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Interview Olivier Burri : ‘L’objectif, c’est de faire gagner Micka’

 

Neuvième manche du championnat du monde des rallyes, l’Ardeca Ypres Rally Belgium s’est déroulé du 18-21.08.2022 dans la région d’Ypres. Ce sont les estoniens Ott Tänak et Martin Järveoja qui l’ont emporté devant les britanniques Elfyn Evans et Scott Martin et les finlandais Esapekka Lappi et Janne Ferm.

 

Ypres, c’était aussi la troisième manche du mondial 2022 choisie par Olivier Burri pour poursuivre sa campagne en WRC2 Masters. Il y étrennait sa nouvelle monture, une Hyundai i20 Rally2. Au terme de son sixième rallye de l’année, Olivier revient sur son aventure belge. L’occasion également d’évoquer la suite de sa saison ou encore de porter un regard sur le championnat suisse des rallyes 2022. Interview.

 

Olivier, tu viens de terminer ton troisième rallye du championnat du monde 2022 à l’occasion de l’Ardeca Ypres Rally Belgium. Il s’agissait de ton sixième rallye cette année et le deuxième au volant de ta nouvelle voiture, une Hyundai i20 N Rally2. Parle-nous de ta course en Belgique.

C’était un rallye compliqué. Ça a été une grande remise en question. Je ne m’attendais pas à avoir autant de difficultés à macher la route et comprendre sa topographie. A Staden, le dimanche, ça ne s’est pas trop mal passé à part quand je sors dans le ‘watering’ (NDLR : canal au bord des routes), heureusement sans casser l’auto. Les spectateurs nous ressortent.

 

Ensuite, on a pu faire trois passages dans les mêmes spéciales donc j’ai pu m’adapter et, surtout, mémoriser la route. On finit à une seconde au kilomètre de Rossel alors qu’on était à 2.5 secondes au kilomètre de Mikkelsen au début donc on a amélioré (nos temps). Mais la topographie de Staden n’est pas du tout celle d’Ypres. A Ypres tu as beaucoup plus de cailloux, de terre et de m… En fait, j’ai été très lent dans le lent. Dans le très vite, je n’étais pas à la rue. Aux ‘splits’, on était un poil derrière Munster (NDLR : qui pilotait également une Hyundai de l’assistance BMA). Dans le lent, on m’a tellement mis en garde de ne pas crever, de ne pas câbler pour éviter de se retrouver dans le ‘watering’… j’ai tellement fait attention que j’étais trop lent. Malgré ça, j’ai crevé huit fois ! Huit crevaisons lentes le samedi !

 

Le vendredi, on s’est retrouvé dans la pluie alors que ça séchait derrière nous. Ceux qui roulaient derrière sont passés en slick alors que j’ai dû rouler en croisés. Je n’ai pas pris assez de risques mais j’ai quand même fait quatre marches arrière. Je suis parti à droite au lieu d’aller à gauche ou l’inverse. Quand on a 25 carrefours dans une seule spéciale, au bout d’une moment, on ne sait plus s’il faut aller à gauche ou à droite.

 

J’ai dû évoluer dans mes notes. Par exemple, j’ai commencé à ajouter des informations sur les échappatoires. Je freinais en 2-3 fois par manque de confiance. Alors j’ai ajouté des ‘quitter’, que je n’avais jamais marqué avant. Dans les cordes, t’as des ‘petites cordes’, des ‘moyennes cordes’, des ‘tout corde’, il y a des ‘cordes qui tapent’ et il y a des ‘cordes qui jettent’. Donc il y a cinq adjonctions rien que pour les cordes. Mais quand t’es dans ton mulet à 70 km/h, tu ne sais pas si tu vas gicler ou pas. Dans la voiture de course, à 170 km/h, l’exercice n’est pas tout à fait le même. Quand tu discutes avec les belges, ils les connaissent toutes mais pour nous, tout était neuf. C’était la première fois que je roulais en Belgique.

 

Alors que j’étais déconcentré par une voiture arrêtée, j’ai même ‘zappé’ un début de note et je me suis retrouvé dans la cour d’une ferme en ayant pris à gauche au lieu d’aller à droite. Je me suis retrouvé en face de poules et d’un ballot de paille que j’ai heureusement pu éviter (rire) ! En plus, il n’y avait pas de rubalise en bord de route. C’était vraiment vraiment compliqué !

