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Célimène Lachenal nous raconte son premier rallye VHC

Récents vainqueurs de la coupe suisse de VHRS, Célimène Lachenal et Pierre Yves Belotti ont décidé de fêter leur titre en s’engageant sur une épreuve mythique : le Winter Romania Historic Rally 2022. Mais alors qu’ils pensaient être engagés en VHRS (épreuve de régularité), ils se sont retrouvés au départ du rallye VHC !

 

Célimène nous raconte les moments forts de cette aventure partagée avec son compagnon.  Ils en sortent avec les honneurs puisque, non seulement l’équipage de la Ford Escort Mk2 a terminé la course, mais en plus à  un classement plus que respectable.


Récit de Célimène Lachenal 

Nous nous sommes engagés avec Pierre-Yves un peu en last minute et surtout sur un coup de tête pour le Winter Romania Historic Rally 2022 avec une Ford Escort Mk2 appartenant à Andes Motorsport qui sera également notre assistance durant le rallye.

Arrivés à l’hôtel situé dans la ville de Covasna à environ 3h de Bucarest, nous retrouvons des amis qui venaient tout juste d’arriver de Belgique puis, petit tour traditionnel au bar, bon dîner, quelques rencontres avec d’autres équipages et dodo !

 

Mercredi matin nous passons au contrôle administratif et découvrons le roadbook des spéciales qui est en fait un carnet de notes vitesse avec des codes secrets pour nous tels que D4+ PC, ciel en G2-/D3+… C’est aussi à ce moment qu’on nous informe que nous participons en VHC et non VHRS. J’ai tout de suite vu dans les yeux de Pierre-Yves une petite étincelle de réjouissance. De mon côté, c’était plutôt le grand flou ! Nous n’avions jamais roulé avec des notes vitesse donc inutile de vous dire que j’avais vraiment envie d’aller me cacher derrière un sapin jusqu’à la fin du rallye ! Pour n’importe qui, cela peut paraître génial, mais pour moi qui prend toujours des plombes pour m’adapter à quelque chose de nouveau, j’étais terrorisée !

 

Pendant que notre top assistance termine les derniers réglages sur la voiture puis présente la voiture au contrôle technique, nous partions pour les reconnaissances de quelques spéciales. Avant même d’avoir terminé la première, j’étais morte de fatigue. Écouter des notes pour la première fois c’est comme si on se retrouvait à devoir comprendre une langue avec un vocabulaire qu’on vient vaguement d’apprendre. En gros, on traduit systématiquement les informations et la tête finit par surchauffer.

 

Ce n’est que jeudi où je prends les commandes de la voiture lors du shakedown. Je découvre que ce n’était pas une danse style « shake your booty », mais une sorte de test des autos sur une portion de route fermée. Je démarre donc la voiture et tente de partir mais… pouf, je cale. Et cela au moins 3 fois de suite… Apparemment c’est normal car l’embrayage est direct, avec 3 pales et sans ressort mais grand moment de solitude quand même. En roulant, je me rends compte des capacités incroyables de notre Escort et du grip avec les gros clous. Elle se comporte inimaginablement bien. Un poil de volant en entrée de courbe, du gaz au bon moment et la voiture s’inscrit. On soulage et elle sort de courbe exactement là où il faut, un régal !

L’après-midi était dédié à la suite des reconnaissances mais malheureusement le temps nous a manqué pour passer sur toutes les spéciales. Dans l’absolu, compte tenu de ma mémoire de poisson rouge légendaire et de notre première fois aux notes vitesse, on aurait pu s’en passer et profiter de la piscine de l’hôtel.

 

Ça y est, c’est le grand jour : Le départ officiel est à 15h et entre temps tout le monde avait rendez-vous pour la photo de groupe ainsi que pour la bénédiction des équipages et des montures comme le veut la tradition en Roumanie !

C’est parti ! Une petite liaison nous amène au départ de la première spéciale que nous avalons sans même nous en rendre compte. Pierre-Yves me débite les notes vitesse que nous avons reçues grâce à la sublime prise de note de Maxime Vilmot de Race4You. On enchaîne rapidement avec la deuxième spéciale et l’angoisse et le stress sont remplacés par l’adrénaline et la concentration.

 

Les virages se succèdent sur ces routes transylvaniennes. Malgré la glace vive par endroit, il y a du grip. Les paysages enneigés qui défilent alors que le soleil commence à se coucher nous plongent dans une atmosphère si particulière qu’il est difficile de la décrire.

 

Avant la dernière spéciale de la soirée, nous profitons d’un superbe regroupement perdu au milieu de nulle part où plusieurs feux, tentes et barbecues nous attendent. Une fois les moteurs coupés, les sons semblent étouffés comme dans une chambre sourde. Ce bivouac hors du temps à l’ambiance chaleureuse tombe à pic pour nous réchauffer. Certains se laissent même porter par quelques notes de musique. Il faut dire que malgré la compétition qu’il peut régner entre les concurrents, l’amitié sportive et la convivialité sont vraiment de mise ! Cela a aussi permis d’offrir un magnifique coup d’œil au soleil couchant, puis de nuit, sur le plateau automobile assez bestial !

