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Interview Guillaume Girolamo et Benjamin Bétrisey – Première partie

 

Au terme d’une saison 2022 où ils remportent les deux catégories dans lesquelles ils étaient engagés (Junior et Clio Trophy Swiss), Guillaume Girolamo et Benjamin Bétrisey nous ont accordé une longue interview durant laquelle tous les sujets sont abordés. De leur saison 2022 à leurs projets pour l’avenir, en passant par un retour sur leur passé rallystique, ils abordent tous les thèmes avec le sourire et la sympathie qui les caractérisent.

 

Sport-Auto.ch vous relate leurs propos que vous découvrirez progressivement dans plusieurs articles à paraître dans les jours qui viennent. Restez connecté pour tout savoir sur le duo valaisan.

 

 

 

SAISON 2022

 

Guillaume et Benjamin, à l’issue de la saison 2022, vous remportez le titre de Champion suisse des rallyes Junior. Racontez-nous votre saison avec la Clio Rally5.

Guillame Girolamo – Une très bonne saison dans la globalité. On savait qu’on était peu d’engagés en Championnat suisse Junior. On était également parti pour chercher le titre en Clio Trophy Swiss où il y avait plus de concurrence et une petite ‘gueguerre’ avec Ismaël (NDLR : Vuistiner et Florine Kummer). A partir du Chablais, on a passé un ‘step’ au niveau des temps. On a vu qu’on arrivait à s’approcher d’Ismaël.

 

Qu’est-ce qui a changé à ce moment-là ? La préparation ?

GG – Pas la préparation mais probablement qu’avec le roulage, la confiance qui a commencé à venir. On s’est moins pris la tête en prenant plus de plaisir. On s’est mis moins de pression et de stress. Ismaël nous a également beaucoup aidés avec des conseils qui nous ont bien aidés.

 

Benjamin Bétrisey – Pour moi aussi, c’était une très belle saison. On a débuté par un Crité avec des conditions difficiles après la pause hivernale. Au Chablais, surtout le deuxième jour, on a bien roulé pour s’approcher d’Ismaël. Tout au long de la saison, on a pris beaucoup de plaisir. On a également partagé des moments sympas avec les équipages contre lesquels on roule, dans une bonne ambiance et avec moins de prises de tête que les autres années. Énormément de plaisir !

On a vécu une saison Junior avec une liste d’engagés plutôt modeste. Pensez-vous que la discipline s’essouffle et ne trouve plus autant d’intérêt auprès des jeunes ou est-ce juste une année exceptionnelle ?

GG – C’est difficile de répondre mais je dirais quand même que c’est une tendance. Cette année était quand même particulière après les histoires de 2021 (NDLR : titre Junior remporté par Jérémie Toedtli entaché par une voiture non conforme). Il y a des gens qui critiquent le Championnat suisse Junior, qui ne sont pas contents avec ce qui est mis en place, que ce soit au niveau des prix des pneus, au niveau des dotations insuffisantes et autres. Peut-être que ça peut évoluer vus les changements qu’il y aura pour 2023 avec un championnat qui ne sera plus exclusivement composé de Clio. Ça peut changer mais j’ai peur que ça continue avec 3-4 concurrents… c’est un peu dommage.

 

BB – Je ne suis pas sûr que ça soit une tendance. Le fait d’avoir un championnat mono-marque n’était pas forcément la bonne solution pour préserver une Championnat Junior. Il y a des gens qui roulent avec d’autres voitures comme des (Citroën) C2. Quand on roulait avec la 208, il y avait aussi des gens qui roulaient avec des C2 ou avec des Twingo.

 

GG – Si je devais choisir entre un championnat mono-marque ou ouvert, je prendrais à 100% un championnat mono-marque. Tout le monde roule avec la même voiture et c’est le pilotage qui fait la différence. Par exemple, en mondial ou en France, les championnats Juniors sont mono-marques.

