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WEC – La folle semaine de Neel Jani sur les traces de Jo Siffert

Une semaine après sa pole-position à Spa et son magnifique début de course qui l’a vu caracoler en tête pendant plus d’une heure et demie lors de la deuxième épreuve du championnat du monde d’endurance, Neel Jani a fait l’objet de nombreuses sollicitations à son retour en Suisse.

Des sollicitations largement justifiées étant donné que le pilote biennois a été tout simplement parfait au volant de sa toute nouvelle Porsche 919 Hybrid. Celle-ci, ayant été ralentie par la suite par quelques menus problèmes de jeunesse – il ne s’agit que de sa deuxième course –, le trio Neel Jani-Romain Dumas-Marc Lieb a finalement dû se contenter d’une très honorable 4e place. Il faut remonter jusqu’à 1970, année de la victoire de la 917 de Jo Siffert aux 1000 Km de Spa, pour retrouver un pilote suisse en aussi bonne position au volant d’une Porsche officielle sur le mythique circuit belge. Interview.

– Neel Jani, quels sont les points forts de la 919 Hybrid?
Neel Jani : « Assurément sa technologie hybride. Il s’agit de la voiture de course la plus complexe qui ait été construite par Porsche. Cette complexité passe notamment par deux systèmes différents de récupération d’énergie. A l’arrière, nous avons un générateur d’électricité entraîné par le flux des gaz d’échappement et, à l’avant, nous avons un générateur supplémentaire. Celui-ci transforme l’énergie cinétique engendrée par le freinage en énergie électrique et la stocke dans des batteries ultramodernes jusqu’à ce que le pilote en ait besoin. Il faut également savoir que ce deuxième générateur entraîne les deux roues avant par le biais d’un différentiel pendant les phases d’accélération, ce qui nous permet de disposer temporairement d’une traction intégrale étant donné que la puissance du moteur à essence est transmise à l’essieu arrière. »

– La mise au point de la Porsche 919 Hybrid a nécessité de nombreux essais. Que pouvez-vous nous dire sur cette période de développement?
Neel Jani : « Pendant les essais d’avant-saison, il a avant tout été question de régler au mieux une équipe qui compte 230 collaborateurs dont plus de 100 ingénieurs. Il a notamment fallu huiler les rouages et faire preuve de patience. Nous avons appris tous les jours quelque chose de nouveau et, aujourd’hui encore, nous continuons à progresser. »

– Vous avez dû abandonner sur ennuis techniques à Silverstone. Comment gère-t-on de tels événements?
Neel Jani : « Nous savons pertinemment que nous nous trouvons encore en pleine phase de développement et que de tels ennuis mécaniques ne sont pas à exclure sur des voitures d’une telle complexité. Il s’agit d’une période d’apprentissage incontournable avant d’obtenir la fiabilité escomptée. Ceci dit, notre voiture a déjà fonctionné pratiquement à la perfection à Spa et cela prouve que nous travaillons dans la bonne direction! »

– Après les essais préliminaires du Castellet et les deux premières courses de Silverstone et de Spa, comment se prépare-t-on en vue des 24 Heures du Mans?
Neel Jani : « La préparation de notre équipe a toujours été axée sur les 24 Heures du Mans car il s’agit de la meilleure façon de préparer les autres courses de 6 heures. Nous avons ainsi déjà effectué des simulations de longue durée à Sebring et au Castellet et nous en ferons encore d’autres avant le Mans. Viser une fiabilité sur 24 heures avec cette nouvelle technologie hybride ne constitue pas seulement un travail de longue haleine mais nécessite également de placer la barre très haut. »

– Et au niveau personnel, comment vous préparez-vous en vue des 24 Heures du Mans étant donné que les contraintes physiques endurées lors d’une épreuve de six heures ne sont pas les mêmes que lors d’une course quatre fois plus longue?
Neel Jani : « Ici aussi, je m’entraîne toute l’année de façon très poussée, que soit au niveau de l’endurance ou de la musculation en général et plus spécifiquement de la musculation de la nuque et du thorax. Je travaille mon endurance en effectuant par exemple des tours à vélo d’une durée pouvant aller jusqu’à six heures ou en pratiquant du ski de fond en hiver. Il m’arrive ainsi régulièrement de monter à vélo au Chasseral. Lors de nos plus longs relais au Mans, nous pilotons jusqu’à quatre heures d’une seule traite. Dans ces conditions, la fréquence cardiaque moyenne atteint 140 à 150 battements par minute à une vitesse moyenne de plus de 200 km/h au tour. C’est la raison pour laquelle je fais également appel à un coach personnel et varie l’intensité des exercices en fonction de notre programme d’entraînement. Enfin, il m’arrive parfois d’entraîner ma concentration en jouant à la Play-Station. »

– Quel est votre but pour cette saison, ainsi que pour 2015?
Neel Jani : « Nous voulons déjà signer l’un ou l’autre coup d’éclat cette année comme la pole-position à Spa, mais il ne faut pas oublier que notre principal but en 2014 est d’apprendre, apprendre et encore apprendre. Pour cela, il faut avant tout de terminer les courses. En 2015, nos ambitions seront plus élevées et nous espérons tous, moi le premier, être particulièrem ent compétitifs aux 24 Heures du Mans, la course la plus importante de la saison. »

– Comment se sent-on en tant que pilote d’usine Porsche?
Neel Jani : « On se sent magnifiquement bien! Disputer les 24 Heures du Mans avec Porsche constitue la concrétisation d’un magnifique rêve. Porsche bénéficie d’un palmarès incomparable dans la catégorie des voitures de sport et je suis particulièrement fier de faire partie de son équipe d’usine. »

– Un pilote suisse incorporé au sein de l’équipe d’usine Porsche au Mans, cela renvoie forcément à quelques-unes des plus belles pages du sport automobile helvétiques écrites notamment par Jo Siffert, non?
Neel Jani : « Tout à fait. Jo Siffert a fait partie dans les années 70 de l’équipe d’usine qui engageait aux 24 Heures du Mans les fabuleuses Porsche 917. C’est un immense honneur pour moi de courir au sein d’une écurie officielle qui a été associée par le passé à tant de grands noms du sport automobile. »

– Que représente Porsche pour vous?
Neel Jani : « Porsche est synonyme de voitures sportives par excellence. Avec les années, la marque a toutefois très bien su allier la sportivité qui fait partie de son ADN à une certaine forme de luxe ou d’embourgeoisement afin de répondre à la demande d’une partie non négligeable de sa clientèle. Mais ce qui est fantastique pour moi, c’est que des sportives pures et dures ont toujours été présentes dans la gamme. »

Jo Siffert en pole position à Spa en 1971
Après s’être élancé de la pole position aux 6 Heures de Spa, Neel Jani a mené la course pendant plus d’une heure et demie. Il n’était pas le premier pilote suisse à briller sur ce très célèbre circuit. Le Fribourgeois Jo Siffert, pilote d’usine chez Porsche de 1966 à 1971, avait en effet remporté les 1000 Km de Spa en 1970 après avoir réalisé le 2e meilleur temps des essais avec une Porsche 917 dont il partageait le volant avec Brian Redman. En 1971, à nouveau avec la 917 mais cette fois-ci associé à Derek Bell, Jo Siffert réussissait à signer la pole-position mais devait se contenter du 2e rang en course derrière la Porsche 917 de Jackie Oliver et Pedro Rodriguez.

 

 

 

 

 

 

 

Credit photo : Porsche AG et archive

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