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Jérémie Toedtli se confie auprès de Sport-Auto.ch

Jérémie Toedtli se confiait à Sport-Auto.ch durant le mois de Janvier et nous annonçait avoir comme ambition de vouloir participer à l’intégralité du championnat Suisse des rallyes. Ce projet n’aboutira pas suite à la pandémie qui sévit depuis le début de l’année. Cette crise sanitaire a suspendu sa recherche de fond durant cette période. Ce n’est que partie remise pour le Neuchâtelois qui reviendra encore plus fort. Sport-Auto est parti à la rencontre d’un des pilotes les plus talentueux du championnat Suisse des rallyes, Jérémie Toedtli. Sport-Auto.ch : Comment as-tu vécu ce confinement ? Jérémie Toedtli : « J’ai continué de travailler deux jours par semaine à la maison. J’ai littéralement pris tout mon bureau. Sinon j’ai fait de la course à pied et un peu de vélo. Le reste du temps, je suis allé au garage de mon père pour lui donner un coup de main et j’ai également fait pas mal d’activités avec ma copine. » Comment prépares-tu un rallye auquel tu participes ?

« Le travail d’un rallye commence bien avant la date de la course. Tout dépend si c’est un rallye que j’ai déjà fait ou non. Si oui, je regarde mes caméras embarquées et je me remémore les pièges ou les passages clés. Dans le cadre d’un nouveau rallye, j’essaie de trouver les cartes des précédentes éditions et de cibler les spéciales incontournables, que j’essaie ensuite de retrouver en vidéo. Même si le parcours n’est pas identique à celui que l’on avait imaginé, j’ai l’impression de ne pas être complètement dépaysé lors des reconnaissances, si j’ai déjà visionné le type de route et d’environnement au préalable. »
Comment se passe la préparation mentale ?
« Au niveau émotionnel, bien entendu une certaine pression augmente en approchant de la date butoir, tout comme l’envie de rouler. A vrai dire le gros travail se fait durant les reconnaissances et c’est après celles-ci qu’il est plus ou moins facile de s’endormir le soir. Pour ma part, ce n’est qu’après avoir fini de prendre les notes que la pression fait son apparition. Je ressens comme un besoin de bien faire vis-à-vis des personnes qui nous soutiennent. Ensuite au moment de la course, il faut essayer de transformer cette pression de manière positive pour ne pas être tétanisé au premier départ. Je me souviens que lorsque je participais au Rallye du Valais 2017, lors de la première montée de Chalais-Vercorin, je n’arrivais pas à faire passer un tremblement dans mon pied droit, j’avais la sensation de ne pas mettre les gaz à fonds, c’était très frustrant. »
Peux-tu nous décrire les sensations que tu as avant d’aborder une spéciale ?
« Actuellement avec ma petite expérience, le départ de chaque spéciale est devenu une routine où il faut répéter une série d’actions pour se préparer, ce qui ne laisse pas beaucoup de place au doute et à l’interrogation. Mais une fois installé aux commandes et dans la zone de pointage, je me remémore le début de la spéciale et j’ai hâte de partir, car ces dernières trois minutes peuvent parfois paraitre interminables. Et dès que l’on est sur la ligne de départ, il y a de nouveau ce processus qui reprend le contrôle et l’on agit de manière protocolaire jusqu’à signal de départ. Ma seule angoisse au moment de m’élancer et de savoir si j’ai correctement mis la caméra en marche. C’est une superstition qui me suit depuis mon premier rallye, ou lors d’une spéciale, je n’avais pas réussi à mettre la caméra en marche et j’avais fait une petite sortie de route. Depuis, il est primordial que la caméra filme et à un moment dans quasi chaque spéciale je m’interroge sur le fait d’avoir enclenché la caméra. »
Quel est ton rallye favori ?
« Sans grande hésitation, je dirais le Tour de Corse. Pour commencer, c’est mon premier rallye auquel j’ai pris part en octobre 2012 avec la Ford Escort MK2. Ensuite les routes, les paysages, l’ambiance, tout est réuni pour pratiquer notre passion. En 2017, j’ai roulé pour la première fois à une manche d’un rallye du championnat du monde avec la Skoda Fabia R5 et ce moment fut magique. Des spéciales de 50km, c’est incroyable et en bonus un superbe résultat avec la 5e place du groupe avec que des pilotes professionnels devant et 12e au général, souvenir impérissable. »
Tu es un pilote audacieux qui n’hésite pas du tout à mettre les 4 roues dans une corde, comment expliques-tu cela ?
« J’ai toujours du mal à bien évaluer le gabarit des voitures (rire). Pas audacieux, je sais juste que parfois pour prendre les trajectoires les plus rapides il ne faut pas forcément rester au milieu de la route. Bon il faut dire que ça ne porte pas toujours ces fruits, je pense au Chablais 2017, qui ne m’a pas souris à ce niveau-là. Après parfois, on n’a pas le choix, c’est le premier sur la route qui décide et les autres suivent. Je dirais plutôt que les audacieux sont ceux qui ne prennent pas les cordes déjà marquées ! »
Est-ce que pour toi les piquets ont un impact négatif sur le rallye ?
« Je ne dirais pas totalement même en prenant uniquement l’opinion du pilote. Il y a parfois des virages qui à force de prendre la corde, se salissent et deviennent dangereux. Cependant, je souhaite que lors des débuts des reconnaissances, les piquets soient mis en place, ce qui n’est pas encore vraiment le cas. Bien entendu, ça dénature un peu la magie d’une route, mais s’il en est venu obligatoire pour des questions de remise en état des routes après la course, il est difficile de s’opposer à ces nouvelles mesures. Mais je pense aussi que ça réduit toujours plus le spectacle au bord des routes. »
Es-tu à 100% dans les spéciales ? On peut constater que tu ne comptes que deux sorties de route en 47 rallyes ?
« Comme je l’ai dit un peu plus haut, le plus grand travail se passe lors des reconnaissances. Les notes, c’est sacré ! Avec Alex, on passe beaucoup de temps derrière les vidéos pour confirmer que chaque note est juste et je pense que ça me permet d’être rarement surpris. Donc oui si les conditions s’y prêtent, je roule à 100% en spéciale. Après il est vrai qu’en coupe 208, on roulait parfois au-delà de la limite, alors qu’en R5, j’essaie d’être plus raisonnable. Ce n’est pas le même budget si on l’a démolie. »
Est-ce que nous te verrons tout de même sur les courses de fin de saison si elles ont lieu ?
« Je l’espère vraiment, c’est sûr que ma recherche de fonds a été suspendu durant cette période. Je me voyais mal envoyer des dossiers alors qu’il y a d’autres priorités. A vrai dire, j’espère que les entreprises qui ne sont pas à la limite de déposer le bilan soutiendront encore les différents sportifs. On prendra certainement le départ d’au moins un des trois rallyes dudit championnat suisse. »
Crédit photo : Baptiste Aebi]]>

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