 

A Ypres, il y avait 7 concurrents inscrits en WRC2 Masters avec notamment les favoris Loix et Kremer. Est-ce que ta troisième place correspond à ce que tu imaginais avant le rallye ?

Ils étaient un cran au-dessus. Je n’ai pas le niveau. Loix a gagné onze fois le rallye là-bas. Qu’est-ce que tu veux faire ? Kremer, c’était la troisième fois qu’il faisait Ypres. Je savais que, de toutes façons, je visais la troisième place si les autres ne sortaient pas. Après, il y a eu le japonais (NDLR : Osamu Fukanaga) qui faisait des temps incroyables mais qui mettait tellement de vigueur dans ce qu’il faisait qu’il est sorti plusieurs fois. Ma place, c’est troisième et puis c’est tout.

 

 

Comment s’est comportée ta nouvelle Hyundai i20 N Rally2 ? Comment tu la compares à la Polo que tu roulais jusqu’ici ?

On a un super potentiel sur cette caisse mais on doit travailler dur pour la rendre plus compétitive. La Polo reste une référence. Au niveau moteur, la Hyundai est supérieure. Elle a les mêmes suspensions que les Skoda Fabia Evo. On a pas mal de choses qu’on doit apprendre pour trouver une synergie avec la voiture. On va faire deux jours d’essais en Italie pour faire du développement. L’usine ne développe pas sur l’asphalte, ce qui est dommage. En fait, ils ont fait deux jours de tests sur asphalte, tout le reste, c’est sur la terre. Donc c’est à nous de faire le boulot.

 

Maintenant, l’objectif, c’est de faire gagner Micka (NDLR : Michaël Burri, son fil) au Valais avec cette voiture et de faire un super Monte Carlo 2023.

 

Le Monte Carlo 2023 figure donc dans ton programme des épreuves à venir ?

Oui, normalement, ça sera le dernier… j’aurai fait le tour après ça.

 

Est-ce que tu as prévu de poursuivre ta saison en WRC2 Masters ?

Non, je tire ma révérence. Je ne vais pas aller en Espagne et continuer à dépenser de l’argent.

 

Est-ce que tu as prévu d’autres courses d’ici la fin d’année ?

L’objectif maintenant c’est Micka donc je vais essayer de régler cette voiture. Si j’ai la possibilité de faire un petit rallye, je le ferai mais on ne va pas non plus faire trop de choses qui pourraient bloquer Micka. Il faut qu’il fasse un petit rallye avec la Hyundai pour prendre des sensations parce que c’est une autre voiture que la Polo.

 

Pour terminer, quel regard portes-tu sur le championnat suisse des rallyes 2022 ?

Cette année, on a un gars qui va très vite, c’est (Jonathan) Hirschi. Il est très à l’aise dans le rapide grâce à son expérience sur circuit. Je pense que c’est le plus rapide du championnat pour l’instant. Il est régulièrement devant mais commet des erreurs. Jonathan (Michellod) monte en puissance de course en course. Il est meilleur dans les situations compliquées et le ‘moyen vite’. Je ne pense pas qu’il ait déjà atteint sa quintessence. Il a toujours un peu la crainte de casser la voiture mais il s’applique, il écoute, il est très intelligent, il sait modifier les choses quand il doit le faire. Avec son navigateur, ils bossent vraiment bien.

 

Après, on a (Mike) Coppens qui fait claquer un temps en fin de rallye quand il a compris les choses. Il s’est embarqué dans une situation difficile avec la Citroën qui est compliquée. Il va repartir avec une Skoda de chez Luigi. Avec ça, il sait qu’il va retrouver une bonne voiture, bien réglée pour le championnat suisse.

 

Je vois quand même un duel entre les deux Jonathan. Au Mont Blanc, je vois un rallye compliqué pour Michellod avec des routes rapides. Hirschi aura un avantage avec son expérience de circuit. En Valais, ça sera peut-être l’inverse. Après, il reste le Tessin où chacun a vite fait de faire une petite erreur qui peut faire que t’es lâché. Coppens sera l’arbitre entre les deux et il reste une valeur sûre en Valais.

 

La rédaction de Sport-Auto.ch remercie sincèrement Olivier de sa disponibilité pour répondre à chacune de nos sollicitations.

 

Crédits photographiques : Ludovic Carnal et Nuno Ferreira / Sport-Auto.ch

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