La joie de Neel Jani faisait plaisir à voir hier au terme de sa magnifique victoire, la première d’une Porsche depuis 1998. Sitôt sorti de sa Porsche 919 Hybrid, une des premières personnes à le féliciter a été son préparateur physique Helmut Fink qui le suit depuis plus de dix ans, à savoir depuis l’époque où Neel Jani était intégré à l’écurie de formule 1 Sauber.
Helmut Fink : « Neel se trouve aujourd’hui là où il aurait dû être depuis longtemps, à savoir sur la plus haute marche du podium. Son talent est tel qu’il aurait pu faire facilement carrière en F1. Malheureusement, des décisions politiques qui n’ont rien à voir avec son immense talent en ont décidé autrement. Aujourd’hui, cette victoire avec Porsche constitue une immense récompense. »
Pour retrouver un autre pilote suisse à s’être imposé au volant d’un prototype Porsche officiel en championnat du monde en Amérique du Sud, il faut remonter à 1971 et à Jo Siffert qui, cette année-là, avait mené à la victoire sa Porsche 917 aux 1000 Km de Buenos Aires. Neel Jani réussira-t-il désormais à aider Porsche à remporter le titre mondial en 2015 comme Jo Siffert l’avait fait en 1969, 1970 et 1971? Il est encore trop tôt pour le dire, mais force est de constater que le très talentueux pilote biennois, un des meilleurs pilotes d’endurance au monde à l’heure actuelle, est sur le bon chemin. Interview.
Neel, cette première victoire, c’est quelque chose de fantastique, non?
Neel Jani : « Absolument, nous avions déjà été les plus rapides aux essais en signant trois pole-positions, mais nous n’avions encore jamais réussi à monter sur la plus haute marche du podium au terme de la course. Aujourd’hui, c’est fait et c’est fantastique. Ce d’autant plus que la course a été très disputée et que j’ai roulé à fond pratiquement de bout en bout. »
Vos duels en milieu de course avec la Toyota No 8 conduite à ce moment-là par l’ancien pilote de F1 Anthony Davidson ont tenu en haleine les 55’000 spectateurs de Sao Paulo…
Neel Jani : « C’était vraiment une belle bagarre. Elle a toujours été très correcte mais m’a fait perdre un peu de temps par rapport à notre seconde Porsche qui filait en tête. Une fois que j’ai pu passer en tête à mon tour, j’ai pu enfin creuser l’écart. »
La sortie de route de Mark Webber et la neutralisation qui s’en est suivi vous a cependant donné quelques sueurs froides, non?
Neel Jani : « Oui, nous avions décidé d’effectuer un double-relai sans changer de pneus et nous savions qu’Anthony Davidson, avec ses pneus frais, aurait pu être menaçant, mais l’essentiel est que Mark Webber ait pu s’en sortir de son terrible accident. Et je ne pense que la Toyota aurait réussi à nous déloger de la première place s’il n’y avait pas eu la phase de neutralisation. »
Vos projets, maintenant?
Neel Jani : « Savourer cette victoire et cette formidable saison qui me voit terminer au 3e rang du championnat du monde derrière deux autres pilotes suisses, Sébastien Buemi, 1er, et Marcel Fässler, 2e. Pour moi, c’est une saison de rêve. Le prochain rêve est cependant déjà là : remporter le titre mondial et gagner les 24 Heures du Mans. »
Crédit des photos: Laurent Missbauer, Porsche AG et Archives Missbauer
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