Sacha Jordan a la chance de pouvoir vivre de sa passion, le sport automobile. Il travaille en tant qu’ingénieur pour des teams ainsi que des pilotes. Le Valaisan a débuté sa carrière au sein du Sébastien Loeb Racing avant de travailler pour Yoann Bonato, double champion de France des rallyes. Cette année devait être le début d’une nouvelle aventure puisqu’il devait suivre Kajetan Kajetanowicz (triple champion d’ERC) sur les manches du WRC-3. Le COVID 19 en a décidé autrement mais ce n’est que partie remise. Sport-Auto.ch a pu s’entretenir avec Sacha Jordan afin d’en savoir plus sur le métier d’ingénieur. Sport-Auto.ch : Peux-tu te présenter brièvement ?
Sacha Jordan : « Je m’appelle Sacha Jordan, j’ai 30 ans et je viens du Valais. J’ai fait des études d’ingénieur en mécanique. Après celles-ci, je suis parti en France où j’ai été engagé pour travailler au sein du Sébastien Loeb Racing. Je m’occupais d’organiser et de mettre sur pied un programme « rallye » qui avait pour but d’accompagner deux pilotes en WRC 2 et 3 ainsi qu’en Championnat de France des Rallyes. »Peux-tu nous expliquer ta fonction dans l’univers du rallye ?
Ma fonction se décompose en plusieurs parties : avant la course, pendant et après. Le travail d’avant la course permettra d’avoir une voiture optimale et performante. J’analyse l’ensemble des pièces de révision, contrôle avec les mécaniciens quelle pièce est fragile et pourquoi. Je cherche des solutions pour améliorer celle-ci afin d’éviter toutes pannes éventuelles. Une autre partie vitale de la préparation est l’optimisation du véhicule en équipant toute la voiture de notice mécanique ou technique pour que l’équipage puisse réagir au plus vite en cas de casse ou de panne sur la voiture. Quand la fiabilité de la voiture est fiabilisée, je prépare son setup (réglage du carrossage, de la pince, de la hauteur de caisse, de la boîte de vitesse, des différentiels…) et je m’assure que la voiture est au poids minimum et conforme au règlement. Pendant les roulages de la voiture, je continue de m’assurer à tout moment que la voiture est fiable en m’appuyant sur les data. Je travaille avec le pilote et les data pour optimiser au mieux le setup de la voiture au terrain. J’analyse la course et d’autres facteurs comme la météo afin de pouvoir conseiller au mieux le pilote sur ses choix techniques (pneu, setup…) et sportif. En seconde partie, je gère également les assistances en faisant le relais à l’équipe de mécaniciens des divers problèmes ou révision qu’il va falloir traiter. Je m’appuie sur eux pour avoir leur conseil pratique. Après la course, le travail n’est pas terminé, il faut analyser la course d’un point de vue technique et sportif. Quels problèmes avons-nous rencontré pourquoi, comment pouvons-nous les éviter ? »Quelles sont les différences entre un mécanicien et un ingénieur ?
« L’ingénieur est la personne qui coordonne les mécaniciens. Nous devons gérer les relations avec les équipages. Nous sommes maîtres de toutes les décisions sportives et mécaniques et les mécaniciens les exécutent. »Que penses-tu du championnat suisse des rallyes ?
« Le championnat suisse des rallyes est vraiment très intéressant. Il comporte des épreuves très diversifiées. Chacun des rallyes a ses spécificités par ses routes. Le championnat réunit également un plateau intéressant. »Est-ce qu’on ose dire à Sébastien Loeb ce qu’il fait de faux ?
« Oui, c’est mon rôle d’être actif avec le pilote et de collaborer avec lui. Si je remarque une erreur de pilotage, je lui dirai, car c’est un sport d’équipe. Il a toujours été mon idole, c’est sûr que ce n’est pas évident de lui donner notre avis, mais c’est une personne très ouverte à la discussion et qui met en confiance. Ce sont des moments inoubliables. »As-tu eu parfois l’impression de faire partie de la victoire ?
« Evidemment, la victoire n’appartient pas que uniquement à un équipage. Lorsque notre voiture remporte une course, c’est une victoire pour l’intégralité du team. Lorsque nous attendons le dénouement de la course et que nous suivons tous ensemble les résultats en direct c’est une expérience magnifique. Nous vivons la course à distance. »Comment s’est déroulé le programme avec Yoann Bonato ?
« C’était une très belle expérience, car c’est une personne très sympathique qui souhaite tout le temps faire de son mieux. De plus, c’était la première année de la C3 R5, j’ai donc eu la chance d’aider et de suivre le développement de la voiture en collaboration avec PSA, ce qui m’a beaucoup fait progresser. »Comment se déroule la communication avec Kajetan Kajetanowicz?
« C’est très intéressant car c’est un pilote semi-professionnel. Il a un bon niveau et souhaite progresser, on a beaucoup à lui apprendre sur la technique de la voiture du pilotage. C’est une personne très à l’écoute et qui essaye de comprendre la physique. »Quel est ton programme 2020 ?
« Nous suivrons Kajetan Kajetanowicz sur l’ensemble des manches du WRC-3. Je fais toujours également quelques piges avec mes anciens clients en championnat de France, au Canary ou à Chypres. Peut-être une manche en championnat de Suisse si les dates le permettent. »Crédit photo : Sport-Auto.ch – Baptiste Aebi & Massimo Prati ]]>