 

BB – Là-dessus, on est d’accord mais pour le nombre d’inscriptions, un championnat ouvert serait plus favorable. En plus, c’est très appréciable d’avoir des ingénieurs qui sont là pratiquement à chaque manche. On avait des ingénieurs de chez Alpine qui étaient là, certes pour faire des contrôles, mais qui répondaient aussi toujours à nos questions. On a également eu des gens de chez Michelin qui nous suivaient sur 2-3 courses, ce qui est appréciable et propre à l’organisation d’un tel championnat.

 

Que faudrait-il faire pour susciter plus d’intérêt auprès de la jeunesse ? Est-ce que dans votre entourage, il y a beaucoup de gens intéressés par le monde du rallye?

GG – J’ai pas mal de copain qui me suivent. Après, est-ce qu’ils s’intéressent vraiment au rallye? C’est probablement plus pour me suivre que par intérêt pour le rallye en général. Ce n’est plus comme à l’époque où les gens se jetaient sur le bord des routes pour aller voir les spéciales. Les mentalités ont changé.

 

BB – C’est ça, les mentalités évoluent. On est plus tournés vers l’écologie et autre.

 

GG – Après, il y a aussi des gens qui partent rouler en France parce qu’il y a plus de dotations. En Championnat suisse Junior, à l’époque, il y avait le Rallye Monte Carlo en dotation pour le champion, c’était une très très belle récompense ! Je regrette un peu que ça ne soit plus comme ça pour nous.

Cette année, vous avez également disputé le Clio Trophy Swiss que vous avez remporté à l’issue de la dernière manche du championnat. Racontez-nous vos bagarres et votre amitié avec Ismaël Vuistiner et Florine Kummer.

GG – On avait cet objectif en début de saison mais on savait que si Ismaël faisait toute la saison, ça allait être compliqué. Il a la vitesse et l’expérience. Au final, on a roulé fort et réussi à être près de lui à partir du Chablais. Au Mont Blanc, qui a été mon rallye préféré cette année, c’était super de rouler aussi face au Clio Trophy France dont le niveau est très relevé. Ça nous a permis de nous comparer à eux également. On a vu qu’on pouvait être dans les dix premiers, c’est plutôt satisfaisant. Au Tessin, si je ne faisais pas le c… j’étais dans la bagarre avec Ismaël pour le titre. Après le Tessin (NDLR : abandon sur problème mécanique consécutif à une sortie), j’étais quasiment sûr que c’était fini. On était au Rallye International du Valais pour s’amuser et puis, avec l’abandon d’Ismaël et Florine, on a pu avoir le titre. Toute la saison, on était très près en termes de points. C’était une super saison en Clio Trophy Swiss.

 

BB – Une très belle saison. Peu de gens on fait toutes les manches mais on a eu du monde à chaque rallye. C’était cool, il y avait des pilotes qui arrivaient, qui repartaient, on découvrait de nouvelles têtes. J’ai vraiment apprécié ce championnat. Le Rallye Mont-Blanc a été également mon rallye préféré, avec le Valais. C’est un rallye que j’apprécie beaucoup. Pouvoir se comparer avec les Français et se dire qu’on arrive à ‘tenir certains’… notre meilleur temps était dans les 6-7èmes temps des Clio. On finit dans le top 10 avec une cinquantaine de Clio au départ.

On apprécie beaucoup les bagarres avec Ismaël. Dans la voiture, on va se battre mais ils sont devenus des amis avec qui on discute beaucoup. J’apprécie la concurrence saine qu’on a avec eux.

Au Rally di Alba, vous avez également eu l’occasion de disputer votre premier rallye dans la catégorie Rally2. L’expérience avec la Fiesta R5 s’est malheureusement soldée par un abandon mais que retirez-vous de cette aventure et est-ce qu’elle correspond à ce que vous aviez imaginé ?

