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Léna Bühler, une jeune vaudoise, rejoint la Sauber Academy !

Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec elle peu de temps avant l’officialisation de cette excellente nouvelle pour le sport automobile suisse.

Léna court en ce début de saison  dans le championnat de F4 UAE.  C’est d’ailleurs avant un nouveau déplacement au Moyen Orient que nous avons eu l’opportunité de la joindre par téléphone. Elle nous a également parlé de son engagement chez ART Grand Prix en vue de courir le nouveau championnat 100% féminin, la F1 Academy. Ce championnat est soutenu par la FIA et Léna y ambitionne de finir dans le top 3.

Nous sommes également ravis de voir que Sauber soutienne une espoir de notre pays.

Merci Léna de nous accorder cette interview. Commençons directement avec une double question, comment une femme, de nationalité suisse, devient pilote automobile ?

Bonne question ! (rire) . Ça vient de mon papa qui faisait des courses de côtes et des slaloms. Mais de manière générale j’ai toujours plutôt aimé les sports très « masculins » puisqu’avant j’ai fait du BMX durant 10 ans avant de commencer sérieusement le karting. Et puis j’ai aussi pratiqué la boxe thaïe.

Concernant le côté suisse, on devient pilote automobile, de la même manière que dans tous les autres pays. En revanche il n’y a pas de circuits et on est moins aidé par l’Auto Sport Suisse. Celle-ci n’offre pas le même encadrement et soutien que ne le fait par exemple la Fédération française du sport automobile (FFSA). Il est donc un peu plus facile de commencer en France. En Suisse, le sport automobile est peu reconnu et on ne reçoit pas de bourses ou autres aides financières. Je sais toutefois que cela est un peu en train de changer, mais cela restera sans doute très minime.

Cette recherche de sponsors justement, comment se fait-elle ?

C’est surtout mon père qui a essentiellement financé mes différentes saisons en sport automobile et ce depuis le karting. Il l’a fait pour plus de la moitié, voir des deux tiers jusqu’à l’année dernière encore. Certains de ses amis ont également été d’accord de m’aider, puis il y a aussi des contacts que j’ai pu faire moi-même.

Un budget annuel est de l’ordre de 100’000 voire désormais plus de 200’000 CHF. Cela n’est pas toujours facile à gérer car l’année dernière j’ai dû arrêter ma saison à mi- Championnat d’Europe de Formule régionale. Ceci faute de moyens financier et également été dû au fait que certains partenaires n’ont pas respectés leurs engagements.

Mais depuis cet été et jusqu’en fin d’année dernière, j’ai travaillé dur afin de créer un groupe de sponsors qui travaillera ensemble à long terme.

Tu cours en ce début de saison dans le championnat de F4 aux Émirats arabes unis, peux-tu nous en dire plus sur ton programme de cette année? Car depuis peu tu viens d’officialiser ta participation au nouveau championnat 100% féminin, la F1 Academy ! 

L’idée de participer à ce championnat de F4 UAE était avant tout de se remettre dans le bain de la compétition après une coupure de plusieurs mois. La motivation principale est de me permettre de retrouver le rythme de la compétition. C’est donc vraiment un championnat pour se  préparer dans les meilleures conditions en vue de ma participation à la F1 Academy.

Les courses de ce championnat vont d’ailleurs commencer en mai et les entraînements sont prévus à partir du mois d’avril.

Parlons donc plus concrètement de ce nouveau championnat, F1 Academy, estampillé FIA. Quels sont tes objectifs pour celui-ci?

Le but est clairement de gagner ce championnat ou au minimum de finir dans le top 3 à l’issue de celui-ci !

La Formule 1 soutient ce championnat. Il y a 5 équipes très structurées qui y participent. Pour ma part, je vais courir dans l’équipe ART Grand Prix.

Même s’il existe déjà les W Series (un championnat également 100% féminin créé il y a 5 ans), cette fois c’est différent. Les W Series ne sont pas soutenus par la FIA, alors que précisément la F1 Academy, l’est.

On sent vraiment que pour la FIA, il est désormais important d’aider les jeunes filles à gravir les échelons des différentes catégories du sport automobile. Grâce à F1 Academy elle le fait vraiment très bien et de façon extrêmement professionelle.

Au-delà de mes ambitions pour ce championnat, il serait ensuite idéal d’accéder en F3 FIA et d’y décrocher de bons résultats en vue d’aller encore plus loin.

Frédéric Vasseur nous confiait lors d’une récente interview (https://sport-auto.ch/interview-exclusive-avec-frederic-vasseur-team-principal-de-alfa-romeo-f1-team-orlen/) que jusqu’à présent, statistiquement, les chances de voir évoluer une femme en F1 étaient mince. Le fait que la FIA se donne les moyens d’y remédier est donc très positif. Est-ce qu’avoir 25 ans, et par conséquent une bonne expérience, peut aussi être un atout ?

Cela peut être un avantage et pour d’autres un désavantage.Du reste on le voit bien en Formule 1, Fernando Alonso est âgé de 41 ans et son niveau est toujours autant bon. Récemment Nick de Vries est arrivé en Formule 1 à l’âge de 29 ans.

D’ailleurs, pour Frédéric Vasseur , cela est plutôt positif. Même au niveau physique, une femme est sans doute plus développée à 25 ans qu’à 18 ans.

Mais l’essentiel est avant tout d’avoir des bons résultats. Ce sera la clé pour la suite de ma carrière.

 

La rédaction de Sport-Auto.ch souhaite donc à Léna plein de succès pour cette saison. Nous la remercions pour sa disponibilité et nous allons naturellement suivre ses performances dans ce nouveau championnat.

 

Credits Photos © 2023 Diederik van der Laan / Dutch Photo Agency.

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