tranchant. Grâce à son réseau j’ai ainsi pu rencontrer des personnes importantes dans le domaine du sport auto. Je dirais que c’est avant tout le travail que je fais au volant qui parle et je crois avoir donné la réponse sur la piste.

Difficile de ne pas évoquer avec toi cette course au Mans l’année dernière. Je sais que c’est encore un souvenir difficile, mais peut-on dire qu’après une telle expérience on en sort grandi ?

Ce souvenir est encore très présent et j’y pense presque chaque jour. Nous avions fait la course parfaite. Que ce soit nous les pilotes ou tous les membres l’équipe. Tout avait parfaitement fonctionné et personne n’avait fait d’erreurs, ce qui est rare pour être souligné lors d’une couse de 24 heures. La dernière demi-heure était intense, dure. Mais tout allait bien, et puis dans le dernier tour, c’était horrible. J’avais l’impression qu’un tel fait de couse n’était jamais arrivé avant, mais si et même à autre suisse, Sébastien Buemi (en 2016) !  

 

Mais dès le lendemain, avec Robert, on s’est dit qu’il fallait refaire le Mans ensemble et le gagner, nous avons donc une revanche à prendre. Et puis il fallait aussi se remobiliser en vue de la course suivante à Spa. Toute l’équipe a su être à la hauteur et non seulement on a gagné l’épreuve mais aussi le championnat (ELMS). Nous avons donc fini en beauté et c’est une belle consolation.

 

Justement, puisque l’on parle de la thématique du mental – et on sait à quel point cela est primordial – est-ce que tu travailles avec des coaches ?

Lorsque j’étais en monoplace et plus particulièrement en Formule 2, oui. C’était tellement intense lors de chaque weekend de course et aussi en dehors. Mais désormais, je suis plus serein et avec les années d’expérience, j’ai un meilleur mental et surtout une nouvelle attitude qui fait que je ne ressens plus le besoin de travailler avec des coaches.

 

Avant de finir, j’aimerais encore revenir sur le chapitre Formule 1. Est-ce que tu as de la rancœur alors que tu étais si proche de pouvoir piloter en Grand Prix ?

Non, je ne n’ai pas de rancœur et je suis dans une bonne dynamique. Je me sens même mieux que lorsque j’étais en Formule 2. Je suis toutefois très fier d’avoir été pendant 2 ans et demi chez Haas, je n’aurais pas imaginé que, en 2008 lorsque j’étais en karting, 10 ans plus tard, je serais au volant d’une Formule 1 ! Si j’ai pu rouler dans des voitures de Formule 1, c’est aussi grâce au fait que je possède la super licence. Il n’y pas beaucoup de pilotes actuellement qui peuvent en dire autant.

 

Nous remercions Louis Delétraz pour sa disponibilité et sa gentillesse . Nous nous réjouissons d’avance de suivre sa saison et ne manquerons pas de vous donner de ses nouvelles régulièrement.

photos fiawec / © Antonin VINCENT (ACO) / @Hass F1 Team

 

 

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