Avant de passer en revue les forces helvétiques présentes dans la Sarthe à l’occasion des prochaines 24 Heures du Mans, revenons en détails sur les forces en présence lors de cette 83ème édition, après la journée test qui s’est disputée le dernier dimanche du mois de mai.
LMP1
Malgré des conditions humides et une piste n’offrant que très peu de grip, la pole position établie en 2014 a d’ores et déjà été battue, puisque Brandon Hartley, sur la Porsche n°17, réalisait un chrono en 3:21.061 en début d’après-midi, peu de temps avant le retour de la pluie. Mais les performances affichées ce dimanche pourraient vite être effacées la semaine prochaine sur une piste qui devrait être plus efficace, d’autant que chez Porsche, on avoue que la pluie est venue perturber le programme :
Andreas Seidl, team manager : « Le programme de la journée n’a pu être réalisé convenablement en raison de la météo changeante. Et pour une bonne évaluation de l’usure des pneumatiques, il aurait été préférable que la piste reste sèche. Néanmoins, les 3 voitures ont réalisé un programme intensif et tous nos pilotes qui devaient se qualifier ont effectué leurs 10 tours réglementaires. Maintenant, nous devons analyser les données recueillies lors de cette journée. »
Avec le meilleur chrono réalisé le matin en 3:21.945, la n°18 offrait un « doublé » à Porsche à l’issue de cette journée, même si les résultats affichés sont relatifs en raison des conditions de piste très changeantes. Enfin, la n°19 échouait à 15/1’000ème de seconde du meilleur chrono d’une Audi, en 3:22.322.
Vainqueur l’année dernière, avec le trio Marcel Fässler, Benoit Tréluyer et André Lotterer, les trois hommes pouvant être cette année le premier équipage de l’histoire à remporter quatre victoires, Audi a démontré ne pas être loin en performances. Après s’être imposé à Silverstone et à Spa-Francorchamps, le constructeur allemand arrive au Mans avec trois R18 encore modifiées depuis Spa. Avec un meilleur tour en 3:22.307 pour Marco Bonanomi (Audi n°9), les chronos sont proches de ceux des Porsche, d’autant que le travail pour la course fut le seul mot d’ordre :
Dr Wolfgang Ullrich, directeur Audi Sport : « De toute évidence, cette météo changeante est loin d’être parfaite pour travailler, mais nous savons que nous pourrions la rencontrer en course. Cependant, nous sommes satisfaits de notre journée et les voitures ont tourné sans problème. »
Avec des chronos en 3:22.556 (Audi n°7) et 3:23.002 (Audi n°8), les six premières voitures étaient regroupées en moins de deux secondes à l’issue de cette journée.
Assez loin en performances à Spa-Francorchamps, les Toyota TS040 l’étaient aussi lors de cette journée test. Ainsi, la voiture des champions du monde ne réalisait que 3:25.321 comme meilleur chrono, la n°2 étant encore plus en 3:27.071. Mais, si ces chronos peuvent paraître inquiétant au premier abord, il est important de préciser que Toyota ne possède plus de coque de rechange depuis Spa, et qu’il était impératif de ne casser aucune auto lors des essais. Dès lors, le travail pour la course fut certainement le mot d’ordre là aussi, et il faudra attendre les essais pour en savoir plus des performances de la TS040 avec son kit aéro Le Mans, et dont la majeure innovation semble se situer sous la voiture.
Toshio Sato, Team President : « Merci à l’équipe pour son travail acharné afin d’arriver ici bien préparés et prêts à relever le Challenge du Mans 2015. La météo fut un facteur important aujourd’hui, avec des conditions de piste changeantes. Cela nous a donné l’occasion d’apprendre encore sur notre voiture et sur les différents types de pneus dans des conditions changeantes. Normalement, nous devrions rencontrer des conditions relativement semblables à un moment ou à un autre de la course, il était donc important d’avoir ces informations. Les deux voitures se sont montrées très fiables, ce qui est un signe positif pour la course, mais nous devons être plus performants sur le sec. Avec si peu de roulage sur le sec, il est difficile de tirer des conclusions en ne regardant que les classements. Par contre, nous avons récolté beaucoup de données, ce qui nous aidera à revenir ici dans une semaine bien préparés pour la course. »
L’une des grandes nouveautés de cette journée test était les débuts des Nissan GT-R LM Nismo en compétition officielle. Mais, après une campagne publicitaire agressive en début d’année, les résultats du constructeur Japonais à l’issue de cette journée d’essais peuvent décevoir. Ainsi, la n°23 ne pouvait faire mieux que 3:43.383 lors de la séance matinale, se classant derrière les 6 plus rapides LMP2. Néanmoins, et outre la piste qui incitait à la prudence, plusieurs paramètres peuvent expliquer cette prudence. Tout d’abord, comme Toyota, l’absence de coque de rechange incitait à ne pas prendre de risque. D’autre part, une majorité des pilotes devait réaliser leurs 10 tours nécessaires pour participer à la classique Sarthoise et, pour les mener à bien dans cette mission, Nissan les avait également inscrits sur les deux Ginetta LMP3. Enfin, les voitures auraient tourné sans utiliser le système hybride ce qui, là encore, expliquerait une partie des non performances. Conçue pur aller vite en ligne droite, la GT-R LM Nismo réussi néanmoins, dans ce domaine, avec la meilleure V-Max de la journée. En revanche, le comportement des voitures semblait très délicats depuis les bords de la piste et il faudra remédier à tous ces maux avant d’espérer voir les audacieuses LMP1 japonaises (moteur en position avant, traction avant) jouer les premiers rôles.
