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Entretien avec Jean-Claude Salomon : "Saint-Ursanne-Les Rangiers, c'est la plus prestigieuse!"

Alors que nous traversons une période calme dans le monde du sport automobile, Sport-Auto.ch a pu s’entretenir avec l’homme qui dirige la course la plus mythique de Suisse.  Jean-Claude Salomon est le président de la Course de Côte des Rangiers. Un entretien qui permet de reparler d’un pur mythe du Championnat d’Europe de la Montagne et de retracer les moments les plus marquants de la course. Sport-Auto.ch : Pouvez-vous vous présenter brièvement ? [caption id="attachment_83942" align="alignleft" width="300"] Jean-Claude-Salomon[/caption]

« Jean-Claude Salomon, né le 01. 09. 1947, marié à Nelly Salomon-Chappuis, deux enfants, Cyril et Anne-Laure, et 7 petits-enfants, domicilié à Alle, dans le Jura. Maître de sport, j’ai enseigné à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel, de 1973 à 1979. Chef de l’Office des sports de la République et Canton du Jura, de 1979 à 2012 (âge de la retraite). Je me suis engagé pendant 33 ans pour promouvoir et développer le sport sur le territoire jurassien. J’ai été président du comité d’organisation de départs et d’arrivées de plusieurs étapes du Tour de Romandie, d’une arrivée et d’un départ d’étape du Tour de Suisse et du Tour de l’Avenir ainsi que de l’arrivée d’une étape du Tour de France à Porrentruy, le 8 juillet 2012. A ma retraite, je me suis engagé dans le monde associatif sportif comme président technique d’abord, puis administratif de l’Association cantonale jurassienne de gymnastique jusqu’en 2020, comme président, puis caissier de l’Association Jura Ski de Fond, comme président du SnowUp Interjurassien, comme président de l’ASA St-Ursanne – Les Rangiers. Je suis encore engagé dans la mise sur pied d’un camp pour des handicapés physiques et mentaux. Je suis membre de la Fondation Loisirs-Casino. Je suis le coordinateur du Championnat jurassien des sports motorisés. »
Quelles sont vos responsabilités durant la course des Rangiers ?
« Je suis le président de l’ASA St-Ursanne – Les Rangiers depuis novembre 2013. Je prépare actuellement la 77ème édition de la Course de Côte Internationale St-Ursanne – Les Rangiers. J’en suis donc à ma 7ème édition. Je suis le patron de l’association tout au long de l’année, sauf du jeudi précédant la course au dimanche soir, proclamation des résultats. Durant cette période, c’est le directeur de course qui commande et gère toute la manifestation. Mes principales responsabilités : Gérer l’Association, en particulier les finances, coordonner toute la mise en place des infrastructures en personnel et matériel avec l’aide du comité, fort de 15 personnes. Je dois également planifier et réaliser les améliorations à apporter à la piste et à ses environs avec l’aide des services de l’Etat jurassien. Entretenir des bonnes relations avec les Autorités cantonales, communales et bourgeoisiales et avec les habitants du Clos du Doubs, en particulier de St-Ursanne. Entretenir des bonnes relations avec les Autorités sportives nationales et internationales. Trouver les partenaires financiers pour assurer le budget de la manifestation qui se monte actuellement à Fr. 450’000.00, avec la commission Sponsoring. Réaliser un concept de développement durable au sens ecosport.ch de Swiss Olympic. »
Si vous deviez présenter cette course en quelques phrases, que diriez-vous ?
« C’est la doyenne du Championnat d’Europe de la Montagne. C’est la course la plus rapide, la plus prestigieuse, la plus difficile, la plus technique et la plus prisée du Championnat d’Europe de la Montagne. Pour vous en convaincre, je vous invite à visionner le film de Vincent Abbet, qui se trouve sur notre site internet rangiers.ch. Elle est de plus en plus la course étalon du Championnat d’Europe de la Montagne. »
Nous sommes en 2010, l’un des événements les plus marquants, quels ont été les sentiments qui régnaient à l’intérieur de vous ? Quelles sont les choses que vous avez décidé de changer ?
« C’est la faute à pas de chance. Lionel Régal était le dernier pilote de la 1ère manche à monter. Aucun problème majeur avant son départ. Lors de cette édition, j’assistais à la course en ma qualité de représentant du Gouvernement Jurassien. J’ai été très rapidement informé de la mort de Lionel, alors que les spectateurs étaient toujours dans l’attente d’informations venant de la Direction de course. C’était très lourd pour moi, qui côtoyais des autres invités et spectateurs. J’ai ensuite accompagné le Président du Gouvernement, M. Charles Juillard, auprès du comité d’organisation et de la direction de la course pour les soutenir et les réconforter. C’était un moment très pénible. Lors de mon arrivée à la tête de l’association, j’ai demandé immédiatement à la Direction de course et au responsable de la sécurité de faire un examen approfondi de la piste et de ses à-côtés afin d’éliminer tant que faire se peut des éléments qui peuvent représenter un danger pour le pilote, mais aussi pour les usagers de la route. C’est ainsi que des arbres ont été abattus, que de nombreux mètres de glissière de sécurité ont été posées, que le service médical et sanitaire a été très nettement renforcé et qu’un nouveau revêtement a été posé. »
