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Entretien avec Sébastien Loeb – "Je reviendrai rouler en Suisse !"

A 46 ans, Sébastien Loeb est le pilote le plus titré en WRC et il n’a toujours pas perdu sa soif de victoire. L’Alsacien est encore sous contrat avec Hyundai Motorsport. Nous devrions donc le revoir encore sur les routes du WRC lors de trois quatre manches. Sport-Auto.ch a pu s’entretenir avec Sébastien Loeb Sport-Auto.ch : Comment occupez-vous vos journées durant cette période de confinement ?

Sébastien Loeb : « Je fais un peu de sport notamment de la course à pied ou du vélo. Je n’ai jamais été le genre de sportif à faire trois heures de sport chaque jour. Je profite de pouvoir sortir la moto avec le beau temps que nous avons. »
Comment gérez vous votre statut de légende du sport automobile ?
« Je n’y pense pas vraiment. Je suis tout à fait normal. Parfois, ce n’est pas toujours évident mais ça fait partie du métier. Sur certains événements, les gens se déplacent pour moi, ça fait partie de ma notoriété. Il faut l’accepter et si je ne le veux pas, je n’ai qu’à rester chez moi. J’ai déjà la chance de vivre en Suisse qui est un pays avec beaucoup de respect. »
A 46 ans maintenant, qu’est-ce qui vous motive à continuer à vous battre au plus haut niveau ?
« C’est la passion tout simplement. J’aime ça, ça fait partie de ma vie depuis 20 ans maintenant. J’aime ma vie et cette passion coule dans mon sang. J’ai encore la chance d’avoir un constructeur qui fait appel à mes services. Ensuite, ce n’est plus aussi facile qu’avant. Les jeunes qui jouent le titre font tous les essais, sont au top de leurs formes, c’est compliqué. Ce n’est pas une discipline pour les gens de 40 ans. Les deux années que je suis en train de faire avec Hyundai sont vraiment exceptionnelles. Je pense que le Dakar va gentiment devenir plus adapté pour mon âge car c’est une compétition qui nécessite de l’expérience. »
Comment est-ce que tout a débuté ?
« J’ai commencé par Rallye Jeune en France. J’ai participé à cette compétition car je n’avais pas le budget pour rouler. Je n’ai jamais gagné ce concours mais j’ai été remarqué par Dominique Heintz. Ce dernier m’a donné les moyens d’entamer une carrière. J’ai commencé en roulant avec une Peugeot 106 avant de passer à la Saxo Kit Car. J’ai remporté le Citroën Trophy. En 2000, Citroën m’a mis à disposition une Xsara pour le Var ce qui m’a permis de remporter la dernière épreuve du championnat. Cette victoire m’a ouvert les portes au JWRC et au championnat de France pour l’année suivante. » 
Durant les années 1999 et 2000, vous avez croisé la route de l’un des plus grands pilotes suisses de l’histoire, Cyril Henny, d’après votre expérience qu’a-t-il manqué à ce pilote ?
« J’ai effectivement croisé Cyril sur les routes françaises. C’est dur à dire mais il a tout simplement manqué de soutien. A cette époque, les places ne se jouaient à rien. Il n’y en avait que dix. J’ai eu la chance de bénéficier d’aide et de la confiance des bonnes personnes. En 2001, Citroën a aligné pour moi une troisième voiture lors du Rallye du Sanremo. J’occupais la seconde place du classement ce qui était incroyable pour une première en mondial. Dans la dernière spéciale, je suis arrivé dans un virage un peu fort et mon freinage a été un peu tardif. Par conséquent, j’ai heurté légèrement le talus. Heureusement pour moi, j’ai pu repartir sans dégât et j’ai remporté la seconde place du rallye. Mais est-ce que les gens auraient porté le même intérêt si j’étais sorti de la route ? »
En 2003, vous faites votre première saison complète, vous terminez à un point du titre, est-ce qu’il y a des regrets ?
