Au terme de sa deuxième saison en Championnat de France des rallyes, Mireille Vidueira remporte le titre de Championne de France des rallyes féminins 2023. Accompagnée aux notes par Mélanie Tendille, au volant de sa Ford Fiesta Rally3, Mireille a disputé neuf rallyes où elle a largement dominé la concurrence féminine. Elle obtient son titre dès la sixième manche du Championnat, au Rallye Mont-Blanc Morzine.
Dans son interview pour Sport-Auto.ch, elle revient sur sa saison 2023, sur les hauts mais aussi les moments les plus compliqués de son année. Elle tire un bilan de sa saison et nous parle également de ses projets pour la saison 2024.
Mireille, tu débutes l’année 2023 par deux victoires en catégorie féminine, au Rallye Le Touquet – Pas-de-Calais et au Rallye Rhône Charbonnière. Racontes-nous ce début de saison.
Au Touquet, c’était assez piégeux avec des routes dégradées. Tu essaies de ne pas en faire trop mais tu as quand même de petites surprises avec la voiture qui décroche alors que tu n’es pas ‘au taquet’, c’est plus difficile de la reprendre.
Je me suis rapidement retrouvée en tête du général et j’ai donc dû apprendre à gérer, ce que je n’ai pas eu à faire en 2022 où j’ai pu attaquer librement. C’était presque plus délicat pour moi car il fallait rouler sans faire de bêtise et parfois, c’est là que la concentration chute, ce qui te fait faire des erreurs. Ça fait partie de l’apprentissage de cette saison.
Au Rallye d’Antibes – Côte d’Azur, ça ne s’est pas passé comme tu aurais espéré. Que t’est-il arrivé ?
Le vendredi, nous avons fait une petite sortie. Ma note n’était pas super précise, les conditions de la route étaient glissantes et on avait un peu trop de vitesse. On a tapé et abimé le train arrière. On a réparé à l’assistance et on est reparti le lendemain en SuperRally.
Malheureusement, on a malencontreusement déclenché notre extincteur au départ du Col de Bleine, au moment de faire les pressions et les réglages d’amortisseurs. Du coup, la voiture était pleine de poudre d’extincteur et on n’a pas pu repartir.
Après ça, tu enchaines trois rallyes du Championnat de France et un rallye régional avec de très bons résultats. Cette série se termine par la couronne de Championne de France des rallyes féminins acquise dès le Rallye Mont-Blanc Morzine, en septembre. Même si c’était l’objectif annoncé, est-ce que tu t’attendais à l’atteindre aussi tôt dans la saison ?
Ce n’était pas vraiment attendu. On nous disait que c’était possible. Assurer le titre mathématiquement m’a surtout permis de rouler plus librement pour la suite de saison.
Malgré le titre acquis, tu as continué ta saison comme prévu. Est-ce qu’à un moment donné, tu t’es demandée si tu n’allais pas suspendre ta saison en France pour courir au Rallye International du Valais par exemple ?
On s’est posé la question mais après avoir acquis le titre au Mont-Blanc, l’avantage était que je pouvais rouler libérée (NDLR : pour le reste de la saison). Après avoir dû gérer pour obtenir le titre féminin, sans trop regarder le classement général sur les rallyes, on s’est dit qu’on pourrait commencer à rouler à notre niveau et voir ce que ça donnerait.
On a réfléchi à faire soit les Cévennes soit le Valais. En faisant le Cœur de France et les Cévennes, on aurait pu espérer jouer quelque chose au Trophée Michelin amateur. Il se trouve que Styve Juif a ‘baronné’ toute la saison donc il a mérité son titre.
Malheureusement, tu as vécu une grosse sortie au Rallye Cœur de France. Que s’est-il passé ?
C’était peut-être un excès d’optimisme dû à l’envie de montrer à quelle vitesse je peux aller. On est sorti dans un fossé qui nous a fait partir en tonneau. On a également heurté un poteau électrique. C’est vrai que ça a fait de gros dégâts.
A la suite de cette sortie, tu loupes le Critérium des Cévennes mais tu reviens en fin de saison que tu termines au Rallye du Var. As-tu pu retrouver de bonnes sensations et de la confiance à cette occasion ?
J’ai rencontré de gros problèmes à me remettre dans la voiture au début. Plus le temps passe entre une sortie de route et le moment où tu remontes dans la voiture, plus tu gamberges et tu te poses des questions. On n’a pas tout de suite retrouvé les sensations avec la voiture. En plus, on avait des réglages inadaptés. Du coup, la première journée n’était pas terrible. Le deuxième jour était meilleur vu qu’on a retrouvé nos marques.
Le dernier jour, on a eu des soucis mécaniques. Le moteur surchauffait donc j’ai fait toutes les spéciales du dimanche au ralenti, mais je voulais quand même finir le rallye.
Quel bilan tires-tu de cette saison complète en Championnat de France des rallyes ?
Je suis très contente de la progression, du titre et d’avoir eu la chance de refaire un championnat complet. En repassant une deuxième fois sur les routes, tu sais comment sont les rallyes, où tu vas mettre les pieds… c’est un plaisir encore plus grand. Je regrette quand même qu’il n’y ait pas eu plus de ‘bagarre’ avec d’autres féminines pour nous ‘challenger’.
Après avoir atteint l’objectif que tu t’étais fixé en 2023, quels sont tes projets pour 2024 ?
Je ne pense pas refaire un Championnat asphalte complet. Ça prend beaucoup de temps libre, des jours de congé, des déplacements, etc. Du coup, je ne vais pas remettre le titre en jeux. Par contre, ce qui me tente depuis longtemps, c’est de rouler sur la terre. On va garder la Fiesta Rally3 et comme la voiture est 4×4, je pense que je vais essayer de faire quelques rallyes terre en France. Pour ça, on devra monter un kit terre avec de nouvelles suspensions, des freins et des protections supplémentaires.
Sport-Auto.ch remercie Mireille pour le temps qu’elle nous a accordé pour cette interview. L’équipe en profites pour la féliciter pour son titre et lui souhaiter plein succès pour sa saison 2024.
Crédits photographiques : Nuno Ferreira / Sport-Auto.ch – Quentin Ribaud Photographie