En rentrant à l’hôtel, on passe en liaison par la première spéciale du lendemain matin et là, paf le pneu. Mais non ! Il ne va pas crever ici ?! Ben si ! 

 

Samedi : Bon ben là on est en plein dedans et pas le temps de réfléchir. On ne pense à rien d’autre qu’à son job : Pour Pierre-Yves, me dire le moins souvent « à vue » lorsqu’il se perd dans les notes et pour moi, ne pas me merder au départ et prendre confiance. Pierre-Yves s’améliore rapidement. De mon côté c’est plus lent. Au départ, soit je cale, soit je reste sur place et creuse un fossé sous mes roues arrière. En roulant, je prends du plaisir à chaque seconde sauf quand je décroche pour quelques virages faute de concentration ou causé par un trop plein d’infos. 

 

On enchaîne les spéciales sur la glace recouverte de granité de neige dû aux clous des voitures précédentes. Parfois il y a des rails tellement profonds que si l’on en sort, on est littéralement éjecté dans le bas-côté et ces derniers ne sont très pas sympas. En gros, ils offrent le choix d’une belle rigole dans laquelle on ne sort plus ou de gros sapins qui nous tendent les bras après être tombé quelques mètres en contrebas.

L’adrénaline est à bloc. Ça passe vite ! Nous ne réalisons pas mais lorsqu’il est déjà 16h, nous avons déjà fait 5 spéciales. Il n’en reste que deux, mais pas des moindres puisque qu’il y en a une de 22 km que l’on refait une deuxième fois. Au bout de 15 bornes, j’avoue la subir un peu. La voiture aussi puisqu’au km 21 « re-paf un pneu » ! Nooooonnnnn ! Le pneu avant droit raide, plat de chez plat et je me demande même s’il ne va pas complètement déjanter. On termine le dernier km de la spéciale tant bien que mal en étant obligé d’utiliser le frein à main pour vaguement tourner. On s’en sort quand même, sans se faire remonter. Pierre-Yves, à peine arrivé, s’éjecte de son baquet pour changer le pneu et moi, telle une licorne blonde, je me dirige en trottinant vers les concurrents juste arrivés derrière nous pour taper la causette… J’avoue, ce n’était pas très malin de ma part et je l’ai vite réalisé en entendant Pierre-Yves me hurler dessus… 

 

On repart sans grande perte de temps pour la dernière spéciale qui se déroule plutôt bien malgré notre pneu en petits clous alors qu’on en avait trois en gros clous.

 

Coup de stress du dimanche matin : Nos deux crevaisons nous contraignent à partir en petits clous sur le train arrière et pour couronner le tout, il a neigé toute la nuit.

Finalement ça bouge beaucoup plus des fesses et me pousse un peu plus à la faute mais rien de dramatique. Il y a tout de même une épingle qui me résiste où je pars tout droit et m’embourbe dans la neige fraîche. Comme la sortie était en montée heureusement que des spectateurs nous ont aidé à récupérer du grip et à repartir.

 

La neige s’invite à plusieurs reprises lors de la journée et nous vole notre si précieuse visibilité pour rouler soutenu. Mais que c’était beau, que c’était magique ! Je me souviendrai longtemps de cette liaison pour rejoindre la dernière spéciale. La forêt nous offrait un petit passage calfeutré entre les sapins entièrement blancs. Une véritable peinture tout en variation de noir et de blanc.

Arrivés à la fin de cette longue et dernière spéciale, notre assistance Andes Motorsport ainsi que celle de Dino et d’Etienne, à savoir René Georges Motorsport, nous attendent à un croisement dans le village de Comandău. Ils semblaient tous si fiers de nous et cela additionné au flot d’émotions que nous vivons a juste suffit pour que les larmes coulent toutes seules sur mes joues. We did it ! On a fini le Winter Romania Historic Rally !

 

C’est un peu la stratégie du lièvre et de la tortue qui nous a propulsé à la 16ème place au général mais comme dit René Georges « à la fin, ce sont les points ou le temps qui compte » ! Dans l’absolu on s’en fout un peu du résultat car pour nous, notre victoire c’est d’être arrivé au bout et en plus en se faisant plaisir. L’année prochaine notre objectif sera d’ajouter un peu d’audace, histoire de progresser, de découvrir et de vivre d’autres sensations.

Pour résumer, ce fut une expérience de vie qui rend addict ! Ce rallye nous a offert de l’adrénaline à n’en plus pouvoir, des échanges entre concurrents, assistances et membres de l’organisation aussi forts que profonds avec souvent pas mal d’humour, un encadrement et une organisation alliant flexibilité et rigueur ainsi qu’un cadre grandiose qui se prête à merveille aux joies de la glisse.

 

Que vous soyez novice en vitesse ou grand manitou, c’est un rallye qu’il faut découvrir et pour notre part, faire et refaire !

 

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