« Sur le moment, c’est clair qu’il y avait beaucoup de frustration. C’était quelque peu particulier car nous jouions le championnat pilote et constructeur. J’ai tout simplement suivi les consignes de l’équipe et j’ai assuré les points que j’avais. Il n’y a pas de regrets en voyant la carrière que j’ai eue aujourd’hui. »
En 2004, vous remportez votre premier titre de champion du monde, est-ce le plus beau ?
« Le premier donne toujours une émotion différente. C’est l’aboutissement d’une carrière. Tu te dis que tu as gravi les échelons et que tu es arrivé au bout. Ensuite je doute que ce soit le plus beau à mes yeux. Je pense que celui qui m’a le plus marqué reste celui de 2010. J’ai gagné le Rallye d’Alsace. Cette victoire m’a offert le titre et nous a offert le titre constructeur. Tout cela dans mon village natal. »
Quelle voiture vous a le plus marqué ?
« C’est surprenant mais ce n’est pas une voiture de rallye. La voiture de Pikes Peak est incroyable. Lorsque tu montes dedans pour la première fois, elle fait franchement peur. Tu espères finir en un seul morceau. Tu roules à une vitesse de folie et tu te dis qu’il ne vaudrait mieux pas perdre une roue. C’est bestial. Sinon en rallye, je trouve que les dernières WRC sont magiques à conduire. »
Quel est votre rallye favori ?
« Je ne peux pas en citer un. J’ai toujours aimé la diversité. J’aime les nouveautés, les nouvelles spéciales. J’aime passer sur tous les terrains, lorsque tu roules en Finlande et que tu as à fond en dérive. J’adore l’ambiance du Rallye du Monte-Carlo et du Rallye d’Argentine. J’adore l’Espagne pour sa diversité. J’apprécie chaque surface. »
Si vous deviez donner votre plus belle victoire, laquelle serait-elle ?
« La victoire au Rallye de France en 2010. Cette victoire m’a offert le titre et a offert à Citroën le titre des constructeurs. »
Qu’est-ce que vous nous réservez pour la fin de la saison ?
« On n’a pas beaucoup d’info à vrai dire. Les essais WRC sont interdits jusqu’à fin mai. La seule certitude, c’est qu’il ne passera rien avant juin. Je ne sais pas quelle course sera annulée ou reportée… On devait initialement disputer le Rallye du Portugal, le Rallye du Kenya, le Rallye de la Nouvelle Zélande et éventuellement celui de la Turquie. » 
En 2009, un parrainage a débuté avec le Rallye du Chablais, comment cela s’est-il passé ?
« J’ai rencontré tout simplement Eric Jordan qui organise le Rallye du Chablais. Il est très motivé et se démène pour organiser son rallye. J’ai toujours aimé participer à quelques rallyes juste pour le plaisir, sans enjeu. Cela faisait longtemps que je vivais en Suisse alors je me suis dit pourquoi pas. »
Que gardez-vous de chacune de vos apparitions ?
« C’est un magnifique rallye qui n’est pas très facile. Les routes sont très variées car nous pouvons retrouver des spéciales lentes ou rapides, très techniques avec de gros changements de rythme. C’est un rallye très bien organisé. Tout s’est toujours bien déroulé. Les paysages sont somptueux. »
Est-ce que vous reviendrez rouler en Suisse ?
« Je suis toujours en contact avec Eric Jordan. Ça va se refaire. Ensuite tout dépend de mon programme en mondial. »
Que gardez-vous de votre apparition au Rally For Smile ?
« Je me dis tout simplement que ce genre d’opération est important. Je suis toujours admiratif de ces gens qui organisent des manifestations pour la bonne cause. C’est vraiment un grand travail. Ensuite ma présence ne coute pas grand-chose. Ça apporte du bonheur aux enfants et c’est vraiment magnifique à voir. C’était vraiment une journée sympa. »
Quels sont vos projets pour le futur ?
« Dakar j’y pense toujours dans un coin de ma tête. Je n’ai pas forcément de plans pour l’an prochain. J’étudie les propositions, je ne sais pas si Hyundai pourra me proposer quelque chose. »
Crédit photo : Sport-Auto.ch & Bastien Roux]]>

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