Vide
Vide

Entretien avec Eric Jordan – « Le rallye n’a pas forcément l’image négative que l’on pense. »

La deuxième étape du championnat suisse des rallyes approche rapidement. Comme l’année dernière, elle se déroulera dans la région d’Aigle pour le Rallye du Chablais. Cette édition s’annonce spectaculaire avec de nouvelles spéciales au programme, 25 voitures engagées en catégorie Rally2, ainsi que la participation exceptionnelle de Sébastien Loeb. Sport-Auto.ch a rencontré Eric Jordan, président du comité organisateur, pour en discuter.

Sport-Auto.ch : Comment se porte l’organisation du Rallye du Chablais ?

Eric Jordan : « C’est une manifestation d’envergure, avec tous les enjeux liés au sport. Elle est portée par une équipe de bénévoles, ce qui demande de très gros efforts et de nombreux sacrifices. Un conseiller d’État m’a un jour dit : « Quand tu es capable d’organiser un rallye, tu peux organiser n’importe quoi. » Cela reflète bien la complexité de ce type d’événement. Il faut anticiper au maximum et gérer son temps en amont. Une fois l’épreuve lancée, l’enjeu principal devient la gestion des incidents de course. »

Est-ce que tu as toujours la même motivation qu’au premier jour ?

« Je reste toujours motivé, car j’aime vraiment organiser ce type d’événement. C’est aussi en lien direct avec mon métier, et je suis bien entouré : on forme une excellente équipe, avec un super binôme entre moi et mon vice-président Manu. Notre objectif, c’est avant tout de faire plaisir aux gens.

Je me souviens du rallye de 2018 : il avait plu tout le week-end. Les commissaires sont restés sous la pluie sans se plaindre, toujours de bonne humeur. Ça montre bien que ça dépasse le simple cadre du sport automobile. Ce qui rend un rallye unique, c’est aussi son caractère exceptionnel : une fois par an, dans une région. Contrairement à d’autres sports plus réguliers, c’est un événement marquant, presque familial. Ça fait 20 ans qu’on y croise les mêmes visages chaque année — et c’est aussi ça, la magie du rallye. »

Comment entretiens-tu le contact avec les communes que vous traversez ?

« Le rallye n’a pas forcément l’image négative qu’on veut parfois lui coller. Les 15 communes que je contacte chaque année répondent toutes favorablement, et dans les délais. C’est la preuve qu’il existe une réelle collaboration et une reconnaissance du sérieux de notre organisation.

Il est important de rappeler que le rallye ne génère pas plus de nuisances qu’un autre événement de même ampleur. C’est un réseau de confiance construit sur plus de 20 ans. La clé, c’est la transparence et la communication avec chaque riverain concerné par le passage de l’épreuve.

Il faut rester positif. On a la chance de pouvoir compter sur des autorités lucides, à tous les niveaux, qui savent faire la part des choses. Par rapport à la première édition, je ne ressens aucune difficulté particulière, que ce soit au niveau cantonal ou communal. Certaines communes vont même jusqu’à nous demander de revenir. Bien sûr, il y aura toujours quelques riverains mécontents — c’est inévitable. Mais dans l’ensemble, le retour est très constructif, et ça nous motive à continuer dans cette voie. »

Quelles seront les nouveautés de cette édition ?

Pour cette édition, deux nouvelles spéciales font leur apparition par rapport à 2024.

La première : Huémoz–Panex, un tracé historique disputé partiellement, pour la dernière fois, il y a 25 ans, fait son grand retour. Elle vient remplacer l’épreuve d’Evionnaz. Ce changement s’inscrit dans une volonté d’alternance, mais cela ne signifie pas qu’Evionnaz ne reviendra pas l’année prochaine. La seconde : La Comballaz, qui emmènera les équipages en direction de Leysin, avec une arrivée prévue à Leysin même, nouvelle station partenaire. À noter également : le parcours de Lavey–Bex a été modifié pour offrir un nouveau défi aux concurrents.

Au-delà de la course, nous continuons à développer des actions concrètes autour de l’efficience et de l’impact de la manifestation :

Partenariat avec les remontées mécaniques de Leysin : la zone publique sera uniquement accessible avec le télésiège gratuit !

Carburant synthétique : deux voitures ouvreuses roulent cette année avec du Syntfuel produit en Suisse. Ce test s’inscrit dans notre volonté de promouvoir des solutions alternatives. À terme, nous pourrions utiliser du biofuel et du Syntfuel, de manière exclusive, dans certaines catégories. C’est une vision d’avenir que nous voulons concrète et progressive.

Quels sont tes attentes ?

J’ai toujours trois attentes essentielles pour un rallye. Parfois tout se passe bien, parfois c’est plus compliqué… Mais si ces trois conditions sont réunies, alors on peut dire que c’est un rallye réussi :

Pas d’accident grave

Une météo correcte

Un horaire respecté

Est-ce que nous verrons une tête d’affiche ouvrir les routes ?

Notre parrain, Sébastien Loeb, nous fera l’honneur de revenir sur notre course, cette fois au volant d’une Alpine GT+. Nous aurons également le plaisir d’accueillir plusieurs pilotes européens, dont la présence est toujours appréciée sur nos routes. Mais pour moi, tous les équipages comptent autant. Que ce soit un grand nom du sport auto ou un pilote débutant, ils méritent tous le même respect. C’est pour cette raison que je reste toujours sur le podium d’arrivée jusqu’au passage de la dernière voiture, pour féliciter et remercier personnellement ceux qui font vivre notre rallye par leur engagement et leur passion.

Quels sont vos objectifs pour ces prochaines éditions ?

Nous sommes officiellement candidats pour intégrer le championnat d’Europe des rallyes historiques 2026. L’édition 2025 sera une année d’observation, une étape importante. Nous aimerions revenir au calendrier du championnat d’Europe en y faisant cohabiter les équipages de la Coupe Suisse. Tout le reste se construira après cette édition. On reste concentrés, motivés, et prêts à montrer que nous avons le niveau pour y retourner.

Crédit photo : Trusk Images et Sport-Auto.ch

Related posts