Arrivé avec une nouvelle voiture, le châssis ayant évolué durant l’hiver, en partie pour accueillir le moteur AER, le Rebellion Racing s’est montré, à l’inverse, convaincant, avec un meilleur tour en 3:30.508 très proche des temps de l’année passée malgré une voiture qui débutait. Mais nous reviendrons plus en détails sur l’équipe suisse prochainement.
Dernière équipe présente en LMP1, et autre LMP1-L comme les Rebellion R-One, le ByKolles Racing a connu une journée plus difficile. Après 17 tours effectués lors de la séance matinale, le prototype, désormais recouvert d’une robe grise, rentrait aux stands après une crevaison à l’arrière gauche ayant passablement endommagé le train arrière, et ce fut la fin de la journée pour la CLM P1/01 pilotée, entre autres, par Simon Trummer avec un meilleur chrono en 3:38.904.
LMP2
Dans la catégorie LMP2, c’est la Ligier JS P2 n°34 qui réalisait le meilleur chrono d’une catégorie qui s’annonce très disputée. Hormis un changement de motur qui venait entraver la journée du OAK Racing, Laurens Vanthoor, champion Blancpain GT Series en titre, ne cachait pas sa satisfaction d’avoir réalisé le meilleur chrono de la catégorie :
Laurens Vanthoor : « C’est un rêve qui va se réaliser de pouvoir en prendre le départ avec cette Ligier JSP2 du OAK Racing. A l’exception d’un changement de moteur, la journée test s’est bien passée, puisque j’étais directement dans le rythme et que j’ai signé le meilleur temps de la catégorie LMP2. Je suis donc impatient que la course commence… »
Mais face à l’écurie française, les prétendants seront nombreux comme le témoignent les chronos de Signatech Alpine, KCMG, Murphy Prototype ou encore Jota Sport tous à moins de 1 secondes du meilleur temps de la catégorie.
Pour l’équipe chinoise KCMG, qui reçoit le soutien des Bernois de Race Performance afin de garde le contact avec Le Mans, comme nous le témoignait Michel Frey, ce fut également une journée test encourageante :
Erich Kolb Team manager de KCMG : « Dans l’ensemble, nos résultats du week-end furent encourageant avec l’Oreca 05. Les données que nous avons recueilli nous permettent d’analyser comment notre package doit être configuré pour les 24 Heures du Mans. Toute l’équipe a fait un travail remarquable, comme celui de Matt, Richard et Nico pour avoir une voiture compétitive dans la Sarthe et nous sommes confiants pour la semaine à venir. »
Outre les teams déjà cités, il ne faudra pas non plus oublier les Fribourgeois du Morand Racing, que l’on présentera plus en détail prochainement, G-Drive Racing, Thiriet by TDS Racing ou encore Greaves Motosport, dont la Gibson est redoutable, comme l’a démontré l’équipe ainsi que Jota lors des premières courses de la saison :
Jacob Greaves, team manager : « Ce fut une belle performance de toute l’équipe surtout de la part de Gaëtan, qui a fait un excellent travail sur une piste mouillée sans faire de faute. Nos partenaires, Nissan, Gibson et Dunlop, nous ont apporté un soutien fort pour cette journée et nous sommes impatients de débuter l’épreuve. »
Enfin, il faudra surveiller les Américains d’Extreme Speed Motorsport ou encore SMP Racing dont les nouvelles BR 01 ont effectué de bons débuts.
GTE PRO
Encore une fois, la catégorie GTE Pro s’annonce très disputée. Le renfort du Corvette Racing pour cette épreuve devrait encore ajouter du spectacle et une vive concurrence, d’autant que les C7.R se sont avérées parfaitement dans le coup lors de la journée test.
Avec un meilleur tour en 3:58.069, c’est Aston Martin Racing qui réalisait le meilleur chrono de la journée avec la n°97, mais la Vantage de Turner – Mücke – Bell ne précédait que de 93/1’000ème de seconde la Corvette n°64 devant la Ferrari n°61 t la Porsche n°92, les quatre constructeurs tournant dans la même seconde.
Comme pour les autres catégories, les conditions météorologiques particulières n’ont pas permis de tirer un véritable bilan de cette journée, où la majorité des équipes a surtout cherché à travailler, comme le précise Doug Fehan responsable du programme du Corvette Racing :
Doug Fehan : « Ce fut une bonne préparation en vue de la semaine de course, où l’on pourrait retrouver un mélange de conditions, sèche et humide. Nous avons vu que nous étions dans le bon rythme, qu’elles que soient les conditions. Mais il reste beaucoup de travail à faire avant la première séance d’essais. Pour gagner au Mans, il faut être au top, nous le savons par notre expérience ici. »
GTE AM
Comme c’est le cas depuis le début de la saison, Aston Martin Racing s’est positionné aux avants-postes en catégorie GT Am, avec le meilleur chrono réalisé par la n°98, seule voiture de la catégorie a être descendu en-dessous des 4 minutes. Mais, comme dans la catégorie Pro, les écarts sont serrés entre chaque voiture et les Ferrari (AF Corse, SMP, JMW, Scuderia Corsa et Formula Racing) suivent le mouvement, tout comme les Porsche (Gulf Racing, AAI et Proton) ou encore la Corvette de Larbre Competition et la Viper du Riley Motorsport.
Comme souvent dans cette catégorie, c’est au niveau des pilotes Am que se fera la différence, et c’est sans doute l’une des plus grandes force d’Aston Martin Racing dans la catégorie.
Crédit photos : Jean-Baptiste Lassaux
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