Est-ce que c’est une frustration pour vous que le multiple Champion de Suisse, ne participe plus à cette course ?
« Nous comprenons la décision d’Eric Berguerand et son entourage de ne plus courir aux Rangiers, car, après une sortie de route comme celle qu’il a vécue, il n’est pas facile de revenir aux Rangiers et d’apprivoiser à nouveau le parcours. Sur le plan humain, nous respectons sa décision. Au plan sportif, nous ne pouvons pas le cacher, sa présence aux Rangiers serait hautement appréciée, car cela mettrait encore plus de piment auprès de ceux qui se battent pour le titre de Champion de Suisse. Il y aurait de belles bagarres et Les Rangiers pourraient être l’arbitre pour l’attribution du titre. »
Quelles sont vos pensées lorsque vous voyez Simone Faggioli et Christian Merli descendre régulièrement le record ?
« Nous étions persuadés que la pose du nouveau revêtement allait jouer un rôle primordial pour battre le record du parcours. Il faut en effet savoir que le revêtement posé, très proche de celui des circuits de Formule 1, favorise la vitesse. Nous ne pensions toutefois pas que la barre des 100 secondes pour couvrir les 5200 mètres serait franchie aussi vite et aussi facilement. Aujourd’hui Christian Merli l’a franchie et Simone Faggioli a avalé les 5200 mètres en 1’39’’ 306, à une moyenne de 188km/heure. Nouveau record à battre. La présence de Simone Faggioli et de Christian Merli donne du piment à la course. C’est déjà un spectacle assuré. Vous y ajoutez Marcel Steiner et vous avez une belle empoignade pour le tiercé. Lors de chaque départ, je suis très tendu, car, pour moi, l’objectif, c’est que tous les pilotes terminent le pensum du week-end sans accident grave. Lorsque les trois locomotives s’élancent, l’estomac est encore plus noué. Lorsque je les vois passer de l’ancienne route à la nouvelle route, sous le viaduc, je ne sais comment ils font pour ne pas toucher les glissières de sécurité, tant ils passent très près et à haute vitesse. Et de la vitesse, il en faut pour passer les Grippons à plus de 250 km. Je pousse un ouf de soulagement lorsque le dernier pilote – en principe Simone Faggioli – franchit la ligne d’arrivée le dimanche soir. »
Est-ce que vous avez déjà pris des décisions par rapport à l’édition de cette année à cause de la situation actuelle ?
« Une décision devrait être prise d’ici la mi-avril. Aujourd’hui, mous sommes tout à fait conscients que les entreprises vont souffrir énormément de l’épidémie du coronavirus et vont en ressortir très amoindries. Comme le monde économique jurassien est le pourvoyeur numéro UN de notre course, son soutien à l’édition 2020 de notre course nous paraît improbable, ce que nous comprenons tout à fait. Les entreprises devront tout d’abord se refaire une santé et penser ensuite à ses collaborateurs. La population sera, elle aussi, touchée par cette épidémie et devra faire des choix quant aux activités à prioriser. Lors de situations difficiles, les loisirs sont les premiers abandonnés. Enfin, est-ce que les pilotes seront présents ? Auront-ils les moyens de courir cette année, même si le programme sera réduit ? Nul ne peut le dire aujourd’hui. Le maintien de l’édition 2020 n’est absolument pas assuré. C’est actuellement le grand défi du comité. Ce dernier n’ose pas encore parler d’annulation, mais s’en approche, surtout lorsque l’on prend connaissance de l’évolution de l’épidémie qui pourrait nous empoisonner la vie au moins jusqu’à l’été. »
Pour les spectateurs souhaitant découvrir votre course, quel passage de la montée est-ce que vous leur recommanderiez ? [caption id="attachment_83945" align="alignleft" width="300"] L’un des spots de cette course, ses deux épingles vers l’arrivée de la course[/caption]
« Il y a plusieurs passages mythiques sur notre course. Le passage du garage et de la compression en est un. Il y a ensuite les Grippons. C’est l’endroit le plus rapide de la course. Les enfilades en forêt à voir depuis le Malrang sont aussi impressionnantes. Enfin, il y a le Petit Susten avec ses trois épingles, dont deux sont bien visibles depuis le pâturage du même nom. Le mieux serait de pouvoir passer le week-end et d’assister à la Course en étant une demi-journée à chaque endroit mythique de notre course. »
Pour vous, une course réussie, c’est quoi ?
« Une manifestation qui se termine sans accident. Une très bonne organisation sécuritaire et sanitaire avec du personnel qualifié et à la hauteur de l’événement. De vrais pros ! Une très bonne ambiance entre les quelque trois cents personnes bénévoles qui mettent en place toute l’organisation pour satisfaire tous les acteurs actifs et passifs. La reconnaissance des pilotes, des mécanos, des commissaires, des bénévoles, des spectateurs et des partenaires au terme du week-end. Les Rangiers : un beau terrain de jeu. Aux acteurs d’en profiter et aux spectateurs d’en vibrer. Le tout sous un beau soleil ou du moins une météo clémente. »
Crédit photo : Sport-Auto.ch]]>

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