GG – C’était plus que ce à quoi je m’attendais avec la Fiesta. J’étais stressé bien avant parce que tout le monde m’a un peu mis la pression. On m’a dit ‘tu verras, ça va beaucoup plus vite, c’est complétement différent, ça va être difficile à conduire, …’

Juste avant le rallye, on a fait des essais et ça a tout de suite plutôt bien marché. Je me suis dit vivement demain le shakedown… après, t’arrives au shakedown, t’as les mains qui tremblent parce que tout est nouveau. J’avais plus peur que lors de mon premier rallye. Au final, ça s’est bien déroulé. Quand on voit les temps qu’on arrive à faire, sans forcer… on a pris un maximum de plaisir. Je trouve que c’est une voiture plus ‘facile’ que la Clio. Quand ça glisse un peu, tu arrives à enrouler en remettant du gaz. Avec la Clio, c’est des fois un peu plus ‘sport’ ! Au final, c’était une super expérience mais on était très déçus parce qu’on n’a fait que deux spéciales. Après, c’est comme ça, parfois la mécanique… Ni nous ni personne ne s’attendait à ce qu’on prenne en main la voiture comme ça.

 

Quel est votre meilleur souvenir de la saison et de votre carrière en rallye ?

BB – Pour moi, ça a été la première spéciale du deuxième jour au Rallye du Chablais. La veille, avec la pluie, on a beaucoup perdu sur les ponts (NDLR : spéciale de la Tour d’Aï). Dans la spéciale de Collombey, je ne sais pas ce qui s’est passé mais Guillaume a repris la confiance du jour au lendemain et moi j’étais aussi bien dedans et c’était magnifique.

 

Mon meilleur souvenir de carrière, c’est probablement la première spéciale qu’on a fait ensemble. C’était un ‘sketch’ et on a quand même fini devant. Au Pays du Gier, de nuit, j’avais seulement fait 10 kilomètres d’essais la veille… je penses qu’il n’y avait pas une seule note de juste. Je ne sais pas comment on a fait pour être devant mais… ça restera un de mes meilleurs souvenirs de rallye. (rires)

 

GG – C’est dur à dire mais je dirais quand même l’expérience avec la Fiesta. C’est ce dont tu rêves quand tu commences en rallye. Quand tu as la ‘pompe’ qui est comme ça au départ d’une spéciale, ça fait bizarre. Après, le Rallye du Mont Blanc aussi… on n’avait jamais fini ce rallye avant et puis on est sacrés Champions là-bas donc c’est qqch qui m’a marqué.

 

En carrière, c’était sans Benjamin, pour mon premier rallye avec Jérémie Michellod (NDLR : le frère de Jonathan Michellod). On part sur la première spéciale, avec le stress, et puis on a l’interphone qui tombe en panne sur le routier, juste avant. Du coup, on part en spéciale sans communication. Première spéciale du premier rallye et sans notes… tu ne peux pas l’oublier !

Comment qualifiez-vous les performances, cette saison, de Jonathan Michellod et Stéphane Fellay contre qui vous avez couru à vos débuts ? Qu’est-ce que cela vous inspire ?

BB – Franchement, ils roulent vraiment bien ! Déjà à l’époque, il avait un très bon coup de volant, il savait gérer sa voiture et, avec la Rally2, c’est encore plus flagrant. Ça ne fait pas si longtemps qu’ils roulent avec (la Skoda) et contrairement à certains, il n’est pas tout le temps dans la voiture et il arrive à aller chercher tout le monde devant. Après, il se donne les moyens. Je suis assez impressionné, je ne pensais pas qu’il arriverait aussi vite à être devant.

 

GG – Jo roulait déjà fort à l’époque où on se battait l’un contre l’autre. Je dirais que ce n’est pas étonnant que qu’il arrive à aller gratter les premiers. Si tu es vite avec une traction, je pense que tu arriveras aussi à être vite avec une R5. C’est la deuxième saison qu’il le fait. La première année, il a pris un peu la température et sur la deuxième saison, il a vraiment montré qu’il était là.

Je pense que l’année prochaine, s’il repart pour une saison complète, il a moyen de faire le titre. Ce que j’ai toujours aimé chez lui c’est son caractère, toujours calme et posé. Il sait ce qu’il fait quand il roule et il est réfléchi. En plus, il écoute bien les conseils, notamment d’Olivier Burri qui le suit depuis 2-3 ans.

 

 

Crédits photographiques : Nuno Ferreira / Sport-Auto.ch

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