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24h Nürburgring – Marco Timbal : « Je suis assez fier de courir ainsi, car je suis un amoureux de la nature »

À l’occasion des 24h du Nürburgring, nous sommes allés à la rencontre du Tessinois Marco Timbal qui pilote une Porsche Cayman. Engagé dans la classe AT, il nous présente les avancées technologiques derrière cet engagement et qui pourrait être notre futur de tous les jours, mais, bien entendu, il nous parle aussi de la course :

Pour toi l’épreuve a débuté de façons un peu difficiles aux essais, peux-tu nous en dire plus…

« C’est une année particulière pour moi car c’est la première fois que je roule avec cet équipage. Et malheureusement l’un de mes coéquipiers, qui n’a encore que peu d’expérience sur ce tracé, c’est fait surprendre dans la séance d’essais de nuit à Hatzenbach. Il s’en voulait beaucoup d’être parti à la faute. Nous avons évalué les dégâts sur la voiture et elle est à la limite du réparable. Cependant, nous avons une très bonne équipe de mécaniciens et ils ont dit que si ils avaient toutes les pièces, ils allaient la réparer. Néanmoins, on ne peut pas participer à la troisième séance d’essais et demain on effectuera deux tours au Warm-Up pour vérifier que la voiture fonctionne bien. On prend ça avec la philosophie car c’est les sports mécaniques. »

Donc l’objectif sera, avant tout de voir l’arrivée :

« Oui, j’ai toujours roulé avec cet objectif d’aller à l’arrivée, et ainsi j’ai terminé une fois quatrième et 3 fois deuxième de classe. Et je l’ai bien dit à tous les pilotes la course ne se terminer jeudi ou vendredi, elle se termine dimanche. Et donc oui, dans tous les cas, l’objectif et de franchir la ligne d’arrivée. Et, avec une telle philosophie, on peut toujours bénéficier de surprises en course. »

Vous êtes engagés en classe AT, qui est la catégorie des carburants alternatifs, peux-tu nous en dire plus…

« Nous utilisons un carburant constitué de 60 % d’essence de haute qualité et 40 % de bio éthanol, qui est un carburant naturel, produit par une entreprise allemande soutenu par le ministère de l’Agriculture. Lors de la fabrication de ce E 40, il y a une baisse de 60 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à un carburant normal et lors de sa combustion, c’est une baisse de 30 % de gaz à effet de serre et jusqu’à 60 % de particules fines en moins. Et, ce carburant fait partie d’un projet global voulu par les propriétaires de l’équipe.

En effet, une partie de la carrosserie est fabriquée à partir de fibres naturelles de lin et de chanvre. Et, là encore, la production du matériau rejette 40 % de gaz à effet de serre en moins que du carbone pour un poids similaire, et le produit final est biodégradable. Et cette entreprise produit des pièces pour le DTM, McLaren, du ski, bateau, etc. Et, pour moi ce matériau est le futur remplaçant au plastique que l’on trouve partout. C’est le futur pour moi »

Est-ce que l’on peut dire que tu roules de manière écologique ?

« Rester à la maison serait plus propre ! D’un point de vue écologique. Mais il existe des alternatives. Je ne suis pas un ennemi de l’électrique, je pense que en ville c’est une bonne solution, mais il y a aussi un futur pour les carburants. Et je suis assez fier de courir ainsi, car je suis un amoureux de la nature. À première vue cela semble être des passions incompatible, mais nous devons trouver des compromis et je crois en notre démarche. Enfin je rajouterai que nous roulons avec de l’aluminium 100 % recyclé. »

Cependant, est-ce que ce carburant nécessite une conduite spécifique ?

« Absolument pas, le carburant à un indice d’octane de 102. il ne faut absolument rien modifié sur le moteur, et c’est vraiment un carburant à haute performance. Cependant, il est vraiment dommage que sur cette course nous ne pouvons pas bénéficier d’une pompe adaptée à notre carburant. C’est aussi le cas d’autres concurrents qui roulent avec du E-fuel, qui est un carburant issu de captage du CO2 et produit à partir d’énergie renouvelable, mais il serait bien sur cette épreuve que une ou deux pompes soit dédiées aux carburants spécifiques. »

L’épreuve se dispute sur le Nürburgring et sa fameuse Nordschleife « l’enfer vert ». Que représente ce circuit pour toi ?

« C’est le plus beau circuit du monde. Je fais du coaching sur des circuits en Italie, j’ai couru en Suisse, dans le championnat d’Europe des voitures de tourismes, j’ai connu beaucoup de belles pistes en Europe, mais aucune n’est comparable. On retrouve de tout ici, il y a des courbes si rapides. On ne peut pas se contenter de freiner, tourner et accélérer, c’est beaucoup plus fin, un peu comme faire du ski en descente. Et, il y a aussi les conditions humides où il faut trouver des trajectoires alternatives, il faut vraiment de nombreuses années pour devenir un spécialiste. »

Tu roules dans une Porsche Cayman, comment gère tu le trafic notamment avec les GT3 très rapides ?

« Oui, c’est difficile. Il y a 30 ans, c’était des pilotes de 35 – 40 ans qui étaient déjà en fin de carrière, aujourd’hui il y a des pilotes d’usines de 19/20 ans. Et j’ai demandé à l’un d’eux : Pourquoi prenez-vous autant de risques dès le jeudi ? Et il m’a répondu, il vaut mieux avoir un accident que d’être lent. Et je comprends leur point de vue, car ils ont une telle concurrence. En revanche, je ne comprends pas trop le choix des constructeurs de choisir des pilotes de 18 ans un peu fougueux… c’est pas une critique j’étais pareil à leur âge. Et, il faut vraiment faire attention. Pour eux une course de 4h c’est un sprint, mais une course de 24h aussi. Les autres concurrents à l’inverse font de l’endurance. Me concernant j’essaie toujours de libérer la trajectoire mais c’est difficile car des fois tu penses qu’il y a un concurrents et en faites ils sont 3 ou 4. Il faut vraiment avoir les yeux partout et l’idéal est d’avoir une caméra rétroviseur comme dans notre voiture. Mais le but est vraiment d’éviter les accidents. Mais cela est très fatiguant, car l’on perd sans cesse le rythme et il faut se reconcentrer à chaque fois.

Finalement tu dois être plus fatigué à gérer ce trafic que dans une course où toutes les voitures sont équivalentes

« Oui, quand on trouve des concurrents au rythme on a tendance à rouler ensemble sur un rythme similaire, mais les différences de vitesses avec les GT3 c’est très stressant. »

Pour davantage d’informations sur le projet de l’équipe, vous pouvez consulter leur site internet (en allemand). A noter que ce projet dirigé par Thomas Von Löwis, bénéficie aussi du soutien de Smudo, membre du groupe de musique allemand « Die Fantastischen Vier“, ce dernier pilotant l’une des autos de l’équipe.

Crédit photo : Jean-Baptiste Lassaux/Sport-Auto.ch

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